L’énorme chantier de la centrale de Fukushima

08 mars 2019 07:25

Quatre des six réacteurs de la centrale ont été endommagés. (photo: AFP)

Huit ans après le tsunami de mars 2011 qui a dévasté la côte nord-est du Japon et mis en péril la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, le site reste un énorme chantier.

Le risque immédiat à la centrale de Fukushima semble écarté mais où les tâches ardues et les imprévus continuent. Voici les trois principaux enjeux:

Le combustible nucléaire 

Quatre des six réacteurs de la centrale ont été endommagés. Les cœurs des tranches 1 à 3 ont fondu au moment de l’accident et l’on sait désormais que le combustible est en quasi-totalité tombé au fond de l’enceinte de confinement primaire de chaque unité, enceinte qu’il a même en partie entamée.

Des manipulations récentes avec un robot dans l’enceinte du réacteur 2 ont permis de constater que ce combustible pouvait en partie être soulevé par petits morceaux à plusieurs endroits. Ce n’est qu’un tout début pour étudier des moyens concrets de l’extraire, une opération extrêmement délicate qui ne débutera pas avant 2021 au mieux, ont récemment confirmé la compagnie exploitante Tepco et le ministère de l’Industrie.

Par ailleurs, dans ces mêmes réacteurs 1 à 3, des centaines d’assemblages de combustible usé sont toujours dans les piscines de refroidissement situées en haut des bâtiments. «En raison de différents problèmes, les opérations de retrait ont pris du retard dans le réacteur 3, elles ne débuteront pas ce mois-ci comme prévu. Et s’agissant de la piscine du réacteur 1, elle est couverte de détritus qu’il va falloir enlever, une opération que nous ferons avec une extrême prudence», expliquait à la presse fin février Akira Ono, directeur de la filiale de Tepco chargée du démantèlement. 

L’eau contaminée, les déchets

Le site regorge d’eau contaminée, «même si les différentes dispositions prises ont permis d’atténuer» le problème, selon M. Ono. L’eau, c’est au départ celle du tsunami qui a ravagé les installations, eau qu’il a fallu pomper, assainir et stocker. C’est ensuite celle qui sert à refroidir les réacteurs et enfin celle qui tombe du ciel et descend de la montagne en amont et se contamine au passage. Au total, environ 1,12 million de m³ d’eau sont conservés dans des citernes sur le site, mais la capacité maximum (1,37 million) sera atteinte fin 2020. 

Problème: Tepco a reconnu en fin d’année dernière que 85% de l’eau était en fait toujours porteuse d’une teneur trop élevée concernant les 62 radionucléides censés être supprimés. La société a donc décidé de la filtrer une deuxième fois. Tepco prévoit de stocker aussi sur le site 750 000 mètres cubes de déchets solides d’ici 2029, dont une partie radioactifs.

La main-d’œuvre

Environ 4/5 000 personnes travaillent chaque jour sur le site, un nombre presque deux fois moins important qu’il y a quatre ans. En moyenne, l’exposition des travailleurs aux radiations est désormais inférieure à 5 mSV par an, mais ce seul chiffre masque les fortes disparités entre individus en fonction de leurs tâches.

«Nous avons tous un carnet de suivi des radiations, mais cela n’est regardé que par notre employeur (dans mon cas, un sous-traitant de sous-traitant de sous-traitant d’une filiale de Tepco), mais nous ne sommes pas suivis spécialement par le gouvernement, ce n’est pas normal», se plaint Minoru Ikeda, un ex-travailleur du site.
(L’essentiel/afp)