Nucléaire: à Fukushima, Tepco s’inquiète de la fonte partielle du «mur de glace» qui protège la centrale

L’électricien vient de révéler qu’il allait devoir intervenir début décembre sur l’enceinte souterraine construite pour freiner les infiltrations d’eau dans les réacteurs détruits. Près du réacteur 4, des capteurs, placés dans le sol, ont mesuré, ces dernières semaines, des températures proches des 10 degrés.

Mis en service en 2016, le « mur de glace », constitué de centaines de tuyaux descendant à 30 mètres sous terre, court, dans le sol, autour des réacteurs sur près de 1.500 mètres.Mis en service en 2016, le « mur de glace », constitué de centaines de tuyaux descendant à 30 mètres sous terre, court, dans le sol, autour des réacteurs sur près de 1.500 mètres. (Igor Belyayev/TASS/Sipa USA/SIPA)

Par Yann Rousseau

Publié le 26 nov. 2021 à 12:19Mis à jour le 26 nov. 2021 à 17:45

Depuis début septembre, Tepco, l’électricien japonais responsable du démantèlement de la centrale de Fukushima-Daiichi, s’inquiète de la hausse des températures sur certains segments du « mur de glace » souterrain qui freinent les infiltrations d’eau dans les quatre réacteurs ravagés en mars 2011. Près du réacteur 4, des capteurs, placés dans le sol, ont mesuré, ces dernières semaines, des températures proches des 10 degrés, soit un niveau incompatible avec le maintien d’une barrière glacée autour des fondations des bâtiments.

Dans une présentation, l’entreprise vient d’indiquer qu’elle craignait désormais de faire face à une « fonte » partielle de l’enceinte de glace et se préparait à intervenir, dans les tout prochains jours, sur son infrastructure. Ce dysfonctionnement n’augmente aucunement la dangerosité de la centrale détruite, mais risque de compliquer encore la gestion de l’eau « contaminée » qui s’accumule sur le site.

Des centaines de tuyaux

Mis en service en 2016, ce « mur de glace », constitué de centaines de tuyaux descendant à 30 mètres sous terre, court, dans le sol, autour des réacteurs sur près de 1.500 mètres. Réfrigérés en permanence, ces tuyaux glacent le terrain autour d’eux, créant ainsi une barrière imperméable souterraine qui limite les infiltrations d’eau de ruissellement dans la centrale construite en contrebas d’une butte. L’enceinte et l’installation de puits de drainage en amont du site ont permis de diviser par quatre les volumes d’eau s’infiltrant, chaque jour, dans le sous-sol des réacteurs.

Depuis la destruction de la centrale en mars 2011, Tepco tente de réduire au maximum ces flux qui se contaminent au contact des combustibles radioactifs ayant fondu lors de l’accident et coulé au fond des bâtiments des réacteurs 1, 2 et 3. Si une partie de cette eau est utilisée pour refroidir en permanence les combustibles détruits, le reste est pompé pour être débarrassé de ses radionucléides dans une usine de retraitement construite sur place, avant d’être stocké dans plus de 1.000 immenses réservoirs qui encombrent le site. Cette eau « décontaminée » contient toutefois toujours du tritium.

L’enjeu du tritium

Pour les ingénieurs, la fonte d’une partie du mur risque de faire grossir les infiltrations d’eau et de créer de plus gros flux de liquide à gérer, à un moment où Tepco se dit à court de capacités de stockage. L’électricien, qui a obtenu le feu vert du gouvernement, espère commencer à relâcher, en mer, cette eau chargée en tritium à partir de 2024.

Il la diluera auparavant dans d’énormes volumes d’eau de mer, puis rejettera ce mélange au bout d’un tunnel sous-marin s’avançant à un kilomètre au large. Une procédure similaire à ce que font nombre d’autres centrales nucléaires dans le monde.