A Fukushima, le drame du retour forcé

MIS EN AVANT

A Fukushima, la vie doit impérativement reprendre ses droits. Ainsi, en a décidé le gouvernement Nippon. C’est pour cela, qu’il a déjà obligé 23 % de la population réfugiée après la catastrophe du 11 mars 2011, à rentrer dans les communes de l’ancienne zone d’évacuation. Pour parfaire l’image et la communication, de nombreux événements sportifs se dérouleront dans cette zone.

En effet, en septembre 2019, l’un des matchs de la Coupe du monde de rugby, se tiendra au nord de Fukushima. En 2020, Fukushima accueillera le relais d’ouverture des Jeux olympiques qui se dérouleront au Japon.

La vie peut et doit reprendre ses droits, c’est le message que les autorités internationales de gestion du nucléaire japonais veulent faire passer pour plusieurs raisons.

La première raison est hélas classique. La prise en charge de l’évacuation des habitants cela coûte très cher, trop cher pour les organismes qui s’en occupent. C’est la raison pour laquelle le seuil de radioactivité jugé “raisonnable” pour le citoyen moyen, est passé de 1 à 20 msv/an depuis la catastrophe. Cette réouverture d’une partie de la zone d’évacuation reste un sujet extrêmement polémiques. Cependant, il ne faut pas oublier qu’en toile de fond, le gouvernement continu dans la trajectoire des directives annoncées qui accompagnent sa politique de relance d’une partie du parc nucléaire soit 9 des 54 réacteurs actifs avant l’accident.

Face à cela, le relogement des habitants pèse de moins en moins lourd. Cela se traduit en premier lieu, par la fermeture des cités de logements provisoires dans l’ensemble des trois départements touchés par la catastrophe. Dans le même temps, il est procédé au relogement d’une partie des habitants dans des cités de logements collectifs.

A cela, il faut ajouter des mesures “incitatives”, comme la coupure des aides financières aux réfugiés. L’évacuation contrainte et mal accompagnée se traduit par des situations souvent dramatiques. Les associations chargées du suivi sanitaire des habitants sont de moins en moins nombreuses. Elles ne peuvent que constater, la fermeture des cités de logements provisoires et le retour des évacués de l’accident nucléaire dans des territoires encore pollués.

Cependant, malgré cela, la réticence est grande. Ainsi, dans la ville de Namie, la dernière à avoir été rouverte, et l’une des plus controversées en raison du taux de contamination encore extrêmement élevé, seule 6,1 % de la population initiale est rentrée. En moyenne, sur l’ensemble des territoires rouverts à l’habitat, seulement 23 % de la population est rentrée.

Ils ne sont pas nombreux, à avoir pu investir dans la construction d’un nouveau logement ailleurs. La grande majorité de la population, est relogée dans des logements collectifs publics construits à cet effet. Or, les habitants de cette région étaient pour la plupart d’entre eux, issus de la campagne et vivaient dans des fermes avant la catastrophe, d’où des difficultés d’adaptations importantes, y compris économique. Par exemple, ils doivent maintenant assurer l’achat d’une alimentation qu’ils produisaient avant.

Les personnes, souvent âgées, qui ne peuvent pas rentrer, ont dû accepter d’être relogées en logement collectif. Une situation, qui vire parfois au cauchemar, car même s’ils ne veulent pas, ils sont contraints de payer le loyer de ce nouveau logement et les charges qui leur incombent.

Parmi les 2 267 décès classés comme induits par le désastre nucléaire, 200 personnes seraient décédées du fait de la mauvaise gestion du refuge.

Crédit photo : ofrtp japon fukushima