Fukushima: Tepco reconnaît que l’eau stockée est radioactive

FUKUSHIMA: TEPCO RECONNAÎT QUE L'EAU STOCKÉE EST RADIOACTIVE

La société Tepco, propriétaire de la centrale nucléaire de Fukushima, a reconnu que l’eau stockée sur le site contenait toujours certains éléments radioactifs qu’elle disait depuis des années disparus. /Photo d’archives/REUTERS/Tomohiro Ohsumi POOL

TOKYO (Reuters) – La société Tokyo Electric Power (Tepco), propriétaire de la centrale nucléaire de Fukushima gravement endommagée par le séisme et le tsunami de mars 2011, a reconnu que l’eau stockée sur le site contenait toujours certains éléments radioactifs qu’elle disait depuis des années disparus.

Tepco a reconnu le 1er octobre, devant une commission gouvernementale japonaise, la présence d’éléments radioactifs à des niveaux potentiellement nuisibles pour la santé, et a présenté des excuses.

Un porte-parole de Tepco a confirmé jeudi ces déclarations et les excuses de Tepco, faites devant la commission placée sous l’autorité du ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Miti), qui est chargé de planifier les moyens de se débarrasser de l’eau stockée – près de 900.000 tonnes, soit la contenance de 500 piscines olympiques.

Parmi les moyens envisagés, il est question de déverser cette eau dans le Pacifique, ce à quoi s’opposent les pêcheurs nippons et les habitants du littoral, craignant que cela ne dissuade les consommateurs d’acheter des produits de leur région.

Tokyo a obtenu d’organiser les Jeux olympiques d’été 2020, et dans sa dernière intervention devant le Comité international olympique, voici plus de cinq ans, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, avait déclaré que la situation était « sous contrôle » à Fukushima.

Sur le site internet de la commission gouvernementale en question, on lit que sur les 890.000 tonnes d’eau stockées sur le site de la centrale accidentée, 750.000 tonnes, soit 84%, ont une concentration d’éléments radioactifs supérieure aux seuils-limites.

MUR DE GLACE INEFFICACE

Pour ce qui concerne 65.000 tonnes d’eau, le niveau d’éléments radioactifs est plus de 100 fois supérieur au seuil jugé tolérable par l’Etat japonais.

L’un des isotopes, le strontium 90, jugé dangereux pour la santé humaine, atteint dans certains réservoirs une concentration de 600.000 becquerels par litre, soit 20.000 fois le seuil-limite.

Depuis des années, Tepco affirmait que le processus de purification de l’eau stockée avait permis d’éliminer le strontium tout comme 61 autres éléments radioactifs, tout en laissant le tritium, un élément moyennement radioactif qu’il est difficile de séparer de l’eau.

« Nous allons filtrer une fois de plus l’eau des réservoirs, afin de ramener sous les seuils-limites les éléments en question, avant de déverser cette eau dans l’océan, si une décision est prise dans ce sens », a déclaré le porte-parole de Tepco.

L’eau s’est accumulée notamment parce que Tepco a besoin d’en injecter dans les trois réacteurs de la centrale pour conserver le combustible d’uranium fondu à une température qui ne pose pas de danger.

Les eaux souterraines provenant des collines des environs pénètrent dans le sous-sol du réacteur, où elles se mêlent à des débris hautement radioactifs.

Le coûteux « mur de glace » ne parvient pas à empêcher ces eaux souterraines de ruisseler jusqu’au sous-sol de la centrale, comme l’ont montré cette année les données de Tepco et une analyse de Reuters.

(Aaron Sheldrick et Osamu Tsukimori; Eric Faye pour le service français)