Fukushima : un retour sous haute surveillance
Publié le 31 mars 2020Quelques 160 000 personnes ont été évacuées suite à l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi, après le tremblement de terre et le tsunami qui frappèrent le Japon le 11 mars 2011, il y a neuf ans. Mitate Lab., un programme de recherche international de 5 ans accueilli par l’université Nihon de Tokyo et auquel participent le CNRS et le CEA, vient d’être mis en place pour étudier la réouverture de la zone d’évacuation.
Le 26 mars 2020, la flamme olympique aurait dû passer par la zone évacuée autour de Fukushima suite aux tremblement de terre et tsunami du 11 mars 2011 et à l’accident de la centrale nucléaire qui en a découlé. Ce n’est que partie remise, les Jeux ayant été reportés au plus tard à l’été 2021. Un symbole fort pour les premiers Jeux olympiques organisés au Japon depuis cette catastrophe. « Cette initiative illustre parfaitement notre projet, assure Cécile Asanuma-Brice, chercheuse en sociologie urbaine au CNRS et co-responsable du projet Mitate Lab1. Car la question sous-jacente à notre travail est : comment administre-t-on un désastre dans la société industrielle actuelle qui rentabilise jusqu’au risque lui-même ? »
Le projet Mitate Lab. a été créé au premier janvier 2020, afin d’étudier la réouverture de la zone d’évacuation qui entoure la centrale accidentée. Le gouvernement japonais a en effet levé dès 2017 l’ordre d’évacuation dans la plupart des 12 communes de la zone, appelant la population à revenir. Une vingtaine de scientifiques, principalement français et japonais, mais aussi américains, de divers domaines rassemblent donc « toute une série de compétences complémentaires pour comprendre ce qui se passe dans cette situation unique », explique Olivier Evrard, également co-responsable du programme, géochimiste CEA au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement2.
Une coopération internationale
Ainsi, sur les 12 communes de la zone d’évacuation, seulement deux d’entre elles, excentrées par rapport aux retombées principales de contamination, enregistrent un retour de 80 % de leur population. La majorité des autres communes enregistrent moins de 20 % de retour. « Pour le moment, ceux qui rentrent sont principalement des personnes âgées pour qui il est impensable de recommencer à zéro dans un appartement de ville. Les fermiers ont des difficultés à revenir car on ne leur propose que des logements publics collectifs. Malgré les incitations financières, les familles avec enfants refusent de rentrer, car les infrastructures – écoles, hôpitaux – ne fonctionnent pas, et en raison du niveau de radioactivité encore élevé à certains endroits du territoire. », résume Cécile Asanuma-Brice.
2 CNRS/CEA/Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.
3 Le montant classique pour un international research project est de 15 000 euros par an sur 5 ans.