Fukushima : le Japon veut miser sur le nucléaire et construire un nouveau réacteur d’ici 2030

Alors que le démantèlement de la centrale Fukushima Daiichi devrait encore prendre plusieurs décennies, le gouvernement japonais entend relancer le nucléaire, notamment en construisant une nouvelle centrale.

La centrale numéro 1 de Fukushima à Okuma, en avril 2018.

La centrale numéro 1 de Fukushima à Okuma, en avril 2018.

HIROTO SEKIGUCHI / YOMIURI / THE YOMIURI SHIMBUN / AFP

Fukushima, déjà de l’histoire ancienne au Japon ? Le gouvernement japonais a en tout cas confirmé un plan ambitieux visant à remonter la part du nucléaire dans le mix électrique à hauteur de 20 à 22% à l’horizon 2030. En 2015, sur les 1041 TWh d’électricité produite  par l’archipel, seulement 9 TWh étaient d’origine nucléaire (soit moins d’1%), une faible part qui s’explique en partie par le tsunami à Fukushima en 2011, qui a entraîné l’arrêt de l’utilisation de plusieurs réacteurs. La compagnie d’électricité Tepco a également annoncé vouloir relancer la construction d’un réacteur atomique, un projet qui avait également été mis en pause après la catastrophe.

Relancer le nucléaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre

Le 3 juillet 2018, les ministres nippons ont approuvé ce plan énergétique, qui devrait courir jusqu’à 2050. La proportion visée d’énergie nucléaire à horizon 2030 est maintenue à 20-22% (contre 25-30% avant la catastrophe de Fukushima), tandis que celle de l’énergie renouvelable est fixée à 22-24%. Les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) resteront majoritaires (56%). Le Japon s’est toutefois engagé à réduire de 80% ses émissions de gaz à effet de serre entre 2013 et 2050, ce qui nécessite des efforts massifs. En ce sens, de même que pour des questions d’indépendance énergétique, le gouvernement considère qu’un cinquième de son électricité doit être produite dans les centrales nucléaires, « une ressource indispensable », tout en voulant réduire cette part tant que faire se peut.

Or, pour que cette proportion soit atteinte en 2030, selon les experts du secteur, il faut non seulement relancer plus de réacteurs qu’actuellement (seuls 6 sont en fonctionnement) mais aussi en construire de nouveaux, car plusieurs, parmi le parc restant de 39 unités (54 avant l’accident de Fukushima) atteindront la limite d’âge avant cette échéance.

La construction d’une nouvelle centrale à Higashidori en question

« Nous allons concrètement lancer l’étude géologique pour la construction d’une nouvelle unité à Higashidori » et« étudier de nouvelles mesures pour la sûreté », a déclaré le vendredi 29 juin 2018 le patron de Tokyo Electric Power (Tepco), Tomoaki Kobayakawa, lors d’une conférence de presse. « Tout en ayant des obligations fortes découlant de l’accident de Fukushima, nous pensons qu’il est de notre devoir de garantir un approvisionnement suffisant en électricité afin d’éviter les coupures », a-t-il justifié.Ce projet de réacteur à Higashidori avait été stoppé après la catastrophe de Fukushima en mars 2011.

L’intention de Tepco de construire un nouveau réacteur irrite au plus haut point les antinucléaires, qui jugent insupportable une telle initiative alors que l’accident de Fukushima n’est pas encore résolu. Il faudra des décennies pour venir à bout de cette catastrophe qui a forcé des dizaines de milliers de personnes à quitter leur domicile et rendu inhabitable une partie de la région.
Réduire le stock de plutonium 

Par ailleurs, dans le plan adopté le 3 juillet 2018, le gouvernement a indiqué, pour la première fois, envisager des dispositions pour « réduire le stock de plutonium », afin de répondre aux inquiétudes émises par l’allié américain. Le Japon dispose de 47 tonnes de plutonium, dont 36 conservées en France et Grande-Bretagne.