Fukushima: sept ans après la catastrophe, la reconstruction est loin d’être achevée
8 mars 2018
Ce dimanche, le Japon commémorera la catastrophe de Fukushima. Le 11 mars 2011, 18.000 personnes ont perdu la vie dans le tremblement de terre puis le tsunami et l’accident nucléaire qui ont dévasté le Nord-Est de ce pays. Sept ans plus tard, le chantier de reconstruction de cette région est loin d’être achevé. La tâche est immense : à l’époque, 95.000 habitations ont été partiellement ou totalement démolies.
Il n’empêche, ça et là, petit à petit la vie reprend. Namie est une petite ville située à dix kilomètres de la centrale de Fukushima. En 2011, ses 21.000 habitants durent tous évacuer, les radiations la rendaient inhabitable. Mais, depuis l’an dernier, on peut de nouveau résider dans les quartiers qui ont été décontaminés. Petit à petit, les évacués y reviennent.
Relancer la région
Beaucoup, à midi, vont manger chez « Kitchen Grandma », un restaurant communautaire qui sert de la cuisine familiale et bon-marché. L’ouvrir alors que la ville compte encore peu d’habitants et donc de clients, ce n’était pas évident. « Personne n’osait se lancer, et j’ai fini par me dire que c’était à moi à y aller, raconte Rieko Watanabe. Je touche une pension de retraite qui me suffit pour vivre. Donc je n’ai pas forcément besoin que cette affaire soit tout de suite rentable ou qu’elle rapporte beaucoup d’argent. Les jeunes finiront par revenir à Namié et, un jour, l’un d’eux reprendra ce restaurant. En attendant, c’est à nous, les seniors, de redonner un peu de vie à la ville et d’assurer la transition« .
Dans un tout autre domaine, Yoshinori Asao, en 2015, a ouvert un studio de création de films d’animation. « Il y a trois ans, pas grand-chose n’avait évolué à Fukushima. Les gens tardaient à y revenir vu la mauvaise image de la région depuis 2011. Je me suis dit qu’y créer un studio d’animation pourrait contribuer à changer cette image. Auprès des jeunes, notamment. Relancer une région, cela passe aussi par les arts et la culture; ce n’est pas seulement une question de routes à refaire ou de bâtiments à reconstruire… » Le studio a créé de l’emploi dans une région où le taux de chômage est dix fois plus élevé que la moyenne nationale.
Méfiance envers les produits de Fukushima
L’agriculture est un autre gros problème dans la région. Seule la moitié des terres agricoles dévastées en 2011 ont été remises en état. En plus, la rumeur prétend toujours que les produits de Fukushima sont contaminés. Ce qui est faux, cela énerve donc Yasuhiko Niida qui produit du saké à base de riz bio. « La catastrophe a fait chuter nos ventes de 20%. Sept ans après, elles ne sont toujours pas remontées au niveau d’avant 2011. Pourtant, la centrale nucléaire étant à 60 kilomètres d’ici, à l’époque, on a subi très peu de retombées. Mais bon, il faut du temps pour venir à bout des ragots… Qu’importe: cette entreprise existe depuis plus de 300 ans donc, si elle doit se battre encore pendant 100 ans pour y parvenir, elle le fera!« .
Hiroshi Motoki fait preuve du même volontarisme : il vend 1400 tonnes de tomates par an. « Selon les sondages, 20% des Japonais se méfient des produits de Fukushima, qu’ils croient toujours contaminés. Mais c’est de l’histoire ancienne! Donc moi, j’essaie de motiver le consommateur en lui disant qu’en achetant nos tomates, il aide les petits agriculteurs locaux et, en plus, il soutient un mode de culture qui donne de bons produits parce qu’il respecte l’environnement« .
Malgré ces entrepreneurs motivés, la reconstruction de la région prendra encore des années.
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