Le coût colossal d'un report des JO 2020 pour le Japon

 

LE COÛT COLOSSAL D’UN REPORT DES JO 2020 POUR LE JAPON

LE SCAN SPORT – L’officialisation du report des JO est une très mauvaise nouvelle pour le pays organisateur avec une facture estimée à plus de cinq milliards d’euros.

 

Le Japon va payer au prix cher le report des Jeux olympiques en 2021, probablement l’été prochain même si la question n’a, selon le Comité international olympique, pas été abordée avec les dirigeants japonais dans les heures qui ont précédé l’officialisation de la nouvelle. «Les conséquences financières n’ont pas été évoquées et ne sont pas la priorité, il s’agit de protéger des vies», a déclaré son président du CIO Thomas Bach à plusieurs médias, dont l’AFP.

Mais le sujet va inévitablement être d’actualité dans les prochaines semaines. Selon Katsuhiro Miyamoto, un professeur en économie du sport à l’université de Kansai, cette décision pourrait coûter au pays organisateur jusqu’à 5,8 milliards de dollars (soit 5,35 milliards d’euros). Rapportés au coût global des JO, environ 1,350 milliards de yens (soit 11,5 milliards d’euros sans compter les frais très élevés liés au déplacement du marathon et les épreuves de marche vers le nord, à Sapporo), le choc risque d’être lourd à encaisser pour les organisateurs.

La récession économique pourrait peser lourdement sur l’édition en 2021

Le premier secteur impacté englobe l’entretien et la maintenance de toutes les installations sportives, du village olympique, ainsi que la préparation de l’événement en 2021 avec une ardoise évaluée, selon lui, à 3,5 milliards d’euros. Mais ce n’est pas tout, le Japon devra aussi s’asseoir sur toutes les rentrées d’argent programmées avec la venue de centaines de milliers de touristes, les ventes des produits dérivés et un grand maque à gagner de l’économie des services. Katsuhiro Miyamoto évalue ce trou à un peu moins de deux milliards d’euros.

Mécaniquement, ces recettes attendues alors que l’activité du pays marche déjà au ralenti en raison de la pandémie, devraient en toute logique tomber dans les caisses de l’économie nippone l’année prochaine. Sauf que la situation économique mondiale, très incertaine dans les mois à venir, pourrait avoir des conséquences négatives sur le nombre de visiteurs attendus en 2021 alors que le secteur touristique contribue à hauteur de 7,4% du PIB japonais. Si la crise économique et financière succède, comme il est fort à craindre, à la crise sanitaire, bon nombre de voyageurs pourraient décider de renoncer à leur escapade olympique.

Une secousse qui aura aussi des répercussions sur la filière sport en France

La secousse du report des Jeux olympiques aura des conséquences économiques jusqu’en France. Mise au chômage technique dans l’Hexagone en raison de la pandémie du coronavirus, la situation filière sportive pourrait aussi voir sa situation fragilisée au moment où les soutiens public sont en diminution dans ce secteur. «Le Comité international olympique (CIO) reverse une large partie de ses bénéfices par le biais de différents programmes de solidarité. Or si on décale d’un an, on décale peut-être d’un an les financements de nouveaux programmes. La solidarité peut être menacée. Et ce sera encore pire s’il y a des annulations d’autres événements sportifs», s’inquiète Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de droit et d’économie du Sport (CDES) de Limoges.