Fukushima : ils s’aventurent dans les villes abandonnées des années après la catastrophe
En 2016, des explorateurs urbains se sont rendus dans la zone d’exclusion entourant la centrale de Fukushima au Japon. Ils ont capturé de spectaculaires photos des villes cinq ans après la catastrophe nucléaire.
Lorsque l’on évoque le désastre survenu en 2011 dans la province japonaise de Fukushima, une question vient souvent à l’esprit : que sont devenues les villes touchées par la catastrophe ? Plusieurs années plus tard, on sait relativement peu de choses sur ces communes évacuées d’urgence après le terrible séisme du 11 mars 2011.
De magnitude 9, le tremblement de terre a engendré un tsunami, endommageant sévèrement la centrale électrique voisine. L’incident nucléaire est à ce jour classé comme le plus grave depuis celui de Tchernobyl en 1986. Étant donné la quantité de rayonnements enregistrée autour de la centrale, les villes voisines ont été reléguées à ce qu’on appelle la « Red Zone ».
S’étendant sur 20 kilomètres, cette zone d’exclusion est surveillée en continue par des patrouilles de police et est actuellement interdite aux visiteurs comme aux habitants qui y vivaient autrefois. Trois jeunes explorateurs urbains sont toutefois parvenus à déjouer les contrôles et se rendre à leurs risques et périls dans la zone d’exclusion.
Une exploration risquée
En juin 2016, leurs observations ont fait l’objet d’un impressionnant reportage relayé dans la vidéo ci-dessus. Ces images ont été capturées par le photographe Keow Wee Long d’origine malaisienne et ses deux amis Sherina Yuen et Koji Hari. Ils ont exploré quatre villes autour de la centrale : Tomioka, Okuma, Namie et Futaba.
Là-bas, le niveau de radiations élevé peut aller jusqu’à 4,8-6,5 millisieverts (mSv). Néanmoins, les explorateurs n’ont pris que peu de précaution pour éviter d’y être exposés. Ils ont juste utilisé des masques à gaz pour filtrer l’air contaminé.
« En arrivant dans la zone d’exclusion, je pouvais sentir les substances chimiques et j’avais une sensation de brûlure au niveau des yeux« , raconte Keow Wee Long.
Au cours de cette expédition risquée, l’équipe a arpenté les rues et magasins déserts de la zone d’exclusion. Leurs photographies témoignent de l’ampleur de la catastrophe.
« Les habitants de ces villes sont partis avec tellement de hâte qu’ils n’ont même pas eu le temps de faire leur bagage ou de prendre leurs objets précieux« , explique le jeune homme.
Des villes fantômes
Il poursuit : « Si vous visitez une boutique ou un centre commercial dans ces villes, vous verrez que la marchandise n’a pas bougé depuis 2011, rien n’a été modifié ou déplacé« . En effet, ils y ont vu des produits alimentaires, des DVD, des livres dont les dates remontent à il y a cinq ans. Selon le photographe, il s’agit désormais de « villes fantômes« .
« Quand je suis entré dans le centre commercial, j’ai ressenti un silence étrange, comme si le temps s’était arrêté. C’est la chose la plus bizarre que je n’ai jamais vue. Les feux de circulation fonctionnent encore mais il n’y a pas de voitures autour », confie l’explorateur qui raconte avoir trouvé de l’argent, de l’or et même des bijoux sur place.
L’objectif de l’exploration était d’observer les effets dévastateurs du tremblement de terre, et constater également l’ampleur du pouvoir pris par la nature durant ces cinq dernières années. Mais il en faudra encore bien d’autre pour que la vie reprenne son cours normal dans la région.
Selon la Tokyo Electrical Power Company, Incorporated (TEPCO), multinationale japonaise productrice d’électricité, il faudra au moins 40 ans pour terminer l’opération de nettoyage de la centrale nucléaire de Fukushima.
Laisser un commentaire