A Sens , la machine à broyer les agents de la maire (LR)

5 MARS 2019 par LUCIE DELAPORTE

Mais je ne suis pas une garce ! 

À Sens, sous la houlette de la maire (LR) et ancienne députée Marie-Louise Fort, des agents de la ville sont broyés et humiliés depuis des années. Un rapport externe fait état d’un véritable « harcèlement institutionnel ». Plusieurs agents se sont confiés à Mediapart.

« J’ai la trouille », admet Olivier*, préférant « ne pas parler au téléphone ». Après avoir subi en silence diverses pressions et humiliations visant à le forcer à quitter ses fonctions de directeur au sein de l’agglomération, il a porté plainte contre X ce vendredi 22 février au commissariat de Sens pour « harcèlement moral ». « Depuis début février, c’est devenu l’horreur. Si je n’avais pas été soutenu par mes proches, je me serais tiré une balle dans le caisson », lâche ce cadre administratif. 

À Sens, l’omerta dure depuis des années. La situation sociale des agents de la Ville, dirigée par la maire LR Marie-Louise Fort qui effectue son deuxième mandat, est pourtant critique. Au cours de notre enquête, nous avons rencontré une dizaine de personnes, des agents broyés et terrorisés à l’idée d’évoquer leur situation, persuadés de subir les foudres de l’élue ou de son entourage s’ils osent briser la loi du silence.

La maire LR de Sens Marie-Louise Fort. © Reuters
La maire LR de Sens Marie-Louise Fort. © Reuters

Le rapport rédigé par le cabinet indépendant Res-Euro Conseil en novembre dernier sur l’évaluation des risques psychosociaux à Sens et dans l’agglomération, que s’est procuré Mediapart, fait pourtant un bilan accablant de la situation.

« Je suis rabaissée, humiliée dans les missions qui me sont confiées et qui n’ont rien à voir avec mon métier. Dialogue impossible sans cris de la part du chef, je suis ignorée, je ne suis pas saluée », confie une agente citée par le rapport, quand un autre dénonce une « forme d’intimidation » ou du « harcèlement moral dissimulé ». « On me dit de ne pas revenir d’arrêt maladie, de toute façon, on n’a rien pour moi », affirme un autre. « On me demande quand est-ce que je compte partir », ajoute un autre agent auprès du cabinet.

« À travers des propos et des comportements de la hiérarchie, les agents ont l’impression d’être rabaissés », note le rapport, qui précise que le « manque de considération passe par exemple par la gestion des horaires de travail (“Ils font venir pour une heure de travail, repartir pour revenir”), par des convocations par SMS, par une mise sous pression psychologique en dépréciant un agent devant ses collègues (création du sentiment de culpabilité) ».

La conclusion du cabinet est sans appel. « Nous soulevons l’hypothèse d’un “harcèlement institutionnel” […] qui découlerait d’une stratégie de gestion, ou plutôt d’une absence de stratégie », indique le document, qui précise que « la violence s’exerce quel que soit le niveau de hiérarchie, allant de l’agent de catégorie C à des cadres A directeurs ». 

Malgré sa grande sévérité, le rapport est encore loin des situations individuelles que nous avons pu rencontrer et qui décrivent une méthodique machine à broyer ceux qui, pour une raison ou pour une autre, n’ont pas l’heur de plaire à la maire Marie-Louise Fort. Celle qui a été députée de la 3e circonscription de l’Yonne pendant dix ans a entamé en 2014 son second mandat de maire et de présidente de la communauté d’agglomération du Grand Sénonais.

« Je suis élue d’une ville de 26 000 habitants, avec 850 agents. Je ne considère pas qu’il y ait grand monde de très malheureux… Après il y a toujours des cas particuliers », évacue la maire de Sens lorsqu’on l’interroge sur le climat social dans son administration. Lorsqu’on lui évoque quelques-uns des cas que nous avons eu à connaître, Marie-Louise Fort coupe court : « Je n’ai pas à vous répondre. Si j’ai des choses à dire et à régler, je le fais en interne. »

Olivier* est un de ces « cas particuliers ». Il y a un an, ce directeur des grands projets et de l’aménagement du territoire dans l’agglomération, cadre A+, se voit signifier par Thierry Cot, le nouveau directeur général des services, qu’on souhaite qu’il quitte son poste. « Je dis alors que je comprends, mais que je demande du temps et les moyens de partir. À mon niveau, il n’est pas évident de retrouver un poste rapidement. Je demande aussi qu’on respecte mon intégrité », se souvient Olivier*.

En fait, la machine à l’exclure est selon lui déjà lancée. « Progressivement, je constate que mes équipes ne me mettent plus en copie. On ne me m’associe plus aux projets stratégiques. » Comme il se rebiffe, l’équipe de la maire passe à la vitesse supérieure. Rapidement, il dit avoir compris que l’exécutif était en train de monter un dossier contre lui. « Le 4 février, je suis convoqué à la DRH et on me dit que deux personnes ont témoigné contre moi. Ils sont allés voir deux collaboratrices, dont une contractuelle et dont le contrat arrivait à échéance, pour les faire témoigner contre moi », affirme Olivier*, qui ne nie pas avoir eu des relations parfois tendues avec l’une d’elles principalement. « Pour me détruire, tous les moyens sont bons », juge-t-il.

L’entretien qui se tient deux jours plus tard va le lui confirmer. Olivier* voit débarquer dans son bureau Alain Peretti, adjoint au maire chargé de l’urbanisme. Il vient lui expliquer que Charles-Hervé Moreau, le premier adjoint au maire, vice-président de l’agglomération et responsable des RH dans les deux collectivités, lui a demandé de l’aider à monter un dossier contre lui.

Muté à un poste consistant à exhumer des corps au cimetière

Olivier* lui demande des précisions. Selon les éléments matériels en notre possession, le dialogue se poursuit ainsi : 

« Ce que je voulais savoir exactement, c’est ce qu’il[Charles-Hervé Moreau, premier adjoint au maire en charge des RH] vous a demandé.

— Il m’a demandé des arguments contre vous. Point, c’est clair. Qu’est-ce que je peux faire pour vous détruire.                                                                                                          

— Ça ne vous est pas possible d’écarter cette demande en disant la vérité ? En disant qu’il n’y a pas de problème avec monsieur X.

— Non, ce que je peux faire, c’est une réponse circonstanciée en disant il y a ça qui est négatif, mais il y a ça qui est positif. Pas seulement faire du négatif…

— Oui mais le négatif, c’est quoi M. Peretti ? », s’agace alors Olivier.

L’homme évoque un problème relationnel avec les deux collaboratrices, ce à quoi Olivier répond qu’il ne peut se fonder sur des bruits de couloir et doit parler de ce qu’il sait de son travail. L’adjoint au maire répond que pour lui, il n’y a effectivement « pas de problème ». Le vrai problème, admet Alain Peretti, c’est qu’il subit des pressions pour témoigner contre lui.

« Non mais il faut que je fasse une réponse. Si j’en fais pas, ça va être pire que si j’en fais une.

— Pourquoi ce serait pire ?

— Parce qu’on va me faire dire des choses tout ça, etc., je suis à peu près sûr. Donc je préfère faire ma réponse. […] Donc je préfère faire une réponse plus nuancée.

— Moi je ne comprends pas cette obligation. 

— Moi je la ressens très fort. […] On va me pousser très fort. On va me pousser très fort.

— C’est compliqué pour moi […] c’est pas des méthodes…

— Ben non », répond l’adjoint au maire, visiblement très embarrassé.

Contacté par téléphone, M. Peretti a refusé de commenter ces propos (voire Boîte noire). Il nous a finalement répondu par SMS que sur « le cas du seul agent sur les 850 collaborateurs dont j’ai récemment eu a connaître : une plainte pénale a été déposée. L’instruction est en cours et ne me permet pas de m’exprimer ». Le 1er adjoint en charge des RH, Charles-Hervé Moreau, n’a pas non plus donné suite à nos demandes d’explication sur la signification de cet échange. 

Très impliqué dans son travail, et apprécié des élus – nous avons pu en avoir confirmation auprès de certains –, Olivier* continue de s’interroger sur les motifs de son éviction. Il comprend qu’il a déplu à la maire Marie-Louise Fort en impliquant un peu trop les élus de l’agglomération dans ses projets, lesquels commencent à poser un peu trop de questions à l’élue. « J’ai beaucoup travaillé avec Olivier*, qui a fait un énorme travail et était très proche et très respectueux des élus », témoigne Johan Bloem, maire de Saligny, une petite commune de l’agglomération, qui a interrogé – sans succès – la mairie sur les raisons de la mise à l’index du directeur en charge du rayonnement de l’agglomération.

« Quand on s’intéresse et qu’on veut poser des questions, on est rapidement perçus comme des opposants », témoigne Dominique Chapuis, présidente de l’association des maires ruraux de l’Yonne et vice-présidente de l’agglomération.

« Marie-Louise Fort fait partie d’un vieux monde avec de vieilles méthodes. Ce qu’elle a fait à certaines personnes est terrifiant », ajoute un élu qui préfère rester anonyme mais qui décrit, lui aussi, une machine à broyer en place depuis des années. Avec un sentiment de parfaite impunité…

Le « cas » de Gilles* est à cet égard édifiant. Il ressemble à une fulgurante descente aux enfer. Il y a encore quatre ans, celui qui a précédemment exercé la profession de journaliste pendant trente ans et a notamment créé la radio locale de Sens, exerce la fonction de responsable du service relations publiques à la mairie.

Peu après l’arrivée de la maire pour son second mandat, Gilles se voit proposer une évolution de carrière bien particulière. Il se retrouve affecté à creuser des trous pour le service des fontaines de la ville. « Statutairement, je suis agent de catégorie C. Ils m’ont donc affecté à ce poste de manœuvre », explique l’ancien journaliste. Il est arrêté pour « état dépressif » pendant quatre mois, jusqu’en avril 2015.

« Marie-Louise Fort m’avait demandé d’être sur sa liste, puis à la com’ de la mairie et j’ai refusé parce que je ne partage pas ses idées », avance-t-il, laissant penser que de là viendrait la volonté de le détruire.

« Le jour où je suis viré, je ne comprends pas ce qui m’arrive. L’entourage de la maire me dit qu’il y a un rapport contre moi, qu’il y a eu des lettres anonymes mais qu’ils les ont détruites… », raconte-t-il. Finalement, en l’absence de tout élément à charge, aucune sanction n’est prise contre lui, mais il reste bien affecté à creuser des fontaines.

Gilles engage une procédure au tribunal administratif qui, dans un jugement rendu en mars 2016, annule la décision de mutation de la Ville et ordonne sa réintégration à son poste précédent. Mais la Ville fait la sourde oreille. En janvier, Gilles dépose un recours pour « non-exécution du délibéré ».

Peu après, il postule « pour [se] sortir du trou » à un poste d’adjoint au cimetière, « en pensant qu’il y avait une partie administrative. En fait, je me suis retrouvé à exhumer des corps sans gants, sans aucune formation ». En juin dernier, le tribunal administratif confirme une nouvelle fois son délibéré et reconnaît l’existence d’agissements de harcèlement à son encontre.

Nouvelle « promotion », Gilles est désormais muté « coordonnateur de la propreté » et s’occupe de superviser le travail des femmes de ménages. « J’ai de très bonnes relations avec elles, mais ce n’est pas mon métier », soupire-t-il, manifestement épuisé. « Ça fait quatre ans. Ma femme n’en peut plus. Ça me mine la vie et celle de mes proches », insiste-t-il.

Pour Sylvain*, aucun « dossier » n’a été établi. « Je suis placardisé depuis trois ans », raconte cet homme de quarante ans qui, avant d’être méthodiquement « cassé », était directeur des finances de la Ville. Poste sur lequel il avait d’ailleurs été recruté par Marie-Louise Fort lors de son premier mandat. « À l’époque, je dirigeais une association. Elle m’a dit qu’elle savait qu’on n’était pas du même bord politique, mais qu’elle pensait qu’on pouvait travailler ensemble », rapporte-t-il.

Pour son second mandat, la maire a manifestement changé d’avis. Pour avoir ouvertement contesté sa décision de brutalement fermer la MJC de la Ville (la maire fera changer les serrures dans la nuit pour récupérer le local, provoquant la stupéfaction des agents), Sylvain est perçu comme un ennemi de l’intérieur.

« Mais je ne suis pas une garce ! »

Avec la mutualisation – la fusion des services entre la Ville et l’agglomération –, il passe d’abord de directeur à directeur adjoint. Sauf que le directeur, en dépression, ne prendra jamais ses fonctions et que Sylvain assume tout seul la charge de travail. « J’ai fait un gros burn out en mars 2016, car j’avais évidemment beaucoup trop de travail à assumer tout seul », explique-t-il.

Fragilisé, il commence à douter de lui-même. « Je suis allé voir le DGS pour lui dire que ma charge de travail était trop importante. Il m’a répondu que c’était moi qui n’étais pas à la hauteur », se souvient-il. Au bout d’un moment, la Ville lui propose de le rétrograder comme chargé de mission, soit dans son propre service, soit d’être dans un autre domaine. « J’ai quand même un peu d’amour-propre, j’ai donc préféré prendre un autre poste de chargé de mission, ailleurs, même si j’avais compris que c’était un placard », assure-t-il.

Nouvelle humiliation : après avoir mis en doute ses capacités professionnelles, la Ville lui demande de former son successeur pendant six mois, ce qui est « psychologiquement difficile », admet-il.

Pourquoi n’a-t-il pas protesté ? « Je suis un bon petit soldat », assure celui qui décrit par ailleurs un « fonctionnement par la terreur » à la mairie et dans l’agglomération.

Isolé dans un local situé dans la ZUP, Sylvain n’a que très peu de travail à faire et sur un secteur qu’il connaît mal. Il demande à garder un bureau dans l’agglomération pour pouvoir continuer à échanger avec ses collègues. « Ils m’ont changé cinq fois de bureau en deux ans. J’ai même eu un poste – pendant quinze jours – dans un couloir, sans Internet », raconte-t-il.

Sylvain a récemment candidaté à un nouveau poste, plus en adéquation avec son profil. La hiérarchie lui dit que « la marche est trop haute » pour lui et que sa mobilité n’est pas pour demain. « J’ai fait une crise d’angoisse après cette entrevue avec une forte douleur au thorax. J’ai été admis aux urgences dans la nuit du 29 au 30 janvier », nous détaille-t-il. Il est depuis en arrêt maladie.

Dès le premier mandat de Marie-Louise Fort, Églantine* se souvient des méthodes peu orthodoxes de la maire pour lui faire quitter son poste de directrice à l’office du tourisme. « Ils m’ont virée parce que la maire voulait installer son gendre à ma place, assure-t-elle. Ils ont fait pression sur les agents de l’office pour qu’ils témoignent contre moi. Aucun n’a accepté », poursuit-elle.

Elle quitte finalement la mairie pour aller travailler au conseil général, et y revient en 2009 en tant que « responsable des affaires foncières », alors que la mairie est dirigée par le maire DVG Daniel Paris. Dès le retour à l’hôtel de ville de Marie-Louise Fort, en 2014, on lui fait à nouveau comprendre qu’on souhaite qu’elle quitte ses fonctions. « Ils ont voulu me mettre “secrétaire à la voirie”. J’ai pris un avocat et les choses se sont un peu calmées », rapporte Églantine.

Fin janvier, elle a pourtant « subi » un entretien des plus dérangeants avec un « consultant » censé faire un audit dans son pôle. De professionnelle, la conversation avec ce « consultant » mandaté par la mairie et rémunéré, selon nos informations, 27 000 euros, dérape gravement.

Selon les éléments matériels à notre disposition, après avoir évoqué avec elle ses goûts cinématographiques, Églantine est en effet sommée de s’expliquer sur son rapport aux hommes. « Je le soupçonne chez vous, je pense que vous avez plaisir à amener les gens avec qui vous avez décidé de jouer à la pavane, qui constitue tout ce qu’un homme fait autour d’une femme. C’est de la malice, de l’espièglerie. Le regard, la posture », s’égare celui qui rencontre cette fonctionnaire d’une soixantaine d’années pour la première fois.

« Les femmes influencent la décision des hommes. Vous savez nous approcher. Vous connaissez tous nos défauts. On est prévisibles », disserte-t-il en évoquant des exemples dans l’Histoire de « garces absolues comme il y a des salauds absolus ». « Mais je ne suis pas une garce ! », se trouve contrainte de répondre Églantine. « C’était très gênant. Je me suis sentie salie. L’entretien s’est fait sur un ton mielleux, frisant la drague par moment », raconte cette cadre que nous avons rencontrée à Sens, comme les autres agents.

Marie-Louise Fort. © Auxerre TV
Marie-Louise Fort. © Auxerre TV

Ces cas, pour extrêmes qu’ils soient, sont loin d’être isolés, comme le montre le rapport sur les risques psychosociaux. Marie-Louise Fort, dont plusieurs agents et élus nous ont raconté les coups de sang homériques et les « humiliations publiques », le sait pertinemment.

Quand on lui parle du harcèlement moral dont nous ont fait état plusieurs agents, elle rétorque que le « harcèlement, c’est un mot très fort que je n’emploie jamais ». Pour elle, le rapport sur les risques psychosociaux relevait que 77 % des agents étaient satisfaits de travailler pour la collectivité. Un chiffre abondamment relayé par la mairie, mais qui ne dit rien du climat délétère dans son administration. « Quand ça va vraiment très mal, il y a des grèves », avance l’élue LR, qui souligne que la Ville a augmenté « les plus bas salaires » et a revalorisé les Ticket-Restaurant. « Qu’il y ait des cas particuliers… On serait les seuls à ne pas en avoir ! », s’agace-t-elle.

Quand on presse la maire de nous répondre sur certaines situations évoquées dans cet article, Marie-Louise Fort finit par invoquer, devant notre insistance, son « droit de retrait » (sic). Un droit qui autorise en théorie un salarié à quitter son poste face à un danger grave et imminent…

Pourquoi ces affaires, d’une rare gravité, ne sont-elles jamais sorties dans la presse locale ? Le rédacteur en chef de L’Indépendant de l’Yonne, Alain Chaboteau, qui a publié ce vendredi une enquête sur le cas d’Olivier*  a sa petite idée. Pour s’être montré un peu trop impertinent avec l’édile, son journal s’est vu en 2015 brutalement retirer tous les budgets publicitaires de la Ville et de l’agglomération.

Le journal n’est alors non seulement plus convié aux points presse de la mairie, mais le journaliste se fait même exclure manu militari lorsqu’il tente de s’y rendre. « Ils ont voulu tuer le journal », raconte Alain Chaboteau, qui constate que les responsables de la mairie refusent de lui parler en public. À l’époque, Marie-Louise Fort avait assumé la coupe du budget publicitaire à L’Indépendant par une formule sans ambiguïté : « Nous avons un budget contraintjustifiait la députée-maire à France TVEt je ne vais pas m’autoflageller. La presse locale, ce qu’on lui demande, c’est aussi d’être un peu partenaire. » 

Car Marie-Louise Fort n’aime pas trop la contradiction, ni les lourdeurs du dialogue social. Le 5 novembre dernier, lors d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail dont Mediapart s’est procuré le procès-verbal, l’élue s’irrite de l’inutilité de ce rendez-vous légal, arguant qu’il n’y a pas grand-chose à discuter. « Le dialogue social n’est pas une obligation à ma connaissance, nous pourrions le supprimer », lance-t-elle. Une preuve de plus de sa conception bien particulière des ressources « humaines ». 

Tous les agents cités ont été rencontrés à Sens. La maire Marie-Louise Fort a été interrogée par téléphone.
Tous les agents rencontrés ont requis l’anonymat (signalé par un astérisque) pour ne pas subir de préjudice notamment dans leurs recherches d’emplois. 
Alain Peretti nous a indiqué par SMS que concernant l’entretien avec Olivier* que nous citons, « une plainte pénale a été déposée ». « L’instruction est en cours et ne me permet pas de m’exprimer. » Quand nous lui avons détaillé le contenu de cet entretien en l’interrogeant sur la signification de certaines de ses affirmations, il n’a plus donné suite. 
Charles-Hervé Moreau, premier adjoint chargé des relations humaines, nous a répondu par SMS que « des mesures conservatoires » avaient été prises « suite à des signalements de harcèlement présumé de jeunes filles » et que « la collectivité a diligenté une enquête administrative. Dans l’attente de ses résultats, je me refuse à tout commentaire ». 
Lorsque nous lui avons indiqué qu’il était désigné comme ayant commandé une enquête à charge pour « détruire » Olivier*, il ne nous a plus répondu. Pas plus qu’il n’a répondu à nos questions sur les suites qu’il comptait donner au rapport sur les risques psychosociaux dans la Ville et l’agglomération.
Le directeur général des services Thierry Cot, contacté à plusieurs reprises sur son téléphone portable, ne nous a jamais répondu.

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