"Rien n'est plus proche du Vrai ... que le Faux"

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Fukushima: l’eau radioactive s’accumule

Fukushima : comment se débarrasser de l’eau radioactive qui s’accumule ?

Depuis 2011, plus d’un million de mètres cubes d’eau radioactive s’accumulent sur le site de Fukushima. Or, d’ici 2022, la centrale nucléaire aura atteint sa capacité maximale de stockage.

Par Publié le 05 septembre 2019 à 16h30 – Mis à jour le 05 septembre 2019 à 17h52

Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 et un puissant tsunami dévastaient la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Quelques jours plus tard, de premiers rejets radioactifs étaient détectés et plus de 100 000 personnes évacuées. Depuis, la situation reste précaire. Pour éviter de nouvelles fuites radioactives, les réacteurs doivent être refroidis en permanence. Depuis la catastrophe, ils sont donc arrosés tous les jours : un million de mètres cubes d’eau y ont été déversés en 2019, soit l’équivalent de 400 piscines olympiques.
Le problème, c’est qu’en arrosant les réacteurs cette eau récupère des particules radioactives et devient, à son tour, radioactive. Or les réservoirs installés pour contenir toute cette eau contaminée commencent à manquer : selon Tepco, qui exploite la centrale, le site aura atteint sa capacité maximale de stockage en 2022. Alors, que faire de toute cette eau radioactive ? Explications avec des experts internationaux du sujet.
Sources :
Le site et les articles du chercheur Ken Buesseler : https://bit.ly/2lBSS19
Le rapport des experts sur les options envisagées de 2016 : https://bit.ly/2lupt9f
Notre reportage il y a un an sur le chantier de démantellement de la centrale : https://bit.ly/2jZoHk8

Asia Balluffier

 

 

Fukushima: eau radioactive

Le Japon veut déverser des millions de tonnes d’eau radioactive de Fukushima dans le Pacifique

Le Japon envisage de rejeter dans l’océan Pacifique des millions de tonnes d’eau irradiée suite à la triple fusion du 11 mars 2011 de la centrale nucléaire de Fukushima. La Corée du Sud s’inquiète.

Les deux nations ont toujours eu des relations compliquées et conflictuelles. Et cette histoire ne va rien arranger. Récemment, on apprenait que la centrale de Fukushima n’aura bientôt plus assez d’espace pour contenir son eau irradiée. Selon les autorités japonaises, la seule « option réaliste » pour s’en débarrasser est « un rejet contrôlé » dans l’océan Pacifique. Plusieurs milliards de litres d’eau hautement radioactive (tritium) seraient concernés. Une intention qui ne passe pas auprès des associations environnementales et de Séoul.

17 ans pour diluer cette eau contaminée

« Déverser cette eau dans l’océan est l’option la moins chère et la plus rapide, et nous sommes convaincus que c’est ce que fera [le Japon]. Une fois que cette eau contaminée et ce tritium seront dans l’océan, ils suivront les courants marins et se retrouveront partout, y compris dans la mer à l’est de la Corée, a déclaré Chang Mari, représentante de l’ONG Greenpeace en Corée. On estime qu’il faudra attendre dix-sept ans pour que cette contamination radioactive soit assez diluée pour atteindre un niveau sûr. Les Coréens sont très inquiets. Nous avons besoin du soutien de la communauté internationale pour stopper le gouvernement japonais. C’est un problème qui concerne le monde entier ».

Cette semaine, le ministère des Affaires étrangères de la Corée du Sud s’est également inséré dans le débat, convoquant un responsable de l’ambassade japonaise pour obtenir davantage d’informations. « Notre gouvernement reconnaît très gravement l’impact que les résultats de l’élimination de l’eau contaminée de l’usine de Fukushima pourraient avoir sur la santé et la sécurité des citoyens des deux pays et, par extension, sur l’ensemble des pays reliés le long de l’océan », pouvait-on lire dans un communiqué.

fukushima
 
Crédits : IAEA Imagebank

Le problème du tritium

Ces millions de tonnes d’eau de refroidissement contaminée sont pour le moment retenus dans 960 réservoirs en acier. Cette eau a déjà été nettoyée de 62 radionucléides (atomes qui ont un excès d’énergie nucléaire), ne laissant que du tritium – un isotope radioactif de l’hydrogène. Le problème, c’est que le système permettant la décontamination de l’eau ne fonctionne pas avec le tritium, qui a une affinité chimique avec l’eau. Rappelons que nous considérons le tritium comme cancérigène et mutagène pour l’Homme en cas d’exposition à de très fortes doses. De l’ordre du giga-becquerel.

Cette décision, si elle est prise, ne devrait pas l’être dans l’immédiat. Les autorités japonaises devront dans un premier temps établir un calendrier, un budget, voire même la méthode à utiliser. De son côté, la société Tokyo Electric Power Co (ou Tepco), qui exploite la centrale, a déclaré qu’elle manquerait d’espace pour construire plus de réservoirs de stockage dans environ trois ans.

Invisibles retombées

Sans des organisations indépendantes du lobby nucléaire, nous ne saurions pas grand-chose de la pollution radioactive. L’une d’elles, la Criirad, se mobilise depuis 1986 pour fournir des relevés fiables et informer la population des risques. Coup de projecteur sur 4 vidéos incontournables qui font le résumé de ce que l’on doit savoir sur les retombées.

« Les catastrophes nucléaires comme celles de Tchernobyl et de Fukushima entrainent des rejets massifs de substances radioactives dans l’environnement et une contamination durable de vastes territoires. Elles s’accompagnent des mensonges sur la gravité des contaminations et sur l’ampleur des risques sanitaires. Les manipulations sont d’autant plus aisées que la radioactivité ne se voit pas. Compte tenu de son parc nucléaire vieillissant, la France est particulièrement concernée par les risques nucléaires. Produit par l’association CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité) et réalisé par Cris Ubermann, le film « Invisibles Retombées » s’appuie sur les missions conduites par le laboratoire de la CRIIRAD au Japon, pour rendre palpable cette radioactivité invisible et les conséquences pour les populations touchées par les retombées. Il rend compte des rencontres avec les habitants des zones contaminées et des mesures des niveaux de radiation effectuées à leur côté.

Dans sa version sur Youtube, le film est découpé en 4 séquences d’une dizaine de minutes :

Séquence 1 : « Des citoyens face aux mensonges » La CRIIRAD a été créée en 1986, en réaction aux mensonges du gouvernement français sur l’intensité des retombées radioactives sur le territoire français. Les travaux de son laboratoire ont permis d’établir les véritables cartes des retombées radioactives. En mars 2011, au moment de la catastrophe de Fukushima, la CRIIRAD est sollicitée par des citoyens japonais qui souhaitent se doter de radiamètres pour mesurer la radioactivité ambiante.

Séquence 2 : « Mission en territoire contaminé » En mai 2011, la CRIIRAD se rend au Japon et apporte des appareils qui permettent de contrôler la radioactivité des aliments. Quelques semaines après les retombées, le césium radioactif s’est infiltré jusqu’à une dizaine de centimètres de profondeur dans le sol.

Séquence 3 : « L’irradiation permanente » Les rayonnements gamma émis par les substances radioactives déposées sur les surfaces traversent les murs et irradient les habitants même lorsqu’ils sont à l’intérieur des bâtiments. Les habitants sont confrontés à des choix dramatiques : rester sur un territoire contaminé ou prendre la décision de le quitter.

Séquence 4 : « L’impossible décontamination » La décontamination totale n’est pas possible. Les populations vont donc être exposées pendant des décennies. En cohérence avec les recommandations internationales prises sous l’impulsion du lobby nucléaire français, les autorités Japonaises ont multiplié par 20 les normes de radioactivité acceptables en cas de retombées radioactives. Pour Naoto Kan, premier ministre du Japon au moment de la catastrophe de Fukushima, il faut tout mettre en œuvre pour sortir du nucléaire. »

Japon : un séisme

Japon : un séisme secoue la région de Fukushima

Ressentie jusqu’à Tokyo, la secousse est survenue au large de Fukushima, théâtre en 2011 d’une terrible catastrophe nucléaire causée par un tsunami meurtrier.

 En avril 2011, un séisme majeur et le tsunami qu'il avait soulevé avait provoqué une catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima.
En avril 2011, un séisme majeur et le tsunami qu’il avait soulevé avait provoqué une catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima. YOSHIKAZU TSUNO / POOL / AFP
 
 
Le 4 août 2019 à 13h25, modifié le 4 août 2019 à 16h27

Un séisme de magnitude 6,3 a fait trembler ce dimanche la préfecture japonaise de Fukushima, tristement célèbre pour l’accident nucléaire qui avait suivi le séisme et le tsunami meurtriers d’avril 2011.

La secousse, survenue à une cinquantaine de kilomètres de la côte est d’Honshu, principale île de l’archipel nippon, et près de 40 km de profondeur, a été ressentie jusqu’à Tokyo, à 250 km plus au sud. Aucune alerte au tsunami n’a toutefois été déclenchée.

NHK WORLD News @NHKWORLD_News
 

A strong earthquake has rocked Japan’s northeastern prefectures of Fukushima and Miyagi.The Japan Meteorological Agency says the quake registered 5 minus on the country’s seismic intensity scale of zero to seven.The agency says there is no threat of a tsunami.

Vidéo intégrée
 
 

Le tremblement de terre n’aurait fait ni blessé ni dommage, selon un premier bilan de l’Agence météorologique du Japon.

La circulation des trains à grande vitesse Shinkansen a été temporairement interrompue dans la région, selon la radio-TV publique NHK . Aucune anomalie n’a été détectée sur les installations nucléaires, y compris la centrale de Fukushima-Daiichi, a-t-elle ajouté.

 

A l’arrêt depuis l’accident de 2011, trois de ses réacteurs, entrés en fusion suite à la mise hors service du système de refroidissement, sont encore en cours de refroidissement. La zone est largement contaminée.

Fukushima est-il sûr?

Fukushima est-il sûr pour les Jeux olympiques?

Le nouveau stade national au coucher du soleil, Tokyo. (Shutterstock / kawamura_lucy)

 

Le relais de la flamme olympique de 2020 débutera à Fukushima: un lieu plus souvent associé aux tremblements de terre, aux tsunamis et aux catastrophes nucléaires de 2011 que les sports internationaux. Ce n’est pas un hasard: l’emplacement est censé transmettre un récit de la relance et l’idée que Fukushima est un lieu sûr à visiter, à vivre et bien sûr à faire des affaires. Les jeux olympiques de baseball et de softball, qui se dérouleront également à Fukushima, ont pour objectif de marteler le message de ces «Jeux olympiques de la récupération», comme les organisateurs de Tokyo 2020 les ont désignés à la maison.

Mais après une visite à Fukushima, leurs revendications semblent pour le moins discutables. En fait, toute cette configuration est un acte profondément cynique de politique «post-vérité». Fukushima n’est pas encore en sécurité et aucune rhétorique ensoleillée de la part des bigwigs olympiques ni des politiciens japonais ne peut le faire.

Nous nous sommes rendus à Fukushima dans un bus rempli de journalistes, de cinéastes et d’activistes du monde entier. Nous étions accompagnés par le professeur Fujita Yasumoto, qui portait un dosimètre, un appareil qui enregistre les niveaux de rayonnement. À deux heures de route avant de frapper Fukushima, son dosimètre indiquait 0,04; tout ce qui dépasse 0,23, nous a-t-il dit, était dangereux. L’aiguille a fait un bond supplémentaire à l’approche des centrales nucléaires et des opérations de nettoyage connexes. À l’extérieur du centre d’archives de déclassement, il s’est déplacé dans un territoire non sécurisé avec une valeur de 0,46 avant de passer à un niveau vraiment alarmant de 3,77 alors que nous approchions du réacteur de l’unité 1 de Fukushima Daiichi, l’un des trois réacteurs qui ont fondu. La course à la flamme olympique doit actuellement traverser certaines de ces zones fortement contaminées.

Lorsque nous sommes entrés dans Fukushima, nous avons commencé à voir ce qui ressemblait à des sacs poubelles noirs remplis de terre arable radioactive qui avait été ramassée par des ouvriers. La plupart d’entre eux parcourent de grandes distances pour se rendre à Fukushima. Des milliers de ces sacs – que les habitants appellent des « pyramides noires » – sont empilés les uns sur les autres, mais les travailleurs qui travaillent ne portent pas de costume de protection anti-moustique. Une partie de la pile de sacs a de la végétation. La vue des plantes qui pénètrent dans la boue toxique pourrait être considérée comme un signe d’espoir, mais pour d’autres, c’est un signe de danger, faisant craindre que le vent ne souffle les parties les plus contaminées de la couche arable dans la partie moins irradiée. parties de la ville.

Aucune personne rencontrée ici n’a acheté la ligne du premier ministre japonais Shinzo Abe à partir de 2013, lorsqu’il avait tenté d’apaiser les inquiétudes des électeurs du Comité international olympique en leur disant que la situation à Fukushima était «sous contrôle». Hiroko Aihara, journaliste indépendant basé à Fukushima nous a dit: «Le gouvernement a poussé la propagande au détriment de la vérité. Au Japon, les gens sont divisés sur la gravité de la situation. Mais pour les personnes qui vivent ici, la crise, le nettoyage et la contamination continuent. ”

Les études scientifiques sur la sécurité de Fukishima sont actuellement très controversées. Cependant, «dans sa hâte de réagir à la situation d’urgence, deux mois après l’accident, le gouvernement japonais a relevé le seuil d’exposition admissible de 1 mSv par an, une référence internationale, à 20 mSv. Les personnes évacuées craignent maintenant que la détermination d’Abe de mettre l’accident de Daiichi derrière le pays compromette la santé publique, en particulier chez les enfants, qui sont plus vulnérables. « 

Nous avons également parlé avec Masumi Kowata. C’est une personne remarquable et la seule femme du conseil municipal de la ville d’Okuma, qui compte 12 personnes, à Fukushima. Elle est également la seule personne au conseil à s’exprimer sur les dangers de l’énergie nucléaire. Kawata vivait à Fukushima quand Abe a prononcé son discours. Elle a déclaré: «Les choses n’étaient absolument pas« sous contrôle »et rien n’était encore terminé. Le rayonnement nucléaire est encore très élevé. Une seule petite partie est en cours de nettoyage. La région élargie est toujours une zone d’évacuation. Il y a encore des radiations dans la région. Pendant ce temps, nous accueillons les Jeux olympiques. « 

Le cynisme de l’image de marque «des Jeux olympiques de la reprise» se retrouve également dans les rues de Fukushima. De nombreuses personnes sont toujours déplacées et vivent en dehors de la préfecture; ils sont dans le, bien que le total exact n’a pas été déterminé. Quel que soit le nombre, il ne fait aucun doute que la partie de la préfecture entourant la fusion nucléaire semble vide. Dans un pays avec un manque remarquable de bâtiments délabrés, ils effacent visiblement le paysage de Fukushima. Ce qui a été détruit par le tremblement de terre, le tsunami et la fusion nucléaire n’a pas été reconstruit. De nombreuses entreprises ont également été «abandonnées par leur propriétaire», ce qui explique parfaitement l’état de la situation. Les foyers et les entreprises – avec les signes qui s’effondrent pour les titans de la culture d’entreprise japonaise – Sony, Mitsubishi et Honda – restent vacants.

En dépit de cette scène sombre, Kowata déborde d’énergie de combat. «Les habitants sont venus me voir et m’ont dit de dire au monde ce qui se passe réellement», a-t-elle déclaré. «C’est là que j’ai la force. Il y a des gens qui tombent malades. Il y a des gens qui meurent de stress. Le monde doit savoir. »

Fukushima: …la 2e centrale

Tepco va démanteler la 2e centrale de Fukushima

Japon, Fukushima Daini, qui avait été elle aussi accidentée dans la catastrophe de mars 2011, verra ses 4 réacteurs démantelés. 

Fukushima Daini avait subi elle aussi d'importants dommages après le tsunami de 2011.
Fukushima Daini avait subi elle aussi d’importants dommages après le tsunami de 2011. Image: Keystone25.07.2019

La compagnie d’électricité japonaise Tepco a confirmé mercredi avoir décidé de démanteler la deuxième centrale de Fukushima, Fukushima Daini, également accidentée, mais moins que la première qui a longtemps fait la une des médias après la catastrophe causée par le tsunami de mars 2011.

«Notre président a transmis au gouverneur de la préfecture de Fukushima l’intention de notre compagnie de démanteler Fukushima Daini», a expliqué à l’AFP une porte-parole de Tokyo Electric Power (Tepco). La décision a été prise en conseil d’administration parce que jugée plus raisonnable et rationnelle que de tenter de garder ce site, a précisé Tepco.

En optant pour le démantèlement des quatre réacteurs de Fukushima Daini, Tepco répond aux attentes des habitants de la préfectures et autorités locales, même s’il faudra des décennies pour venir à bout des travaux. «C’est un premier pas vers la suppression de tous les réacteurs de la région», a réagi le gouverneur, Masao Ochibori, selon les propos rapportés par la porte-parole de Tepco.

Coûts de 2,3 milliards d’euros

Le calendrier n’est pas encore prêt, mais Tepco évalue le coût de démolition et assainissement de Fukushima Daini à quelque 280 milliards de yens (2,3 milliards d’euros). Il faudra au moins 30 ans par réacteur, a prévenu Tepco, qui compte mener les tâches en parallèle.

Fukushima Daini, également située au bord de l’océan Pacifique à une douzaine de kilomètres de Fukushima Daiichi et environ 220 km de Tokyo, a également été inondée lors du tsunami du 11 mars 2011. Mais, contrairement à Daiichi, les systèmes d’alimentation électrique et de refroidissement n’ont pas été dévastés et aucun des quatre réacteurs n’a subi d’explosion ni de fusion de coeur.

Pour la habitants de la région, l’idée de relancer un jour Fukushima Daini apparaissait inadmissible compte tenu du traumatisme créé il y a près de 9 ans, où plus de 140’000 personnes ont dû être évacuées, certaines n’ayant aucune perspective de retour. (afp/nxp)

Créé: 25.07.2019, 12h12

Tokyo: … JO 2020

Tokyo à un an de ses Jeux olympiques qu’elle veut verts et innovants

Le stade principal des Jeux olympiques de Tokyo
Le stade principal des Jeux olympiques de Tokyo
PHOTO : GETTY IMAGES / CARL COURT

Agence France-Presse Publié à 17 h 19

Tokyo a enclenché mercredi le compte à rebours à un an des Jeux olympiques.

« Je peux réellement dire que je n’ai jamais vu une cité olympique aussi bien préparée que l’est Tokyo », a lancé le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach.

Les résidents de l’archipel semblent aussi enthousiastes. Ce sont 7,5 millions de Japonais qui ont fait les démarches en ligne pour se procurer un billet. Et mercredi dès l’aube, des courageux faisaient la file pour assister aux festivités.

Une affiche montre la mascotte des Jeux.
Des milliers de Japonais se sont réunis mercredi à Tokyo.
PHOTO : GETTY IMAGES / CHARLY TRIBALLEAU

Après quelques frayeurs initiales, la capitale japonaise aborde la dernière ligne droite avec une apparente sérénité. Des 43 sites, 8 sont complètement nouveaux et la moitié sont déjà achevés.

Les organisateurs disent aussi avoir trouvé la solution pour faire face à la chaleur infernale, parfois difficilement supportable, voire dangereuse, l’été à Tokyo. Tentes, brumisateurs géants et allées de fleurs sont censés donner une sensation rafraîchissante. Ces mesures seront testées jeudi à l’occasion d’un tournoi de volleyball.

Des doutes persistent par ailleurs sur le coût des Jeux, sabré par les critiques. Il est désormais évalué à 1350 milliards de yens (16 G$ CA).

Il est derrière un lutrin sur la scène.
Le président du CIO, Thomas Bach, fait son allocution à Tokyo à un an des Jeux.
PHOTO : GETTY IMAGES / ATSUSHI TOMURA

Le défi des transports

La question des transports semble plus problématique. Comment éviter le chaos dans une mégapole aux trains déjà bondés aux heures de pointe en temps normal?

Outre de savants systèmes logistiques pour gérer le trafic, sur route et dans les trains, les autorités vont inciter les salariés à rester à la maison. Mais la pratique du télétravail est encore peu ancrée dans les moeurs nippones et certains experts redoutent au moment des Jeux des retards importants, voire des mouvements de foule.

La foule se dirige vers les wagons.
Des Japonais à la station Shinagawa de Tokyo à l’heure de pointe
PHOTO : GETTY IMAGES / BEHROUZ MEHRI

Des Jeux écologiques et technologiques

En attendant, l’organisation peaufine son image écologique, dans un archipel peu exemplaire en la matière.

Les médailles, qui seront fabriquées en métal recyclé avec de vieux téléphones et autres appareils électroniques, ont été dévoilées mercredi.

Elles sont sur un fond noir.
Les médailles d’or, d’argent et de bronze
PHOTO : GETTY IMAGES / BEHROUZ MEHRI

Les tenues des athlètes japonais seront issues de vêtements usagés et les podiums confectionnés avec des déchets en plastique collectés dans la mer et auprès des habitants.

Le Japon, qui se souvient avec nostalgie des prouesses technologiques de ses précédents JO d’été en 1964, a également promis les Jeux « les plus innovants de l’histoire ».

« Tokyo 2020 est une vitrine pour montrer les hautes technologies dont le Japon peut se vanter », disait récemment la gouverneure de la mégapole, Yuriko Koike, citant les navettes autonomes qui transporteront les visiteurs sur des trajets bien définis.

Il y aura aussi une ribambelle de robots, même si les modèles présentés par le géant automobile Toyota, commanditaire des Jeux, n’ont pas vraiment convaincu pour le moment.

Ils se tapent dans la main.
Les médailles d’or, d’argent et de bronze
PHOTO : GETTY IMAGES / BEHROUZ MEHRI

La flamme olympique partira le 26 mars 2020 du J-Village, un centre d’entraînement sportif à Fukushima, transformé pendant plusieurs années en site de transit pour les travailleurs de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi après l’accident atomique dû au tsunami en mars 2011.

Le gouvernement a fait ce choix dans le but de montrer au monde la reconstruction de cette région du nord-est dévastée, même si elle est loin d’avoir recouvré sa population et son dynamisme d’avant.

Les Jeux de Tokyo se tiendront du 24 juillet au 9 août.

La plage de Fukushima…

La plage de Fukushima rouverte aux baigneurs 8 ans après la catastrophe nucléaire

La plage de Fukushima rouverte aux baigneurs 8 ans après la catastrophe nucléaire
La plage de Fukushima rouverte aux baigneurs 8 ans après la catastrophe nucléaire – © JIJI PRESS – AFP

Belga Publié le samedi 20 juillet 2019 à 14h44

Huit ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, la plage de Kitaizumi, à une centaine de kilomètres de la ville nippone, est à nouveau accessible aux baigneurs, surfers et jeux d’enfants depuis samedi.Newsletter info

Cette plage, où s’étaient déroulés les championnats du monde et national de surf, était particulièrement prisée des planchistes avant l’accident nucléaire et le tsunami qui s’est abattu sur la région côtière en mars 2011.

Un tremblement de terre de magnitude 9 au large de l’île avait provoqué un tsunami et un accident nucléaire dans la centrale Daiichi Nuclear Power Station de Fukushima. La catastrophe avait coûté la vie à 18.500 personnes.

« J’ai grandi face à la mer. Revenir ici pour la première fois en 8 ans fait naître en moi un sentiment de nostalgie« , s’émeut une habitante, Sayaka Mori, face aux journalistes de l’agence de presse Kyodo News. Sa maison près de la plage avait été balayée par le tsunami.

Fukushima, …sous Contrôle ?

Fukushima, Situation sous Contrôle ?

Lurinas 18 juillet 2019

Le Japon est passé tout proche de la catastrophe majeure irrémédiable, grâce à une maîtrise toute particulière des premiers jours. Si le danger immédiat est éloigné, les dégâts sont nombreux et leur gestion soumise à une rigueur pointilleuse afin d’en éviter les conséquences encore potentielles menaçantes tels les rayonnements ionisants, les territoires contaminés… Nous allons revenir cette fois sur la situation actuelle des réacteurs, les projections établies à court et moyen termes de la centrale de Fukushima et les solutions envisagées pour contenir définitivement le monstre en sommeil. Mais voilà, rien n’est simple. Fukushima, situation sous contrôle ? 

Le Japon pourra regretter longtemps d’avoir ignoré les avertissements, minimisé le risque d’un tsunami de quinze mètres sur la centrale, alors qu’une vague similaire avait déjà fait plus de 20 000 morts en 1896, avec une hauteur atteignant plus de trente mètres en certains endroits. Et alors même qu’un organisme d’Etat avait estimé non négligeable cette probabilité dès 2002 au large des côtes de Fukushima. Un point aveugle finalement coûteux pour la société japonaise. Il reste avéré que des nécessités financières l’auront emporté sur l’ingénierie et la rentabilité sur la sûreté, ce qui aura pesé dans certains arbitrages. Un rapport du parlement japonais (version française par là) a d’ailleurs révélé la collusion entre les gouvernements antérieurs et l’exploitant.

L’avantage (sic) des anciennes catastrophes nucléaires civiles réside au moins dans leurs problèmes soulevés, les retours d’expérience… Afin de rendre plus efficientes les réactions futures face à de tels événements exceptionnels. Nous avons étudié le contexte particulier qui a prévalu durant ces cinq premiers jours au sein de la centrale même (épisode 2 du préquel) et les questions qu’il a générées.

Mais voilà, loin de nos caméras, la tragédie est pourtant toujours en cours autour de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. Dès le premier jour de la catastrophe, le gouvernement japonais a déclaré l’état d’urgence nucléaire. Tous les résidents ont été évacués, dans un rayon de 3, puis 10 et enfin 20 kilomètres de la centrale (nous reviendrons sur les conditions de vie de la population dans un quatrième volet final).  Aujourd’hui, le mouvement général au Japon est à reprendre le cours normal de la vie nippone, à travers le retour des habitants depuis le printemps 2017, cependant que la Tokyo Electric Power Company (Tepco,  l’exploitant de la centrale, pour mémoire) s’essaye à reprendre le contrôle des installations, programmer l’évacuation des débris des trois cœurs (ce que l’on nomme les coriums) puis la démolition complète du site nucléaire.

Mais quelle est donc la véritable situation actuelle sur cette zone et alentours ? Quelles sont les solutions envisagées pour continuer à maitriser les éléments radioactifs ? Quel est l’avenir de ce site ?

Les grandes manœuvres

Depuis mars 2011 et les manquements révélés (tels que les falsifications des rapports d’accident de la centrale par Tepco), le gouvernement japonais s’essaye également à plus de transparence sur la gestion quotidienne post-catastrophique. Tout un apprentissage : ce n’est ainsi par exemple que deux mois après, en mai 2011, que le gouvernement a reconnu le fait que trois des six réacteurs étaient rentrés en fusion, alors qu’il disposait de cette information dans les heures suivant le tsunami.

Dès décembre 2011, Tepco annonçait l’arrêt à froid (technique qui consiste à stopper un réacteur en situation normale pour changer les barres de combustible par exemple, la température dans la cuve du réacteur descendant alors sous 100°C), laissant envisager la fin de l’état d’urgence et le début de la réhabilitation. Les dégâts étaient tels et les tâches restent si nombreuses que ce sont près de 20 000 travailleurs qui sont intervenus depuis mars 2011. Dans ce genre de situation extrême, comme à Tchernobyl en 1986, c’est au dévouement et aux risques pris par les premiers intervenants que le gouvernement doit d’avoir limité l’ampleur de la catastrophe pour la population japonaise et l’environnement. Les premières interventions se sont faites à l’extérieur, avec peu de moyens. Il a fallu rétablir les lignes électriques, déblayer les débris, souvent avec du matériel télécommandé, immobiliser la contamination au sol et sur les murs par pulvérisation de plastifiants, remonter des diesels et des pompes, rehausser la digue anti-tsunamis. Ces premiers intervenants sont appelés les « liquidateurs », les robots n’étant d’aucune utilité puisqu’ils tombent en panne à cause des radiations élevées mettant en ruine leurs circuits électroniques. Ces équipes d’intervention étaient constituées d’employés de Tepco et de travailleurs recrutés pour la circonstance, attirés par des primes de risque, voire des retraités de Tepco.

Actuellement, des rejets radioactifs pouvant encore être déplorés. La première des actions est de continuer d’arroser les réacteurs, pour lesquelles des équipes se relaient en permanence. Conséquence directe : de l’eau contaminée s’accumule (l’injection d’environ 70 m3 d’eau par jour s’effectuant dans chacun des réacteurs 1, 2 et 3).

Dans le réacteur 3, le cœur a fondu. La radioactivité est encore tellement forte qu’il est impossible de rester plus de dix minutes au sein de l’enceinte. Une explosion d’hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Tous les débris de la partie haute ont été retirés à l’aide d’engins télécommandés et un nouveau bâtiment avec un toit est terminé. Le retrait des combustibles devait débuter en novembre 2018 pour se terminer en 2019 ; finalement l’opération a été retardée puis repoussée en avril 2019. Un retard cumulé de 4 ans a été enregistré par rapport aux plans initiaux, ce qui est conséquent pour cette tranche d’importance rassemblant 566 assemblages usés dans sa piscine. Il y aurait enfin entre 188 et 394 tonnes de corium (mélange aggloméré formé des combustibles nucléaires, des structures métalliques fondues et des bétons du radier sur lequel reposait l’enceinte réacteur). 3000 personnes y travaillent encore sans pouvoir s’en approcher. Les conditions administratives ne comprennent pas d’examens réguliers, quant aux listes précises des ouvriers intervenants, elles souffrent de quelques lacunes.

Les réacteurs 5 et 6 ont été déchargés depuis l’accident et un générateur diesel de secours était encore fonctionnel, si bien que la fusion des cœurs a été évitée sur cette tranche. Ces réacteurs vont être démantelés.

La cuve du réacteur 4 était vide depuis le 11 mars 2011. Aucune fusion ne pouvait se déclarer, mais une explosion sans doute due à l’accumulation d’hydrogène dans l’enceinte a détruit le bâtiment réacteur. Depuis décembre 2014, la piscine de combustible du réacteur (où sont entreposées les barres radioactives usées, pour refroidissement), la plus dangereuse de toutes, a été vidée et les travaux sont arrêtés.

Le réacteur 2 a souffert également d’une fusion du cœur, mais le bâtiment réacteur est entier. Les travaux de récupérations des combustibles usés de la piscine n’ont pas débuté. De nombreux robots ont été envoyés dans l’enceinte de confinement afin de localiser le corium, sans succès jusqu’à janvier 2018. Une seule expédition, faute de radioactivité élevée perturbant définitivement les circuits électroniques, a permis de récupérer des séries d’images grâce auxquelles des dépôts provenant de la dégradation du corium et un élément d’assemblage de combustible tombé au fond de l’enceinte de confinement ont été observés. Il y aurait entre 189 et 390 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 237 tonnes.

Le réacteur 1 a subi une fusion du cœur et une explosion d’hydrogène a détruit son bâtiment. Recouvert d’une nouvelle structure en 2011, elle a été entièrement démantelée en novembre 2016. La piscine de combustibles a été vidée. Il y aurait entre 232 et 357 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 279 tonnes.

Les débris de combustible (les coriums) dans les trois réacteurs restent un problème majeur car ils ont fondu à travers les cuves : une méthode de traitement et d’élimination doit être validée à partir de 2022. Le corium de Fukushima, cette masse fondue au cœur du réacteur demeure donc encore totalement immaîtrisable. Après l’accident, Tepco et le gouvernement ont émis l’hypothèse que la plupart des cœurs avaient fondu dans le réacteur et s’étaient arrêtés à l’intérieur. Le scénario envisageait que les coriums s’amasseraient à l’intérieur du piédestal, intacts au fond du récipient de confinement. Permettant d’émettre le vœu de récupérer les cœurs fondus dans 30 à 40 ans et de les stocker dans un navire, laissant conclure à une gestion complète et paisible de la catastrophe.

Fin 2017, Tepco explorait avec des robots le dessous des cuves accidentées pour localiser précisément le corium. Ce qui n’était pas une mince affaire. Cela fait plusieurs fois que le gouvernement et Tepco ont essayé d’envoyer des robots. Mais, nous vous l’avons précisé, la radioactivité est si forte qu’elle interfère sur les circuits intégrés, si bien qu’aucun robot ne revenait de sa mission jusqu’à maintenant. Fin janvier 2018, Tepco a réussi à introduire une caméra de contrôle à distance, semblable à un gastro-oscilloscope, à l’intérieur du socle sur lequel repose le réacteur. On y découvrait alors que le cœur fuyait à travers un grand trou au niveau de la structure métallique, dégageant une radioactivité de 20 Sv par heure (le seuil admissible maximum pour un humain est de 8 Sv). Sur le chemin du réacteur, les rayons ont parfois atteint des taux de 530 à 650 Sv…

(Intérieur réacteur 2 de Fukushima, janvier 2018)

Actuellement, les quatre réacteurs de la centrale Daiichi sont toujours éventrés, et 3000 liquidateurs travaillent tous les jours pour les démanteler. A terme, les parties hautes des réacteurs nettoyées, il faudra ensuite installer des structures de protection, un pont roulant, et un dispositif permettant d’extraire les combustibles puis de les introduire dans un conteneur de transport.

Globalement, Tepco ignore où se trouvent exactement les cœurs des réacteurs fondus. L’injection d’eau dans les réacteurs pour le refroidissement est toujours en cours et constant (à raison de 3 m / heure dans chaque réacteur) provoque une contamination radioactive de plusieurs centaines de tonnes d’eau par jour et la direction de Tepco est astreinte à construire plus de 1000 réservoirs à l’intérieur du site pour entreposer l’eau contaminée. La quantité d’eau contaminée des réservoirs dépasse déjà un million de tonnes depuis quelques mois.

Le traitement et le stockage des eaux contaminées constitue un chantier imposant. Même si une partie importante de l’eau utilisée pour refroidir les coriums provient de la réutilisation d’eau décontaminée, le stock continue d’augmenter. Les différents systèmes de décontamination des eaux permettent de récupérer la presque totalité des radio-éléments, en particulier le césium et le strontium (dans une partie du stock, le tritium est toujours là). Concernant la situation actuelle, le traitement des eaux au tritium (cet autre élément radioactif), plus de 1.2 millions de mètres cube d’eau, sont stockées sur le site saturé. Par conséquent, il est nécessaire de développer la capacité de stockage ou de trouver d’autres solutions. Tepco prévoit d’ajouter d’autres réservoirs à un taux d’environ 500 m3 de capacité par jour et sa capacité sera d’environ 1,37 million de tonnes d’ici 2020. La commission de régulation de l’Energie Nucléaire (NRA) a demandé à plusieurs reprises le rejet en mer de l’eau traitée, mais toujours tritiée, mais la préfecture de Fukushima et les communautés locales n’ont pas accepté (avec le soutien des pêcheurs notamment). Dans le même temps, la NRA propose de supprimer 2400 bornes de mesure de la radioactivité installées dans le département de Fukushima (à l’exception de 12 municipalités basées dans la zone à évacuer)…

Des actions sont engagées pour limiter les écoulements d’eau contaminée vers l’océan. Des revêtements imperméables ont été mis en place sur les sols extérieurs pour limiter l’infiltration des eaux de pluie. Douze puits ont été mis en service à partir d’avril 2014 en amont de la centrale afin de pomper les eaux souterraines en vue de les rejeter à l’océan avant qu’elles ne se contaminent en passant sous les réacteurs accidentés. Le pompage des eaux contaminées autour des réacteurs a débuté en septembre 2015.

D’un point de vue ingéniérique, Tepco met en place depuis juin 2014 un mur de glace : le sol est alors gelé autour des réacteurs 1 à 4, sur une profondeur de 27 mètres et une longueur de 1,4 kilomètres, grâce à une solution réfrigérante (– 30°C) circulant dans un dense réseau de tuyaux. L’efficacité de cette mesure est mise en doute, certaines portions ne parvenant pas à geler (un bétonnage a alors été préféré sur certaines zones).

Enfin, un mur de 900 mètres de long environ a été mis en place le long de l’océan pour limiter l’écoulement des eaux contaminées vers le milieu marin. Dès novembre 2015, une courbure du mur a été constatée sous l’effet de la pression liée à l’accumulation des eaux souterraines.

Alors que les infiltrations étaient d’environ 450 m3 par jour, elles sont descendues à 150 m3/j et devraient diminuer à 100 m3/j.  Les eaux détournées et pompées sont ensuite rejetées à la mer dès lors qu’elles affichent les valeurs réglementaires très basses. Les eaux pompées en aval des réacteurs sont traitées et décontaminées avant rejet.

Passées ces huit premières années, le déchargement du combustible usé des piscines et l’enlèvement des débris ont donc encore été retardés. Quant aux travaux de décontamination, ils se poursuivent dans la préfecture de Fukushima. Environ 16,5 millions de mètres cubes de sols contaminés ont été générés (pour une facture d’environ 26 milliards de dollars). Le gouvernement élabore des plans pour des installations de stockage provisoire (30 ans certainement) des déchets radioactifs dans la préfecture de Fukushima. En dehors de la préfecture de Fukushima, des sols contaminés sont conservés dans chaque municipalité locale, soit plus de 28 000 emplacements (plus de 333 000 m3 au total). Ces déchets sont destinés à être stockés et éliminés dans chaque municipalité locale sans construire de stockage intermédiaire.

Le projet expérimental vise à recycler les terres décontaminées. Elles pourraient être utilisées comme soubassements. A Iitate, ce matériau devrait servir à surélever des terres agricoles dans une zone si contaminée que les directives d’évacuation y sont encore d’actualité.

La grande facture ouverte

En 1961, la loi japonaise sur la réparation des dommages nucléaires a été promulguée. Elle contraint tout exploitant à débloquer une « réserve de sécurité » d’un milliard d’euros (120 milliards de yen), avant même de se lancer dans l’exploitation des centrales nucléaires, puisqu’il est tenu responsable (« responsabilité illimitée ») pour les dommages nucléaires qu’il a causés, même s’il n’a pas commis de faute. Mais elle prévoit aussi de rendre nulle la responsabilité de l’exploitant en cas de « catastrophes naturelles majeures ». Devant l’ampleur des réactions suscitées dans la population nippone, Tepco a finalement décidé de ne pas demander d’exonération. Seulement, il est rapidement apparu que l’énorme somme d’indemnisation dépasserait les ressources financières de la seule compagnie.

Les estimations oscillent entre 250 et 500 milliards d’euros, que l’État japonais a en fait avancé pour partie (incluant les indemnités versées aux victimes). Car les défis techniques et financiers à relever restent colossaux. Les dernières estimations officielles seraient de l’ordre de plus de 65 milliards d’euros pour le seul démantèlement de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. A cela s’ajoute le montant des indemnisations donc, la décontamination des territoires et l’entreposage des déchets issus de cette décontamination.

En attendant, le procès pénal de Tepco et de ses dirigeants a débuté courant 2018.

Les conditions de travail extrêmes

Nous l’avons évoqué, aucun humain ne peut s’approcher d’un des réacteurs endommagés. L’utilisation de robots télécommandés est privilégiée dans un environnement radioactif où les taux atteignent 530 sieverts par heure. Même en utilisant des robots, le travail ne peut être effectué que pendant des durées très courtes, car les robots ne peuvent supporter que moins de deux heures d’exposition.

Longtemps l’accès aux bâtiments a été interdit par la présence d’eaux très radioactives dans les sous-sols. Trois techniciens furent d’ailleurs irradiés pour avoir marché dans une flaque d’eau et deux d’entre eux furent hospitalisés quelques jours pour des brûlures. Plus largement, la question des conséquences sanitaires des intervenants devra être abordée. De 6000 à 8000 salariés travaillent quotidiennement sur le site. Officiellement, quatre travailleurs ont eu à souffrir de maladies professionnelles reconnues comme résultant de l’accident de Fukushima : trois cas de leucémie et un cas de cancer de la thyroïde, sur les 20 000 personnes qui ont œuvré sur le site entre décembre 2011 et mars 2014 selon les études épidémiologiques (période pendant laquelle la limite de dose avait été portée de 100 mSv à 250 mSv par an pour permettre aux travailleurs d’effectuer des travaux d’urgence).

Oui, en situation d’urgence, on relève les normes sanitaires pour permettre d’intervenir. La loi autorise ainsi (avec l’aval de l’AIEA, l’agence internationale de l’énergie atomique) pour les travailleurs du nucléaire une exposition cumulée maximum de 250 mSv (valeur pour laquelle la probabilité de contracter un cancer est voisine de 1%).
À la fin 2016, 174 travailleurs avaient dépassé 100 mSv, une estimation probabilistique présageant que 2 à 3 cas de cancers additionnels pourraient survenir en plus des 70 cancers environ attendus en l’absence d’exposition. Selon les chiffres officiels, trois décès parmi les travailleurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ont été ajoutés aux 64 travailleurs décédés des conséquences de leur travail.

Dans le même temps, la norme est modifiée également pour la population civile de 1 à 20 msv/an.

Avenir rose fuchsia phosphorescent

En septembre 2017, le gouvernement japonais a révisé la feuille de route à moyen et long termes relative au processus de démantèlement de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi pour lequel trente à quarante ans semblent s’avérer officiellement nécessaires. Huit ans après l’accident, les actions pour maîtriser les installations se poursuivent donc avec l’objectif d’aboutir au démantèlement d’ici 30 à 40 ans. Attendez, nous vérifions… Oui, c’est l’estimation actuelle : le démantèlement est envisagé dans un calendrier de 30 à 40 ans ! Cela correspond au retrait des combustibles présents dans les piscines des réacteurs, au retrait des combustibles dégradés et enfin au démantèlement complet des installations.

Quant aux coriums, ces magmas plus ou moins liquides de très hautes températures et radioactivité, ils ne seraient récupérés au mieux avant 2025, si les programmes de recherche robotique afin de développer des moyens d’investigation complémentaires à ceux déjà mis en œuvre et de concevoir les moyens nécessaires le permettent…

Brèfle, dans ce calendrier irréaliste, les travaux de restauration se poursuivent à Fukushima. Ce qui n’est pas une mince affaire compte tenu de l’état de nos connaissances et du niveau d’intervention et compétences dans ce type de contexte. Et la reconstruction semble en certaines zones s’effectuer selon des considérations des droits de l’homme ‘assez révisées’. De grandes quantités de déchets de décontamination sont en effet stockées dans des zones où l’ordre d’évacuation a été levé et l’exposition aux rayonnements n’y est pas entièrement sous contrôle.

Par ailleurs, la baisse de la radioactivité et les travaux de décontamination dans les territoires contaminés ont permis de lever l’ordre d’évacuation dans la quasi-totalité des zones où le retour était envisageable à court ou à moyen terme. Le choix pour les résidents est alors faussement cornélien : retourner dans leur zone d’habitation alors que les conditions sanitaires ne sont pas encore efficientes ou rester éloignés de la préfecture de Fukushima alors que tout soutien financier est levé pour ceux autorisés à rentrer.

Une telle catastrophe impacte durablement un pays, quel qu’il fusse. En termes de gestion des populations, des territoires contaminés, de réparations pour les générations futures, d’impacts sanitaires… Au-delà de son anticipation, dans quelle mesure la reproduction de ce type d’événement peut-elle voir ses conséquences amoindries ?

Qu’apprend-on vraiment d’une catastrophe ?

Le chercheur Kohta Juraku travaille en recherche sociale qualitative au département des sciences humaines et sociales de l’Université de Tokyo Denki. Sa problématique est par exemple de savoir « pourquoi [il est] si difficile d’apprendre des accidents ».

Prenons SPEEDI, le système de simulation en temps réel pour la radioprotection développé et mis en œuvre sur 30 ans. Il a manqué à sa mission attendue lors de la catastrophe de 2011 : sa sortie n’a jamais été diffusée pour aider à l’évacuation dans la phase aiguë de la catastrophe. De ce secret gouvernemental injustifié, Kohta Juraku en retient les facteurs qui ont entraîné un débat animé quant à l’utilité pratique de SPEEDI. Après l’accident nucléaire, dans ce même ordre d’idée, c’est l’ensemble de la société japonaise qui a souhaité rapidement mener des enquêtes afin d’identifier la cause première de la catastrophe. Quatre grandes commissions d’enquête ont mené des investigations sur les accidents et publié leur rapport final au milieu de l’année 2012. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que les processus, les causes, les antécédents et les impacts de l’accident nucléaire de Fukushima ont été bien appris.

Comment cela ? Prenons les ingénieurs nucléaires nippons.

Estimant que leurs connaissances techniques étaient suffisantes pour comprendre ce qui n’allait pas et pour atténuer la crise, ils ont alors cherché à assurer au public que l’état des centrales nucléaires paralysées de Fukushima n’était pas aussi grave que ce qu’il paraissait. En réalité, les problèmes qui se sont posés lors de la crise nucléaire de Fukushima ont dépassé les attentes des ingénieurs. En se concentrant sur la période d’urgence de la catastrophe nucléaire de Fukushima, il ressort que des biais épistémologiques ont incité les ingénieurs nucléaires japonais de haut niveau à effectuer des évaluations inexactes, ce qui a entraîné une crise prolongée.

Juraku avance le concept d’ingénierie robuste et la façon dont il est utilisé pour surestimer la capacité du système nucléaire à résister aux chocs externes. Aussi, les résultats de toutes ces enquêtes ont plutôt permis de sanctionner l’industrie nucléaire, de produire des réformes de réglementation au lieu de s’interroger sur les systèmes technologiques complexes et à haute fiabilité, ainsi que leurs défaillances.

Alors qu’attendre d’un tel accident nucléaire du point de vue de l’apprentissage ? Concernant les déficits en matière de gouvernance des risques du programme nucléaire ? La résilience doit-elle être le nouveau paradigme en matière de sûreté nucléaire ? Quelles éthiques dans le processus d’apprentissage social post-accidentel ?

Juraku affirme que certains déficits de la gouvernance nucléaire japonaise sont restés, voire se sont trouvés aggravés par rapport à avant l’accident de Fukushima. L’opinion publique reste ainsi majoritairement négative sur le programme nucléaire dans son ensemble, sur les organisations concernées et sur le redémarrage de centrales nucléaires modernisées, tandis que l’administration Abe (premier ministre de la péninsule) a officiellement décidé de maintenir l’utilisation de l’énergie nucléaire au Japon en tentant de rétablir la confiance du public.

Un accident nucléaire grave aurait pu être interprété comme l’un des cas les plus extrêmes et les plus typiques d’accident d’organisation avec des conséquences graves. Il va sans dire que l’affaire Fukushima a été la première expérience de ce type pour la société japonaise. L’un des problèmes centraux des problèmes de Fukushima est qu’il n’a pas été mis à profit de façon efficiente. Parce que les réponses qui pourraient être légitimement apportées reposent sur autre chose que des chiffres.

Opération HNK

Les causes structurelles de ce type de catastrophe se résument dans le fonctionnement du « secret institutionnalisé ». L’accident nucléaire de Fukushima aurait été causé par des insuffisances techniques associées à des obstacles institutionnels. Et c’est certainement là le problème principal inhérent. Qui pourrait se reproduire dans n’importe quel pays industrialisé nucléarisé si l’expérience ne servait à rectifier ces biais.

Ainsi, les nombreuses questions que pose la sûreté des centrales méritent d’être débattues. Toutes celles perçant sous les articles dédiés à Fukushima, mais aussi celles liées à l’absence de diesels d’ultime secours, et les récents reproches du président de l’Autorité de sûreté nucléaire à EDF et Orano sur leur médiocre réactivité en matière de sûreté et le non-respect de leurs engagements. Notre pays, nucléarisé comme aucun autre, ne peut se permettre de ne pas aborder toutes les problématiques liées à ce secteur industriel particulier.

C’est, au-delà des débats publics et consultations en cours, toute la lumière que nous nous apprêtons à faire sur le nucléaire en France. Un dernier épisode du préquel de notre projet vous sera proposé prochainement : il concernera la vie de la population dans ce contexte post-catastrophique.

Opération HNK in progress !

Lurinas

Plus radioactives que…

Plus radioactives que Tchernobyl et Fukushima, ces îles du Pacifique sont des victimes de la guerre froide

L’analyse d’échantillons de sol a révélé que les îles Marshall, situées au beau milieu de l’océan Pacifique, gardent de profonds stigmates des essais nucléaires que l’armée américaine y a menés. Les taux de radioactivité de cette zone dépassent ainsi ceux de Tchernobyl et de Fukushima.

Les taux de radioactivité des îles Marshall, sur lesquelles les États-Unis ont effectué plus de 65 tests nucléaires pendant la guerre froide, sont supérieurs à ceux de Tchernobyl et de Fukushima, révèle une récente étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Columbia et évoquée dans le New York Post.

Les chercheurs ont analysé des échantillons de sol prélevés sur quatre îles inhabitées, concluant que le taux d’isotopes radioactifs y était «nettement» plus élevé que celui autour de Tchernobyl et Fukushima.

Cette étude a été menée en lien avec le «potentiel de repeuplement d’au moins certains des atolls des Îles Marshall», a expliqué David Krofcheck, du département de physique de l’Université d’Auckland.

Selfies à Tchernobyl ou le boom touristique dans la zone d’exclusion autour de la centrale

© Sputnik . StringerSelfies à Tchernobyl ou le boom touristique dans la zone d’exclusion autour de la centraleEntre 1946 et 1996, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont effectué des centaines d’essais nucléaires sur des îles du Pacifique.

Les Américains ont notamment réalisé plus de 100 tests, dont 67 entre 1946 et 1958, sur les atolls de Bikini et d’Enewetak, dans les Marshall, à mi-chemin entre l’Australie et Hawaï.

La bombe «Cactus», qui a explosé en 1958 sur l’île de Runit, y a laissé un profond cratère. Deux décennies plus tard, l’armée américaine a déversé dans celui-ci les déchets contaminés de dizaines d’autres tests. Le tout a été recouvert en 1979 d’un vaste dôme circulaire de béton de 115 mètres de diamètre et de 45 centimètres d’épaisseur.

Cette solution de stockage devait être temporaire. Pour des raisons de coûts, le fond du cratère n’a pas été isolé à l’aide d’une couche de béton, engendrant les craintes d’un lessivage des matières radioactives.

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