Japon : l’erreur d’un employé fait croire à un incident nucléaire
Ph. L. avec AFP|19 juin 2019, 14h24|MAJ : 19 juin 2019, 15h59
Le site nucléaire Kashiwazaki-Kariwa dans la préfecture de Niigata, est opéré par la même compagnie que le site de Fukushima, ravagé par le séisme et le tsunami de 2011. AFP
A la suite du séisme de mardi, l’employé a coché la mauvaise case sur un rapport adressé par fax aux autorités locales. La compagnie Tepco, la même qu’à Fukushima, s’est confondue en excuses.
La compagnie d’électricité japonaise Tepco a failli créer la panique dans la nuit de mardi à mercredi en signalant des anomalies sur un site nucléaire à la suite d’un séisme. Il s’agissait en fait d’une erreur d’un employé.PUBLICITÉ
L’employé de Tokyo Electric Power, connue dans le monde entier comme exploitante de la centrale de Fukushima accidentée en mars 2011, avait coché la mauvaise case sur un fax, outil de communication encore fréquemment utilisé au Japon entre organismes officiels.
L’employé étourdi avait coché une case qui signifiait « présence d’anomalie », concernant les équipements de refroidissement d’un bassin de combustible d’un des sept réacteurs du site. Un second employé a vérifié avant d’envoyer, sans remarquer la gaffe.
Une gaffe «pitoyable », selon le maire qui l’a remarquée
Le tout s’est produit 30 minutes après le séisme de magnitude 6,4 enregistré près de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, dans la préfecture de Niigata. C’est le maire d’une des municipalités destinataires de cette information qui a remarqué l’erreur : Masahiro Sakurai s’est empressé de faire appeler Tepco pour avoir des détails sur ce rapport.
La compagnie a compris sa bourde et l’a rectifiée 17 minutes plus tard. Un porte-parole a présenté les excuses de l’entreprise et promis qu’elle serait plus vigilante. Jugeant « pitoyable le fait de se tromper sur une information aussi importante en pleine crise », le maire a protesté pour cette gaffe auprès de Tepco.
Déjà affectée par un tremblement de terre meurtrier en 2007, la centrale Kashiwazaki-Kariwa, la plus importante du Japon, est actuellement à l’arrêt. Elle ne pourra redémarrer que si elle se met en conformité avec les nouvelles normes de sûreté durcies après l’accident de Fukushima.
La direction de Tepco dit étudier le démantèlement de ses réacteurs 1 à 5 mais espère pouvoir relancer les unités 6 et 7. Le séisme de mardi soir, en dépit de sa force, n’a fait que des dégâts mineurs et 26 personnes ont été blessées, dont deux sérieusement.
Le Japon frappé par un puissant séisme dans le Nord-Ouest
L’alerte tsunami a été levée environ deux heures et demie après le tremblement de terre. La crainte de répliques est en revanche toujours importante.
Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 16h17, mis à jour à 18h25
Carte montrant l’épicentre du séisme de magnitude 6,8 ressenti mardi 18 juin au Japon.
Un violent séisme s’est produit dans la soirée de mardi 18 juin, au large de la préfecture de Yamagata, dans le nord-ouest du Japon. L’agence de météorologie japonaise a estimé sa magnitude à 6,8. Dans l’immédiat, on ne signale ni victime ni dégâts majeurs.
Les autorités ont émis, dans un premier temps, un avis de tsunami, craignant qu’un raz-de-marée d’un mètre ne déferle sur une partie de la côte nord-ouest de l’île de Honshu. Mais l’alerte a été levée environ deux heures et demie après le tremblement de terre.
« Des secousses vraiment fortes ont été ressenties », a rapporté un commentateur de la chaîne publique NHK, qui a immédiatement interrompu ses programmes pour diffuser les informations relatives à ce séisme ressenti dans une très large partie de l’île principale d’Honshu, y compris à Tokyo. Les secousses ont notamment atteint une intensité grimpant à 6 + sur l’échelle japonaise de ressenti dans plusieurs localités, un niveau auquel il est jugé difficile de se maintenir debout.
Crainte de répliques
« Il est fort possible que se produisent de nouvelles fortes secousses, soyez vigilants », répétaient en boucle les commentateurs des chaînes de télévision, insistant sur le danger près des côtes. Les centres d’appel des services d’urgence ont été instantanément saturés, et des coupures de courant constatées, tout comme des fuites de gaz et des trains stoppés. Les compagnies d’électricité n’ont toutefois pas signalé d’anomalies dans les installations situées dans le périmètre affecté.
Le tremblement de terre s’est produit en pleine nuit dans une zone en grande partie rurale et il n’est ainsi pas facile de tout évaluer rapidement. La NHK a rapporté des glissements de terrain au moment où des habitants étaient en train d’évacuer leurs logements. Le gouvernement a monté une cellule spéciale pour suivre la situation et mettre en œuvre les dispositions nécessaires, a précisé le porte-parole de l’exécutif, Yoshihide Suga, lors d’un point de presse.
Le Japon est situé à la jonction de quatre plaques tectoniques et subit chaque année environ 20 % des plus violents séismes recensés sur la planète. Tous les Japonais gardent en mémoire le terrible tsunami du 11 mars 2011 qui, suite à un tremblement de terre de magnitude 9 au large, avait tué 18 500 personnes et provoqué l’accident nucléaire de Fukushima.
Pendant son relais à travers le pays hôte, la flamme olympique est souvent associée à des messages de paix et d’espoir et est devenue l’un des symboles les plus forts du Mouvement olympique. En 2020, la flamme olympique symbolisera non seulement l’aube d’une nouvelle ère pleine d’espoir qui éclairera notre chemin mais, à mesure que les Jeux approcheront, elle transmettra aussi à tout le Mouvement olympique la joie et la passion des Japonais.
Découvrez la torche qui sera utilisée lors du relais de la flamme olympique de Tokyo 2020 ainsi que l’emblème.
Concept du relais de la flamme olympique de Tokyo 2020
Le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo (Tokyo 2020) a dévoilé hui le concept du relais de la flamme olympique, « L’espoir éclaire notre chemin ». Le relais portera des messages de soutien, d’inclusion et de fraternité qui viseront à rassembler la population japonaise. Pendant son relais à travers le pays hôte, la flamme olympique est souvent associée à des messages de paix et d’espoir et est devenue l’un des symboles les plus forts du Mouvement olympique. En 2020, la flamme olympique symbolisera non seulement l’aube d’une nouvelle ère pleine d’espoir qui éclairera notre chemin mais, à mesure que les Jeux approcheront, elle transmettra aussi à tout le Mouvement olympique la joie et la passion des Japonais.
Tokyo 2020 a également annoncé que la flamme olympique sera exposée dans différents endroits du Tohoku juste après son arrivée au Japon pour que ce message d’espoir soit délivré en premier dans les régions touchées par le séisme et le tsunami de 2011. C’est seulement après que le relais de la flamme olympique commencera son périple à travers les 47 préfectures du Japon.
Relais de la torche olympique
Le relais de la torche commence à Olympie, en Grèce, où la flamme olympique est allumée par les rayons de soleil. La flamme parcourt tout le territoire grec avant d’être transportée jusqu’au pays hôte où la torche est portée jusqu’à la cérémonie d’ouverture des Jeux. La flamme olympique est mondialement reconnue comme le symbole des Jeux Olympiques et sa traversée représente les idéaux olympiques de paix, d’unité et d’amitié. Le relais de la torche permet de véhiculer les valeurs olympiques dans l’ensemble du pays hôte et sert à soulever l’intérêt et à créer l’attente vis-à-vis des Jeux. Il a fallu attendre les Jeux d’Amsterdam 1928 pour voir la première flamme olympique des Jeux modernes illuminer la vasque édifiée à l’extérieur du stade principal. Une proposition a été formulée pour poursuivre cette pratique qui perdure encore aujourd’hui. L’allumage de la flamme olympique a lieu plusieurs mois avant le début des Jeux Olympiques sur le site sacré d’Olympie près du temple d’Héra. Des centaines de personnes se relaient pour porter la torche sur une courte distance jusqu’à ce qu’elle atteigne le site principal des Jeux le jour de la cérémonie d’ouverture. Les derniers porteurs amènent la torche jusqu’au stade pour embraser la vasque olympique. La flamme reste allumée pendant toute la durée des Jeux et n’est éteinte qu’à la cérémonie de clôture.
Le parcours de la flamme des Jeux de Tokyo est connu. Le comité d’organisation l’a dévoilé samedi 1er juin, ainsi que les uniformes qui seront portés par les 10 000 porteurs du flambeau sur les différents relais. Comme annoncé plus tôt, le relais de la flamme débutera débutera le 16 mars 2020 au J-Village de Fukushima, un centre national d’entraînement de football, fortement touché par le tsunami de 2011. Il passera ensuite par Okuma, où se trouve une partie du complexe nucléaire de Fukushima, et par le château de Kumamoto. La flamme olympique traversera les 47 préfectures du Japon, depuis Hokkaido au nord de l’archipel, jusqu’à l’île d’Okinawa au sud. Pas moins de 98 % de la population japonaise réside à un maximum d’une heure de trajet du parcours. La flamme olympique passera notamment par le Mémorial de la paix à Hiroshima, et par le mont Fuji. Son parcours durera 121 jours jusqu’au 24 juillet 2020, où la flamme sera allumée dans le stade de Tokyo pendant la cérémonie d’ouverture. Quant à l’uniforme des porteurs de la flamme, il a été conçu par le couturier Daisuke Obana. Il sera en partie fabriqué à partir de bouteilles en plastique recyclées
Unité 3 de Fukushima Daiichi : le transfert du combustible de la piscine a commencé
Quand le bâtiment réacteur n°3 de Fukushima Daiichi a explosé le 14 mars 2011, il y avait 566 assemblages dans la piscine de refroidissement : 514 de combustible usé et 52 de combustible neuf. Depuis, ces 100 tonnes de combustible sont restées une menace dans un bâtiment déstructuré, malgré l’habillage récent, sans enceinte de confinement. Avec quelques années de retard par rapport aux prévisions, Tepco vient de commencer à retirer ces assemblages pour les transférer dans la piscine commune du site.
Or, malgré tous ses efforts de communication, Tepco n’a jamais expliqué la succession d’explosions qui ont eu lieu en 2011 dans ce bâtiment réacteur n°3 en provoquant l’émoi du monde entier. L’opérateur n’a pas plus montré l’état des combustibles de la piscine de refroidissement, sinon par de rares photos prises à quelques endroits de la piscine. C’est pourquoi il est intéressant de suivre l’évolution de ce transfert d’assemblages, opération qui est programmée pour durer deux ans.
PF
Ecorché du réacteur 3 (capture vidéo + légendes)
Comme pour le réacteur 4, Tepco a reconstruit une toiture sur le bâtiment détruit en 2011 et a installé de nouveaux équipements permettant le transfert : une machine de chargement de combustible qui transfère les assemblages et une grue sur pont roulant qui transporte les conteneurs du niveau 5 au niveau du sol.
Un crochet au bout d’un long bras permet de sortir chaque assemblage de son logement dans les paniers. Sept assemblages de combustible neuf ont été gérés du 15 au 23 avril 2019 ; ils ont été placés un à un dans un conteneur de transport à l’aide de la machine de chargement de combustible. Ce conteneur est un grand fût cylindrique blindé de plomb. Une fois chargé, il est fermé, sorti de la piscine et chargé sur un camion qui le mène à la piscine commune. Là, il est plongé dans l’eau, ouvert, et les assemblages sont placés dans un panier.
Ce transfert va prendre beaucoup de temps car le bâtiment réacteur 3 est encore fortement radioactif et tout se fait à distance avec des grues radiocommandées. Or ces manipulations nécessitent une très grande attention car tout se joue au millimètre ; il faut éviter tout choc ou précipitation. Voici une série de captures d’écran tirées d’une vidéo de Tepco montrant les différentes phases.
Vue aérienne du réacteur 3 côté est (capture vidéo)
Le bâtiment réacteur 3 vu du sol (capture vidéo Tepco)
Les opérateurs travaillent à 500 m de distance de la piscine (capture vidéo Tepco). Il faut dire qu’il ne fait pas bon rester trop longtemps au bord de cette piscine où l’on enregistre toujours, malgré le nettoyage et la protection de l‘eau, une dose de plus de 700 µSv/h.
Prise de mesure au bord de la piscine du BR3 (capture vidéo Tepco)
Matériel de chargement de combustible et de transfert de conteneur (capture vidéo Tepco)
Vue 1 de la piscine de combustible (capture vidéo Tepco)
Vue 2 de la piscine de combustible (capture vidéo Tepco)
Vue 3 de la piscine de combustible (capture vidéo Tepco)
Vue 4 de la piscine de combustible (capture vidéo Tepco)
Un assemblage de combustible neuf est sorti de son panier (capture vidéo Tepco)
On remarque qu’il existe des dépôts solides clairs en forme de gouttes collés sur les parois extérieures du panier dont la taille varie entre 2 et 8 cm. Le site Simply Info estime qu’il s’agit de la même substance dont on a constaté visuellement la présence dans l’enceinte de confinement sous la cuve du réacteur en 2015. Simply Info explique qu’il pourrait s’agir d’éclaboussures de matière ressemblant à de la pierre ponce qui aurait pu se former avec la fonte du béton du fond de l’enceinte de confinement lors du melt-through. Cette hypothèse de formation de rhyolithe est intéressante ; toutefois, on imagine mal quel trajet auraient pu prendre ces éclaboussures entre le fond de l’enceinte de confinement et la piscine de combustible, alors que l’on a constaté que les dalles antimissiles surmontant de puits de cuve étaient restées en place.
Assemblage placé dans le conteneur de transfert dans la piscine de combustible du réacteur 3 (capture vidéo Tepco)
On remarque deux choses sur cette image de l’assemblage : 1. Sa base a une couleur noire puis une couleur grise différente de la couleur générale de l’enveloppe. Ces différences de couleur sont également visibles sur une autre image au moment de la sortie du conteneur d’un autre assemblage. Une hypothèse est que ce niveau noir corresponde à un niveau de vase en fond de piscine qui pourrait provenir de résidus qui sont tombés dans la piscine le jour de l’explosion ; on se souvient que le nuage provoqué par l’explosion principale était très sombre et que beaucoup de choses avaient atterri dans la piscine, dont la machine de chargement de combustible.
2. L’assemblage a subi une corrosion : on remarque deux trous. Etant donné qu’il s’agit d’assemblages de combustible neuf, on peut se demander de quelle manière ils ont pu être détériorés. Tepco nous donnera peut-être un jour une explication.
Le conteneur est visible au fond de la piscine ; le bras porte un assemblage (capture vidéo Tepco).
La grue sort le conteneur de la piscine du réacteur 3 (capture vidéo Tepco).
Le conteneur est transféré à l’extérieur (capture vidéo Tepco).
Le camion portant le conteneur s’approche de la piscine commune (capture vidéo aérienne Kyodo news).
Le conteneur est placé dans la piscine commune (capture vidéo Tepco).
Machine de chargement de la piscine commune (capture vidéo Tepco).
Piscine commune et bras de la machine de chargement (capture vidéo Tepco).
Assemblage retiré du conteneur de transfert dans la piscine commune (capture vidéo Tepco)
Le septième assemblage est rangé dans un panier de la piscine commune (capture vidéo Tepco).
Au Japon, une personne sur trois a 65 ans ou plus. L’archipel grisonne mais innove par la même occasion. Contraint et forcé, il invente une nouvelle société. Et bouscule notre regard sur le troisième âge. Aujourd’hui, «l’instinct de vie» des personnes âgées dévoilée en photo par un livreur de bentos.
L’actu Libé, tous les matins.
Au début, ce fut le choc. Les odeurs qui agrippent le nez dès que la porte s’ouvre. Celles du renfermé, des ordures, de la pisse. Des souvenirs de vie qui s’effilochent en vrac sur le sol ou les étagères. Parfois même les sacs-poubelles qui s’amassent au rez-de-chaussée, l’habitant qui se réfugie à l’étage. Et, partout, l’immense solitude qui envahit les lieux. Atsushi Fukushima a pris peur. Etudiant en photographie de l’université des arts d’Osaka, il n’avait aucun projet en tête, il recherchait juste un petit boulot pour financer ses cours. Il avait opté pour la livraison de bentos (boîtes repas) aux personnes âgées. «A l’époque, il y a quinze ans, on commençait à parler du vieillissement de la société japonaise. J’avais envie de voir à quoi ça ressemblait»,dit-il sobrement. De toute évidence, il ne s’attendait pas à voir ça.
Ses photos, exposées dans le cadre de KG+, le off du festival Kyotographie à Kyoto, dévoilent des scènes de vie ou de survie que l’archipel ne montre pas. Une porte s’entrouvre. Un homme gît à terre, les cheveux étoilés de flocons de duvet. Une femme reçoit un baiser de son chat sur le front. Des bentos vides. Des pieds sur un lit. L’une fait un joli sourire édenté. L’autre tourne le dos. De vieux clichés noir et blanc. Des papiers classés, entassés. Des existences entières ratatinées dans des logements surannés et des corps flétris…
Atsushi Fukushima aurait bien tourné les talons. «Mais je devais rentrer chez les gens pour donner les bentos, rester un peu pour pouvoir écrire un court rapport sur leur situation.» Alors il a franchi les seuils un à un, jour après jour. Il a commencé à discuter. Ecouter. «Rien ne m’est jamais arrivé», lui a dit un vieil homme. «A quoi bon», lui a rétorqué un autre devant son repas. Pendant six mois, Atsushi Fukushima n’est pas allé plus loin. Puis son patron lui a suggéré de réagir en photographe, de témoigner. Il s’est donc fait livreur de bentos avec un appareil en bandoulière. Mais pendant six autres mois, il n’a pas pris une photo.
Quand il a commencé à appuyer sur le déclencheur, ses clients amusés ont pris la pose. Le livreur a aussi volé des clichés. «A quoi bon demander l’autorisation, le lendemain ils avaient tout oublié…» Avec ce travail mené patiemment sur dix ans, le photographe basé à Kanagawa vient de remporter le prix KG+. Ses clichés semblent s’appesantir sur une triste réalité. L’auteur de 38 ans affirme qu’il n’en est rien. «Le corps vieillit, pas le regard. Ces gens me regardaient avec des yeux vifs. Ils m’ont transmis tant de choses ! Je suis arrivé avec un préjugé, celui de prendre en photo des gens seuls, solitaires, abandonnés. Mais les êtres humains sont coriaces. Même à terre, couchées dans des journaux, ces personnes mangeaient leurs bentos, elles voulaient vivre ! Ces images sont positives. J’ai découvert avec elles la beauté de l’instinct de vie.»
Des lycéens français visitent la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi
Lors d’un débat après le film « Fukushima, le couvercle du soleil », une personne n’a pas voulu me croire quand j’affirmais que j’avais eu connaissance que des lycéens avaient visité la centrale de Fukushima Daiichi et étaient passés en bus devant les réacteurs. J’ai été surpris par cette réaction de déni à laquelle je ne m’attendais pas ; c’est pourquoi j’écris cet article : pour répondre à cet homme incrédule. Peut-être vous non plus, vous ne m’auriez pas cru ? Heureusement, j’avais été tellement choqué en voyant cette vidéo que je l’avais enregistrée. Je suis donc à même de vous le prouver.
Voici donc une vidéo montrant un voyage d’étude de lycéens de différents pays, dont la France. Ce reportage a été diffusé le 16 août 2018 par la chaîne japonaise TBS News. À 5:15, après que le bus des lycéens soit passé devant le réacteur n°4, un guide parle en japonais. Une traductrice poursuit : « Maintenant, c’est 10 microsieverts » ; « et ça va augmenter très vite » ; cela veut dire : on va passer devant le réacteur n° 3… Fait et dit : « maintenant, c’est 70 ».
On voit bien la manipulation : aucun jeune dans le bus ne semble montrer la moindre inquiétude. Pourtant, 70 µSv/h, ce n’est pas anodin. Pourquoi imposer ça à des enfants ? Pourquoi leur faire croire qu’ils ne risquent rien ? Sinon pour aller répandre la bonne parole rassurante aux quatre coins de la planète ? Fukushima, on maîtrise, ce n’est plus dangereux, on peut même y faire du tourisme nucléaire et ne prendre qu’une dose de 0,01 mSv. La propagande pour des JO propres est bien en cours, sur tous les fronts. « La façon la plus simple de partager cette expérience, c’est tout simplement de la raconter, d’expliquer ce que nous, on a vu, que ce soit à nos amis, à nos parents », explique Adèle, du lycée Notre-Dame de Boulogne-Billancourt, à la fin du reportage.
Au Japon, on utilise également les enfants pour faire croire à la population que la pollution radioactive n’est pas un problème sanitaire : il n’est pas rare, toujours dans un intérêt collectif, de faire participer des élèves à la décontamination, comme ces collégiens et lycéens qui avaient participé en 2015 au nettoyage de la route nationale 6 en t-shirt alors que cette route était interdite jusque-là pour cause de forte contamination radioactive.
En 1978, quand l’Amoco Cadiz s’était échoué sur les côtes de Bretagne, on m’avait proposé de participer à un voyage pour démazouter les plages. J’avais tout de suite dit oui. Quand on est adolescent, on ne réfléchit pas beaucoup. Sauf si on est informé. Je n’ai jamais été informé des risques que représentait l’inhalation de gaz toxiques émis par le pétrole brut. J’y suis allé car je voulais aider, et puis l’idée d’un voyage en Bretagne était plaisante également. Les nausées, les maux de tête, c’était normal, on le supportait. Et puis de toute manière, on avait des gants, des bottes et des cirés, on était protégé. Du moins on le croyait. Je pense que pour ces jeunes lycéens que l’on emmène à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, c’est encore pire. Car les adultes qui les encadrent, les proviseurs qui organisent, les parents qui autorisent n’ont aucune excuse. Ils savent tous que la radioactivité est dangereuse et que la poussière est porteuse de microparticulesradioactives. Alors pourquoi emmènent-ils des enfants dans des zones contaminées, au plus près du monstre qui a créé cette catastrophe ? Je ne comprends pas.
Que des journalistes prennent le risque de visiter la centrale, pourquoi pas ? Ils sont adultes et ont les capacités de connaître les dangers. Pour des enfants, c’est différent. Ils sont embarqués dans un parcours scolaire dont ils ne maîtrisent pas encore le contenu. Ils ne peuvent donc pas consentir à se faire irradier et inhaler des particules radioactives en connaissance de cause car ils sont trop jeunes et leur formation à la radioprotection est limitée au discours officiel franco-japonais. En effet, ces voyages font partie d’une formation à la radioprotection qui comprend ce questionnement : « Quels sont les effets des rayonnements ionisants sur la santé et comment évalue-t-on le risque aux faibles doses ? » Le message est donc clair : les faibles doses, ce n’est pas dangereux ; la preuve, on peut vous faire visiter une centrale nucléaire fraichement accidentée…
Pourtant, plusieurs études scientifiques ont déjà démontré que les faibles doses étaient dangereuses, et spécialement pour les enfants. Alors j’écris cet article également pour ces adolescents, j’espère qu’il parviendra jusqu’à eux. J’espère qu’ils liront les conclusions des études qui ne seront pas diffusées durant leur formation. J’espère que leurs parents les liront aussi et qu’ils prendront connaissance des témoignages d’autres parents.
Editorial. Expansionnisme chinois, désengagement américain, tensions nord-coréennes, réformes sociétales… autant d’enjeux majeurs auxquels doit faire face le gouvernement japonais mais aussi la nouvelle institution impériale.
Le nouvel empereur du Japon, Naruhito, et son épouse, Masako, lors de son premier discours public, le 4 mai, au palais impérial de Tokyo. / Fumine Tsutabayashi / AP
Editorial du « Monde ». Vendredi 3 mai, pour les 72 ans de la Constitution pacifiste japonaise, le premier ministre, Shinzo Abe, a renouvelé son engagement de réviser la Loi fondamentale d’ici à 2020, afin d’affranchir le Japon des contraintes de l’article 9 par lequel il renonce à la guerre, à la menace ou à l’usage de la force comme moyens de règlement des conflits internationaux. Il souhaite aussi que son pays puisse participer à la défense d’un allié menacé.
Intervenant deux jours après le sacre d’un nouvel empereur, ce rappel des ambitions du camp conservateur au pouvoir de faire du Japon un pays « normal » interroge sur les surprises que réserve l’ère Reiwa, inaugurée le 1er mai. Les ères constituent, sauf accident, des temps longs, jalonnés d’événements ou de crises marquants, comme le furent pour l’ère Heisei l’éclatement de la bulle économique et la catastrophe de Fukushima, susceptibles de modifier plus ou moins brutalement le cap de cette nation insulaire de 125 millions d’habitants.
Dans l’ère qui s’ouvre, le Japon devra certainement compter avec le formidable expansionnisme chinois, le désengagement américain, et, qui sait, les missiles nord-coréens – autant de menaces qui favorisent les projets nationalistes de l’actuel gouvernement. Face aux « nouvelles routes de la soie » chinoises, ambition planétaire d’un genre nouveau, Tokyo s’active pour promouvoir une région Indo-Pacifique libre et ouverte, respectueuse de l’Etat de droit, de la liberté de navigation et de la transparence.
Popularité renforcée
Dans ce contexte changeant, le nouvel empereur, Naruhito, dépourvu de prérogatives politiques mais nimbé de l’aura du sacré, agit comme un contrepoids : tout indique qu’il restera fidèle aux postures pacifistes et humanistes de ses parents, aussi bien vis-à-vis des victimes du passé militariste du Japon que de celles des désastres naturels et industriels qui l’ont frappé. Akihito et son épouse ont incarné jusqu’à l’abnégation la modestie et le dévouement – dans une ère qui fut, à ses débuts, marquée par l’hubris d’un pays aveuglé par sa réussite économique.
En devenant le premier empereur depuis deux siècles à abdiquer, le nouvel « empereur émérite », selon la formule officielle, a encore renforcé sa popularité – et celle de l’institution impériale. Mais celle-ci est aussi un symbole de conservatisme : une unique femme était présente à la cérémonie d’intronisation de Naruhito – la seule du gouvernement Abe, ce qui en dit beaucoup sur l’état désastreux de la parité. En 2018, l’Archipel figurait à la 110e place mondiale (sur 149 pays) pour l’égalité hommes-femmes, selon le World Economic Forum.
Abdication d’Akihito : un empereur du Japon pas comme les autres
Malgré Fukushima, le Japon n’a pas vu émerger de mouvement écologique digne de ce nom. La contestation ne s’y exprime qu’à la marge, en dépit des inégalités qui montent. Le pays est à la traîne sur le mariage pour tous, et très réticent à adapter sa politique d’asile aux défis du monde d’aujourd’hui – n’ayant accepté que 42 personnes l’an dernier sur 10 000 demandes, le double il est vrai de 2017. L’immigration y reste très limitée – et tributaire des besoins des entreprises. Enfin, les modalités d’application de la peine de mort, ou encore les rigueurs de son système judiciaire, dont l’ex-patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a pu faire les frais, continuent d’être dénoncés par les ONG de défense des droits de l’homme.
Certes, la classe politique japonaise a été épargnée par le populisme et les extrémismes. Mais ce conservatisme persistant est un corset qui empêche le pays de se réinventer.
Lors des JO 2020 de Tokyo, des épreuves pourraient avoir lieu à Fukushima
S.TA. Publié le jeudi 02 mai 2019 à 09h18 – Mis à jour le jeudi 02 mai 2019 à 09h26
C’est avec surprise que le professeur Bruno Bernard, expert en commerce international et docteur honoris causa de la Caucasus University (Géorgie) a découvert que le Japon comptait organiser certaines épreuves des prochains JO à Fukushima.
Pour rappel, la zone a été victime d’un accident nucléaire consécutif à un tsunami en 2011. C’est par le biais d’une interview de la télévision coréenne sur la pêche que Bruno Bernard a entendu parlé de cette histoire. « Nous devions parler de la pèche en mer de Fukushima et des 1 200 000 000 m3 d´eaux radioactives rejetées lentement dans l´océan et son impact sur les poissons destinés à la Corée ou ailleurs? L´OMC a donné raison en seconde instance à la Corée qui refuse les produits de la mer venant du Japon. », explique le professeur Bernard.
C’est à la fin de l’interview que la question est arrivée. « Ils m’ont expliqué qu’afin de montrer à son peuple et au monde que la région Fukushima est sûr le Premier ministre du Japon, Abe souhaitait que lors des Jeux Olympiques qui se dérouleront à Tokyo en 2020, certains matchs du sport comme le baseball et le softball aient lieu à Fukushima. Avec on le suppose au menu des cantines olympiques du poisson frais? », explique encore Bruno Bernard. La télévision coréenne voulait savoir ce que l’on pense en Europe de cette idée alors que « le problème de l’exposition aux rayonnements n’a pas encore été complètement résolu » ajoute le professeur.
Curieux d’en savoir plus, Bruno Bernard a contacté plusieurs fédérations sportives en Belgique « Ces instances ont découvert via ma question que certaines épreuves se dérouleraient sur place et sont tombés des nues. », conclut-il.
A Fukushima, la vie doit impérativement reprendre ses droits. Ainsi, en a décidé le gouvernement Nippon. C’est pour cela, qu’il a déjà obligé 23 % de la population réfugiée après la catastrophe du 11 mars 2011, à rentrer dans les communes de l’ancienne zone d’évacuation. Pour parfaire l’image et la communication, de nombreux événements sportifs se dérouleront dans cette zone.
En effet, en septembre 2019, l’un des matchs de la Coupe du monde de rugby, se tiendra au nord de Fukushima. En 2020, Fukushima accueillera le relais d’ouverture des Jeux olympiques qui se dérouleront au Japon.
La vie peut et doit reprendre ses droits, c’est le message que les autorités internationales de gestion du nucléaire japonais veulent faire passer pour plusieurs raisons.
La première raison est hélas classique. La prise en charge de l’évacuation des habitants cela coûte très cher, trop cher pour les organismes qui s’en occupent. C’est la raison pour laquelle le seuil de radioactivité jugé “raisonnable” pour le citoyen moyen, est passé de 1 à 20 msv/an depuis la catastrophe. Cette réouverture d’une partie de la zone d’évacuation reste un sujet extrêmement polémiques. Cependant, il ne faut pas oublier qu’en toile de fond, le gouvernement continu dans la trajectoire des directives annoncées qui accompagnent sa politique de relance d’une partie du parc nucléaire soit 9 des 54 réacteurs actifs avant l’accident.
Face à cela, le relogement des habitants pèse de moins en moins lourd. Cela se traduit en premier lieu, par la fermeture des cités de logements provisoires dans l’ensemble des trois départements touchés par la catastrophe. Dans le même temps, il est procédé au relogement d’une partie des habitants dans des cités de logements collectifs.
A cela, il faut ajouter des mesures “incitatives”, comme la coupure des aides financières aux réfugiés. L’évacuation contrainte et mal accompagnée se traduit par des situations souvent dramatiques. Les associations chargées du suivi sanitaire des habitants sont de moins en moins nombreuses. Elles ne peuvent que constater, la fermeture des cités de logements provisoires et le retour des évacués de l’accident nucléaire dans des territoires encore pollués.
Cependant, malgré cela, la réticence est grande. Ainsi, dans la ville de Namie, la dernière à avoir été rouverte, et l’une des plus controversées en raison du taux de contamination encore extrêmement élevé, seule 6,1 % de la population initiale est rentrée. En moyenne, sur l’ensemble des territoires rouverts à l’habitat, seulement 23 % de la population est rentrée.
Ils ne sont pas nombreux, à avoir pu investir dans la construction d’un nouveau logement ailleurs. La grande majorité de la population, est relogée dans des logements collectifs publics construits à cet effet. Or, les habitants de cette région étaient pour la plupart d’entre eux, issus de la campagne et vivaient dans des fermes avant la catastrophe, d’où des difficultés d’adaptations importantes, y compris économique. Par exemple, ils doivent maintenant assurer l’achat d’une alimentation qu’ils produisaient avant.
Les personnes, souvent âgées, qui ne peuvent pas rentrer, ont dû accepter d’être relogées en logement collectif. Une situation, qui vire parfois au cauchemar, car même s’ils ne veulent pas, ils sont contraints de payer le loyer de ce nouveau logement et les charges qui leur incombent.
Parmi les 2 267 décès classés comme induits par le désastre nucléaire, 200 personnes seraient décédées du fait de la mauvaise gestion du refuge.