Comment les eaux issues de Fukushima se répandront dans l’océan Pacifique

Nathalie Mayer – Journaliste  –Publié le 02/12/2021

Le gouvernement japonais a confirmé son intention de rejeter dans l’océan Pacifique, à compter de 2023, plus d’un million de mètres cubes d’eaux contaminées issues de la centrale nucléaire de Fukushima. Ces eaux ont notamment servi à refroidir les réacteurs entrés en fusion en mars 2011. Les responsables assurent qu’elles seront, d’ici là, débarrassées d’une grande partie des polluants qu’elles contiennent. Sauf du tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène. Alors des chercheurs de l’université Tsinghua (Chine) se sont intéressés à son devenir. © Science China Press 

Le gouvernement japonais l’a confirmé. D’ici deux ans, il commencera à rejeter plus d’un million de mètres cubes d’eau contaminée issue de la centrale nucléaire de Fukushima. L’opération devrait s’étaler sur plusieurs dizaines d’années. Des chercheurs montrent comment les polluants contenus dans cette eau vont se disperser dans l’océan Pacifique.

En mars 2011, trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima entraient en fusion. Pour les refroidir, une seule solution, les inonder d’eau. De pas moins de 200 mètres cubes d’eau par jour ! Une eau contaminée qui a depuis été stockée dans des citernes. Et que les Japonais s’apprêtent à rejeter dans l’océan Pacifique. Pour avoir une idée de l’impact que l’opération pourrait avoir sur la vie marine, mais aussi sur la santé humaine, des chercheurs de l’université Tsinghua (Chine) ont simulé le processus de diffusion des éléments radioactifs dans les eaux.

L’eau qui sera rejetée dans l’océan Pacifique par le biais d’un tunnel sous-marin aura été au préalable plusieurs fois traitée. Elle restera cependant chargée en tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène que les technologies actuelles ne permettent pas d’éliminer. © Casimiro, Adobe StockL’eau qui sera rejetée dans l’océan Pacifique par le biais d’un tunnel sous-marin aura été au préalable plusieurs fois traitée. Elle restera cependant chargée en tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène que les technologies actuelles ne permettent pas d’éliminer. © Casimiro, Adobe Stock 

L’étude montre qu’après 120 jours, les polluants contenus dans ces eaux issues de la centrale nucléaire de Fukushima (du tritium, notamment, affirment les responsables) se seront déjà dispersés sur 30° de latitude et 40° de longitude. Au bout de 1.200 jours, ils atteindront la côte des États-Unis et celle de l’Australie. Couvrant tout le Pacifique Nord. Puis ils pénètreront le Pacifique Sud. Et l’océan Indien au bout de 2.400 jours. L’ensemble de l’océan Pacifique pouvant être touché dans un intervalle de 3.600 jours.

Plus de tritium aux États-Unis qu’en Asie

Les chercheurs notent aussi qu’en un point donné, les concentrations en polluant ont tendance à augmenter rapidement, puis à se stabiliser pendant un long moment. À un niveau ne dépendant pas nécessairement de la distance qui sépare ce point de Fukushima. Ainsi, la pollution du côté de Shanghai (Chine) devrait, par exemple, se stabiliser à un niveau plus élevé que celle de San Diego (États-Unis).

Le phénomène s’explique par la configuration des courants océaniques à proximité du Japon. La ville de Fukushima, en effet, est située au confluent du courant de Kuroshio, vers le nord, et du courant d’Oyashio, vers le sud. De fait, la plupart des polluants ne migrent ni vers le nord ni vers le sud, le long des côtes, mais ils se propagent plutôt vers l’est. Ainsi, passé un certain temps après le rejet des eaux traitées, la concentration d’éléments radioactifs près de l’Amérique du Nord pourrait devenir préoccupante.