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Mois : décembre 2021

Japon : une télé léchable…

Japon : une télé léchable pour « goûter » les plats présentés à l’écran

Un écran léchable mis au point par Homei Miyashita, inventeur japonais, sur son compte Twitter. (CAPTURE D'ÉCRAN)Un écran léchable mis au point par Homei Miyashita, inventeur japonais, sur son compte Twitter. (CAPTURE D'ÉCRAN)

Sur les vidéos que Homei Miyashita, un professeur de l’université Meiji de Tokyo, a postées, on voit un homme costumé, cravaté, un peu échevelé, présenter son invention : la TTTV (Taste the TV – goûte la télé). Il a mis au point un écran léchable. Lui et son équipe avaient déjà créé un synthétiseur de goûts et une fourchette qui enrichit les saveurs des aliments.

Le principe de l’écran léchable : dix cartouches vaporisent des arômes artificiels sur un film plastique qui recouvre l’écran de la télé pour re-créer la saveur d’un aliment que l’on peut ensuite lécher. Le téléspectateur a donc l’image, le son et le gout de ce qui est projeté à l’écran. Sur une vidéo, on voit Yuki, une étudiante du professeur, goûter du chocolat en léchant le mélange vaporisé et approuver : « C’est un peu comme du chocolat au lait, doux et sucré ».

Pour Homei Miyashita, sa trouvaille va permettre aux gens « dans un futur proche, de télécharger et de goûter aux saveurs d’un plat de leur restaurant préféré, même à l’autre bout du monde, tout en restant à la maison. » 

Dans un monde covidé, il imagine sa TTTV comme une connexion, une interaction entre les confinés et le monde extérieur (même si dans un monde covidé, j’éviterais quand même de lécher un écran sur lequel une ou un autre a salivé avant moi). Mais le professeur voit des applications concrètes à son invention, qui pourrait coûter moins de 10 000 euros.Par exemple, comme application, l’apprentissage à distance pour les cuisiniers et les sommeliers ou la participation à des jeux de dégustation, ou à des quiz télévisés. Intéressant, selon des industriels avec qui le chercheur japonais est en pourparlers.

La TTTV pourrait également changer notre façon de regarder des films

Pour un film comme Le Silence des agneaux, on aurait sur la langue le goût du foie de l’employé du recensement que le cannibale pyschopathe Hannibal Lecter déguste « avec des fèves au beurre et un excellent chianti ». Ou L’affaire Thomas Crown , le plus long baiser de l’histoire du cinéma, on saurait quel est le goût du rouge à lèvres de Faye Dunaway, ce que seul Steve McQueen savait jusque-là. Ou OSS 117 : on saurait enfin si la blanquette est vraiment aussi bonne que le prétend Jean Dujardin !

Fukushima: La nature reprend ses droits

La nature reprend ses droits à Fukushima: porcs et sangliers élisent domicile dans la ville abandonnée

© Ces sangliers du Japon se sont même hybridés avec des cochons domestiques.( The Yomiuri Shimbun via AP Images ) – ISOPIX

Dix ans, après la catastrophe nucléaire, une zone de 370 km2 reste inhabitable pour les humains. Mais pas pour la faune sauvage, ni même pour d’anciens animaux domestiques. Qui finissent par se fondre avec la faune locale.

Fukushima, dix ans déjà. Dix ans depuis le premier accident nucléaire majeur du XXIe siècle, qui a contraint 160.000 Japonais résidant dans un rayon de 20 km autour de la centrale à évacuer en urgence face au danger des retombées radioactives. Beaucoup n’ont jamais pu retourner dans leur foyer : malgré la réduction progressive de la zone d’exclusion, ce sont pas moins de 370 km² de sol japonais qui restent encore inhabitables.

Inhabitables pour homo sapiens. Car dans ce décor véritablement post-apocalyptique d’autoroutes et de banlieues pavillonnaires abandonnées du jour au lendemain, la nature a repris ses droits. Et l’espèce qui semble la plus prospère depuis le départ de notre espèce, c’est le sanglier du Japon. Aussi appelé cochon à moustache blanche,ou Inoshishi en Japonais, cet animal se multiplie rapidement: le gouvernement estime que le nombre de ces animaux sauvages est passé de 49.000 à 62.000 rien qu’entre 2014 et 2018, et on ne peut que supposer qu’ils continuent à proliférer. Sans voiture pour les percuter, sans fermier pour les chasser, et sans le vacarme des humain pour les effrayer.

Échappés des fermes

S’il n’est pas étonnant de voir la faune prospérer après le départ des humains, une étude récente a découvert quelque chose d’assez inattendu avec ces sangliers. Ou plutôt dans leur patrimoine génétique: ils se sont visiblement massivement hybridés avec des cochons domestiques.

La région de Fukushima comptait de nombreuses exploitations agricoles: au départ des habitants, la plupart des animaux ont été abandonnés. Seuls chats et chien ont été ensuite secourus; les animaux de ferme ont, eux, été massivement abattus : 600.000 poulets, plus de 10.000 vaches, et environ 30.000 porcs. Mais ceux-ci se sont visiblement échappés en assez grand nombre pour survivre et… Rejoindre les populations de sangliers ! Ces derniers portent dans leurs gènes une ascendance assez forte de cochons domestiques, même si celle-ci va sans doute s’atténuer avec le temps. Et ils sont en bonne santé : l’étude n’a pas trouvé trace de séquelle de la catastrophe dans leur patrimoine génétique. Ces porcs plus ou moins hybrides sont en tout cas devenus moins nocturnes qu’avant, sans que l’on sache si c’est dû à leur ascendance, ou juste au départ du principal danger durant la journée: nous.

Cette histoire ressemble à s’y méprendre à une fable du réalisateur Hayao Miyazaki, mais elle est bien réelle. Et pas si surprenante: à Tchernobyl aussi, la zone d’exclusion est devenu un immense refuge pour les animaux sauvages, qui y prolifèrent comme si la présence humaine n’était plus qu’un mauvais souvenir. Tandis qu’un bon millier de chiens, descendants de ceux abandonnés après la catastrophe, y vivent encore en meute. Vont-ils un jour se fondre dans les populations de loups ? Qui sait ?

Fukushima: les eaux usées…

Comment les eaux issues de Fukushima se répandront dans l’océan Pacifique

Nathalie Mayer – Journaliste  –Publié le 02/12/2021

Le gouvernement japonais a confirmé son intention de rejeter dans l’océan Pacifique, à compter de 2023, plus d’un million de mètres cubes d’eaux contaminées issues de la centrale nucléaire de Fukushima. Ces eaux ont notamment servi à refroidir les réacteurs entrés en fusion en mars 2011. Les responsables assurent qu’elles seront, d’ici là, débarrassées d’une grande partie des polluants qu’elles contiennent. Sauf du tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène. Alors des chercheurs de l’université Tsinghua (Chine) se sont intéressés à son devenir. © Science China Press 

Le gouvernement japonais l’a confirmé. D’ici deux ans, il commencera à rejeter plus d’un million de mètres cubes d’eau contaminée issue de la centrale nucléaire de Fukushima. L’opération devrait s’étaler sur plusieurs dizaines d’années. Des chercheurs montrent comment les polluants contenus dans cette eau vont se disperser dans l’océan Pacifique.

En mars 2011, trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima entraient en fusion. Pour les refroidir, une seule solution, les inonder d’eau. De pas moins de 200 mètres cubes d’eau par jour ! Une eau contaminée qui a depuis été stockée dans des citernes. Et que les Japonais s’apprêtent à rejeter dans l’océan Pacifique. Pour avoir une idée de l’impact que l’opération pourrait avoir sur la vie marine, mais aussi sur la santé humaine, des chercheurs de l’université Tsinghua (Chine) ont simulé le processus de diffusion des éléments radioactifs dans les eaux.

L’eau qui sera rejetée dans l’océan Pacifique par le biais d’un tunnel sous-marin aura été au préalable plusieurs fois traitée. Elle restera cependant chargée en tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène que les technologies actuelles ne permettent pas d’éliminer. © Casimiro, Adobe StockL’eau qui sera rejetée dans l’océan Pacifique par le biais d’un tunnel sous-marin aura été au préalable plusieurs fois traitée. Elle restera cependant chargée en tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène que les technologies actuelles ne permettent pas d’éliminer. © Casimiro, Adobe Stock 

L’étude montre qu’après 120 jours, les polluants contenus dans ces eaux issues de la centrale nucléaire de Fukushima (du tritium, notamment, affirment les responsables) se seront déjà dispersés sur 30° de latitude et 40° de longitude. Au bout de 1.200 jours, ils atteindront la côte des États-Unis et celle de l’Australie. Couvrant tout le Pacifique Nord. Puis ils pénètreront le Pacifique Sud. Et l’océan Indien au bout de 2.400 jours. L’ensemble de l’océan Pacifique pouvant être touché dans un intervalle de 3.600 jours.

Plus de tritium aux États-Unis qu’en Asie

Les chercheurs notent aussi qu’en un point donné, les concentrations en polluant ont tendance à augmenter rapidement, puis à se stabiliser pendant un long moment. À un niveau ne dépendant pas nécessairement de la distance qui sépare ce point de Fukushima. Ainsi, la pollution du côté de Shanghai (Chine) devrait, par exemple, se stabiliser à un niveau plus élevé que celle de San Diego (États-Unis).

Le phénomène s’explique par la configuration des courants océaniques à proximité du Japon. La ville de Fukushima, en effet, est située au confluent du courant de Kuroshio, vers le nord, et du courant d’Oyashio, vers le sud. De fait, la plupart des polluants ne migrent ni vers le nord ni vers le sud, le long des côtes, mais ils se propagent plutôt vers l’est. Ainsi, passé un certain temps après le rejet des eaux traitées, la concentration d’éléments radioactifs près de l’Amérique du Nord pourrait devenir préoccupante.

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