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Mois : décembre 2018

Fukushima: peine de prison requise

Accident de Fukushima: peine de prison requise pour trois ex-dirigeants de Tepco

Par AFP le 26.12.2018 à 13h32

Le réacteur de la centrale nucléaire de Fukushima ravagée par un tsunami en 2011 JIJI PRESS/AFP/ARCHIVES – TEPCO VIA JIJI PRESS

Une peine de cinq ans de prison a été requise contre trois anciens dirigeants de la compagnie japonaise exploitant la centrale nucléaire de Fukushima, dévastée en 2011 par un tsunami, ont indiqué mercredi les médias.

Celui qui présidait le conseil d’administration du groupe Tokyo Electric Power (Tepco) au moment du drame, Tsunehisa Katsumata (77 ans), ainsi que deux ex-vice-PDG, Sakae Muto (66 ans) et Ichiro Takekuro (71 ans), sont jugés pour « négligence ayant entraîné la mort ». Ces prévenus, les seuls à être jugés dans le cadre de cette catastrophe, ont plaidé non coupable. SPONSORISE

Il s’agit du pire accident nucléaire après celui de la centrale soviétique Tchernobyl (Ukraine) en 1986, un drame qualifié par une commission d’enquête japonaise de « désastre créé par l’homme ».PUBLICITÉ

Principal grief adressé aux trois hommes: de n’avoir pas suffisamment pris en compte le risque de tsunami qui a fait suite au séisme de magnitude 9. Les procureurs ont reproché notamment aux accusés d’avoir eu en leur possession des données indiquant que la centrale nucléaire risquait d’être frappée par un tsunami, avec des vagues dépassant les 15 mètres et assez puissantes pour entraîner une panne de courant et une série d’accidents graves.

« Ils auraient dû suspendre l’activité de la centrale nucléaire » jusqu’à la mise en place de mesures anti-tsunami, y compris la construction d’une digue, ont indiqué les procureurs au tribunal de Tokyo, selon Jiji Press.

M. Katsumata a déclaré durant le procès qu’il n’aurait pas pu prévoir la déferlante qui a ravagé la côte nord-est du Japon et submergé les réacteurs en mars 2011.

La catastrophe a forcé des dizaines de milliers d’habitants à abandonner leur maison proche de la centrale. Un grand nombre d’entre eux sont encore installés dans d’autres régions du pays, ne pouvant pas ou préférant ne pas rentrer chez eux par peur des radiations.

Les poursuites engagées contre ces ex-dirigeants s’appuient essentiellement sur le décès de 44 patients de l’hôpital de Futaba, à quelques kilomètres du site, lors de leur évacuation d’urgence de la zone.

Les procureurs ont refusé à deux reprises d’engager des poursuites, arguant que les éléments du dossier étaient insuffisants. Mais un réexamen de l’affaire en 2015 a tranché pour un procès au pénal.

Les macaques de Fukushima

1 décembre 2018

Les macaques de Fukushima

Deux études scientifiques conduites « sur le terrain » au Japon, pourraient-elles (indirectement) plaider contre le retour forcé en zone contaminée ?

Le Mainichi les présente brièvement mais assez précisément.

Deux macaques japonais dans la ville de Fukushima, préfecture de Fukushima (photo : Fumiharu Konno, de l'équipe de recherche de Shinichi Hayama)

Deux macaques japonais dans la ville de Fukushima, préfecture de Fukushima (photo : Fumiharu Konno, de l’équipe de recherche de Shinichi Hayama)

Les macaques de Fukushima

1) 18 macaques sauvages ont été capturés qui vivaient à moins de 40 km de la centrale Daiichi, dans une zone située dans le Nord-Est de la Préfecture de Fukushima et incluant les villes de Minamisoma et Namie.
Une équipe dirigée par Manabu FUKUMOTO (professeur émérite du département de Pathologie de l’Université du Tohoku) a constaté des anomalies dans leur formule sanguine, en particulier dans les cellules de la moelle osseuse qui produisent les plaquettes, par comparaison avec d’autres singes vivant dans d’autres zones. [NDR : c’est donc une étude « cas-témoins »].
Les chercheurs ont en outre constaté une forte diminution de certains composés sanguins chez les individus « exposés quotidiennement à une irradiation interne » [les faibles doses]. Leur hypothèse, c’est que les singes ont dû ingérer « des substances contaminées au radiocésium provenant de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, par exemple l’écorce d’arbres ».
L’équipe du prof. Fukumoto a produit une estimation de la dose de rayonnement en Césium présente dans les muscles des primates ; Fukumoto exprime auprès du journal :
 » Il faut mener des recherches à long terme pour voir si ces anomalies auront un effet sur la santé des singes ».

2) Au même moment, l’équipe de l’expert en zoologie de la faune Shinichi HAYAMA, Professeur à l’Université des Sciences de la Vie et des Sciences vétérinaires du Japon, a étudié les fœtus de singes en gestation.
Chaque année, de 2008 à 2016, le gouvernement municipal de Fukushima capturait des singes afin de contrôler l’évolution de la population…L’équipe de Hayama a examiné 62 fœtus capturés au moment de la crise 3.11. Leurs conclusions : par comparaison avec ceux d’avant le 11 mars 2011, ces fœtus présentent une tête plus petite et un développement de l’ensemble de leur corps, retardé. En notant que le régime alimentaire des mères n’a pas changé (avant/après 3.11) les chercheurs concluent que « l’exposition des mères singes au rayonnement a pu avoir eu un effet sur leur fœtus ».
Hayama note cependant que « les singes de Fukushima ont sans doute été exposés à de fortes doses de radioactivité à un niveau sans équivalent rapporté aux humains, étant donné que les singes ont consommé des aliments contaminés et vivent près du sol, où les doses de radioactivité étaient élevées »…

3) Les macaques au Japon ne sont pas étudiés, à l’inverse d’autres animaux ou plantes, dans l’enquête en cours du Ministère de l’Environnement, pour l’observation des effets de la radioactivité suite à la catastrophe nucléaire ; or, 5 associations universitaires viennent de demander qu’ils soient inclus dans cette enquête, au nombre desquelles la Primate Society of Japan, (PSJ) dont le président, Masayuki Nakamichi, affirme auprès du Mainichi :

« Il est absolument crucial, et pour le reste du monde aussi, de mener des recherches sur les effets à long terme de l’exposition à la radioactivité des macaques japonais ».

D’après THE MAINICHI, 25/11/2018 – Effects of suspected radiation exposure seen in Fukushima wild monkeys: researchers

Fukushima: Le ministère du Travail…/

Le ministère du Travail reconnaît que le cancer de la thyroïde d’un employé d’une entreprise liée à Tepco est dû au travail après la fusion de la centrale nucléaire de Fukushima

Les fonctionnaires ont travaillé le mois dernier dans la salle de contrôle principale des réacteurs n ° 3 et 4 de la centrale nucléaire de Fukushima n ° 1, exploités par Tepco. | KYODO

JIJI

  • DEC 13, 2018

Le ministère du Travail a déclaré mercredi que le cancer de la thyroïde d’un travailleur de sexe masculin, exposé aux radiations après la triple fusion de l’usine n ° 1 de Fukushima, avait été reconnu comme une maladie liée au travail.

À la suite de la décision d’un groupe d’experts du ministère du Travail, le bureau d’inspection des normes du travail d’Hitachi, dans la préfecture d’Ibaraki, est parvenu à sa conclusion lundi.

L’homme d’une cinquantaine d’années est devenu la sixième personne à se voir octroyer une indemnité d’indemnisation pour accidents du travail suite au cancer provoqué par la catastrophe nucléaire de mars 2011 survenue dans la centrale gérée par Tokyo Electric Power Holdings Inc. Il est la deuxième être indemnisé pour cancer de la thyroïde.

Selon le ministère, l’homme, employé d’une société liée à Tepco, participait à des travaux d’urgence post-accidentels à l’usine de Fukushima, qui comprenaient une opération de récupération d’énergie. Depuis novembre 1993, il travaillait dans plusieurs centrales nucléaires depuis environ onze ans.

Sur sa dose de rayonnement cumulée d’environ 108 millisieverts, il a reçu 100 millisieverts après la fusion.

L’homme a demandé le paiement de l’assurance en août 2017, deux mois après le diagnostic de cancer.

Un total de 16 travailleurs ont demandé de tels paiements en raison d’un cancer qui, selon eux, a été causé par l’accident nucléaire. Cinq demandes ont été rejetées, tandis que cinq autres sont en instance.

…/ de retour de Fukushima

« 20 mSv »: Bruno Meyssat de retour de Fukushima

Comment interroger les catastrophes par les voies du théâtre ? Par une double approche, celle des informations et celle des sensations, nous disent Bruno Meyssat et ses acteurs. La preuve par « 20 mSv » à propos de l’accident de Fukushima et au-delà.
Scène de "20mSv" © Bruno MeyssatScène de « 20mSv » © Bruno Meyssat

Depuis longtemps, le théâtre de Bruno Meyssat interroge les catastrophes. Ce fut le cas naguère de son spectacle Les Disparus, sous-titré « Visions posthumes ou prémonitoires de quelques passagers du Titanic ». Plus récemment, ce fut le cas de la crise des subprimes avec 15 % (2014) ou de la crise grecque avec Kairos (2016). Son nouveau spectacle 20 mSv a pour sujet la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon et, au passage, évoque celle de Tchernobyl dont l’accident japonais est comme la réplique.Le titre parle à tous ceux qui s’intéressent de près aux questions nucléaires, professionnels ou militants ; il intrigue les autres (j’en suis) à dessein. 20 mSv ? C’est-à-dire 20 millisieverts, apprend-on dans le spectacle et en lisant la feuille distribuée en entrant dans la salle, soit la « limite au-dessous de laquelle l’ordre d’évacuation est levé dans la préfecture de Fukushima dans le cadre de la politique de retour actuelle. Au Japon comme en France, la réglementation avait fixé les limites annuelles de radiations à 1 millisievert (mSv) pour la population et à 20 mSv pour les travailleurs nucléaires. Le 14 avril 2011, le gouvernement japonais a élevé cette norme-limite à 20 mSv pour toute la population. »

Tout le déroulement du spectacle consiste à travailler sur deux fronts.

D’un côté, à travers des écrits dits devant un micro sur pied ou lus à la table et/ou projetés sur le mur du fond, on nous abreuve de discours, rapports et analyses. Par exemple, on nous rapporte ce que dit Masao Yoshida, le directeur de la centrale Tepco de Fukushima devant la commission d’enquête qui l’interroge, lui comme beaucoup d’autres, et c’est assez sidérant. Conclusion de l’enquête, à rebours de la thèse propagée selon laquelle elle serait une conséquence du tsunami : « l’accident est le résultat d’une collusion entre le gouvernement, les agences de régulation et l’opérateur Tepco, et d’un manque de gouvernance de ces mêmes instances. » Comme les liens entre le nucléaire français et son homologue japonais sont nombreux et que la France est le pays le plus nucléarisé du monde, cela ne va pas sans poser de questions.

De l’autre côté, les six acteurs présents sur le plateau, dirigés par Bruno Meyssat et qui ont potassé le sujet avec lui, nous livrent les « sensations » qui ont été les leurs et ont donné naissance à des scènes dont le but est de nous faire partager les dites « sensations » en regard des informations scientifiques et des enquêtes post-catastrophe accompagnées de citations allant d’Arthur Rimbaud à Günther Anders. Cela commence par une première scène très parlante entre un homme que l’on devine irradié et sa compagne qui ne l’est pas. Cette dernière se couvre la tête et le corps d’une bâche plastique transparente et, à travers cette enveloppe qui les prive de tout contact physique direct de peau à peau, on voit le couple s’embrasser longuement. Puis cette enveloppe transparente, contaminée par le contact avec l’irradié, après avoir été ôtée, sera jetée dans une poubelle. Ce rituel impératif, habillage-déshabillage-poubelle, qui va des gants aux chaussettes sera répété plusieurs fois jusqu’à en devenir obsédant. Nombreuses sont les scènes qui jouent sur la frontière entre zone contaminée et zone qui ne l’est pas. Ce danger impalpable mais énorme conduira à des scènes fantasmées, cauchemardesques ; une autre façon de capter l’attention des spectateurs.

On peut voir dans cet imaginaire qui nous parvient par des voies parfois opaques et distanciées comme un pendant théâtral aux témoignages recueillis par Svetlana Alexievitch dans La Supplication (éditions J’ai lu) auprès des rares liquidateurs appelés à Tchernobyl qui ont survécu et auprès des nombreuses veuves ayant accompagné l’agonie de leur mari.

« Nous interrogeons le sujet avec le spectateur par l’offrande des émotions ressenties en documentant le travail », dit Bruno Meyssat. Et il ajoute : « il faut tenter un spectacle de vigilance, en évitant les pièges de la fable ou de l’incarnation. » C’est fait.

A la MC93, Bobigny, jusqu’au 8 décembre.

Fukushima: plus de cancers…

Publié le 03 décembre 2018 à 00h00 | Mis à jour le 03 décembre 2018 à 07h27

Fukushima: plus de cancers chez les enfants

Mathieu Perreault

Une étude japonaise a montré cette semaine que les taux de cancer de la thyroïde chez les enfants de Fukushima sont de 40 à 50 fois plus élevés que prévu. Mais il s’agit d’un type de cancer de la thyroïde qui n’est pas lié aux radiations. Cela pourrait signifier que 95% des cancers de la thyroïde sont bénins et asymptomatiques.

Après l’accident nucléaire de Fukushima, les autorités japonaises ont lancé un vaste programme de suivi du cancer de la thyroïde chez 300 000 enfants. «Depuis les études sur les survivants des bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, on sait que le risque de cancer de la thyroïde est limité aux gens de moins de 20 ans», explique en entrevue Louise Davies, de l’Université Dartmouth, au New Hampshire, qui a publié un commentaire accompagnant la nouvelle étude japonaise dans la revue JAMA Otolaryngology.

«Ça s’est confirmé avec l’accident de Tchernobyl en 1986, mais les données étaient difficiles à analyser parce qu’elles avaient été récoltées de différentes manières en Biélorussie, en Ukraine et en Russie. Alors les autorités japonaises ont décidé de voir quelle était la prévalence naturelle du cancer de la thyroïde avec un programme universel de dépistage lancé immédiatement après l’accident à la centrale de Fukushima, avant que les radiations puissent causer le cancer de la thyroïde.» Les deux relevés ont eu lieu en 2013 et en 2015.

«Inflation artificielle» lors des dépistages universels

Le taux observé de cancer de la thyroïde était de 29 cas par année par 100 000 adolescents de 15 à 18 ans, ce qui est 50 fois plus élevé que le nombre normal de diagnostics, et de 48 cas par année par 100 000 patients de 18 à 20 ans, 38 fois plus que le nombre normal de diagnostics.

Mais attention : il ne s’agit pas de cancers dus aux radiations de Fukushima. À Tchernobyl, l’augmentation du cancer de la thyroïde chez les enfants est survenue de trois à cinq ans après l’accident de 1986, mais il s’agissait d’une population ayant des carences en iode, selon la Dre Davies. Au Japon, qui ne connaît pas de carences en iode, l’impact des radiations devrait être observable plus tard.

Autre indice, les cas de cancer de la thyroïde observés au Japon étaient pour la plupart liés à une mutation génétique qui n’est pas causée par les radiations, dit l’oncologue du New Hampshire. «Ça confirme qu’on a une inflation artificielle des taux de cancer de la thyroïde quand on lance un dépistage universel après une catastrophe naturelle. C’est arrivé avec le dépistage chez les premiers répondants qui sont intervenus au World Trade Center après les attentats du 11 septembre 2001.»

Éviter les traitements inutiles

Les 187 enfants et adolescents qui ont eu un diagnostic de cancer de la thyroïde dans le cadre du dépistage universel post-Fukushima ont tous été traités.

«On doit les traiter selon l’hypothèse que ce sont tous des cancers qui vont devenir malins, avec des symptômes, explique la Dre Davies. Nos collègues japonais ont fait attention de les protéger des traitements inutiles. Par exemple, ils ont limité le nombre de nodules ayant fait l’objet d’une biopsie, et ils ont fait une ablation partielle plutôt que complète de la thyroïde quand c’était nécessaire. Avec une ablation complète, il faut prendre de l’hormone de remplacement le reste de sa vie.»

L’accident de Fukushima

Le 11 mars 2011, un séisme et un tsunami ont frappé le nord du Japon. La centrale nucléaire de Fukushima a été endommagée et les fuites radioactives ont causé l’évacuation de 160 000 personnes vivant dans un rayon de 30 km autour de la centrale côtière. Plus des deux tiers d’entre elles sont depuis rentrées chez elles, les zones d’évacuation étant passées de 1150 km2 en 2013 à 370 km2 maintenant.

Un curieux phénomène

Les données préliminaires de Fukushima semblent montrer que la plupart des cas de cancer de la thyroïde qui seraient détectés avec un dépistage universel seraient bénins – s’ils étaient traités, le risque de mourir du cancer de la thyroïde ne diminuerait pas. Mais dans les données japonaises publiées cette semaine dans JAMA Otolaryngology, un curieux phénomène a attiré l’attention de Louise Davies : beaucoup de cas de cancer de la thyroïde avaient généré des métastases dans les glandes lymphatiques.

«Quand on voit ces métastases, on considère généralement qu’il faut traiter le cancer de la thyroïde, dit la Dre Davies. Mais il nous faut maintenant envisager que même ces métastases dans les glandes lymphatiques peuvent rester bénignes pendant des décennies. Comme les Japonais vont suivre cette cohorte pendant encore longtemps, on va apprendre des choses intéressantes.»

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