Jeux olympiques. Tokyo 2020 : chronologie d’un report devenu inévitable

 

La réponse tant attendue est enfin tombée ce mardi : les Jeux olympiques de Tokyo 2020 ont été reportés par les organisateurs, quatre mois jour pour jour avant le début prévu de la compétition. Retour sur les grandes dates d’un report inéluctable.

Les JO 2020 sont reportés.
Les JO 2020 sont reportés. | REUTERS


7 septembre 2013 : Tokyo élue ville-hôte

À Buenos Aires (Argentine), lors de la 125e session du Comité international olympique (CIO), Tokyo est élue ville-hôte des Jeux olympiques 2020, face à Istanbul (Turquie) et Madrid (Espagne). Les 32es Olympiades de l’ère moderne se tiendront du 24 juillet au 9 août 2020. Lors de cette même cession de l’instance olympique mondiale, l’Allemand Thomas Bach est élu neuvième président du CIO.

25 février 2020 : « Nous n’avons jamais discuté de l’annulation »

Alors que l’épidémie de coronavirus continue de se propager dans le monde à vitesse « grand V », et notamment au Japon, les organisateurs de Tokyo 2020 ne discutent pas « de l’annulation des Jeux. La préparation se poursuit comme prévu. » À cette date, 156 cas de contamination ont été recensés dans l’archipel nippon, dont un décès. Le jour même de cette déclaration du comité organisateur olympique, la Fédération japonaise de football, la J-League, annonce le report de l’ensemble des matches du championnat jusqu’au 15 mars au moins. Mais, à propos des Jeux, le ministre japonais de la Santé balaye les inquiétudes : « Ils auront lieu en juillet ».

26 février 2020 : les premiers doutes

Dans un entretien à The Associated Press, le Canadien Dick Pound, membre du Comité international olympique, évoque, lui, la possibilité d’une « annulation » de la compétition en raison de la propagation de l’épidémie. « Dans ce genre de moments, je pense qu’ils vont devoir se demander : « Est-ce sous contrôle et pouvons-nous être confiants pour Tokyo ? » ».

28 février 2020 : le CIO s’en remet à l’OMS

Le CIO annonce qu’il n’envisagera pas de reporter ou d’annuler les Jeux olympiques de Tokyo 2020 tant qu’il n’aura pas été invité à le faire par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « À moins d’une crise mondiale dont la gravité empêcherait les Jeux d’avoir lieu, ou pousserait les autorités à interdire les déplacements ou quelque chose dans le genre, nous allons de l’avant », explique cette fois Dick Pound, membre historique de l’institution sportive. Mais il prévient aussi : « Il serait irresponsable de continuer à avancer sans avoir à l’esprit que quelque chose pourrait survenir. » Existe-t-il une date butoir avant laquelle une décision devra être prise concernant la tenue des Jeux ? « À un moment donné, que ce soit deux mois ou un mois en amont, quelqu’un devra trancher ».

3 mars 2020 : « Des Jeux 2020 réussis »

Alors que l’épidémie de coronavirus a déjà fait plus de 3 000 morts dans le monde et a entraîné l’annulation ou le report de nombreux événements sportifs, Thomas Bach se veut rassurant en déclarant que le « CIO est totalement déterminé à la tenue de JO couronnés de succès à Tokyo à partir du 24 juillet ». Le Comité olympique international se prépare « pour des Jeux olympiques de Tokyo 2020 réussis ».

Thomas Bach se veut rassurant. | AFP

6 mars 2020 : le CIO s’est assuré contre le risque d’annulation

Face à la crise sanitaire, le CIO est assuré contre un possible risque d’annulation des JO de Tokyo 2020. Une annulation liée au coronavirus, dont l’épidémie est apparue bien après la signature du contrat d’assurance, sera dès lors couverte. La première « assurance annulation » des Jeux olympiques souscrite par l’instance remonte aux JO d’Athènes en 2004, une innovation du président de l’époque, le Belge Jacques Rogge.

12 mars 2020 : la flamme olympique s’allume

Sur le site des premiers Jeux Olympiques de l’Antiquité, la flamme est allumée à Olympie (Grèce), en l’absence de spectateurs pour cause du coronavirus, alors que la Grèce a enregistré son premier mort le matin. C’est l’actrice Xanthi Georgiou, vêtue en ancienne prêtresse, qui allume la torche de manière traditionnelle grâce aux rayons d’un soleil radieux passant à travers un miroir parabolique. La flamme commence alors son périple qui doit la mener jusqu’au Japon, pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Tokyo le 24 juillet.

Xanthi Georgiou allume la flamme olympique. | REUTERS

14 mars 2020 : le Premier ministre japonais optimiste

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe promet que Tokyo accueillera bien comme prévu en juillet les Jeux olympiques, malgré les interrogations suscitées par la pandémie. Il précise n’avoir pas l’intention dans l’immédiat de proclamer l’état d’urgence face à la propagation du virus qui a infecté plus de 700 personnes au Japon et en a tué 21. « Nous voulons organiser les JO comme prévu, sans problème, en maîtrisant la propagation du virus », selon le chef du gouvernement japonais, deux jours après que le président américain Donald Trump a suggéré un report d’un an des Jeux prévus au Japon.

17 mars 2020 : « Pas de décisions radicales »

La Commission exécutive du CIO se réunit par visio-conférence. Résultat ? « Il n’est pas nécessaire de prendre de décisions radicales », juge le Comité international olympique. Le même jour, l’Euro 2020 de football et le tournoi de tennis de Roland-Garros sont reportés.

18 mars 2020 : le débat s’amplifie

La polémique commence à monter, entre les partisans du maintien et ceux d’un report ou d’une annulation. Certains athlètes prennent la parole en faveur d’un report des Jeux, comme Pascal Martinot-Lagarde, champion d’Europe et médaillé de bronze mondial sur 110 m haies ou le recordman du monde du décathlon français Kévin Mayer, qui évoque le problème d’équité « entre ceux qui ont ou auront eu accès à un entraînement normal et à des compétitions ». Le président de la Fédération française de natation Gilles Sezionale se dit « atterré » par le maintien. Martin Fourcade (quintuple champion olympique de biathlon) estime, lui, qu’il ne faut pas se précipiter mais au contraire prendre son temps avant d’envisager un éventuel report des Jeux olympiques.

« Il n’y a pas de solution idéale dans cette situation, estime alors le Comité international olympique. C’est une situation exceptionnelle qui appelle des solutions exceptionnelles ». Les réunions se poursuivent entre le président de l’instance, les comités nationaux olympiques et des représentants des sportifs.

20 mars 2020 : la flamme olympique arrive au Japon

Partie la veille d’un stade Panathénaïque vide en Grèce, la flamme arrive à Matsushima, au nord-est du Japon, accueillie sur le tarmac par un groupe d’invités réduit en raison du coronavirus.

La torche arrive au Japon. | EPA/MAXPPP

Le président du Comité international olympique, de son côté, affirme au New York Times qu’aucune décision n’a encore été prise concernant un report de la quinzaine olympique : « Pour nous, ce ne serait pas responsable aujourd’hui et ce serait prématuré de partir dans des spéculations et de prendre une décision ». « La décision du CIO ne sera déterminée par aucun intérêt financier », assure-t-il.

21 mars 2020 : les Fédérations entrent dans la danse

La Fédération américaine d’athlétisme, l’une des plus puissantes institutions du sport mondial, réclame à son tour le report des Jeux olympiques de Tokyo. Comme elle, la Fédération US de natation se prononce pour cette option, comme la Fédération française de natation et la Fédération espagnole d’athlétisme. Plusieurs athlètes canadiens signent aussi un texte commun appelant au report des JO. Les comités olympiques norvégien et brésilien lèvent leur voix.

22 mars 2020 : le monde attend la décision du CIO, sous pression

Olivier Véran, le ministre français des Solidarités et de la Santé, annonce qu’il ne souhaiterait pas envoyer d’athlètes français participer aux Jeux olympiques 2020, cet été à Tokyo. « Ai-je vocation à demander la suspension des JO ? Non. Est-ce que, en tant que ministre, je souhaiterais envoyer nos athlètes pour y participer ? Non. »

Le même jour, André Giraud, le président de Fédération française d’athlétisme, dit sa volonté de reporter les Jeux olympiques de Tokyo 2020 face à l’urgence sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus. Il souhaite une réponse rapide du CIO. Le président du CNOSF Denis Masseglia prôné, lui, « la moins mauvaise des solutions ».

Plusieurs centaines d’athlètes américains, qui ont participé à une séance de consultation avec des responsables de leur comité olympique, souhaitent que les Jeux olympiques 2020 soient reportés.

En fin de journée, dans une lettre ouverte aux athlètes, le président du Comité international olympique Thomas Bach annonce qu’une décision sera prise dans les quatre prochaines semaines à propos de la tenue ou non des JO 2020 de Tokyo aux dates prévues. S’il évoque un possible report, il écarte toute annulation.

Athlete365 @Athlete365
 

22 March: Letter from IOC President Thomas Bach OLY to athletes.

Read here: https://www.olympic.org/athlete365/voice/22-march-letter-president-thomas-bach-athletes/ 

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23 mars 2020 : le Japon change de discours

Le Japon, par la voix de son Premier ministre, admet que le report des Jeux olympiques, prévus cet été, est désormais une possibilité. « Si cela devenait difficile, en tenant compte en priorité des athlètes », la décision d’un report « pourrait devenir inévitable », selon Shinzo Abe.

Les comités olympiques et paralympiques du Canada prennent, eux, une position très claire : ils n’enverront pas leur équipe défendre leurs couleurs au Japon, si les Jeux olympiques devaient se tenir comme prévu l’été prochain.

L’union sacrée des fédérations derrière le CIO se fissure. Le président de la Fédération internationale d’athlétisme Sebastian Coe demande au président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, de reporter les Jeux olympiques de Tokyo. Ouvrir les Jeux au 24 juillet comme prévu n’est « ni faisable ni souhaitable ».

24 mars 2020 : les Jeux de Tokyo 2020 sont reportés

Le coronavirus aura eu raison des Jeux cet été. Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, annonce à la télévision avoir trouvé un accord avec le CIO en vue d’un report d’un an . « J’ai proposé de les reporter d’environ un an et le président du Comité international olympique Bach a accepté à 100 % ».

Dans un communiqué, le CIO déclare que : « Dans les circonstances actuelles et sur la base des informations fournies par l’OMS aujourd’hui, le président du CIO et le Premier ministre du Japon ont conclu que les Jeux olympiques de Tokyo devaient être reportés à une date postérieure à 2020 mais au plus tard à l’été 2021, pour protéger la santé des athlètes, de toutes les personnes impliquées dans les Jeux olympiques et de la communauté internationale. »

Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, annonce à la télévision avoir trouvé un accord avec le CIO en vue d’un report d’un an. | EPA/MAXPPP