Retours à Fukushima, sept ans après
Deux ouvrages racontent la « grande catastrophe » qu’a connue le Japon en 2011. L’un décrit l’apocalypse à travers le regard de survivants, l’autre livre le témoignage du dirigeant de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi.
LE MONDE | | Par Pierre Le Hir
Livres. Le 11 mars, le Japon a commémoré le septième anniversaire de la « grande catastrophe » de 2011. Une double catastrophe comme on le sait. D’abord, le séisme de magnitude 9, le plus violent jamais mesuré dans l’Archipel, suivi d’un tsunami – une vague culminant à trente-six mètres de hauteur –, qui dévastèrent la côte est de l’île de Honshu, faisant, selon le dernier bilan officiel, 18 500 morts et disparus. Ensuite, l’accident, le plus grave de l’histoire de l’atome civil après celui de Tchernobyl en 1986, qui mit en pièces la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, où les cœurs de trois réacteurs entrèrent en fusion, recrachant des nuages de particules radioactives qui ont contaminé la région pour des décennies.
Deux ouvrages, en librairie le 7 mars, nous ramènent aujourd’hui sur les lieux de la tragédie, le premier parmi les corps et les esprits broyés par le cataclysme, le second dans les entrailles de la centrale nucléaire en perdition. Deux livres d’une facture très différente mais qui, l’un et l’autre, plongent le lecteur dans l’effroi.
C’est à la première catastrophe, le « super-tsunami », « O-tsunami » en japonais, que s’attache le récit du journaliste Richard Lloyd Parry, correspondant du Times à Tokyo. Les Fantômes du tsunami, fruit de six ans d’enquête, a pour épicentre l’école primaire d’un village où périrent soixante-quatorze enfants et dix de leurs enseignants. Le matin de ce vendredi-là, ils avaient quitté leurs proches sur la formule rituelle « itte kimasu », « je pars et je reviendrai », et s’étaient vu répondre « itte rasshai », « pars pour revenir ». Aucun ne tint promesse, emporté par une déferlante en forme d’« animal affamé ».
Témoignages pudiques et réalisme cruMêlant témoignages intimes empreints de pudeur et descriptions d’un réalisme cru, l’auteur rapporte des scènes cauchemardesques. Un grand-père remuant la boue…
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