Fukushima, une catastrophe mais une apocalypse évitée
23.03.2018
Par Guillaume Erner
Le 11 mars 2011 se produisait le superfail des superfails, la catastrophe de Fukushima.
Selon Un récit de Fukushima, qui vient de paraître aux PUF et donne la parole au directeur de la centrale de Fukushima Daiichi au moment des faits, Masao Yoshida, la catastrophe aurait pu être pire encore.
Nos invités ont réuni dans leur livre l’essence de sa parole, Franck Guarnieri, directeur du Centre de recherche sur les risques et les crises (CRC – MINES ParisTech) et Sébastien Travadel, ingénieur des ponts, des eaux et des forêts, et maître assistant à MINES ParisTech.
L’audition de Masayo Yoshida est rendue publique en septembre 2014 alors que les auditions de l’ensemble des salariés de TEPCO sont aujourd’hui confidentiels malgré le fait qu’elles aient été acquises lors de commissions d’enquête gouvernementales et parlementaires. Ça questionne le débat démocratique… Quand on analyse cette audition, 28h d’audition, 400 pages, on observe que face à un problème technique inédit, on avait pensé à perdre un réacteur mais pas six. C’est d’ailleurs pour ça que l’accident a été qualifié d’ accident « impensable ».
Franck Guarnieri
Le principal enseignement de Fukushima c’est l’engagement des acteurs sur le site, ceux qui sont restés dans des conditions incroyables : certains ont dormi dans des salles de crise pendant des jours sans manger, avec peu d’eau, dans le noir, subissant des répliques sismiques dans un site inondé avec une radioactivité à des niveaux létales. Ces personnes ont fait preuve d’un engagement tout à fait exceptionnel.
Sébastien Travadel
Fukushima questionne la manière de procéder aux études de sûreté et les hypothèses faites pour mener des études déterministes ou probabilistes. Mais surtout, Fukushima questionne ce qu’est une crise et l’engagement des gens face à la crise, précisément ce moment où tout ce qui était institué s’est écroulé et qu’il faut désormais faire face au danger.
Sébastien Travadel
La catastrophe aurait pu être pire parce qu’on était confrontés à des réacteurs qui hors de contrôle, des personnes très démunies et les solutions d’ingénierie qu’ils ont mises en oeuvre étaient très astucieuses avec des ressources limitées et les moyens du bord alors qu’à cause du non retour des données, ils avaient une grande incertitude sur l’efficacité de ces solutions.
Franck Guarnieri
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