Fukushima : des sangliers se sont reproduits avec des cochons abandonnés

En sondant le génome de plusieurs sangliers, des chercheurs ont découvert que des hybridations entre ces animaux et des cochons domestiques se sont produites.

 
Fukushima : des sangliers se sont reproduits avec des cochons abandonnés30.000 cochons ont été laissés sur place après la catastrophe de Fukushima.PIXABAY

 

Après le désastre qui a frappé Fukushima au Japon, sangliers et cochons domestiques ont été amenés à se côtoyer. Dans une étude publiée le 30 juin 2021 dans la revue Biological Sciences, des chercheurs de l’Université de Fukushima expliquent que ces animaux ont réussi à s’hybrider.

30.000 cochons abandonnés à Fukushima

C’était le 11 mars 2011 à Fukushima : un séisme, suivi d’un puissant tsunami, conduisait à un accident nucléaire majeur. Des matières radioactives ont alors été dispersées et l’environnement a été contaminé. En réponse, le gouvernement nippon a organisé une évacuation des habitations sur 1.150 km2 autour de la centrale nucléaire. Ce genre de désertion n’est pas sans conséquence sur la biodiversité. Ainsi, après la catastrophe de Tchernobyl, la faune sauvage y a été plus florissante que jamais. « L’abandon par l’Homme d’une si grande zone à Fukushima a peut-être fourni des conditions favorables à une augmentation rapide des espèces sauvages qui ont pu bénéficier de paysages officiellement anthropocentriques,expliquent les auteurs de la nouvelle étude. Parallèlement, les catastrophes naturelles et l’abandon forcé des communautés agricoles de Fukushima ont entraîné la libération de bétail domestiqué dans les mêmes paysages, et on sait que le bétail porcin en fuite peut s’adapter à la vie sauvage et se reproduire avec ses parents sauvages« . Les chercheurs se sont donc intéressés ici aux sangliers japonais (Sus scrofa leucomystax) présents dans la zone évacuée de Fukushima. Ces derniers ont bénéficié d’un coup d’une immense zone de vie sans être dérangés par la population locale. Mais comme précédemment indiqué, ils ont aussi dû faire face à l’invasion de 30.000 cochons domestiques (Sus scrofa domesticus), laissés sur place par les agriculteurs locaux.

Un héritage génétique qui se « dilue »

Des croisements ont eu lieu entre les deux sous-espèces. Les chercheurs ont voulu en évaluer les conséquences en effectuant des analyses ADN poussées. Les résultats obtenus ont donc confirmé les hybridations récentes entre cochons et sangliers japonais. « 31 individus, identifiés morphologiquement comme des sangliers, dans la préfecture de Fukushima, avaient une ascendance porcine« , souligne l’étude. Cependant, l’héritage porcin s’est dilué au cours des années. Les gènes apportés par les cochons vont donc se perdre de génération en génération notamment parce que des spécimens hybrides se sont ensuite reproduits avec des sangliers. En outre, « malgré une force invasive aussi soudaine et importante de la part des porcs« , les données obtenues par les chercheurs « suggèrent probablement que la plupart des porcs ne se sont pas adaptés dans la nature« .