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Fukushima : chiffres clé pour le huitième anniversaire

Catastrophe nucléaire de Fukushima : chiffres clé pour le huitième anniversaire

A l’approche du huitième anniversaire de la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima, voici quelques chiffres clé tels qu’ils apparaissent dans les médias, les sites officiels et les 2 500 articles de ce site. Des mises à jour seront faites régulièrement.

Les chiffres clés publiés à l’occasion du septième anniversaire sont ici.

Situation des réacteurs

Les travaux visent essentiellement à sécuriser les réacteurs accidentés qui sont encore menaçants. A proximité, les débits de dose sont tels que le temps de séjour doit être très limité, ce qui complique les travaux.

En juillet 2018, TEPCo a mis en ligne des vidéos montrant les progrès réalisés. On peut aussi faire une visite virtuelle, même si les images datent un peu.

RÉACTEUR N°4

La cuve était vide le 11 mars 2011 et il n’y a pas eu de fusion du cœur, mais une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Depuis décembre 2014, la piscine de combustible du réacteur a été vidée et les travaux sont arrêtés car il n’est plus menaçant.

RÉACTEUR N°3

Il y a eu une fusion du cœur et une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Tous les débris de la partie haute ont été retirés à l’aide d’engins télécommandés. Un nouveau bâtiment avec un toit, de forme cylindrique, est terminée. Le retrait des combustibles devait débuter en novembre 2018 pour se terminer en 2019, mais ils ont pris du retard. Les opérations ne devraient commencer qu’à partir de la fin mars 2019. Il y a 566 assemblages usés dans cette piscine.

Il y aurait entre 188 et 394 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 364 tonnes pour le réacteur n°3. Ce dernier contient du combustible MOx, à base de plutonium. Pour en savoir plus.

TEPCo a fait une reconstitution en 3D des structures qui jonchent l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°3 et a mis quelques images de synthèse en ligne, ainsi qu’une vidéo où l’on tourne autour du cœur. La compagnie avait aussi envoyé un drone dans le bâtiment réacteur pour prendre des images et faire des mesures de débit de dose. Les débits de dose varient de 8 à 15 mSv/h alors que la limite pour les travailleurs du nucléaire est de 20 mSv par an. Cela signifie que les interventions humaines doivent être très très courtes.

RÉACTEUR N°2

Il y a eu fusion du cœur, mais le bâtiment réacteur est entier. TEPCo n’a pas commencé à retirer les combustibles usés de la piscine. La compagnie a envoyé plusieurs robots dans l’enceinte de confinement afin de localiser le corium, ce mélange de combustible fondu et de débris.

Plusieurs séries d’images ont été mises en ligne par la compagnie. Les dernières sont ici.Elles ont été traitées de façon à pouvoir, grâce à la réalité virtuelle, se déplacer virtuellement dans cette enceinte et analyser son état. On voit clairement le corium et un élément d’assemblage de combustible tombé au fond de l’enceinte de confinement :

TEPCo a envoyé un autre robot entrer en contact avec le corium pour évaluer sa consistance. le robot a pu soulever des petits débris, mais le dépôt sédimentaire au fond de l’enceinte de confinement semble collé à la paroi. Sur la plateforme aussi les dépôts semblent être soit des graviers faciles à prendre à un endroit, soit une masse compacte bien collée. Des images et une vidéo sont disponibles.

Il y aurait entre 189 et 390 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 237 tonnes. Pour en savoir plus.

TEPCo a aussi envoyé un robot à proximité de la chambre de suppression, cette pièce toroïdale qui entoure la base du réacteur, ainsi qu’à l’intérieur. Equipé de caméra, de lasers pour mesurer les distance et de dosimètre, il a entièrement filmé et repéré son parcours. La Japan Atomic Energy Agency (JAEA) a ensuite reconstitué l’intérieur afin de permettre de se déplacer virtuellement à l’intérieur. Cela devrait permettre aux intervenants de s’entraîner dans une chambre de réalité virtuelle avant de pénétrer, afin de limiter la dose prise. Mais en juillet 2018, peu de personnes ont utilisé cet outil pour le moment. Surtout des chercheurs ou des étudiants, pas des intervenants, selon la JAEA. Et des visiteurs, comme le rédacteur de ces lignes

RÉACTEUR N°1

Il y a eu une fusion du cœur et une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Ce bâtiment avait été recouvert d’une nouvelle structure en 2011, qui a été entièrement démantelée en novembre 2016. TEPCo a commencé à retirer les débris de la partie haute du réacteur, pour, ensuite, reconstruire une nouvelle structure afin de vider la piscine de combustibles. Depuis, la compagnie est peu prolixe sur l’avancement des travaux.

Il y aurait entre 232 et 357 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 279 tonnes. Pour en savoir plus.

RÉACTEURS 5 ET 6

Les réacteurs 5 et 6 étaient partiellement déchargés le 11 mars 2011 et un générateur diesel de secours était encore fonctionnel, ce qui a permis d’éviter la fusion du cœur. Ces réacteurs sont maintenant entièrement déchargés et vont être démantelés.

Eau contaminée

L’eau contaminée qui continue à s’accumuler est l’autre grand défi auquel doit faire face TEPCo, même si, en 2013, le premier ministre avait déclaré devant le comité international olympique que la situation est sous contrôle. Les scandales se sont aussi accumulés au cours de ces huit années.

TEPCo a lancé un nouveau portail internet sur ce sujet, qui est même disponible en anglais, mais qui ne contient aucune information pertinente. Greenpeace a aussi publié un rapport qui fait le point sur la situation. L’organisation s’oppose au rejet en mer.

RÉSUMÉ DE LA SITUATION

Le combustible qui a fondu et percé les cuves doit toujours être refroidi. A cette fin, TEPCo injecte environ 70 m3 d’eau par jour dans chacun des réacteurs 1, 2 et 3. Cette eau se contamine fortement au contact du combustible fondu et s’infiltre dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine où elle se mélange à l’eau des nappes phréatiques qui s’y infiltre.

Au début de la catastrophe, les infiltrations s’élevaient à environ 400 m3 par jour, qui se contaminaient et qu’il fallait entreposer dans des cuves. Inversement, l’eau des sous-sols, fortement contaminée, fuyait vers la nappe puis l’océan.

Pour réduire les infiltrations d’eau souterraine, TEPCo pompe en amont des réacteurs, avant que cette eau soit contaminée et la rejette directement dans l’océan. Elle a aussi construit une barrière tout le long du littoral et pompe les nappes phréatiques au pied des réacteurs. Une partie de cette eau est partiellement décontaminée et rejetée dans l’océan. Une autre partie, trop contaminée, est mélangée à l’eau pompée dans les sous-sols des réacteurs pour être mise dans des cuves après traitement, en attendant une meilleure solution.

La dernière barrière mise en place est le gel du sol tout autour des 4 réacteurs accidentés, sur 1,4 km dans le but de stopper les infiltrations. Après de nombreux déboires, le gel est terminé depuis novembre 2017. Elle a permis de réduire les infiltrations, mais pas de les stopper. La mise en place du mur gelé a coûté 34,5 milliards de yens (265 millions d’euros) aux contribuables auxquels il faut ajouter plus d’un milliard de yens (8 millions d’euros) par an pour l’électricité.

FLUX ET STOCKS

Selon un bilan récent, la compagnie pompe dans les sous-sols des réacteurs un surplus de 52 m3/jour par rapport à ce qu’elle injecte, en l’absence de précipitations. Une partie (7 m3) vient de la nappe phréatique proche, qui est aussi fortement contaminée.

L’eau pompée dans les sous-sols est traitée puis entreposée dans des cuves sur le site de la centrale. TEPCo retire 62 radioéléments, mais il reste notamment le tritium, de l’hydrogène radioactif, qu’il est difficile de séparer. La compagnie annonce avoir déjà traité deux millions de mètres cubes d’eau contaminée. Une partie est utilisée pour le refroidissement et le reste est stocké dans des cuves. Selon la compagnie, le stock d’eau traitée ou partiellement traitée s’élève à 1,1 million de mètres cubes auxquels il faut ajouter 48 370 m3 d’eau dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine (source). Il y a près d’un millier de cuves pour garder cette eau qui occupent presque tout le site de la centrale.

QUE FAIRE DE CETTE EAU ?

Que faire de cette eau traitée ? Après avoir envisagé plusieurs pistes peu réalistes, il ne reste que le rejet en mer. La concentration en tritium serait d’un à cinq millions de becquerels par litre, ce qui est plus que la limite autorisée, fixée à 60 000 Bq/L. Mais, il suffit de diluer, comme cela est fait en fonctionnement normal. Le problème est plutôt du côté du stock total, estimé à 3,4 PBq (3,4 milliards de millions de becquerels), ce qui représente de l’ordre de 150 années de rejet à la limite autorisée.

A titre de comparaison, l’autorisation de rejet en mer de l’usine Areva de La Hague est, pour le seul tritium, de 18,5 PBq et les rejets effectifs de ces dernières années variaient entre 11,6 et 13,4 PBq par an. Le stock de tritium de Fukushima représente donc 3 mois et demi de rejets à La Hague. De quoi rendre jalouses les autorités japonaises !

Officiellement il resterait plus que du tritium (hydrogène radioactif) dans l’eau traitée, qu’il est difficile de séparer et stocker. Cette situation n’est pas pérenne et la meilleure solution trouvée par la compagnie et le gouvernement est le rejet en mer. Ne restait plus qu’à convaincre les résidents… Les autorités ont donc organisé 3 réunions publiques, à Tomioka et Kôriyama et les quelques personnes qui y ont assisté ont posé des questions sur la contamination résiduelle. C’est ainsi qu’elles ont appris que la contamination résiduelle pour certains éléments dépassait les concentrations maximales autorisées pour le rejet en mer.

TEPCo a fini par admettre que 80% du stock d’eau traitée avait une contamination résiduelle qui dépasse, en concentration, les autorisations de rejet en mer. La concentration en strontium, particulièrement radio-toxique, peut atteindre 600 000 Bq/L, ce qui est environ 20 000 fois plus que la limite autorisée. La compagnie parle maintenant d’effectuer un second traitement avant rejet en mer.

Environ 161 000 m3 auraient une concentration de l’ordre de 10 à 100 fois la limite, auxquels il faut ajouter 65 000 autres mètres cubes, avec jusqu’à 20 000 fois la limite, selon TEPCo. Sa station de traitement traite environ 340 m3 jour actuellement. A ce rythme là, il lui faudrait 2 ans pour traiter ce stock… sans parler du coût. Ce total ne fait pas encore les 750 000 m3 annoncés comme faisant 80% du stock. La presse ne donne pas de détails sur le reste.

Après, quand les populations s’opposent aux rejets, c’est à cause des rumeurs néfastes…Cette gestion de l’eau contaminée et de la concertation avec les populations est lamentable.

Travailleurs à la centrale accidentée

DONNÉES

Les données officielles sont ici en anglais sur le site internet du ministère du travail. Le nettoyage du site ainsi que le bétonnage et l’asphaltage ont permis de réduire l’exposition des travailleurs. Les mesures de protection nécessaires en fonction du zonage sont ici.

• Du 11 mars 2011 au 31 mars 2016, 46 956 travailleurs ont été exposés aux rayonnements ionisants sur le site de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi, dont 42 244 sous-traitants. Ce sont les sous-traitants qui prennent les doses les plus élevées, avec une moyenne qui varie de 0,51 à 0,56 mSv par mois entre Janvier et Février 2016. C’est entre 0,18 et 0,22 pour les salariés de TEPCo.

Il y a aussi 1 203 personnes qui ont une limite plus élevée pour pouvoir continuer à pénétrer sur le site. Leur dose moyenne cumulée depuis le début de l’accident est de 36,49 mSv et la valeur maximale de 102,69 mSv.

• Le 1er avril 2016, TEPCo a remis tous les compteurs à zéro. Ainsi, 174 travailleurs qui avaient dépassé la limite de dose de 100 mSv sur 5 ans peuvent revenir. Depuis cette date, jusqu’au 30 novembre 2018, 20 243 travailleurs ont été exposés aux rayonnements ionisants, dont 18 168 sous-traitants (90%). Impossible de savoir combien d’entre eux ont déjà été exposés lors des cinq premières années.

Pour le seul mois de novembre 2018, 7 202 travailleurs ont été exposés à la centrale de Fukushima daï-ichi, dont 86% de sous-traitants (6 211). La dose moyenne mensuelle prise par ces sous-traitants est de 0,37 mSv et de 0,11 mSv pour les employés de TEPCo. 35 sous-traitants ont reçu une dose supérieure à 5 mSv, avec un maximum de 8,96 mSv.

Depuis le 1er avril 2016, 59 sous-traitants ont reçu une dose supérieure à 50 mSv. La dose maximale reçue est de 75,5 mSv. Les sous-traitants ont pris 95,2% de la dose collective qui est de 100,4 hommes.sieverts.

Le dernier bilan du ministère du travail sur les violations du droit du travail à la centrale de Fukushima daï-ichi et sur les chantiers de décontamination est ici en anglais.

MALADIES PROFESSIONNELLES

Deux cas de cancer de la thyroïde ont été reconnus comme étant d’origine professionnelle parmi les travailleurs à la centrale accidentée (premier cas et deuxième cas). Il y a aussi trois leucémies (premierdeuxième et troisième cas) et un décès. 16 travailleurs en tout auraient fait une demande de reconnaissance de maladie professionnelle et 5 dossiers auraient déjà été rejetés.

Cartographie de la pollution radioactive

• La dernière cartographie aérienne de la pollution radioactive autour de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi effectuée par les autorités date de novembre 2017 et est disponible en ligne sur le site dédié.

• Le “soil project” propose une carte basée sur des prélèvements de sols effectués par le réseau de stations de mesure et de laboratoires indépendants. Chikurin, le laboratoire monté au Japon avec le soutien financier et technique de l’ACRO est membre de ce réseau.

Liens vers la carte en anglais et en japonais.

• Cartes du “Projet de mesure de la radioactivité environnementale autour de Fukuichi (Fukushima daiichi)” : Ces cartes ont été traduites en français par l’association Nos Voisins lointains 3.11.

• Safecast : cette organisation utilise un radiamètre “maison” branché sur un smartphone pour mesurer le débit de dose ambiant. La carte regroupant les données est ici.

Décontamination et déchets radioactifs

DÉCONTAMINATION

La décontamination des zones évacuées est sous la responsabilité du gouvernement. Ailleurs, là où l’exposition externe pouvait dépasser 1 mSv/an, ce sont les communes qui doivent s’en occuper. Voir le dernier bilan mensuel publié par le ministère de l’environnement. Pour un bilan annuel plus complet, c’est ici.

Dans la zone évacuée, la décontamination est terminée, sauf dans la partie classée en “zone de retour difficile” où l’exposition externe pouvait dépasser 50 mSv/an et les ordres d’évacuer levés depuis le 1er avril 2017.

Dans les zones non évacuées, 104 communes étaient initialement concernées, à Fukushima, Iwaté, Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saïtama et Chiba et c’est passé à 93 par la simple décroissance radioactive. Les travaux de décontamination sont terminés partout depuis mars 2018.

Pour les zones dites de retour difficile, le gouvernement va décontaminer un centre à Futaba et Ôkuma afin de pouvoir affirmer qu’il n’a abandonné aucune commune. Les travaux ont débuté partout et ils devraient se terminer en 2022. Qui va revenir après 11 années d’évacuation ? Ces centres sont qualifiés de SZRR (special zones for reconstruction and revitalization) sur la carte ci-dessous (source) :

Le ministère de l’environnement a budgété 2 900 milliards de yens (23,4 milliards d’euros) jusqu’en mars 2019 pour financer les travaux de décontamination. La moitié est pour les zones évacuées, sans prendre en compte la zone dite de retour difficile et l’autre moitié pour les zones non évacuées.

Pour les forêts contaminées à Fukushima, la nouvelle politique est de tout raser pour faire de la biomasse afin de relancer une industrie forestière exsangue. Grâce aux tarifs de rachat de l’électricité d’origine renouvelable, l’investissement dans la biomasse est très rentable. Et comme tout est subventionné, tout le monde y gagne, sauf le contribuable.

Voilà ce que cela donne à Tamura, dans la province de Fukushima :

Le bois est transformé en copeaux et transporté par camions dans tout le Japon. Des associations commencent à se mobiliser sur cette thématique et étudient l’impact radioactif des rejets car les filtres utilisés sont que de simples filtres à manche, comme de gros sacs d’aspirateurs, et non des filtres de haute efficacité.

DÉCHETS ISSUS DE LA DÉCONTAMINATION

Notre reportage de 2016 sur la gestion des déchets issus de la décontamination reste d’actualité.

Dans son bilan, le ministère de l’environnement fait état de 9,1 millions de mètres cubes de sols contaminés accumulés à la fin mars 2018 dans les zones évacuées et de 7,9 millions de mètres cubes dans les autres zones, dont 7,4 à Fukushima. Ces déchets ont vocation à être entreposés pendant 30 ans sur un site de 16 km2 (1 600 ha) qui entoure la centrale de Fukushima daï-ichi, en zone de retour difficile. Le gouvernement aurait acheté ou loué 85,4% des terrains. L’entreposage a débuté.

Le ministère prévoit qu’1,2 million de mètres cubes de sols auront été transportés sur le centre d’entreposage d’ici la fin de l’année fiscale (31 mars 2019). Cela représente environ 181 000 voyages en camion (6 m3 par camion). Presque tous les sols contaminés devraient avoir été transférés pour les JO de 2020…

Après, au bout de 30 ans, les autorités envisagent un “recyclage” de ces sols pour la construction de routes, digues… Des chantiers pilotes sont en cours à Minami-Sôma ou en projet à Nihonmatsu ou Iitaté, malgré l’opposition des riverains et de nombreux experts.

Dans les autres provinces, le gouvernement veut enterrer les sols radioactifs.

Les déchets organiques, quant à eux sont incinérés dans de nombreux incinérateurs répartis dans toute la province de Fukushima :

Les cendres seront mises en fûts bétonnés et stockées dans ce qui s’appelait le “Fukushima Eco Tech Clean Center” qui a été nationalisé depuis. Les autres déchets spéciaux qui seront aussi stockés.

De nombreux autres déchets, comme des boues de station d’épuration radioactives ou des cendres d’incinérateurs de déchets ménagers sont toujours en attente de solution dans de nombreuses provinces. A l’incinérateur d’Iwaki sud, les cendres sont simplement entreposées dans la cour :

TRAVAILLEURS IMPLIQUÉS DANS LES TRAVAUX DE DÉCONTAMINATION

Le ministère de l’environnement fait état de 13,7 millions de travailleurs engagés dans des travaux de décontamination dans les territoires évacués et 18,4 millions dans les territoires non évacués. Ces chiffres ne sont pas réalistes. Il doit s’agir du nombre de contrats signés.

Un suivi dosimétrique individuel a été introduit en novembre 2013 par la Radiation Effects Association, qui est l’organisme qui suit les travailleurs du nucléaire au Japon, pour les décontamineurs (source en japonais) qui travaillent en zone évacuée et qui sont soumis aux mêmes limites de dose que les travailleurs du nucléaire (explications en anglais).

Au 31 mai 2018, 464 283 décontamineurs ont été enregistrés dans la base de données sur les doses. On est loin des millions de décontamineurs rapportés par le ministère de l’environnement. Le nombre de travailleurs par année et les doses sont résumés sur graphique (extrait de ce document) :

Les données pour l’année 2017 sont ici en anglais (pour les données 2016, voir les chiffres clés de l’an dernier). Elles font état de 12 000 à 16 000 travailleurs engagés chaque trimestre sur une centaine de chantiers de décontamination d’octobre 2017 à novembre 2018. La dose maximale reçue est de 3,8 mSv pour un trimestre. Pour l’année 2017, un total de 25 025 décontamineurs ont été enregistrés, avec 2,6% de femmes. La dose annuelle maximale est de 8 mSv. La minimale est de 0,3 mSv. La dose collective est de 7,6 hommes.sieverts.

La distribution des doses par zone est assez frappante. Sans surprise, c’est dans les communes classées en “zone de retour difficile” que les doses sont les plus élevées (Katsurao, Tamura, Futaba et Ôkuma).

Des apprentis vietnamiens ont été envoyés illégalement sur des chantiers de décontamination ou à la centrale de Fukushima daï-ichi, sans être informés des risques encourus et sans recevoir les primes de risque. Le ministère de la justice a diligenté une enquête auprès d’un millier compagnies du bâtiment qui prennent part au programme de formation de apprentis étrangers. Il en ressort que quatre d’entre elles ont envoyé des stagiaires étrangers sur les chantiers de décontamination.

Un ancien employé d’un incinérateur de déchets radioactifs d’Iitaté accuse son employeurde ne pas l’avoir assez protégé. Il craint pour sa santé et a porté plainte.

Le dernier bilan du ministère du travail sur les violations du droit du travail à la centrale de Fukushima daï-ichi et sur les chantiers de décontamination est ici en anglais.

A noter que trois rapporteurs de l’ONU ont préparé un rapport qui dénonce les conditions de travail sur les chantiers de décontamination de Fukushima et à la centrale de Fukushima daï-ichi.

Zones évacuées et personnes déplacées

Le gouvernement avait introduit la limite d’évacuation la plus haute des recommandations internationales pour évacuer les populations : 20 mSv/an, même pour les bébés et les enfants qui sont plus sensibles aux radiations (voir nos explications sur les doses limites et normes). Il maintient cette même limite pour le retour alors que les recommandations internationales demandent une diminution progressive pour revenir à la limite normale qui est de 1 mSv/an.

Le rapporteur spécial de l’ONU pour les substances dangereuses, attaché au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), basé à Genève, regrette “la décision du gouvernement de lever les ordres d’évacuation et la décision des autorités préfectorales de mettre fin à l’octroi d’aides au logement [qui] font peser de fortes pressions en faveur du retour sur un grand nombre d’auto-évacués. La levée progressive des ordres d’évacuation a créé d’énormes tensions sur les personnes dont la vie a déjà été affectée par la pire catastrophe nucléaire de ce siècle. Bon nombre d’entre eux ont l’impression d’être forcés de retourner dans des zones dangereuses, y compris celles où les niveaux de rayonnement sont supérieurs à ce que le gouvernement considérait auparavant comme sûr.” Le titre du communiqué de presse est sans ambiguïté : le Japon doit cesser les retours à Fukushima, où la radioactivité demeure un sujet de préoccupation. Pour cela, il s’appuie sur l’article 24 de la convention relative aux droits de l’enfant dont le Japon est partie, qui stipule que “les Etats parties reconnaissent le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible”.

ZONAGE

Les derniers ordres d’évacuer ont été levés au 1er avril 2017 et il ne reste que les zones dites de retour difficile où l’accès est interdit.

COMMUNEDATE DE LA LEVÉE DE L’ORDRE D’ÉVACUATION
Tamura1er avril 2014
Kawauchi1er octobre 2014 pour une partie, puis 14 juin 2016
Naraha5 septembre 2015
Katsurao12 juin 2016
Minamisôma12 juillet 2016
Iitate village31 mars 2017
Kawamata village31 mars 2017
Namie town31 mars 2017
Tomioka town1er avril 2017

RETOUR DES POPULATIONS

En juillet 2018, le nombre officiel de personnes déplacées à Fukushima était de 44 878, dont 33 622 en dehors de la province (source). Cependant, les personnes originaires de zones où l’ordre d’évacuer a été levé et les “auto-évacuées” ne sont plus prises en compte dans ce décompte, car elles ne bénéficient de plus aucune aide. Cela ne signifie pas que les personnes déplacées sont rentrées.

Le taux de retour dans les zones où les ordres d’évacuer ont été levés reste faible et la population totale diminue. La dépopulation des zones rurales a commencé avant la catastrophe nucléaire. Cette dernière a fortement accéléré le processus. Voici quelques chiffres par commune :

  • Namié : 896 personnes résidentes sur 17 582 habitants, soit 5% (source). Elles étaient 21 434 au 11 mars 2011 (source) ;
  • Iitaté : 1 003 résidents sur 5 685 habitants, soit 17,6% (source et page d’accès) ; Elles étaient 6 509 au 11 mars 2011 (source) ;
  • District d’Odaka à Minami-Sôma : 8 034 résidents sur 12 842 avant la catastrophe, soit 62,5% (source) ; Il n’y a que 617 enfants âgés de moins de 14 ans ;
  • Kawamata, district de Yamakiya : 334 résidents sur 858 personnes enregistrées, soit 39% (source) ;
  • Naraha : 3 641 résidents sur 6 969 personnes enregistrées, soit 52% (source et données). Elles étaient 8 011 au 11 mars 2011 (source) ;
  • Tomioka : 791 résidents sur 9 714 personnes enregistrées, soit 8,1% (source et données). Elles étaient 15 960 au 11 mars 2011 (source) ;
  • Katsurao : 280 résidents sur 1 415 personnes enregistrées, soit 20% (source). Elles étaient 1 567 au 11 mars 2011 (source).
  • Kawauchi : 2 165 résidents sur 3 038 personnes enregistrées le 11 mars 2011 (source)
  • Futaba et Ôkuma : respectivement 7 140 (source) et 11 505 (source) habitants le 11 mars 2011 et zéro retours puisque ces communes sont classées en zone dite de retour difficile.

Impact sanitaire

• Décès : Les derniers chiffres officiels de la province de Fukushima (source), qui datent du 13 février 2019 font état de 1 605 décès directs dus à la triple catastrophe et de 2 disparus. Il y a aussi 2 267 décès indirects dus à des suicides ou à une dégradation des conditions de santé suite à l’évacuation.

• Cancers de la thyroïde : L’université médicale de Fukushima effectue une campagne de dépistage par échographie des cancers de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Ce suivi s’effectue tous les 2 ans jusqu’à l’âge de 18 ans. Puis, un nouveau contrôle est prévu à partir de 25 ans.

Les derniers résultats sont ici sur notre site : Au total, on arrive à 166 cas de cancers de la thyroïde confirmés sur 206 suspectés, plus toujours un seul cas qui s’est révélé bénin après la chirurgie. Les autorités continuent à prétendre que ce très fort excès de cancers de la thyroïde n’est pas dû à la catastrophe nucléaire.

Le bilan des campagnes de dépistage donne :

Dépistages avec résultatExamens complémentaires terminésCytoponctionsNombre de cancers suspectésNombre de cancers confirmés
Première campagne300 4722 130547116101
Deuxième campagne270 5401 8742077152
Troisième campagne217 513933541813
Quatrième campagne25 9827000
Plus de 25 ans1 98958320

A noter, que selon un fond de soutien, un cas de cancer de la thyroïde a échappé aux statistiques officielles (source). Selon ce même fond qui a effectué un suivi de 84 enfants ayant déclaré un cancer de la thyroïde, 8 d’entre eux ont dû subir une deuxième intervention chirurgicale après une rechute. Ils avaient entre 6 et 15 ans au moment de l’accident. Il réclame des statistiques officielles sur le nombre de rechutes.

Coût de la catastrophe

COÛT TOTAL ESTIMÉ

Les chiffres officiels relatifs au coût de la catastrophe ont été revus à la hausse en décembre 2016 pour atteindre 21 500 milliards de yens (175 milliards d’euros) et n’ont pas changé depuis. Cela inclut le démantèlement des réacteurs de Fukushima daï-ichi, à hauteur de 8 000 milliards de yens (65 milliards d’euros), 7 900 milliards de yens (64 milliards d’euros) pour les indemnisations, près de 4 000 milliards de yens (32,5 milliards d’euros) pour la décontamination et 1 600 milliards de yens (13 milliards d’euros) pour le centre d’entreposage temporaire des déchets radioactifs. Pour en savoir plus.

Cette somme ne comprend pas le coût du stockage des déchets issus du démantèlement de la centrale accidentée ni la création d’un îlot décontaminé dans les zones dites « de retour difficile » dont le seul but est la non disparition des villages concernés.

La facture de la catastrophe nucléaire pourrait être de 50 000 à 70 000 milliards de yens (420 à 580 milliards d’euros), ce qui est 3 fois plus élevé que l’estimation gouvernementale, selon une étude du Japan Center for Economic Research (source).

Le gouvernement détient toujours 50,1% des parts de TEPCo.

INDEMNISATIONS

En janvier dernier, les autorités avaient déjà prêté 8 747,2 milliards de yens (70 milliards d’euros) à TEPCo pour que la compagnie puisse indemniser les victimes de la catastrophe nucléaire et cela ne suffira pas. Les intérêts sont à la charge des contribuables.

L’indemnisation du stress psychologique s’est terminée un an après l’évacuation pour les personnes originaires d’un point chaud situé au-delà des zones d’évacuation. Les habitants originaires des zones dites de retour difficile ont reçu l’équivalent de douze années d’indemnisation et pour les autres, originaires des zones où l’ordre d’évacuer a été levé, l’indemnisation s’est arrêtée au bout de 7 ans. Un adulte a reçu 1,2 million de yens par an (environ 10 000 euros). Il y a eu aussi une compensation pour la perte des biens et des revenus, qui varie d’une famille à l’autre.

De nombreuses personnes ne sont pas satisfaites par les indemnisations reçues et réclament plus. En septembre 2011, les autorités japonaises ont mis en place une commission de conciliation chargée d’arbitrer les contentieux. Ses avis ne sont pas contraignants, mais TEPCo avait alors annoncé vouloir les respecter. Mais, dans les faits, TEPCo refuse de nombreux arbitrages et la commission a clôt de nombreux dossiers non réglés : 72 entre 2013 et 2017 (tous des employés de TEPCo et leur famille), 18 en 2018 et déjà un en 2019. Le groupe le plus important qui avait saisi, en vain, cette commission est constitué de 16 000 habitants de Namié, commune qui a été entièrement évacuée.

Plus de 10 000 Japonais ont porté plainte contre le gouvernement et parfois aussi contre l’Etat afin de bénéficier d’une meilleurs indemnisation. Il y a une trentaine de plaintes collectives. TEPCo a déjà été condamnée 8 fois à mieux indemniser les victimes et le gouvernement, cinq fois.

Parc nucléaire japonais

Avant la catastrophe de Fukushima, le Japon comptait 54 réacteurs de production d’électricité plus des réacteurs de recherche. Une carte datant de 2010 est disponible ici.

Actuellement, 6 réacteurs ont été détruits ou endommagés par la catastrophe nucléaire à Fukushima daï-ichi, 15 arrêtés définitivement. Le Japon ne compte donc plus que 33 réacteurs nucléaires pour la production d’électricité : 15 ont leur dossier de sûreté validé et 9 ont été remis en service.

Pour voir le détail du parc japonais, c’est par ici.

• Le surgénérateur Monju a été arrêté définitivement. Il n’a fonctionné que 250 jours depuis sa mise en service en 1994. Une fuite de sodium avait entraîné son arrêt en 1995. La culture de sûreté y est défaillante (source).

• Les autorités n’ont pas encore abandonné l’usine de retraitement située à Rokkashô-mura dans la province d’Aomori dont la mise en service cumule déjà 24 années de retard depuis 1997, année de la première date de mise en service prévue (source). Le démarrage est désormais annoncé pour 2021 et le coût a été multiplié par 4.

Son dossier de sûreté est quasiment validé par l’Autorité de régulation nucléaire. Mais, même si cette usine démarre, elle devra tourner au ralenti car il n’y a pas de débouché pour le plutonium extrait. En effet, le gouvernement japonais s’est engagé récemment à ne pas en extraire plus qu’il ne pouvait en consommer.

• Faute de débouchés sur le marché intérieur, le Japon avait fait de l’exportation de sa technologie nucléaire une priorité pour sauver son industrie. Mais tous les projets de centrale nucléaire dans un pays étranger ont été abandonnés ou suspendus face aux coûts exorbitants.

• Le charbon couvre maintenant 30% de la production d’électricité au Japon et cela augmente encore. Si tous les projets aboutissent, cela devrait atteindre 40%… alors que décembre 2017 marquait les 20 ans du protocole de Kyôto. Les engagements du Japon lors de la COP21, bien que modestes, pourraient ne pas être tenus.Ce contenu a été publié dans ACROnique de Fukushima par ACRO, et marqué avec Contamination de l’eau douceContamination des solsCoût de la catastropheDéchets radioactifsDécontaminationDémantèlementEau contaminéeEnergie nucléaireEvacuationGénéralités sur l’accidentImpact sanitaireRéacteur n°1Réacteur n°2Réacteur n°3Réacteur n°4Réacteurs 5 et 6RejetsRetour des habitantsTravailleursVivre en territoire contaminéVoir Fukushima. Mettez-le en favori avec son permalien.

Fukushima: peine de prison requise

Accident de Fukushima: peine de prison requise pour trois ex-dirigeants de Tepco

Par AFP le 26.12.2018 à 13h32

Le réacteur de la centrale nucléaire de Fukushima ravagée par un tsunami en 2011 JIJI PRESS/AFP/ARCHIVES – TEPCO VIA JIJI PRESS

Une peine de cinq ans de prison a été requise contre trois anciens dirigeants de la compagnie japonaise exploitant la centrale nucléaire de Fukushima, dévastée en 2011 par un tsunami, ont indiqué mercredi les médias.

Celui qui présidait le conseil d’administration du groupe Tokyo Electric Power (Tepco) au moment du drame, Tsunehisa Katsumata (77 ans), ainsi que deux ex-vice-PDG, Sakae Muto (66 ans) et Ichiro Takekuro (71 ans), sont jugés pour « négligence ayant entraîné la mort ». Ces prévenus, les seuls à être jugés dans le cadre de cette catastrophe, ont plaidé non coupable. SPONSORISE

Il s’agit du pire accident nucléaire après celui de la centrale soviétique Tchernobyl (Ukraine) en 1986, un drame qualifié par une commission d’enquête japonaise de « désastre créé par l’homme ».PUBLICITÉ

Principal grief adressé aux trois hommes: de n’avoir pas suffisamment pris en compte le risque de tsunami qui a fait suite au séisme de magnitude 9. Les procureurs ont reproché notamment aux accusés d’avoir eu en leur possession des données indiquant que la centrale nucléaire risquait d’être frappée par un tsunami, avec des vagues dépassant les 15 mètres et assez puissantes pour entraîner une panne de courant et une série d’accidents graves.

« Ils auraient dû suspendre l’activité de la centrale nucléaire » jusqu’à la mise en place de mesures anti-tsunami, y compris la construction d’une digue, ont indiqué les procureurs au tribunal de Tokyo, selon Jiji Press.

M. Katsumata a déclaré durant le procès qu’il n’aurait pas pu prévoir la déferlante qui a ravagé la côte nord-est du Japon et submergé les réacteurs en mars 2011.

La catastrophe a forcé des dizaines de milliers d’habitants à abandonner leur maison proche de la centrale. Un grand nombre d’entre eux sont encore installés dans d’autres régions du pays, ne pouvant pas ou préférant ne pas rentrer chez eux par peur des radiations.

Les poursuites engagées contre ces ex-dirigeants s’appuient essentiellement sur le décès de 44 patients de l’hôpital de Futaba, à quelques kilomètres du site, lors de leur évacuation d’urgence de la zone.

Les procureurs ont refusé à deux reprises d’engager des poursuites, arguant que les éléments du dossier étaient insuffisants. Mais un réexamen de l’affaire en 2015 a tranché pour un procès au pénal.

Les macaques de Fukushima

1 décembre 2018

Les macaques de Fukushima

Deux études scientifiques conduites « sur le terrain » au Japon, pourraient-elles (indirectement) plaider contre le retour forcé en zone contaminée ?

Le Mainichi les présente brièvement mais assez précisément.

Deux macaques japonais dans la ville de Fukushima, préfecture de Fukushima (photo : Fumiharu Konno, de l'équipe de recherche de Shinichi Hayama)

Deux macaques japonais dans la ville de Fukushima, préfecture de Fukushima (photo : Fumiharu Konno, de l’équipe de recherche de Shinichi Hayama)

Les macaques de Fukushima

1) 18 macaques sauvages ont été capturés qui vivaient à moins de 40 km de la centrale Daiichi, dans une zone située dans le Nord-Est de la Préfecture de Fukushima et incluant les villes de Minamisoma et Namie.
Une équipe dirigée par Manabu FUKUMOTO (professeur émérite du département de Pathologie de l’Université du Tohoku) a constaté des anomalies dans leur formule sanguine, en particulier dans les cellules de la moelle osseuse qui produisent les plaquettes, par comparaison avec d’autres singes vivant dans d’autres zones. [NDR : c’est donc une étude « cas-témoins »].
Les chercheurs ont en outre constaté une forte diminution de certains composés sanguins chez les individus « exposés quotidiennement à une irradiation interne » [les faibles doses]. Leur hypothèse, c’est que les singes ont dû ingérer « des substances contaminées au radiocésium provenant de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, par exemple l’écorce d’arbres ».
L’équipe du prof. Fukumoto a produit une estimation de la dose de rayonnement en Césium présente dans les muscles des primates ; Fukumoto exprime auprès du journal :
 » Il faut mener des recherches à long terme pour voir si ces anomalies auront un effet sur la santé des singes ».

2) Au même moment, l’équipe de l’expert en zoologie de la faune Shinichi HAYAMA, Professeur à l’Université des Sciences de la Vie et des Sciences vétérinaires du Japon, a étudié les fœtus de singes en gestation.
Chaque année, de 2008 à 2016, le gouvernement municipal de Fukushima capturait des singes afin de contrôler l’évolution de la population…L’équipe de Hayama a examiné 62 fœtus capturés au moment de la crise 3.11. Leurs conclusions : par comparaison avec ceux d’avant le 11 mars 2011, ces fœtus présentent une tête plus petite et un développement de l’ensemble de leur corps, retardé. En notant que le régime alimentaire des mères n’a pas changé (avant/après 3.11) les chercheurs concluent que « l’exposition des mères singes au rayonnement a pu avoir eu un effet sur leur fœtus ».
Hayama note cependant que « les singes de Fukushima ont sans doute été exposés à de fortes doses de radioactivité à un niveau sans équivalent rapporté aux humains, étant donné que les singes ont consommé des aliments contaminés et vivent près du sol, où les doses de radioactivité étaient élevées »…

3) Les macaques au Japon ne sont pas étudiés, à l’inverse d’autres animaux ou plantes, dans l’enquête en cours du Ministère de l’Environnement, pour l’observation des effets de la radioactivité suite à la catastrophe nucléaire ; or, 5 associations universitaires viennent de demander qu’ils soient inclus dans cette enquête, au nombre desquelles la Primate Society of Japan, (PSJ) dont le président, Masayuki Nakamichi, affirme auprès du Mainichi :

« Il est absolument crucial, et pour le reste du monde aussi, de mener des recherches sur les effets à long terme de l’exposition à la radioactivité des macaques japonais ».

D’après THE MAINICHI, 25/11/2018 – Effects of suspected radiation exposure seen in Fukushima wild monkeys: researchers

Fukushima: Le ministère du Travail…/

Le ministère du Travail reconnaît que le cancer de la thyroïde d’un employé d’une entreprise liée à Tepco est dû au travail après la fusion de la centrale nucléaire de Fukushima

Les fonctionnaires ont travaillé le mois dernier dans la salle de contrôle principale des réacteurs n ° 3 et 4 de la centrale nucléaire de Fukushima n ° 1, exploités par Tepco. | KYODO

JIJI

  • DEC 13, 2018

Le ministère du Travail a déclaré mercredi que le cancer de la thyroïde d’un travailleur de sexe masculin, exposé aux radiations après la triple fusion de l’usine n ° 1 de Fukushima, avait été reconnu comme une maladie liée au travail.

À la suite de la décision d’un groupe d’experts du ministère du Travail, le bureau d’inspection des normes du travail d’Hitachi, dans la préfecture d’Ibaraki, est parvenu à sa conclusion lundi.

L’homme d’une cinquantaine d’années est devenu la sixième personne à se voir octroyer une indemnité d’indemnisation pour accidents du travail suite au cancer provoqué par la catastrophe nucléaire de mars 2011 survenue dans la centrale gérée par Tokyo Electric Power Holdings Inc. Il est la deuxième être indemnisé pour cancer de la thyroïde.

Selon le ministère, l’homme, employé d’une société liée à Tepco, participait à des travaux d’urgence post-accidentels à l’usine de Fukushima, qui comprenaient une opération de récupération d’énergie. Depuis novembre 1993, il travaillait dans plusieurs centrales nucléaires depuis environ onze ans.

Sur sa dose de rayonnement cumulée d’environ 108 millisieverts, il a reçu 100 millisieverts après la fusion.

L’homme a demandé le paiement de l’assurance en août 2017, deux mois après le diagnostic de cancer.

Un total de 16 travailleurs ont demandé de tels paiements en raison d’un cancer qui, selon eux, a été causé par l’accident nucléaire. Cinq demandes ont été rejetées, tandis que cinq autres sont en instance.

…/ de retour de Fukushima

« 20 mSv »: Bruno Meyssat de retour de Fukushima

Comment interroger les catastrophes par les voies du théâtre ? Par une double approche, celle des informations et celle des sensations, nous disent Bruno Meyssat et ses acteurs. La preuve par « 20 mSv » à propos de l’accident de Fukushima et au-delà.
Scène de "20mSv" © Bruno MeyssatScène de « 20mSv » © Bruno Meyssat

Depuis longtemps, le théâtre de Bruno Meyssat interroge les catastrophes. Ce fut le cas naguère de son spectacle Les Disparus, sous-titré « Visions posthumes ou prémonitoires de quelques passagers du Titanic ». Plus récemment, ce fut le cas de la crise des subprimes avec 15 % (2014) ou de la crise grecque avec Kairos (2016). Son nouveau spectacle 20 mSv a pour sujet la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon et, au passage, évoque celle de Tchernobyl dont l’accident japonais est comme la réplique.Le titre parle à tous ceux qui s’intéressent de près aux questions nucléaires, professionnels ou militants ; il intrigue les autres (j’en suis) à dessein. 20 mSv ? C’est-à-dire 20 millisieverts, apprend-on dans le spectacle et en lisant la feuille distribuée en entrant dans la salle, soit la « limite au-dessous de laquelle l’ordre d’évacuation est levé dans la préfecture de Fukushima dans le cadre de la politique de retour actuelle. Au Japon comme en France, la réglementation avait fixé les limites annuelles de radiations à 1 millisievert (mSv) pour la population et à 20 mSv pour les travailleurs nucléaires. Le 14 avril 2011, le gouvernement japonais a élevé cette norme-limite à 20 mSv pour toute la population. »

Tout le déroulement du spectacle consiste à travailler sur deux fronts.

D’un côté, à travers des écrits dits devant un micro sur pied ou lus à la table et/ou projetés sur le mur du fond, on nous abreuve de discours, rapports et analyses. Par exemple, on nous rapporte ce que dit Masao Yoshida, le directeur de la centrale Tepco de Fukushima devant la commission d’enquête qui l’interroge, lui comme beaucoup d’autres, et c’est assez sidérant. Conclusion de l’enquête, à rebours de la thèse propagée selon laquelle elle serait une conséquence du tsunami : « l’accident est le résultat d’une collusion entre le gouvernement, les agences de régulation et l’opérateur Tepco, et d’un manque de gouvernance de ces mêmes instances. » Comme les liens entre le nucléaire français et son homologue japonais sont nombreux et que la France est le pays le plus nucléarisé du monde, cela ne va pas sans poser de questions.

De l’autre côté, les six acteurs présents sur le plateau, dirigés par Bruno Meyssat et qui ont potassé le sujet avec lui, nous livrent les « sensations » qui ont été les leurs et ont donné naissance à des scènes dont le but est de nous faire partager les dites « sensations » en regard des informations scientifiques et des enquêtes post-catastrophe accompagnées de citations allant d’Arthur Rimbaud à Günther Anders. Cela commence par une première scène très parlante entre un homme que l’on devine irradié et sa compagne qui ne l’est pas. Cette dernière se couvre la tête et le corps d’une bâche plastique transparente et, à travers cette enveloppe qui les prive de tout contact physique direct de peau à peau, on voit le couple s’embrasser longuement. Puis cette enveloppe transparente, contaminée par le contact avec l’irradié, après avoir été ôtée, sera jetée dans une poubelle. Ce rituel impératif, habillage-déshabillage-poubelle, qui va des gants aux chaussettes sera répété plusieurs fois jusqu’à en devenir obsédant. Nombreuses sont les scènes qui jouent sur la frontière entre zone contaminée et zone qui ne l’est pas. Ce danger impalpable mais énorme conduira à des scènes fantasmées, cauchemardesques ; une autre façon de capter l’attention des spectateurs.

On peut voir dans cet imaginaire qui nous parvient par des voies parfois opaques et distanciées comme un pendant théâtral aux témoignages recueillis par Svetlana Alexievitch dans La Supplication (éditions J’ai lu) auprès des rares liquidateurs appelés à Tchernobyl qui ont survécu et auprès des nombreuses veuves ayant accompagné l’agonie de leur mari.

« Nous interrogeons le sujet avec le spectateur par l’offrande des émotions ressenties en documentant le travail », dit Bruno Meyssat. Et il ajoute : « il faut tenter un spectacle de vigilance, en évitant les pièges de la fable ou de l’incarnation. » C’est fait.

A la MC93, Bobigny, jusqu’au 8 décembre.

Fukushima: plus de cancers…

Publié le 03 décembre 2018 à 00h00 | Mis à jour le 03 décembre 2018 à 07h27

Fukushima: plus de cancers chez les enfants

Mathieu Perreault

Une étude japonaise a montré cette semaine que les taux de cancer de la thyroïde chez les enfants de Fukushima sont de 40 à 50 fois plus élevés que prévu. Mais il s’agit d’un type de cancer de la thyroïde qui n’est pas lié aux radiations. Cela pourrait signifier que 95% des cancers de la thyroïde sont bénins et asymptomatiques.

Après l’accident nucléaire de Fukushima, les autorités japonaises ont lancé un vaste programme de suivi du cancer de la thyroïde chez 300 000 enfants. «Depuis les études sur les survivants des bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, on sait que le risque de cancer de la thyroïde est limité aux gens de moins de 20 ans», explique en entrevue Louise Davies, de l’Université Dartmouth, au New Hampshire, qui a publié un commentaire accompagnant la nouvelle étude japonaise dans la revue JAMA Otolaryngology.

«Ça s’est confirmé avec l’accident de Tchernobyl en 1986, mais les données étaient difficiles à analyser parce qu’elles avaient été récoltées de différentes manières en Biélorussie, en Ukraine et en Russie. Alors les autorités japonaises ont décidé de voir quelle était la prévalence naturelle du cancer de la thyroïde avec un programme universel de dépistage lancé immédiatement après l’accident à la centrale de Fukushima, avant que les radiations puissent causer le cancer de la thyroïde.» Les deux relevés ont eu lieu en 2013 et en 2015.

«Inflation artificielle» lors des dépistages universels

Le taux observé de cancer de la thyroïde était de 29 cas par année par 100 000 adolescents de 15 à 18 ans, ce qui est 50 fois plus élevé que le nombre normal de diagnostics, et de 48 cas par année par 100 000 patients de 18 à 20 ans, 38 fois plus que le nombre normal de diagnostics.

Mais attention : il ne s’agit pas de cancers dus aux radiations de Fukushima. À Tchernobyl, l’augmentation du cancer de la thyroïde chez les enfants est survenue de trois à cinq ans après l’accident de 1986, mais il s’agissait d’une population ayant des carences en iode, selon la Dre Davies. Au Japon, qui ne connaît pas de carences en iode, l’impact des radiations devrait être observable plus tard.

Autre indice, les cas de cancer de la thyroïde observés au Japon étaient pour la plupart liés à une mutation génétique qui n’est pas causée par les radiations, dit l’oncologue du New Hampshire. «Ça confirme qu’on a une inflation artificielle des taux de cancer de la thyroïde quand on lance un dépistage universel après une catastrophe naturelle. C’est arrivé avec le dépistage chez les premiers répondants qui sont intervenus au World Trade Center après les attentats du 11 septembre 2001.»

Éviter les traitements inutiles

Les 187 enfants et adolescents qui ont eu un diagnostic de cancer de la thyroïde dans le cadre du dépistage universel post-Fukushima ont tous été traités.

«On doit les traiter selon l’hypothèse que ce sont tous des cancers qui vont devenir malins, avec des symptômes, explique la Dre Davies. Nos collègues japonais ont fait attention de les protéger des traitements inutiles. Par exemple, ils ont limité le nombre de nodules ayant fait l’objet d’une biopsie, et ils ont fait une ablation partielle plutôt que complète de la thyroïde quand c’était nécessaire. Avec une ablation complète, il faut prendre de l’hormone de remplacement le reste de sa vie.»

L’accident de Fukushima

Le 11 mars 2011, un séisme et un tsunami ont frappé le nord du Japon. La centrale nucléaire de Fukushima a été endommagée et les fuites radioactives ont causé l’évacuation de 160 000 personnes vivant dans un rayon de 30 km autour de la centrale côtière. Plus des deux tiers d’entre elles sont depuis rentrées chez elles, les zones d’évacuation étant passées de 1150 km2 en 2013 à 370 km2 maintenant.

Un curieux phénomène

Les données préliminaires de Fukushima semblent montrer que la plupart des cas de cancer de la thyroïde qui seraient détectés avec un dépistage universel seraient bénins – s’ils étaient traités, le risque de mourir du cancer de la thyroïde ne diminuerait pas. Mais dans les données japonaises publiées cette semaine dans JAMA Otolaryngology, un curieux phénomène a attiré l’attention de Louise Davies : beaucoup de cas de cancer de la thyroïde avaient généré des métastases dans les glandes lymphatiques.

«Quand on voit ces métastases, on considère généralement qu’il faut traiter le cancer de la thyroïde, dit la Dre Davies. Mais il nous faut maintenant envisager que même ces métastases dans les glandes lymphatiques peuvent rester bénignes pendant des décennies. Comme les Japonais vont suivre cette cohorte pendant encore longtemps, on va apprendre des choses intéressantes.»

27 octobre 2018

Le point sur les centrales nucléaires du Japon et autres nouvelles

Articles de HORI Yasuo traduits de l’espéranto par Robert MOLIMARD et Ginette MARTIN.

Sommaire

1 – « Le point sur les centrales nucléaires du Japon », rédigé le 26 juillet 2018

2 – « Le grand danger de la centrale nucléaire de Tomari », rédigé le 23 septembre 2018

3 – « On prévoit un grand séisme », extrait de l’article du 25 juillet 2018 « Le Japon se meurt »

4 – « Energie », extrait de l’article du 5 juillet 2018 « Relations entre le Japon et la Mongolie »

1. Le point sur les centrales nucléaires du Japon

Sept ans ont passé depuis que quatre réacteurs nucléaires ont été sérieusement endommagés à Fukushima. Maintenant, qu’en est-il des centrales nucléaires japonaises ?

TEPCO a décidé de démanteler les 10 réacteurs nucléaires de Fukushima

En 2011, avant l’accident, il y avait 10 réacteurs nucléaires à Fukushima, à savoir six dans la centrale nucléaire n°1 [daiichi] et quatre dans la centrale n°2 [daini] (Photo ci-dessous).

Centrale nucléaire de Fukushima Daini

Centrale nucléaire de Fukushima Daini

Parmi ceux-ci, quatre dans la centrale n°1 étaient endommagés et sont maintenant en cours de démantèlement. TEPCO a déjà décidé de réformer les deux autres de la centrale n°1, mais concernant les quatre réacteurs de la centrale n°2, la compagnie, qui continuait à ne pas dévoiler son intention, disant que c’était de la responsabilité du gouvernement, a finalement publié le 14 juin qu’elle les réformerait tous les quatre. Ces 10 réacteurs seront démantelés, pour la joie des habitants de Fukushima, et Fukushima deviendra un département dénucléarisé. Félicitations à eux, et à nous !

 Pour démanteler les six réacteurs de la centrale n°1, il faudra à TEPCO 280 milliards de yens (2,2 milliards d’euros) et 30 à 40 ans. En remplacement, elle a l’intention de remettre en fonction sept réacteurs nucléaires de la centrale nucléaire de Kashiuazaki-Kariua dans le département de Niigata, à l’arrêt depuis le tremblement de terre de Niigata en 2007.

*Ma conclusion : Il semble que TEPCO ait perdu la partie contre les habitants de Fukushima, mais ne cesse d’intriguer pour renverser la situation dans d’autres départements.

La centrale nucléaire n° 2 de Tookai

L’Autorité de Régulation Nucléaire a approuvé la réparation convenable de la centrale nucléaire n°2 de Tookai du département d’Ibaraki (un réacteur). Cette centrale est située dans la métropole et 960 000 personnes habitent dans un rayon de 30 km autour d’elle. Le plan de secours est insuffisant, mais l’Autorité n’est pas responsable des refuges, seulement d’examiner l’adéquation du réacteur aux règles.

Centrale nucléaire de Tookai

Centrale nucléaire de Tookai

Ce réacteur a commencé à fonctionner en 1976, il est donc un réacteur caduc de plus de 40 ans. Car selon la loi, on ne peut utiliser un réacteur plus de 40 ans, mais l’Autorité a déjà approuvé sept réacteurs comme convenablement réparés pour pouvoir fonctionner, et les compagnies d’électricité préparent joyeusement leur remise en route.

*Ma conclusion : Les puissants essaient toujours de trouver une voie détournée.

TEPCO a refusé un accord avec les habitants de Namie

15000 habitants de la ville de Namie dans le département de Fukushima, qui ont dû trouver refuge à cause de l’accident nucléaire, ont demandé une compensation monétaire supplémentaire à TEPCO, au Centre pour la solution des conflits liés à l’accident nucléaire, mais celui-ci a refusé la demande. Pendant ces 5 années, 850 d’entre eux sont morts. Le maire M. Baba Tamotsu a dit en colère que TEPCO n’avait absolument aucun sentiment de faute dans l’accident.

*Ma conclusion : TEPCO semble demander pardon, mais en réalité son seul but est de survivre, même en piétinant ceux qui souffrent.

Travailleurs étrangers dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima

10 000 personnes travaillent chaque jour à la centrale nucléaire n°1. C’est donc 3 650 000 journées de travailleurs dont a besoin TEPCO chaque année. Il lui faudra 40 ans pour terminer le démantèlement de ces réacteurs, donc 146 millions de journées de travail humain. Est-ce qu’elle pourra embaucher autant de personnes ? Aura-t-elle suffisamment d’argent pour cela ? Je crains que non, mais TEPCO est très optimiste. 

L’économie japonaise est actuellement prospère, mais le problème est le manque de force de travail. Le Japon se ratatine, avec énormément de vieux et peu de jeunes et d’enfants. Pour cela, le gouvernement invite de jeunes étrangers d’Asie comme « stagiaires ». Ils travaillent dans des compagnies japonaises et « s’entrainent » pour que, retournant dans leur pays, ils utilisent les techniques et les capacités acquises. En fait, beaucoup de compagnies les utilisent comme une main d’œuvre bon marché. On a découvert en mai que six « stagiaires » vietnamiens travaillaient dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima alors que TEPCO avait décidé de ne pas embaucher d’étrangers. Ces six vietnamiens n’étaient pas directement embauchés par TEPCO, mais par un sous-traitant. Le président de cette compagnie a déclaré : « Je connaissais cette décision de TEPCO, mais les compagnies de construction n’existeraient pas sans travailleurs étrangers ». Il n’y a pas de réacteur nucléaire au Vietnam, donc même si ces six ont acquis une expertise de travail à Fukushima, ils ne pourront l’utiliser nulle part dans leur pays.

Le point sur les centrales nucléaires du Japon et autres nouvelles

 Le travail dans une centrale nucléaire est dangereux, c’est pourquoi de moins en moins de Japonais veulent y travailler. Je suppose que beaucoup d’étrangers travaillent clandestinement dans les centrales nucléaires de tout le Japon. J’ai peur qu’un jour, sous peu, TEPCO finisse par rejeter sa responsabilité de démanteler ces réacteurs en raison d’un manque de personnel et d’argent.

*Ma conclusion 1 : Les pauvres sont toujours les victimes des riches et des puissants.

*Ma conclusion 2 : Le gouvernement et les grandes compagnies comme TEPCO n’ont pas de vision du futur du Japon.

2. Le grand danger de la centrale nucléaire de Tomari

Un grand tremblement de terre est survenu

Le 9 septembre à 3h08, un grand séisme s’est produit dans le sud d’Hokkaido.

Les tremblements de terre sont fréquents au Japon.

 Le gouvernement et les experts sismologues recherchent où se trouvent les failles actives et en font la carte, mais ce séisme ne s’est pas produit au niveau des failles connues, mais de fissures inconnues. Cela signifie qu’il y en a beaucoup dans les îles japonaises, et que partout pourront survenir de grands tremblements de terre.

J’ai vu les dégâts à la télévision, et ai été très surpris par le nombre incroyable de glissements de terrain causés par le séisme. Toute la montagne a été quasiment écorchée par des ongles gigantesques (photo ci-dessous). Une cendre volcanique, qui recouvrait la montagne, a glissé à cause des énormes secousses, tuant environ 40 personnes et détruisant leurs maisons. 

Glissements de terrain en de nombreux endroits

Glissements de terrain en de nombreux endroits

Ce n’est pas seulement le problème d’Hokkaido, car le Japon est une île volcanique, et la nature du terrain est la même partout.

Une autre surprise fut la formation de boue liquide dans la capitale Sapporo à 50 km de l’épicentre. Là, à cause de la résurgence des eaux souterraines, les rues s’y engloutirent et les maisons s’inclinèrent.

Le séisme a provoqué un autre grave problème, la panne de trois générateurs hydroélectriques de la compagnie d’électricité Hokkaido (en abrégé Hokuden) dans la ville d’Atsuma, sous laquelle il se produisit.  Cette centrale fournit la moitié des besoins d’Hokkaido en électricité. La panne a retenti sur d’autres petits générateurs, si bien que toutes les centrales d’Hokuden s’arrêtèrent. Dans la vie moderne, les gens ne peuvent vivre sans électricité. Les usines ne peuvent fonctionner, les éleveurs ne peuvent traire les vaches, et les vaches meurent d’affection mammaire, les hôpitaux ne peuvent soigner les malades, en fait toutes les fonctions se sont arrêtées et l’économie en souffre beaucoup. Même maintenant la fourniture de courant ne suffit pas et est instable, et les habitants vivent dans l’inquiétude.

La centrale nucléaire de Tomari, qui appartient à Hokuden, a aussi souffert, ayant perdu la totalité de l’apport électrique extérieur, devenant dépendante de celui qu’elle produit. Heureusement, ses réacteurs ne fonctionnaient alors pas pour cause de contrôle. S’ils avaient fonctionné, cela aurait provoqué de nouveau une grande catastrophe nucléaire.

La centrale nucléaire de Tomari

Cette centrale contient trois réacteurs nucléaires.

 SystèmeDémarrageProductionÉtat actuel
N°1PWA22/5/1989579 MWEn contrôle
N°2PWA12/4/1991579 MWEn contrôle
N°3PWA22/12/2009912 MWEn contrôle

*PWA : réacteur à eau pressurisée (REP). Tous les réacteurs nucléaires de Fukushima sont des réacteurs d’une autre espèce, à eau bouillante.

Centrale nucléaire de Tomari

Centrale nucléaire de Tomari

Mon amie plaidera au tribunal

Des actions de protestation se manifestent au Japon contre toutes les centrales nucléaires. À Hokkaido également existe un mouvement contre la centrale nucléaire de Tomari, et l’on accuse Hokuden, exigeant l’abandon de cette centrale. Mon amie, Mme Higushi Minako, qui a agi dès le début contre cette centrale, plaidera le 9 octobre devant le tribunal d’Hokkaido. Elle m’en a informé et m’a envoyé le texte de sa plaidoirie.  Elle se présente ainsi :

Je m’appelle Higushi Minako. J’ai été responsable de l’information de la « Société agissant pour l’abandon de la centrale de Tomari », de juin 2011 à juin de cette année.

Quand nous avons décidé de porter cette affaire devant le tribunal, nous n’avions pas suffisamment de collaborateurs, donc avec deux autres nous avons travaillé à ce sujet par téléphone et messages par internet.  Quand nous avons réussi à réunir 612 plaignants, j’étais très heureuse.  Maintenant, nous en avons 1233.

Je n’oublierai jamais la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Même sur le lointain Hokkaido sont tombés des produits nucléaires.  Quelques jours après l’accident j’ai mis au monde mon premier bébé. Pour nous protéger, avec quel soin j’ai choisi la nourriture !  Pour diffuser l’information sur le danger de l’accident nucléaire, j’ai commencé à éditer un petit document « Ginga Tsuushin » (Information Galaxie), et c’est cette année son 30e anniversaire.

Je ne suis pas experte pour parler en public, mais comme une de ceux qui ont cette fois fait l’expérience d’une vie sans électricité, tout à fait sans lumière, je parlerai sur le thème « Le tremblement de terre actuel à Hokkaido a rendu plus clair le danger de la centrale nucléaire de Tomari ». Tous pourront assister au jugement. J’attends votre présence.

Texte de sa plaidoirie au tribunal

Le séisme de cette fois-ci à Hokkaido a rendu plus évident le danger de la Centrale nucléaire de Tomari.

Accusatrice:  Higuchi Minako

Le 6 septembre au petit matin a eu lieu dans le district oriental d’Iburi un tremblement de terre d’une intensité sismique de 7 (magnitude 6,7), et la compagnie électrique d’Hokkaido (Hokuden) n’a pas pu livrer d’électricité dans la totalité de l’île. Je vis dans la ville d’Ebetsu, à 60 kilomètres de l’épicentre d’Atsuma, mais je n’ai pas eu d’électricité chez moi pendant deux jours. Le trafic était arrêté. Les magasins étaient fermés. Nous ne pouvions pas acheter de nourriture. L’information ne venait que par une radio qui fonctionnait à peine avec une batterie. Pour la première fois, j’ai été terrifiée par des rues complètement obscures et sans panneaux de signalisation. Cette fois, je ne parlerai que de ce que j’ai remarqué lors de ces nuits sombres.

   En raison du séisme, les générateurs hydroélectriques de Hokuden, nº 2 (600 MW) et n°4 (700 MW) ont  cessé de fonctionner à cause de dommages subis dans les canalisations transportant de la vapeur à très haute température. Et au bout de 17 minutes, le générateur n° 1 (350 MW) a cessé de fonctionner. À cause de cela, la moitié de l’électricité nécessaire à Hokkaido a été perdue, ainsi que l’équilibre entre les autres générateurs, si bien qu’il y a eu une panne complète d’électricité sur toute l’île d’Hokkaido.
    * Le générateur n° 3 avait été précédemment mis au rebut.

  Les réacteurs nucléaires, alors inactivés, de la centrale nucléaire de Tomari ont été privés d’électricité extérieure pendant 19 heures et demie. Pendant ce temps, des générateurs d’urgence ont fonctionné et refroidi des combustibles nucléaires dans les piscines. Si ces générateurs avaient échoué, ces combustibles auraient pu atteindre un état critique.

Au cours de ce séisme, l’intensité sismique à Tomari était seulement de 2. Hokuden avait peut-être anticipé un séisme éventuel important qui pourrait priver de  l’électricité extérieure, mais il n’avait pas prévu qu’à cause d’un tremblement de terre au loin, on devrait manquer d’électricité dans toute l’île, ni que la centrale allait manquer d’électricité pendant de longues d’heures. Hokuden a plaidé devant ce tribunal que la compagnie prend toujours et avait pris tous les moyens de secours contre tous les dangers pour conserver les réacteurs, mais il n’avait pas prévu que l’énergie électrique aurait si facilement été en panne.

Si les réacteurs nucléaires avaient été en fonctionnement, que se serait-il passé ? Le refroidissement des combustibles usagés dans les piscines et celui des réacteurs en fonctionnement ne sont pas la même chose. Il y a sept ans, en raison du grand tsunami à Fukushima, quatre réacteurs avaient perdu les  sources d’électricité et s’étaient ensuite détruits, dispersant des poussières nucléaires dans l’est du Japon. Les gens de Fukushima ont perdu leur vie tranquille. Ont-ils retrouvé une vie calme ? L’accident n’est pas encore terminé. Ayant subi l’expérience d’une vie sans électricité, je suis convaincue que nous ne pouvons pas vivre en toute sécurité et tranquillité avec les centrales nucléaires.

La deuxième chose sérieuse lors de ce désastre sismique est qu’il s’est écoulé 17 minutes entre les défaillances des deuxième et quatrième générateurs et celle du premier générateur. De nombreux chercheurs ont mentionné que la compagnie Hokuden aurait  pu éviter la panne totale, si elle avait  équilibré l’offre et la demande d’électricité, en désactivant les générateurs à d’autres endroits. La compagnie n’était pas prête du tout pour des situations d’urgence. Elle n’est pas capable de sécuriser les centrales nucléaires. C’est devenu clair pour tous, à la lumière du séisme actuel.

La troisième chose majeure est que le séisme actuel a eu lieu dans un endroit imprévu. Il a eu lieu à 37 kilomètres de profondeur et provoqué d’immenses éboulements. Dans la mer à côté de la centrale nucléaire de Tomari, il y a une faille similaire à celle de la ville d’Atsuma. Si un tremblement de terre se produisait à côté de Tomari, celui-ci atteindrait la centrale nucléaire, ce qui causerait de grands dégâts, brisant des canalisations par suite de secousses verticales.

Enfin, je vais lire une partie de mon essai, qui est paru dans le livre « Lettres à Hokuden » il y a 29 ans.
« S’il y a un accident nucléaire à Tomari, les premières victimes seront les enfants. Un tel accident va souiller la mer, l’air et le sol, et la radioactivité s’accumulera dans leurs corps à cause des aliments pollués.

Un jour, j’ai visité le village de Tomari. Il y avait une très belle côte. Pourquoi a-t-on construit la centrale nucléaire là-bas ? Je me suis souvenu du golfe de Shiranui dans le département de Kumamoto. La mer était magnifique et fertile. Dans cette mer, l’usine d’azote a rejeté du mercure toxique. Ce n’est pas visible, ni perceptible à l’odeur, ni radioactif, donc les résidents, inconscients du danger, mangeaient des poissons pollués et ont souffert d’une maladie appelée «maladie de Minamata». Même les bébés sont nés malades. … Vous devez mettre au rebut la centrale nucléaire de Tomari, si vous aimez votre famille ».

Si la centrale nucléaire avait été en service au moment du séisme, il aurait pu se produire un grand accident. Je demande que la centrale nucléaire dangereuse de Tomari soit immédiatement mise au rebut. J’espère que le juge prononcera un verdict juste.
(Fin de la plaidoirie)

Quand j’ai appris que l’électricité extérieure était en panne, j’ai eu très peur. La centrale nucléaire a certainement son propre générateur pour produire de l’électricité, mais l’essence ou le pétrole lourd sont nécessaires. Est-ce que Hokuden a suffisamment de réserves ? Combien de jours pourra-t-il produire de l’électricité?

Et une autre crainte est que les tremblements de terre puissent casser des canalisations dans la centrale. Les réacteurs nucléaires sont reliés par une grande quantité de gros et de petits tuyaux. Si ceux-ci sont cassés, il y aura un désastre. Voir la photo plus bas. Après de grands séismes, il y a souvent de grosses fentes sur le sol. Si une telle craquelure se produit sous la centrale nucléaire, les réacteurs nucléaires ne pourront pas résister. Et ce malheur nous l’avons déjà connu à la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa dans le département de Niigata en juillet 2007.

Tout le monde craint un éventuel accident nucléaire, mais le gouvernement et le monde industriel continuent  d’essayer de remettre en route tous les réacteurs nucléaires. Lorsque de grands tremblements de terre se produisent, la première question dans la tête de nombreuses personnes est la suivante: « La centrale nucléaire n’a-t-elle pas été endommagée ? » Nous ne voulons plus vivre avec cette peur.

Faille dans une rizière causée par le tremblement de terre à Kumamoto en 2016.

Terrain détruit dans la centrale nucléaire de Kashiwaki-Kariwa à Niigata à la suite du tremblement de terre de 2007. TEPCO le répare et tente de remettre en route cette centrale endommagée.

3. On prévoit un grand séisme

Extrait de l’article du 25 juillet 2018 « Le Japon se meurt »

Le comité gouvernemental sur les tremblements de terre a publié le 26 juin une carte de probabilités de séismes. Selon le comité, leur probabilité augmentera, avec une force supérieure à 9 dans les 30 prochaines années.  Elle sera de 85% autour de la ville de Shiba, de 85% autour de Mito et de 82 % autour de Yokohama. Il est cependant étrange qu’elle ne soit que de 42% autour de Tokyo, parce que le bureau municipal est situé par hasard sur une terrasse solide. Si ce grand séisme se produit dans les deux ans, il ne s’agira pas seulement des olympiades, mais aussi de la disparition du Japon, car Tokyo sera à grande échelle détruit.

Le point sur les centrales nucléaires du Japon et autres nouvelles

4. Energie

Extrait de l’article du 5 juillet 2018 « Relations entre le Japon et la Mongolie »

Immédiatement après l’accident nucléaire de Fukushima en 2011, un article parut dans le journal Mainichi, selon lequel le gouvernement japonais envisageait de conserver en Mongolie des déchets radioactifs. Le gouvernement japonais essaie actuellement de faire fonctionner le plus possible de réacteurs nucléaires, mais toutes les centrales nucléaires sont presque pleines de déchets, et s’il n’a pas de lieux de stockage, elles ne pourront continuer à fonctionner, pourtant il n’y a nulle part au Japon de lieu adéquat pour accueillir ces déchets. La Mongolie convient tout à fait pour ces stockages, car elle est 4 fois plus grande que le Japon, et elle n’a que trois millions d’habitants. Le pays est largement désert, et il se pourrait qu’il y existe des lieux qui conviennent au stockage.

Le gouvernement a immédiatement fait savoir que telle n’était pas son intention, mais tant que se posera le problème des déchets, il explorera certainement secrètement la possibilité de stockage en Mongolie. Les déchets produits au Japon devront-ils aller dans un autre pays ! ? Une idée très honteuse ! Si le Japon ne peut résoudre ce problème chez lui, qu’il cesse de faire fonctionner toutes les centrales nucléaires !

Deux jours avant mon départ pour la Mongolie, j’ai regardé à la télévision un programme sur un projet d’énergie solaire en Mongolie. Une compagnie japonaise a commencé à y construire des centrales solaires, et cela pourra couvrir toute l’énergie électrique utilisée dans toute l’Asie orientale en Mongolie. C’est un excellent projet. Pour cela, la Chine, la Corée, le Japon et d’autres pays devront vivre ensemble et collaborer, s’interconnectant par leur système électrique. De plus, il n’y aura alors plus besoin d’énergie nucléaire. La Mongolie pourra jouer un rôle important de centre énergétique dans toute l’Asie.

0Publié par Ginette Martin dans au japon
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Fukushima: Le Japon doit se débarrasser d’urgence…

Fukushima: Le Japon doit se débarrasser d’urgence de l’eau contaminée, dit l’AIEA

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Les autorités japonaises doivent d’urgence s’attaquer au problème de l’accumulation d’eau contaminée sur le site de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, a déclaré mardi l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)

TOKYO (Reuters) – Les autorités japonaises doivent d’urgence s’attaquer au problème de l’accumulation d’eau contaminée sur le site de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, a déclaré mardi l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

L’AIEA a lancé cet appel à la suite d’une visite du site par ses experts, et dans la foulée de l’aveu fait début octobre par Tepco que l’eau à Fukushima contient toujours des éléments radioactifs, alors que jusqu’à ces derniers temps, la compagnie propriétaire de la centrale assurait que la radioactivité avait été éliminée.

Une décision « doit être prise d’urgence, engageant toutes les parties prenantes, pour garantir les activités de démantèlement » de la centrale, a dit l’AIEA mardi, au terme d’une semaine d’inspection par ses experts.

Dans un communiqué, l’AIEA estime qu’il est « critique » de se débarrasser de l’eau stockée à Fukushima, en vue d’assainir les trois réacteurs accidentés en mars 2011 lors du violent séisme et du tsunami consécutif.

Le million de tonnes d’eau stockée sur le site de la centrale – l’équivalent de 500 piscines olympiques – contient toujours des niveaux non négligeables d’éléments radioactifs, a reconnu Tepco le 1er octobre.

Où ira l’eau contaminée de Fukushima ?

Économie de la mer. Où ira l’eau contaminée de Fukushima ?

Tokyo Electric Power stocke de l'eau contaminée par la centrale de Fukushima.
Tokyo Electric Power stocke de l’eau contaminée par la centrale de Fukushima. | REUTERS
La société Tokyo Electric Power (Tepco), propriétaire de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, a reconnu publiquement, hier, que l’eau stockée sur le site contenait toujours certains éléments radioactifs. Ce qu’elle niait jusque-là.

À moins de deux ans des JO de Tokyo, cette nouvelle embarrasse le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie chargé de se débarrasser de cette eau qui s’accumule depuis l’arrêt de la centrale après le tremblement de terre et le tsunami de 2011 : près de 900 000 m3, soit 500 piscines olympiques.

Opposition des pêcheurs

Selon l’exploitant, 84 % de ces volumes auraient une concentration en éléments radioactifs supérieure aux seuils limites et, pour 65 000 m3, la radioactivité dépasserait 100 fois les niveaux définis comme tolérables par l’État japonais.

« Nous allons filtrer une fois de plus l’eau des réservoirs, afin de ramener sous les seuils limites les éléments en question, avant de la déverser dans l’océan, si une décision est prise dans ce sens », a déclaré le porte-parole de Tepco. Une solution à laquelle s’opposent les pêcheurs et les habitants du littoral, qui craignent que cela ne dissuade les consommateurs d’acheter des produits de leur région.

L’eau s’accumule notamment parce que Tepco a besoin d’en injecter dans les trois réacteurs de la centrale pour conserver le combustible d’uranium fondu à une température qui ne pose pas de danger. De plus, des nappes souterraines provenant des collines voisines pénètrent dans le sous-sol du réacteur où elles se mêlent à des débris hautement radioactifs.

Fukushima:l’eau stockée est radioactive

Fukushima: Tepco reconnaît que l’eau stockée est radioactive

FUKUSHIMA: TEPCO RECONNAÎT QUE L'EAU STOCKÉE EST RADIOACTIVE

La société Tepco, propriétaire de la centrale nucléaire de Fukushima, a reconnu que l’eau stockée sur le site contenait toujours certains éléments radioactifs qu’elle disait depuis des années disparus. /Photo d’archives/REUTERS/Tomohiro Ohsumi POOL

TOKYO (Reuters) – La société Tokyo Electric Power (Tepco), propriétaire de la centrale nucléaire de Fukushima gravement endommagée par le séisme et le tsunami de mars 2011, a reconnu que l’eau stockée sur le site contenait toujours certains éléments radioactifs qu’elle disait depuis des années disparus.

Tepco a reconnu le 1er octobre, devant une commission gouvernementale japonaise, la présence d’éléments radioactifs à des niveaux potentiellement nuisibles pour la santé, et a présenté des excuses.

Un porte-parole de Tepco a confirmé jeudi ces déclarations et les excuses de Tepco, faites devant la commission placée sous l’autorité du ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Miti), qui est chargé de planifier les moyens de se débarrasser de l’eau stockée – près de 900.000 tonnes, soit la contenance de 500 piscines olympiques.

Parmi les moyens envisagés, il est question de déverser cette eau dans le Pacifique, ce à quoi s’opposent les pêcheurs nippons et les habitants du littoral, craignant que cela ne dissuade les consommateurs d’acheter des produits de leur région.

Tokyo a obtenu d’organiser les Jeux olympiques d’été 2020, et dans sa dernière intervention devant le Comité international olympique, voici plus de cinq ans, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, avait déclaré que la situation était « sous contrôle » à Fukushima.

Sur le site internet de la commission gouvernementale en question, on lit que sur les 890.000 tonnes d’eau stockées sur le site de la centrale accidentée, 750.000 tonnes, soit 84%, ont une concentration d’éléments radioactifs supérieure aux seuils-limites.

MUR DE GLACE INEFFICACE

Pour ce qui concerne 65.000 tonnes d’eau, le niveau d’éléments radioactifs est plus de 100 fois supérieur au seuil jugé tolérable par l’Etat japonais.

L’un des isotopes, le strontium 90, jugé dangereux pour la santé humaine, atteint dans certains réservoirs une concentration de 600.000 becquerels par litre, soit 20.000 fois le seuil-limite.

Depuis des années, Tepco affirmait que le processus de purification de l’eau stockée avait permis d’éliminer le strontium tout comme 61 autres éléments radioactifs, tout en laissant le tritium, un élément moyennement radioactif qu’il est difficile de séparer de l’eau.

« Nous allons filtrer une fois de plus l’eau des réservoirs, afin de ramener sous les seuils-limites les éléments en question, avant de déverser cette eau dans l’océan, si une décision est prise dans ce sens », a déclaré le porte-parole de Tepco.

L’eau s’est accumulée notamment parce que Tepco a besoin d’en injecter dans les trois réacteurs de la centrale pour conserver le combustible d’uranium fondu à une température qui ne pose pas de danger.

Les eaux souterraines provenant des collines des environs pénètrent dans le sous-sol du réacteur, où elles se mêlent à des débris hautement radioactifs.

Le coûteux « mur de glace » ne parvient pas à empêcher ces eaux souterraines de ruisseler jusqu’au sous-sol de la centrale, comme l’ont montré cette année les données de Tepco et une analyse de Reuters.

(Aaron Sheldrick et Osamu Tsukimori; Eric Faye pour le service français)

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