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Jour : 10 avril 2020

Le Japon lutte à son tour

Etudiants robots, clip d’avertissement… Le Japon lutte à son tour contre le coronavirus

Paris Match ||Mis à jour le
La Rédaction, avec AFP
 

 

 

Avec près de 100 morts, le Japon est frappé à son tour par le nouveau coronavirus. Si l’Etat d’urgence a été proclamé mardi dans sept préfectures dont celles de Tokyo, les autorités comptent surtout sur le respect des consignes par sa population. 

Le Japon a fini par déclarer mardi l’état d’urgence face à la pandémie de coronavirus après une récente accélération du nombre de cas dans le pays, un dispositif qui n’impose toutefois pas des mesures de confinement aussi strictes qu’ailleurs. Jusqu’ici le Japon ressemblait presque à un îlot de normalité au milieu d’un océan de confinement, mis en place à travers le monde pour contenir la propagation fulgurante du Covid-19, apparu fin décembre en Chine.

 

Vidéo : les étudiants ont trouvé une astuce pour les remises de diplôme

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La majorité des cérémonies de fin d’année ou de remise de diplômes ont été annulés au Japon à cause du Coronavirus mais dans cette université, ils ont trouvé une astuce pour faire la cérémonie de remise de diplôme

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Mais depuis deux semaines l’archipel connaît une accélération de la pandémie, avec un total de 99 morts, faisant craindre une prochaine saturation des hôpitaux. Le Premier ministre Shinzo Abe a déclaré mardi l’état d’urgence jusqu’au 6 mai dans sept préfectures: Tokyo et ses régions limitrophes (Kanagawa, Saitama et Chiba), Osaka et Hyogo (ouest) et Fukuoka (sud-ouest).

Au total, plus de 50 millions de personnes sont concernées, soit 40% de la population du pays. « Face à une situation qui peut gravement affecter la vie de chacun et l’économie, j’ai décidé de déclarer l’état d’urgence », a annoncé mardi M. Abe, confirmant son intention exprimée la veille.

« Nous lèverons cette mesure dès que nous serons certains qu’elle n’est plus nécessaire », a-t-il ajouté.

M. Abe a rappelé que ce dispositif n’entraînerait « pas de confinement comme observé à l’étranger » et que l’objectif était de « maîtriser la propagation du virus tout en maintenant les services socio-économiques essentiels, comme les transports en commun ».

Car l’état d’urgence japonais ne permet pas d’imposer un confinement comme dans d’autres pays, ni de sanctionner les récalcitrants. Il offre principalement aux gouverneurs régionaux la possibilité d’insister auprès des habitants pour qu’ils restent chez eux, ainsi que de demander la fermeture temporaire de commerces non essentiels.

Les autorités comptent donc sur le civisme des citoyens, d’ailleurs très majoritairement favorables à l’état d’urgence, selon un sondage de la chaîne privée TBS publié lundi. « Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement a attendu aussi longtemps » pour prendre cette mesure, a témoigné Mitsuo Oshiyama, une habitante de Tokyo de 76 ans interrogée par l’AFP.

« Tout va dépendre de vos actions », a lancé mardi M. Abe à l’adresse de ses concitoyens. « Selon les experts, si nous faisons tous des efforts pour réduire nos contacts de 70% à 80%, le nombre d’infections se réduira au bout de deux semaines », a-t-il affirmé.

« Cela pourra causer des désagréments dans la vie quotidienne, mais j’appelle chacun à coopérer parce que des vies sont en jeu », a renchéri la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, qui avait déjà appelé ses administrés à restreindre leurs déplacements depuis fin mars.

Vidéo : le clip pour alerter des risques de la propagation du coronavirus

⛩ Ryo Saeba ⛩@Ryo_Saeba_3
 

Vidéo de prévention du gouvernement japonais contre la propagation du

Vidéo intégrée
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Avec l’état d’urgence les autorités pourront aussi réquisitionner des terrains ou bâtiments pour installer des structures médicales, ou encore fermer des établissements scolaires qui ne le seraient pas encore.

Un premier cas dans le monde du sumo

Le monde fermé du sumo a confirmé vendredi un premier cas de coronavirus en son sein, un coup dur pour ce sport ancestral dont un tournoi a déjà dû se faire à huis clos et d’autres ont été reportés.

Un lutteur de rang inférieur, fiévreux la semaine dernière, a subi un test qui s’est révélé positif, a précisé à l’AFP la fédération japonaise de sumo en refusant de préciser l’identité de l’homme ni l’écurie à laquelle il appartient.

Aucun autre lutteur ni responsable ne présente de symptômes, a ajouté la fédération, en indiquant que les personnes appartenant à la confrérie du lutteur infecté resteraient chez elles ou à l’écurie et suivraient les conseils des personnels de santé.

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Fukushima : visite au cœur de…

Japon. Fukushima : visite au cœur de la centrale, neuf ans après le tsunami et à quatre mois des JO

Salle de contrôle de réacteurs, mur de glace souterrain, citernes d’eau contaminée : j’ai passé plusieurs heures dans l’enceinte de la centrale de Fukushima, neuf ans après le terrible accident provoqué par le tsunami du 11 mars 2011. Voici l’état des lieux du site, juste avant les Jeux olympiques de Tokyo qui doivent commencer le 24 juillet.

La salle de contrôle de la centrale nucléaire de Fukushima, telle qu'elle se présente le 3 février 2020.
La salle de contrôle de la centrale nucléaire de Fukushima, telle qu’elle se présente le 3 février 2020. | KAZUHIRO NOGI / AFP

 
 

Vus de loin, du haut d’un talus, les bâtiments des réacteurs un à quatre, les plus abîmés des six du site, semblent à peu près reconstitués. Trois avaient été ravagés par des explosions d’hydrogène. Mais, de près, ils sont encore en bien piteux état, des monceaux de détritus ici et là, des pans de murs éventrés. Au Japon, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, aujourd’hui encore, montre ses plaies, ses ruines, ses dangers. Neuf ans après le terrible accident provoqué par le tsunami du 11 mars 2011, voici l’état des lieux du site…

Pour accéder aux salles de contrôle, il faut revêtir l’équipement « zone jaune », la zone intermédiaire en termes de risques (combinaison, trois paires de gants, trois paires de chaussettes, des bottes, un masque intégral, un casque) afin de se protéger non pas des rayonnements, ils traversent tout, mais des poussières radioactives.

Il faut enjamber des détritus, se faufiler via des escaliers improvisés, avant d’atteindre cet espace où s’est jouée une partie du drame. Les équipements de contrôle, vert kaki, qui datent des années 1970, sont toujours là, hors service.

Au mur, restent les séquelles : des nombres écrits au crayon à papier, certains rayés et remplacés par d’autres, plus élevés. Ce sont des calculs de paramètres effectués par les techniciens alors sur place, plongés dans le noir, avec une simple lampe de poche, explique un responsable de Tepco.

Ils n’ont rien pu faire pour empêcher la fusion des cœurs des réacteurs 1, 2 et 3.

Le combustible fondu gît toujours dans l’enceinte de confinement. On y a envoyé des robots en repérage. L’extraction, tâche extrêmement délicate, devrait être testée grandeur nature à compter de 2021. On n’en verra pas le bout avant 2040/50 au mieux.

Au mur, des nombres écrits au crayon à papier, certains rayés et remplacés par d’autres, plus élevés. Ce sont des calculs de paramètres effectués par les techniciens alors sur place, plongés dans le noir, avec une simple lampe de poche. | KAZUHIRO NOGI / AFP

Mur de glace souterrain

L’eau souterraine venue de la montagne alentour, qui s’engouffre dans les installations et génère des quantités massives de liquide radioactif, a longtemps été un souci majeur.

Désormais, le problème est atténué, en partie grâce à la construction d’un mur d’enceinte souterrain, en gelant le sol sur une épaisseur de plus d’un mètre et une profondeur de 30 mètres. Tout le monde nous disait que ce serait très compliqué, compte tenu de la longueur du périmètre à geler, mais finalement nous y sommes parvenus grâce à des techniques utilisées au Japon lors du percement de tunnels : à mesure que le tunnelier progresse, le pourtour du tunnel est dans un premier temps gelé pour éviter qu’il ne s’effondre, explique sur place un ingénieur de Tepco.

Des pompes en amont du mur permettent aussi de réduire la quantité d’eau qui vient le heurter.

Néanmoins, en raison des pluies et de l’eau de refroidissement des réacteurs, sont chaque jour encore générés 170 m3 de liquide extrêmement radioactif qu’il faut décontaminer et qui reste un problème.

Le calvaire de l’eau contaminée

Cette eau contaminée est passée dans un dispositif de filtrage, ALPS, qui permet d’en réduire le niveau de radioactivité en retirant la majeure partie d’une soixantaine de radionucléides.

Toutefois, les premières générations d’ALPS n’étaient pas aussi puissantes que la plus récente. In fine, 80 % du million de m3 d’eau traitée stockée dans un millier de citernes sur le site doivent être de nouveau filtrés.

À la fin du processus, il restera une faible teneur en divers éléments radioactifs mais un ratio plus important de tritium, lequel ne peut pas être retiré avec les techniques actuelles.

Cette eau, qu’en faire ? Les organisations écologistes comme Greenpeace insistent pour qu’elle soit stockée à long terme et qu’on développe des modalités de filtrage plus performantes mais les autorités japonaises ont déjà exclu cette option.

Officiellement, il ne reste plus que deux solutions sur la table : l’évaporation dans l’air, ou la dilution et le rejet dans l’océan Pacifique voisin. C’est cette seconde option qui est privilégiée. Elle est approuvée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et révulse les pêcheurs et agriculteurs de la région.

5 000 travailleurs par jour

La centrale Fukushima Daiichi est peuplée chaque jour de quelque 4 000 à 5 000 travailleurs, en majorité des sous-traitants de Tepco en plus de salariés de cette compagnie. Ils étaient 8 000 au moment de la difficile construction du mur souterrain.

Ils y exercent des fonctions très diverses, allant de la construction des citernes au retrait de combustible usagé d’un bassin de stockage par des grues télécommandées. Certains sont là pour gérer une incroyable logistique de combinaisons de plastique, gants, chaussettes, bottes, casques ou masques.

Les tenues portées dépendent des lieux traversés.

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