Coronavirus au Japon : des « refuges temporaires » pour éviter les divorces

Après les pics de divorces survenus en Chine et en Russie dû au confinement, une entreprise japonaise a décidé de mettre à disposition des personnes mariées des « refuges temporaires ».

Un couple japonais à Tokyo au Japon (illustration)
Un couple japonais à Tokyo au Japon (illustration)Crédit : CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Marie Gingaultet AFP

 

Si les Japonais n’ont pas interdiction de sortir de chez eux, depuis l’instauration de l’état d’urgence dans plusieurs régions de l’archipel le gouvernement recommande tout de même de limiter au maximum les déplacements. Les écoles sont fermées et le télétravail est de mise, résultat : des tensions apparaissent au sein des couples.

Afin d’éviter la vague de divorce qui a déferlé sur la Chine et la Russie pendant et après le confinement, le Japon a mis en place une initiative insolite, permettant aux personnes mariées de prendre du recul sur leur couple, et de respirer seules le temps nécessaire. 

« Avant d’envisager le divorce, appelez-nous » : c’est le slogan d’une entreprise japonaise qui a adapté son message en ces temps de confinement face au Covid-19. Elle propose à des personnes mariées de s’offrir un répit dans l’un de ses appartements de location courte durée. Sur son site internet, la société Kasoku, concurrente locale d’Airbnb, a fait la promotion de ses logements meublés comme étant des « refuges temporaires ». Ils sont à la disposition de ceux qui veulent échapper un temps à leurs familles, que ce soit pour travailler plus tranquillement ou s’aérer l’esprit.

30 minutes de consultation offertes avec un avocat spécialiste des procédures de divorce

Lancée le 3 avril, cette campagne de communication aurait déjà séduit une vingtaine de clients, selon Kosuke Amano, un porte-parole de la société. « Parmi nos clients, nous avons une femme qui a préféré partir après une grosse dispute avec son mari, et une autre qui voulait du temps pour elle car elle est fatiguée de gérer les enfants toute la journée depuis que les écoles sont fermées pendant que son mari est en télétravail », a-t-il détaillé.

 

Kasoku propose un tarif d’entrée de 4.400 yens (37,50 euros) par nuit, avec l’option gratuite de 30 minutes de consultation avec un avocat spécialiste des procédures de divorce. Si l’entreprise a construit son offre sur un ton léger, elle a néanmoins attiré des personnes avec de graves difficultés, dont une femme victime de violences conjugales.

Kasoku dispose d’environ 500 logements dans l’ensemble du pays, principalement à Tokyo. Ceux-ci principalement vides actuellement à cause de l’effondrement du tourisme, même si la demande de bureaux à distance permet de compenser partiellement cet impact. La société a lancé sa campagne alors que le hashtag #corona-divorce était parmi les principales tendances sur Twitter au Japon.

Une émission-conseil pour gérer la crise en couple

Par ailleurs, la chaîne de télévision publique NHK lutte elle aussi contre les divorces. Elle livre désormais dans une émission matinale, des conseils pour éviter les conflits de couple durant cette période de confinement.

La société japonaise conserve une représentation très traditionnelle des rapports hommes-femmes. Ces dernières restent principalement vues comme responsables des tâches ménagères et de l’éducation des enfants, même si elles exercent une activité professionnelle. Sur 153 pays, le Japon était classé 121e dans l’indice 2020 des inégalités entre les sexes du Forum économique mondial.