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"Rien n'est plus proche du Vrai ... que le Faux"

FUKUSHIMA: Opération délicate

JAPON : POURQUOI L’OPÉRATION QUI DÉBUTE À FUKUSHIMA EST-ELLE PARTICULIÈREMENT DÉLICATE ?

Par Julien Da Sois, avec AFP –  Mis à jour le 15/04/2019 à 16:58Publié le 15/04/2019 à 16:57

Les opérateurs de la centrale nucléaire de Fukushima retirent le combustible nucléaire de la piscine du réacteur numéro 3 à distance, à l'aide d'une grue télécommandée.

Les opérateurs de la centrale nucléaire de Fukushima retirent le combustible nucléaire de la piscine du réacteur numéro 3 à distance, à l’aide d’une grue télécommandée. [JAPAN POOL VIA JIJI PRESS / POOL / AFP]

Le démantèlement continue. Au Japon, l’opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima a commencé lundi 15 avril à retirer le combustible radioactif, stocké dans l’un des trois réacteurs détruits par un tsunami en 2011. Une opération particulièrement délicate, qui devrait prendre environ deux ans.

Pas moins de 566 assemblages de combustible nucléaire, pièces volumineuses de plusieurs mètres de long, doivent être sortis de la piscine du réacteur numéro 3 par les ouvriers de l’exploitant Tokyo Electric Power (Tepco). La même opération avait eu lieu entre fin 2013 et fin 2014 dans l’unité numéro 4, mais elle avait été facilitée par le fait que le coeur de ce réacteur, contrairement au numéro 3, n’était pas entré en fusion lors de la catastrophe de mars 2011, consécutive à un puissant séisme de magnitude 9.

Fukushima : 8 ans après, le danger de l'eau contaminée

Comme les niveaux de rayonnements radioactifs sont encore élevés dans le bâtiment abritant le réacteur 3, c’est une grue télécommandée – gérée depuis une salle de contrôle située à 500 mètres – qui est chargée d’extraire les combustibles du bassin et de les placer dans d’immenses fûts. Toute l’opération se déroule sous l’eau pour éviter les fuites de radiations. Les ouvriers doivent faire très attention lors de la manipulation des combustibles, car il peuvent libérer des gaz radioactifs s’ils se brisent.

CINQ ANNÉES DE RETARD

Initialement, ces travaux devaient débuter il y a cinq ans, fin 2014.«Mais il y avait beaucoup de détritus et nous avons dû agir prudemment en raison de la radioactivité», a déclaré une porte-parole de Tepco. Une présence de déchets qui s’explique par l’explosion survenue au moment de la fusion du réacteur en 2011. La chute d’un équipement dans la piscine a également retardé le début de l’opération.Voir l’image sur Twitter

TEPCO@TEPCO_English

Prime Minister Shinzo Abe visited Fukushima Daiichi. After being given a tour the Prime Minister presented letters of gratitude to contractor employees, and said, “Let’s continue to work together until we have enabled Fukushima to completely recover.” http://twme.jp/teng/00nT 411:04 – 15 avr. 2019Voir les autres Tweets de TEPCOInformations sur les Publicités Twitter et confidentialité

Mais la partie la plus difficile du nettoyage devrait débuter après cette phase, donc pas avant 2021. Elle consistera à éliminer le combustible nucléaire qui a fondu après le tsunami. Quant aux deux autres réacteurs dont le coeur est entré en fusion il y a huit ans (les 1 et 2), qui contiennent plus de 1 000 barres de combustible, les travaux de retrait ne devraient pas commencer avant 2023.

Fukushima, le drame du retour…

A Fukushima, le drame du retour

Par Rédacteur  le 12.04.2019 à 17h28

Sous la contrainte, 23% de la population réfugiée après la catastrophe du 11 mars 2011 est rentrée dans les communes de l’ancienne zone d’évacuation… Une tribune de Cécile Asanuma-Brice, chercheuse en sociologie urbaine, auteure de « Un siècle de banlieue japonaise. Au paroxysme de la société de consommation », aux éditions Métispresses,  2019.

Le retour à Fukushima

Le retour à Fukushima.© CÉCILE ASANUMA-BRICE

En septembre 2019, l’un des matchs de la coupe du monde de rugby dont le Japon est organisateur, se tiendra au nord de Fukushima, dans le département d’Iwate, dans la région du Tohoku. En 2020, ce sera au tour du département de Fukushima d’accueillir le relais d’ouverture des jeux olympiques qui se dérouleront au Japon.

La décision d’accueil de ces évènements sportifs par le Japon a été décidée par les institutions internationales en 2013, alors que le 1er Ministre Abe déclarait, non sans bruit, que la centrale de Fukushima était  » under control « . Depuis lors, il s’est lancé le défi de rouvrir l’ensemble de la zone d’évacuation autour de la centrale endommagée après le séisme, suivi du tsunami qui a fait plus de 20.000 morts, le 11 mars 2011.

Un véritable bras de fer

Pourquoi une telle politique de contrainte au retour sur des territoires ruraux, en proie au déclin démographique avant l’évacuation ? La gestion de l’accident nucléaire de Fukushima est l’occasion, pour les autorités internationales de gestion du nucléaire (AIEA, UNSCEAR, OMS, ICRP) omniprésentes sur le territoire japonais depuis les évènements, de montrer au monde qu’un accident de cette taille peut être surmonté. La prise en charge de l’évacuation des habitants est jugée comme trop coûteuse par ces organismes, qui avaient annoncé la couleur dès leur 3e symposium des  » experts  » les 8 & 9 septembre 2014. En grande partie infiltrés par les lobbys nucléaires qui rationalisent leur réflexion en terme de coûts-bénéfices (1). Si la sécurité du nucléaire est leur affaire, c’est en ce qu’elle permet l’acceptabilité de sa continuité. C’est la raison pour laquelle le seuil de radioactivité jugé  » raisonnable  » (2) pour le citoyen moyen, est passé de 1 à 20 msv/an depuis la catastrophe. Grâce à cette mesure, la réouverture d’une bonne partie de la zone d’évacuation a pu être effective à Fukushima. Il est fort à parier que cette zone d’évacuation ne sera plus, lors d’un prochain accident, où qu’il soit.

C’est donc un véritable bras de fer qui se poursuit actuellement entre les partisans et les opposants à la reconstruction dans le département de Fukushima, question liée à la relance ou non du nucléaire. La réouverture d’une partie de la zone d’évacuation reste un sujet extrêmement controversé, relativement à la retombée de spots radioactifs inégalement répartis dans les territoires évacués. Pourtant le gouvernement continue dans la trajectoire des directives annoncées qui accompagnent sa politique de relance d’une partie du parc nucléaire soit 9 des 54 réacteurs actifs avant l’accident.

Cela se traduit en premier lieu par la fermeture des cités de logements provisoires dans l’ensemble des trois départements touchés par la catastrophe et du relogement d’une partie des habitants dans des cités de logements collectifs.

La fermeture des logements provisoires

La politique de réouverture d’une partie des territoires contaminés de la zone d’évacuation autour de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi s’est accompagnée de la coupure des aides financières aux réfugiés ainsi que de la fermeture progressive de l’ensemble des logements provisoires présents sur les trois préfectures touchées par la catastrophe : Iwate, Miyagi et Fukushima.

Déni ? Dans la gare de Fukushima, un compteur égrène les jours qui séparent des Jeux olympiques. Crédit Cécile Asanuma-Brice.

Sur l’ensemble des trois départements, en janvier 2019 il ne reste plus que 3418 personnes dans 1756 logements provisoires répartis sur 209 sites sur les 53.000 logements provisoires construits dans les trois départements au moment des faits. L’évacuation contrainte et mal accompagnée se traduit par des situations souvent dramatiques. Certaines cités de logements provisoires ne comptent plus qu’un ou deux habitants, laissés pour compte du relogement.

Les associations chargées du suivi sanitaire des habitants sont de moins en moins nombreuses et des voix s’élèvent sur l’abandon complet dans lequel se trouvent ces personnes. La fermeture des cités de logements provisoires est d’autant plus problématique pour les évacués de l’accident nucléaire contraints, pour partie, de rentrer dans des territoires encore pollués.

Le relogement en cités d’habitat collectif fixe les désagréments acceptés parce qu’on les croyait momentanés

Mais peu de personnes rentrent dans ces territoires encore hautement contaminés par endroit. Ainsi, dans la ville de Namie, la dernière a avoir été réouverte, et l’une des plus controversées en raison du taux de contamination encore extrêmement élevé (nous avons relevé des taux à 5 microsieverts /heure dans une voiture sur une route qui relie Namie à la ville de Fukushima le 22 mars 2019), seul 6,1% de la population initiale est rentrée. 9% de la population pour la ville de Tomioka et 18,5% pour le village d’Iitate. En moyenne, sur l’ensemble des territoires rouverts à l’habitat, seulement 23 % de la population est rentrée (3).

Une partie limitée des habitants a pu investir dans la construction d’un nouveau logement ailleurs. Ce n’est malheureusement pas le cas de la grande majorité de la population, relogée dans des logements collectifs publics construits à cet effet. Si les logements provisoires étaient particulièrement mal adaptés à la population évacuée (4), ces logements collectifs ne le sont guère plus. Les habitants de cette région étaient pour la plupart d’entre eux issus de la campagne et vivaient dans de vastes fermes avant la catastrophe. La vie dans ces espaces extrêmement confinés a été insoutenable pour beaucoup de ceux que nous avons interviewés (5).

Les personnes, souvent âgées, qui ne peuvent pas rentrer et qui ont dû accepter d’être relogées en logement collectif, voient leur calvaire se fixer pour aboutir à une situation désormais sans solution. Ils sont contraints de payer le loyer de ce nouveau logement et les charges qui lui incombent. Ce à quoi vient s’ajouter l’achat d’une alimentation qu’ils produisaient avant.

Ils se retrouvent isolés, sans lien avec la nature qu’ils côtoyaient au quotidien avant le désastre, sans leurs animaux interdits dans ces cités, et cela de façon désormais pérenne. En quelques mois, pour le seul département de Fukushima, ce sont 21 cas de morts en solitaire qui ont été dénombrées au sein des logements publics issus de la reconstruction (6).

Mesure des vies et des morts induites

Parmi les 2267 décès classés comme induits par le désastre nucléaire, 200 personnes seraient décédées du fait de la mauvaise gestion du refuge. L’espoir infiniment cultivé par les autorités d’un retour potentiellement possible dans les territoires d’origine n’a pas permis l’établissement d’une réelle politique du refuge. Dans l’attente, les familles ou individus n’ont pas déménagé pour refaire leur vie ailleurs, mais sont partis en transhumance d’hébergement en hébergement.

Les 200 décès recensés sont tous des personnes qui ont déménagé plus de six fois en huit années. Parmi elles 11 se sont volontairement donné la mort. Pendant ce temps, dans la gare de Fukushima, un compteur affiche les jours restant avant l’ouverture des jeux olympiques, qui s’ouvriront à grands frais, sur les lieux du désastre.

1) Cf. C. Asanuma-Brice (2014), La légende Fukushima, Libération.

2) Voir le principe A.L.A.R.A. As Low As Reasonably Achievable

3) 避難指示解除地域に今日中は23%, NHK Fukushima News, 1er mars 2019.

4) C. Asanuma-Brice (2019), Un siècle de banlieue japonaise : Au paroxysme de la société de consommation, Métispresses.

5) C. Asanuma-Brice (2018), Fukushima, l’impossible retour dans les villages de l’ancienne zone d’évacuation : l’exemple d’Iitate.

6) 災害住宅「孤独死」21件、NHK福島のニュース, 27 février 2019.

Fukushima: levée des restrictions…/

Fukushima: le gouvernement japonais lève les restrictions dans un rayon de 60 km

Par  RFIPublié le 10-04-2019 Modifié le 10-04-2019 à 13:57

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Une maison endommagée par le tremblement de terre de 2011, à Okuma.REUTERS/Toru Hanai

Le Japon lève, mercredi 10 avril, l’ordre d’évacuation pour une partie de la petite ville d’Okuma qui héberge, avec la cité limitrophe de Futaba, la centrale nucléaire de Fukushima, en partie détruite par le tsunami du 11 mars 2011. Mais plusieurs ONG dénoncent cette décision du gouvernement japonais qui, selon elles, met en danger des populations en certains endroits.

Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

Avant les Jeux olympiques de Tokyo de 2020, le gouvernement fait tout pour donner l’impression que la vie est redevenue normale à Fukushima. Jusque dans les deux petites villes les plus proches de la centrale nucléaire abîmée, celles d’Okuma et de Futaba.

« Les habitants peuvent revenir, il n’y a plus de restrictions concernant les enfants ou les personnes âgées », dit un fonctionnaire du gouvernement.

Pour lever les ordres d’évacuation dans un rayon de 60 kilomètres autour de la centrale de Fukushima, le gouvernement a élevé à 20 millisieverts par an l’exposition radioactive acceptable, alors qu’en temps normal, c’est un millisievert qui est retenu.

Fukushima, où en est le Japon..

9 avril 2019

Huit ans après Fukushima, où en est le Japon avec l’énergie nucléaire ?

Cet article de Cécile Asanuma-Brice, chercheuse en sociologie urbaine, a été publié le 11/03/2019 sur le site Géoconfluences, excepté le dernier paragraphe.

-oOo-

Après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement japonais a fermé tous les réacteurs du pays en urgence. Aujourd’hui, le Japon poursuit la réouverture progressive de ses réacteurs, tout en envisageant un recours croissant à d’autres sources d’énergie, parmi lesquelles les énergies renouvelables, secteur dans lequel le pays accuse, comme la France, un retard important. 

Une part réduite de nucléaire pour toujours plus d’énergie renouvelable

2018 fut une année clef dans le domaine de la politique énergétique au Japon. Le 3 juillet 2018, le premier ministre japonais a rendu publique le 5e plan sur l’énergie du pays, exposant les options retenues à l’horizon de 2030. La part du nucléaire sera baissée à 22 % soit une chute de 8 points comparativement à la part présente avant l’accident de Fukushima, qui était de 30 %.

Cette part du nucléaire dans le mix énergétique est actuellement beaucoup plus basse, suite à l’arrêt de la totalité des 54 réacteurs présents sur le territoire conséquemment à la catastrophe de Fukushima. Le Japon a depuis redémarré neuf d’entre eux, et planifie le redémarrage de huit autres supplémentaires, comprenant la construction de trois nouveaux réacteurs qui viendront remplacer ceux devant être fermés en raison de leur ancienneté.

Source originale : http://www.japc.co.jp/atom/atom_1-7.html

Source originale : http://www.japc.co.jp/atom/atom_1-7.html

Revenir à une part du nucléaire à 22 % implique le redémarrage de 30 réacteurs, et la construction de réacteurs neufs qui auraient pour objectif de remplacer ceux qui ne pourront être relancés en raison de leur vieillissement. Il semble bien pourtant qu’à terme, le Japon tende vers une diminution graduelle de la part de nucléaire.

Le gouvernement s’attend néanmoins à rencontrer des difficultés dans l’ouverture ou la réouverture de réacteurs, notamment pour l’obtention des accords locaux, d’autant que certaines centrales sont localisées à proximité de failles sismiques actives. Il sait qu’il devra faire face à une opposition forte de la part des citoyens et se préservait déjà de toutes remarques en spécifiant que les chiffres donnés n’étaient qu’une image de la direction vers laquelle le pays allait s’orienter (source : Asahi Shimbun, 4 juillet 2018).

Le premier ministre Abe spécifiait alors qu’il s’agissait là d’une politique de relance économique destinée à l’exportation plus que de l’ouverture d’un marché national. Mais les principaux investisseurs japonais, Hitachi et Mitsubishi, se retirent peu à peu du secteur. Dernièrement, c’est en Angleterre et en Turquie que leur participation à la construction de nouvelles centrales a été abandonnée. Les évolutions de coopérations avec la France sont également remises en cause.

Par ailleurs, la volonté de développer des possibilités de recyclage du combustible reste au point mort. La perspective de pouvoir construire une structure de recyclage des déchets usagés dans le village de Rokkasho n’a pas abouti. Le pays s’est pourtant fait rappeler à l’ordre par les États-Unis qui ont demandé au Japon de réduire sa part de plutonium, celle-ci ayant dépassé la limite critique des 47 tonnes, soit de quoi réaliser 6000 bombes atomiques du calibre de celle lancée à Nagasaki le 9 août 1945. (Yusuke Ogawa, Asahi Shimbun, 6 juillet 2018),

Seul le nucléaire verra son coût d’électricité augmenter

Madame Mika Obayashi, directrice de l’institut des énergies renouvelables, estimait lors d’une conférence à la délégation de l’Union Européenne à Tokyo en juin 2018, que désormais le développement du photovoltaïque concentre les intérêts. Le photovoltaïque représente une production de 400 GW à l’échelle de la planète. Au niveau mondial, on note la place prépondérante de la Chine (53 GW), ainsi que les progrès prometteurs du Japon qui occupe une place non négligeable, au 3e rang après la Chine et les États-Unis. La France, quant à elle, occupe la 8e place, soit l’avant dernière des dix principaux pays producteurs. L’éolien produit désormais 539,6 GW et là encore, la Chine remporte la première place, loin devant les autres pays avec une production de 188 GW, alors que les États-Unis sont au 2e rang, avec une production de 89 GW. La France est au 7e rang avec 13,8 GW et le Japon se trouve en dernière place avec 3,4 GW.

Mme Obayashi souligne que l’une des difficultés propre au Japon, pour un meilleur développement des énergies nouvelles, est liée aux problèmes de grid, d’interconnexion entre les différentes compagnies chargées de produire de l’électricité dans le pays, au nombre de dix, ainsi qu’à l’accès aux réseaux intelligents (ou smart grid, réseaux qui permettent d’ajuster les flux d’électricité aux demandes des consommateurs en temps réel) existants.

La croissance de la production des énergies renouvelables entraîne une baisse du coût des installations, par économies d’échelle. Cette baisse du coût des installations engendre, à son tour, une baisse du coût de l’électricité ainsi produite qui devrait atteindre les – 60 % en 10 ans. Une comparaison du niveau de coût de l’électricité par source de production met en évidence une chute importante du prix de l’électricité produite par le PV (Utility-scale PV, Mega-solar), dont la déflation atteindrait – 89 % en 2025. Pour les autres modes de production, la chute des prix serait de : – 67 % pour l’éolien, – 27 % pour les gaz combinés, – 8 % pour le charbon. Seul le nucléaire verra son coût d’électricité augmenter de 20 % en raison des coûts trop importants des installations, du renouvellement des mesures de sécurité suite à Fukushima, de la mise aux normes nécessaire, cumulée à l’ensemble des difficultés de gestion des déchets produits.

Au Japon, le nucléaire, déjà minoritaire avant l'accident, a été remplacé par le recours aux énergies fossiles et plus spécifiquement le gaz. La France se distingue des autres pays par la primauté donnée au nucléaire engendrant un retard notable dans le développement des énergies renouvelables.

Au Japon, le nucléaire, déjà minoritaire avant l’accident, a été remplacé par le recours aux énergies fossiles et plus spécifiquement le gaz. La France se distingue des autres pays par la primauté donnée au nucléaire engendrant un retard notable dans le développement des énergies renouvelables.

Le Japon planifie néanmoins d’agrandir son parc de centrales thermiques au charbon, détenues par les mêmes industriels que les centrales nucléaires dont les directives ne sont pas définies en fonction de priorités écologiques. Avec 46 nouvelles centrales prévues, pour un total de 20,8 GW, 14 sont en construction. Si les regards et analyses se portent sur les types de production d’énergie, un marché très lucratif, il est à noter que le problème de la consommation d’énergie ne semble pas mobiliser les esprits. C’est pourtant là que se trouve le coeur du problème : il ne peut y avoir de mode de production durable et approprié à notre niveau de consommation énergétique actuel. Les smart cities basées sur le tout électrique ne viendront qu’accroître une situation déjà criante.

Une France isolée dans ses choix énergétiques

Suite à l’accord de Paris, les différents pays engagés dans la course à l’énergie prévoient, dans leur ensemble, une réduction de la part du charbon dans la production énergétique. Le Japon est à contre-courant sur ce choix, prévoyant d’augmenter sa production. Une seule exception en la matière, la France, qui elle opte pour la fermeture de la totalité des centrales à charbon tout en minimisant le développement des autres énergies renouvelables et continue à miser sur le tout nucléaire, un mode de production qui occupe encore la très grande majorité de sa production électrique alors que l’ensemble des autres pays planifie une décroissance de leur part de nucléaire, déjà moindre. Si les risques de tsunami sont certainement limités en France, il n’en reste pas moins que les situations d’inondations dues à la montée des eaux marines en raison de la fonte des glaces, aux fortes précipitations dues au réchauffement climatique et à la sur urbanisation et la multiplication des couches bitumées excessives accroît considérablement les risques de submersion des centrales nucléaires françaises. La France est désormais le seul pays au monde qui, loin de suivre l’engouement pour les énergies renouvelables, continue à développer le nucléaire et décide la recapitalisation d’Orano, groupe qui a succédé à Areva dont la dette légendaire n’aura jamais été épanchée. En pleine période de tensions sociales, le gouvernement français fait néanmoins le choix d’aggraver son déficit public de 2,5 milliards d’euros, coût de la recapitalisation d’Orano. 

Cécile Asanuma-Brice
Chercheuse en sociologie urbaine, Maison franco-japonaise Tokyo UMIFRE 19-CNRS / Laboratoire CLERSE, Université Lille 1

Tchernobyl, Fukushima : le déni…/

[Communiqué de presse] « Tchernobyl, Fukushima : le déni de l’accident »

Par Le secrétariat – 9 avril 2019

L’accident nucléaire de Fukushima a eu lieu il y a huit ans maintenant, le 11 mars 2011. 
Celui de Tchernobyl, il y a bientôt 33 ans : le 26 avril 1986.  Quelles traces en reste-t-il, des années après ? Le désastre nucléaire perdure. La contamination radioactive restera présente dans les sols pour des siècles, les impacts sanitaires s’accumulent et les situations post-accidentelles ne sont toujours pas maîtrisées.

J’ai eu le plaisir aujourd’hui d’accueillir le Pr Tetsuji Imanaka, Chercheur de génie nucléaire à l’Institut de recherches sur réacteur nucléaire à l’Université de Kyoto.
Dès le départ, ses recherches ont consisté à vérifier et à démontrer comment la radioactivité dans l’exploitation du nucléaire est dangereuse pour les humains. C’est un des scientifiques d’opposition du «collectif des six scientifiques de Kumadori»  au sein de cet institut.
Par son expérience à travers ses études sur les conséquences des radiations de Hiroshima-Nagasaki jusqu’à Tchernobyl et Fukushima , en passant par Semipalatinsk, il est un des experts les plus pertinents sur les effets radioactifs des accidents nucléaires

Les conséquences de Tchernobyl et Fukushima continuent de se faire sentir jour après jour pour des millions de gens. À Tchernobyl, environ 5 millions de personnes environ vivent encore dans des zones contaminées. Les survivants, dont plusieurs centaines de milliers ont été contraints d’abandonner leur logement pour s’établir plus loin, continuent par exemple de manger de la nourriture contaminée dans des proportions largement supérieures aux normes en vigueur.
Au Japon, ce sont près de 100 000 personnes qui n’ont toujours pas pu rejoindre leur maison – et une bonne partie d’entre elles ne le pourra sans doute jamais, malgré la rhétorique illusoire du gouvernement japonais qui continue de minimiser le problème.

Mais le plus inquiétant, c’est le déni de l’accident nucléaire. Qu’il s’agisse du gouvernement japonais ou les gouvernements propres aux pays contaminés par Tchernobyl, c’est comme s’il y avait un déni de l’accident nucléaire.  Les programmes de surveillance alimentaire autour de Tchernobyl ont ainsi été largement réduits. Quant au gouvernement japonais, tous les efforts sont faits pour nettoyer les terres et les esprits avant l’accueil des jeux olympiques de Tokyo en 2020, permettant de donner l’élan nécessaire à l’oubli.  Il a invité les habitants à retourner “ chez eux ” dès 2017, alors même que le territoire de Fukushima est encore bien loin d’être décontaminé.

Les accidents nucléaires sont avant tout un enjeu de santé publique. On observe des impacts graves sur la santé des individus appartenant aux communautés concernées par les accidents de Tchernobyl et Fukushima. Au sein des zones contaminées, le taux de mortalité est en effet nettement supérieur à la normale, le taux de natalité est quant à lui inférieur. La prévalence du cancer et des maladies mentales en forte hausse. A Fukushima, une expansion du cancer de la thyroïde sévit parmi les enfants. Plus de 200 cancers de la thyroïde ont déjà été diagnostiqués chez des enfants et adolescents, alors que cette pathologie est rarissime chez eux. Et un tiers environ des mères vivant à proximité ou dans les zones contaminées montrent des symptômes de dépression.

Les leçons en terme de sûreté n’ont pas été tirées. Il y a eu un manque de préparation, mais aussi de réactivité. Le village d’Iitaté n’a été évacué due le 22 avril 2011, alors qu’il a été fortement touché et des tablettes d’Iodes n’ont pas été distribuées. Que ce soit au Japon comme en France, les autorités n’ont pas suffisamment pris en considération le retour d’expérience de ces tragédies, qui aurait dû amener à fermer bon nombre d’installations immédiatement. En France, les centrales nucléaires de Fessenheim, Bugey, Gravelines, Tricastin et Blayais sont une menace immédiate du simple fait de leur vétusté. Mais aussi d’inondations potentielles ou de risques sismiques.

Le nucléaire est un désastre à long terme.  Les conséquences du nucléaire sont dramatiques pour des millions de personnes. Les leçons de Tchernobyl et Fukushima, nous rappellent surtout: non, le nucléaire n’est pas une énergie sûre. Aucun pays, même la France ne peut gérer un accident nucléaire.  Comme l’a rappelé l’ancien Premier Ministre japonais Naoto Kan lors de sa dernière visite Au Parlement européen en 2018, le seul moyen fiable d’éviter un accident est la sortie du nucléaire ! Puissent L’Union européenne et les États membres entendre leur homologue nippon.

Michèle RIVASI
Députée européenne EELV,
co-fondatrice de la Criirad

Fukushima: porte-parole des enfants…

Matsuki Kamoshita, 16 ans, porte-parole des enfants de Fukushima

Enfant né à Fukushima et dont la vie a basculé brutalement le 11 mars 2011, il a décidé de témoigner publiquement pour sensibiliser aux dangers du nucléaire. 

Par Stéphane Mandard  Publié aujourd’hui à 14h44, mis à jour à 15h10

Matsui Kamoshita, mardi 2 avril, à Paris.
Matsui Kamoshita, mardi 2 avril, à Paris. Stéphane Mandard / Le Monde

Cette fois, le jeune garçon ne tourne pas le dos à l’objectif. Il se tient debout face aux journalistes, sa feuille de papier entre les mains. Et la voix ne tremble pas :

« Aujourd’hui, je suis fier de signer cette lettre de mon vrai nom. Je m’appelle Matsuki Kamoshita ».

Mardi 2 avril, l’adolescent japonais a pris la parole à la mairie du 2earrondissement de Paris à l’invitation du réseau Sortir du nucléaire et de l’association Yosomono. L’occasion de parachever un récit débuté dans Le Monde.

En septembre 2018, nous avions publié son témoignage et sa photo, de dos, pour illustrer une enquête sur les « enfances volées de Fukushima », dans le cadre d’une série baptisée « Contaminations ». « Je trouvais des insultes écrites sur les dessins que je faisais en classe, ou bien on me traitait de bacille. J’ai fini par me dire qu’il valait mieux que je disparaisse », confiait le collégien sous le nom d’emprunt « Haruko ».Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Au Japon, les enfances volées de Fukushima après la catastrophe nucléaire

Par peur des brimades de ses camarades de classe, l’adolescent, rencontré avec son père à Tokyo en avril 2018, préférait cacher son identité et son histoire. Celle d’un enfant né à Fukushima et dont la vie a basculé brutalement le 11 mars 2011 avec la catastrophe nucléaire.

« Comme tous les autres réfugiés, je n’ai rien fait de mal. Mais nous sommes obligés de nous cacher comme de vulgaires criminels », raconte Matsuki aujourd’hui. Le garçon a désormais 16 ans, porte toujours une cravate et une coupe de cheveux soignée. Il a rédigé une lettre que lit en français une interprète. A ses côtés, sa mère et une autre maman arborent une écharpe à la façon des élus, portant les inscriptions « Protégeons les enfants ! » et « Les mères de Fukushima ». Avec ses parents, Matsuki a abandonné la maison familiale d’Iwaki, près de la centrale nucléaire, pour aller s’installer à Tokyo. Comme lui, ils sont 160 000 à avoir été déplacés après « l’accident », comme on dit pudiquement au Japon.

Sensibiliser aux dangers du nucléaire

« Pour l’Etat japonais, qui s’obstine à promouvoir le nucléaire et minimise les dégâts de l’accident afin de camoufler la réalité des faits, nous, les victimes, toutes générations confondues, nous ne sommes que des témoins gênants. C’est pourquoi nous sommes les cibles de harcèlement et subissons la discrimination, a écrit Matsuki. Malheureusement, dans la société japonaise actuelle, les victimes ne peuvent pas vivre en sécurité sans détourner le regard, sans se boucher les oreilles et sans fermer la bouche. »

Japon: à l’aube d’une nouvelle ère.

Le gouvernement annonce le nom de la nouvelle ère : Reiwa

Japon

Mis à jour il y a 2 heures

Le gouvernement annonce le nom de la nouvelle ère : Reiwa

Le mot « Reiwa » sera au cœur des discussions de la plupart des Japonais aujourd’hui et pour encore plusieurs années.

Il s’agit du nom sélectionné par le gouvernement nippon pour la nouvelle ère qui commencera le 1er mai, lorsque le prince héritier Naruhito deviendra le nouvel empereur.

Le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, a dévoilé le nouveau nom. Il a déclaré : « Le nom de la nouvelle ère est Reiwa », en brandissant un panneau sur lequel les caractères kanji étaient inscrits.

Ces caractères proviennent du Manyoshu, la plus ancienne anthologie existante de poésie japonaise. Le Parlement a choisi le nom à partir d’une liste de propositions de la part d’experts.

Reiwa provient d’un passage qui peut être traduit de la façon suivante : « Un soir au clair de lune, au début du printemps, l’air est frais et le vent calme, et les fleurs de pruniers s’épanouissent comme une jolie femme se maquillant de blanc devant un miroir, et le parfum des fleurs est comme celui des robes embaumées d’encens. »

L’empereur Akihito abdiquera le 30 avril, ce qui mettra fin à l’ère actuelle Heisei. Le gouvernement annonce le nom de la nouvelle ère à l’avance, pour permettre aux entreprises et au public de se préparer à ce changement.

Le nom de l’ère est utilisé pour certaines occasions et sur des documents officiels, notamment les permis de conduire, les cartes d’assurance-santé et les calendriers

Fukushima, à Paris: Conférence-débat…

Conférence-débat avec deux familles de réfugiés de Fukushima, à Paris

Le mercredi3 avril

Conférence-débat avec deux familles de réfugiés de Fukushima, à Paris

Mme Akiko Morimatsu et Mme Miwa Kamoshita ont décidé de quitter leur lieu de résidence dans le département de Fukushima à cause de l’accident nucléaire survenu en 2011. Leurs communes n’ont pas été décrétées « zone à évacuer », pourtant, comme elles ont pu le constater dans leur quartier, le niveau de la radioactivité était beaucoup trop élevé pour y vivre et y élever leurs enfants en sécurité. Toutes les aides publiques au logement destinées aux personnes réfugiées de leur propre initiative hors des régions contaminées vont être supprimées en mars 2019. En mars 2018, Mme Morimatsu et Mme Kamoshita, ont décidé d’aller plaider à Genève, auprès du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, pour leur droit fondamental à vivre avec leur famille dans un environnement sain. Venues cette année à Paris avec leurs enfants, elles témoigneront de la situation vécue huit ans après la catastrophe par de nombreux réfugiés de Fukushima, et présenteront les différents problèmes que rencontreraient des habitants exposés à un nouvel accident nucléaire majeur ailleurs dans le monde

Fukushima, déjà 8 ans mais…

Fukushima, déjà 8 ans mais encore au moins 30 ans de pollutions nucléaires

En réalité il n’y a toujours pas de solutions techniques pour stopper les pollutions radioactives des réacteurs en fusion de Fukushima. Et il faudra au minimum 30 ans pour en trouver et les appliquer, à moins que cela ne soit jamais.

Les nucléocrates sont forts pour nous assurer de la parfaite sécurité des réacteurs nucléaires, et de leur innocuité. Tchernobyl, Fukushima, et les nombreux accidents des centrales françaises montrent que c’est faux.

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« 160.000 personnes évacuées, encore 120.000 personnes réfugiées » en hébergement précaires 8 ans après. On s’attend à «  9 600 à 66 000 cas de cancers supplémentaires au Japon ». 18 fois plus de cancers thyroïdiens chez les enfants, « un taux de 30 cas de cancers de la thyroïde par échantillon de 100 000 enfants vivant à Fukushima alors que la moyenne se situait à 1,7 cas pour 100 000 enfants dans la préfecture voisine ». Et un coût actuel estimé à 170 milliards d’euros, on imagine la somme totale qui sera dépensée dans 50 ans, entre 500 et 1.000 milliards ? Rappelons qu’EDF a mis un peu plus d’1 milliard en réserve pour un éventuel accident. En France 170 milliards couteraient 4600 euros à chacun des 38 millions de foyers fiscaux.

Lire l’article de Sortir du Nucléaire qui récapitule les faits et fait le point de la situation toujours aussi gravissime aujourd’hui.

https://www.sortirdunucleaire.org/Fukushima-8-ans-plus-tard-la-situation-n-est

Fukushima: Des traces de pollutions…

Des traces de pollution radioactive de Fukushima retrouvées jusque dans le nord de l’Alaska

Huit ans après la catastrophe, Fukushima refait parler d’elle. Des traces de pollution radioactive, produite lors de l’accident de la centrale nucléaire en 2011, ont été retrouvées dans l’un des endroits les plus reclus au monde.

Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9,0 et un tsunami frappaient les côtes nord-est de l’île de Honshu, au Japon. Une catastrophe naturelle qui en a entraîné une autre : l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daiichi. C’était il y a déjà huit ans, mais des traces demeurent encore aujourd’hui.

En témoigne la récente découverte, dans l’un des endroits les plus reclus au monde, de particules de pollution radioactive provenant de Fukushima. Elles ont été détectée au large d’une île du Détroit de Béring, au nord de l’Alaska.

Sans danger pour la santé 

C’est ce qu’a annoncé une équipe de scientifiques, qui a relevé une élévation des niveaux de césium-137, un élément radioactif. D’après les experts, ces niveaux sont heureusement trop faibles pour représenter une menace pour la santé des populations et de la faune locale. Ils soulignent que des niveaux de concentration 3.000 fois supérieurs à ceux détectés dans le Détroit de Béring seraient considérés non dangereux pour la santé. La dernière détection de particules radioactives provenant de Fukushima dans la mer de Béring remontent à 2014.

Pendant ce temps au Japonl’ordre d’évacuation près de la centrale va bientôt être en partie levé. Avant l’accident, 400 personnes vivaient dans la zone qui est aujourd’hui totalement déserte. Selon la municipalité, plusieurs dizaines de personnes devraient y retourner.Le 28 mars 2019 à 11:21 • Jeanne Travers

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