"Rien n'est plus proche du Vrai ... que le Faux"

Catégorie : Japon 2020 Page 4 of 5

Coronavirus au Japon

***

Coronavirus au Japon : fermeture temporaire de toutes les écoles, collèges et lycées et dernier bilan de l’épidémie
 
Santé Catastrophe
 
Face à l’épidémie de coronavirus qui se propage au Japon, notamment dans la région de Tokyo, Nagoya et Hokkaidô, le Premier ministre a demandé la fermeture de toutes les écoles primaires, collèges et lycées publics jusqu’à la fin mars.
 

Au 28 février à 10 h 30 (heure locale), le bilan de l’épidémie de coronavirus au Japon fait état de 200 personnes infectées, auquel il faut ajouter 709 passagers et membres d’équipage qui ont été contaminés à bord du paquebot Diamond Princess. Au total, 8 personnes sont décédées, dont 4 qui étaient sur le bateau.

Une femme de 40 ans, guide touristique dans la préfecture d’Osaka pour des visiteurs chinois, avait une première fois été infectée au coronavirus. Bien qu’elle ait été testée négative après son rétablissement, elle a de nouveau été testée positive le 26 février.

Certains personnes touchées par l’agent pathogène ne présentent également aucun symptôme, ce qui rend l’épidémie difficile à contrôler.

Pour ralentir autant que possible la propagation du virus et protéger les habitants, notamment dans les régions les plus touchées comme celle de Tokyo, Nagoya ou Hokkaidô, le Premier ministre Abe Shinzô a demandé la fermeture temporaire de toutes les écoles, collèges et lycées publics du Japon à partir du 2 mars jusqu’au début des vacances de printemps (aux alentours du 20 mars).

Nombre de personnes contaminées au coronavirus (par préfecture, au 28 février à 10 h 30 heure locale)

Préfecture Nombre 
Hokkaidô 54
Tochigi 1
Saitama 1
Chiba 13
Tokyo 36
Kanagawa 21
Nagano 2
Ishikawa 5
Aichi 27
Gifu 2
Mie 1
Kyoto 2
Osaka 2
Nara 1
Wakayama 13
Tokushima 1
Fukuoka 2
Kumamoto 5
Okinawa 3

Tableau établi par Nippon.com selon les données des municipalités. Dans certains cas, les chiffres peuvent être différents de ceux du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, car les normes des localités ne sont pas les mêmes. 8 personnes employés des autorités publiques ne sont pas comptés dans le tableau.

(Photo de titre : le coronavirus isolé, vu au microscope électronique. Photo avec l’aimable autorisation de l’Institut national de recherche des maladies infectieuses au Japon)

 

 

 

 

JO de Tokyo 2020

Pas d’annulation envisagée des JO de Tokyo à cause du coronavirus selon les organisateurs

 

 
La vasque de la flamme olympique a été présentée, alors que le relais devrait, pour le moment, être maintenu. (Yohei Osada/AFLO/Presse Sports)

Si certaines manifestations peuvent être annulées dans les prochaines semaines pour limiter la propagation du coronavirus, le relais de la flamme olympique, qui doit commencer le 26 mars à Fukushima, est maintenu.

 

Les organisateurs des Jeux Olympiques de Tokyo (24 juillet-9 août) ont affirmé mercredi qu’ils n’envisageaient pas une éventuelle annulation, alors que le gouvernement japonais a demandé d’annuler ou de réduire l’ampleur des grands rassemblements dans les prochaines semaines en raison des craintes de propagation du coronavirus. « Nous n’y avons pas pensé, nous n’en avons pas entendu parler, a déclaré le patron du comité d’organisation de Tokyo 2020, Toshiro Muto. Nous avons posé des questions et on nous a dit qu’un tel projet n’existait pas . »

La veille, Dick Pound, plus ancien membre du CIO, avait confié à l’agence Associated Press que dans le cas d’une propagation trop importante du coronavirus, « il faudrait probablement envisager une annulation ». « Vous ne pouvez simplement pas reporter un événement de la taille des JO, a-t-il poursuivi. Il y a tellement de composantes, de pays, de compétitions, vous ne pouvez pas dire : « Nous le ferons en octobre. » » Il estimait par ailleurs que l’instance à laquelle il appartient disposait d’une fenêtre de deux ou trois mois pour décider du sort des JO de Tokyo. « Durant cette période, il va falloir se demander : est-ce que la situation est suffisamment sous contrôle ? »

« Notre principe de base est de mener les Jeux Olympiques et Paralympiques comme prévu. C’est notre postulat »

Toshiro Muto, patron du comité d’organisation de Tokyo 2020

Une affirmation qui « n’était pas la façon de penser du CIO », selon Toshiro Muto, confirmant en cela des déclarations du porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga : « Au regard des déclarations d’un de ses membres, le CIO a répondu qu’il ne s’agissait pas de sa position officielle »  

Les questions autour du maintien des Jeux d’été interviennent alors que d’autres manifestations sportives, comme des matches de football, rituels d’ouverture du tournoi de sumo de mars, entre autres, sont visés par des reports ou annulations.

Les organisateurs des JO s’efforcent, eux, de rassurer. « Notre principe de base est de mener les Jeux Olympiques et Paralympiques comme prévu. C’est notre postulat », a ajouté Toshiro Muto qui a par ailleurs affirmé que le relais de la flamme olympique, qui doit commencer le 26 mars à Fukushima et traverser le pays, ne serait pas annulé, tout en admettant que des ajustements seraient peut-être nécessaires.

 

Démantèlement soutenu par L’AEIA

 

L’AIEA affirme soutenir le démantèlement de la centrale de Fukushima au Japon

 
 
French.xinhuanet.com | Publié le 2020-02-25 à 22:15
 

TOKYO, 25 février (Xinhua) — Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a affirmé mardi que son agence continuerait à soutenir le Japon dans le démantèlement de la centrale nucléaire de Fukushima.

Lors de leur rencontre à Tokyo, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a informé le chef de l’AIEA, de la situation de la centrale de Fukushima Daiichi, frappée par le tremblement de terre et le tsunami de mars 2011, selon le ministère japonais des Affaires étrangères.

« En tant que seul pays ayant subi la dévastation des armes nucléaires de guerre, le Japon accorde une grande importance aux activités de l’AIEA, qui est la pierre angulaire du régime international de non-prolifération nucléaire », a déclaré M. Abe.

« Vous avez mentionné l’histoire. L’histoire entre bien sûr en compte mais (…) Je pense que cette organisation et le Japon ont beaucoup à faire ensemble dans le présent et l’avenir, dans de nombreux domaines », a dit M. Grossi

Le Japon entend finir de démanteler la centrale dans les 30 à 40 ans suivant la catastrophe, mais le processus a été entravé par des problèmes, notamment le rejet d’un million de tonnes d’eau radiologiquement contaminée dans le processus de nettoyage, alors que les installations en bord de mer manquent d’espace pour la stocker en réservoirs.

L’AIEA soutient la double approche du Japon visant à démanteler la centrale tout en revitalisant la communauté locale, qui reste fracturée après la catastrophe, selon M. Grossi.

Le chef de l’AIEA visitera la centrale de Fukushima mercredi pour un aperçu direct.

M. Grossi a également rencontré le ministre japonais des Sciences et de la Technologie, Naokazu Takemoto, et prévoit de rencontrer le ministre des Affaires étrangères, Toshimitsu Motegi ainsi que le ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, Hiroshi Kajiyama, lors de sa visite de cinq jours au Japon.

Fukushima : des experts recommandent…

Fukushima : des experts recommandent de déverser l’eau contaminée dans l’océan

 

En ce début d’année 2020, un groupe d’experts a effectué un rapport au sujet de l’eau contaminée de Fukushima. Ils recommandent au gouvernement japonais d’autoriser le rejet des eaux radioactives dans l’océan. Une décision qui va dans le sens de ce qui était annoncé depuis plusieurs mois.

L’ÉLÉMENT RADIOACTIF EST PRÉSENT DANS L’EAU CONTAMINÉE

La principale matière radioactive présente dans cette eau est le Tritium, et est le seul pouvant représenter un risque. Il s’agit du moins radioactif et nocif de tous les éléments radioactifs. La quasi-totalité du tritium présent sur Terre se créée par des processus atmosphériques naturels, et ce depuis des milliards d’années.

Moins d’un pourcent de ce tritium se forme lors de la production et d’essais d’armes nucléaires. Toujours selon ces scientifiques, le Tritium « n’aime » pas se retrouver dans les tissus, mais préfère l’eau, milieu dans lequel il se dilue rapidement. Dans un poisson, la demi-vie biologique (temps au bout duquel la moitié d’une quantité ingérée ou inhalée est éliminée de l’organisme) du tritium est inférieure à deux jours. 

DÉVERSER L’EAU DANS L’OCÉAN OU L’ÉVAPORER

Comme nous l’avions évoqué en novembre dernier, rejeter ces eaux dans l’océan serait théoriquement sans danger. Bien que cet isotope aime être dans l’eau, en mer elle se dilue trop rapidement pour qu’une dose significative soit retrouvée et ait des répercutions sur l’Homme ou tout autre organisme. Rejeter ces eaux dans l’océan semble donc la solution idéale, néanmoins les experts songent également à l’évaporation.

Une option envisageable, notamment à l’aide des observations faites après l’accident de Three Mile Island, en 1979 aux États-Unis. Suite à des événements accidentels, le cœur d’un des réacteurs a, en partie, fondu. C’est ainsi qu’une faible quantité de radioactivité fut relâchée dans l’environnement. Le groupe d’experts recommande tout de même le déversement de ces eaux dans l’océan. Cela serait plus sûr, il s’agit d’une action régulièrement effectuée par des centrales nucléaires dans le monde entier.

Le gouvernement japonais devra trancher cette question d’ici les prochaines semaines.

Fukushima et le coronavirus

Comment le coronavirus pourrait affecter Fukushima et son démantèlement

L’épidémie de Covid-19 engendre des pénuries en Chine, mais pas seulement. Au Japon, les tenues de protection risquent de manquer pour les ouvriers de Fukushima.

L'accident nucléaire de Fukushima a eu lieu le 11 mars 2011 à la suite d'unTebNad via Getty Images
L’accident nucléaire de Fukushima a eu lieu le 11 mars 2011 à la suite d’un tsunami. 

 

SCIENCE – Au Japon, cela fait des années que la compagnie Tepco gère le démantèlement de la centrale japonaise accidentée Fukushima Daiichi. Mais le processus risque d’être compromis pendant un temps si les tenues de protection venaient à manquer. L’entreprise dit craindre des retards d’approvisionnement de ces tenues dont la production en Chine est affectée par le coronavirus.

“Nous avons pour le moment les stocks suffisants, mais il se peut que, pour certains vêtements particuliers, nous ayons des difficultés à nous les procurer auprès des fournisseurs habituels”, a expliqué à l’AFP un porte-parole de Tokyo Electric Power (Tepco).

“Nous avons par exemple des tenues avec des poches transparentes laissant voir le badge d’identification des travailleurs ainsi que leur dosimètre (pour mesurer l’irradiation reçue) et il est possible que ces mêmes produits ne soient pas disponibles”, a-t-il précisé.

Les combinaisons ne sont pas là pour protéger les ouvriers des radiations, mais des poussières...Tomohiro Ohsumi via Getty Images
Les combinaisons ne sont pas là pour protéger les ouvriers des radiations, mais des poussières radioactives toujours présentes sur le site. 

 

Dans ce cas, Tepco prévoit d’utiliser en remplacement des combinaisons et vestes grand public achetées éventuellement dans le commerce. Chaque jour, il faut jusqu’à 6000 vestes et combinaisons, différentes en fonction des tâches à effectuer.

 

La pénurie éventuelle de ces vêtements n’apparaît pas liée à une demande amplifiée par les besoins pour se protéger du virus dans les hôpitaux, mais plutôt à des problèmes de ralentissement de production et de logistique.

Remplacer ces combinaisons et vestes par d’autres tenues imperméables n’a pas de conséquences en termes de sûreté. Elles ne servent que pour empêcher les poussières radioactives de se fixer sur des vêtements ou le corps mais ne sont pas destinées à se protéger des rayonnements, lesquels traversent les vêtements quels qu’ils soient.

S’agissant des masques sanitaires, également employés sur le site, Tepco dit ne pas avoir de problèmes de stock dans l’immédiat, de même que pour les très nombreuses paires de gants utilisées quotidiennement.

À voir également sur Le HuffPost: Une centrale nucléaire flottante entame un voyage de 5000 kilomètres en Arctique

Fukushima: …après la catastrophe

Fukushima : ils s’aventurent dans les villes abandonnées des années après la catastrophe

 

 

En 2016, des explorateurs urbains se sont rendus dans la zone d’exclusion entourant la centrale de Fukushima au Japon. Ils ont capturé de spectaculaires photos des villes cinq ans après la catastrophe nucléaire.

Lorsque l’on évoque le désastre survenu en 2011 dans la province japonaise de Fukushima, une question vient souvent à l’esprit : que sont devenues les villes touchées par la catastrophe ? Plusieurs années plus tard, on sait relativement peu de choses sur ces communes évacuées d’urgence après le terrible séisme du 11 mars 2011.

De magnitude 9, le tremblement de terre a engendré un tsunami, endommageant sévèrement la centrale électrique voisine. L’incident nucléaire est à ce jour classé comme le plus grave depuis celui de Tchernobyl en 1986. Étant donné la quantité de rayonnements enregistrée autour de la centrale, les villes voisines ont été reléguées à ce qu’on appelle la « Red Zone ».

S’étendant sur 20 kilomètres, cette zone d’exclusion est surveillée en continue par des patrouilles de police et est actuellement interdite aux visiteurs comme aux habitants qui y vivaient autrefois. Trois jeunes explorateurs urbains sont toutefois parvenus à déjouer les contrôles et se rendre à leurs risques et périls dans la zone d’exclusion.

Une exploration risquée

En juin 2016, leurs observations ont fait l’objet d’un impressionnant reportage relayé dans la vidéo ci-dessus. Ces images ont été capturées par le photographe Keow Wee Long d’origine malaisienne et ses deux amis Sherina Yuen et Koji Hari. Ils ont exploré quatre villes autour de la centrale : Tomioka, Okuma, Namie et Futaba.

Là-bas, le niveau de radiations élevé peut aller jusqu’à 4,8-6,5 millisieverts (mSv). Néanmoins, les explorateurs n’ont pris que peu de précaution pour éviter d’y être exposés. Ils ont juste utilisé des masques à gaz pour filtrer l’air contaminé.

« En arrivant dans la zone d’exclusion, je pouvais sentir les substances chimiques et j’avais une sensation de brûlure au niveau des yeux« , raconte Keow Wee Long.

Au cours de cette expédition risquée, l’équipe a arpenté les rues et magasins déserts de la zone d’exclusion. Leurs photographies témoignent de l’ampleur de la catastrophe.

« Les habitants de ces villes sont partis avec tellement de hâte qu’ils n’ont même pas eu le temps de faire leur bagage ou de prendre leurs objets précieux« , explique le jeune homme.

Des villes fantômes

Il poursuit : « Si vous visitez une boutique ou un centre commercial dans ces villes, vous verrez que la marchandise n’a pas bougé depuis 2011, rien n’a été modifié ou déplacé« . En effet, ils y ont vu des produits alimentaires, des DVD, des livres dont les dates remontent à il y a cinq ans. Selon le photographe, il s’agit désormais de « villes fantômes« .

« Quand je suis entré dans le centre commercial, j’ai ressenti un silence étrange, comme si le temps s’était arrêté. C’est la chose la plus bizarre que je n’ai jamais vue. Les feux de circulation fonctionnent encore mais il n’y a pas de voitures autour », confie l’explorateur qui raconte avoir trouvé de l’argent, de l’or et même des bijoux sur place.

 
 

L’objectif de l’exploration était d’observer les effets dévastateurs du tremblement de terre, et constater également l’ampleur du pouvoir pris par la nature durant ces cinq dernières années. Mais il en faudra encore bien d’autre pour que la vie reprenne son cours normal dans la région.

Selon la Tokyo Electrical Power Company, Incorporated (TEPCO), multinationale japonaise productrice d’électricité, il faudra au moins 40 ans pour terminer l’opération de nettoyage de la centrale nucléaire de Fukushima.

Par la rédaction

Fukushima: 44 ans pour démanteler…

Fukushima : Tepco estime qu’il faudra 44 ans pour démanteler la centrale nucléaire

Démantelement
 

Pour démanteler Fukushima, 44 ans sont nécessaires. Selon l’entreprise s’occupant de l’avenir de cette centrale nucléaire tristement connue, il faudra encore plusieurs décennies avant de mettre un terme au démantèlement de la structure. Les plans de déclassement ont notamment été présentés à l’assemblée de Tomioka.

44 ANS POUR DÉMANTELER LA CENTRALE DE FUKUSHIMA

Deux villes se partagent la centrale nucléaire, Tomioka et Naraha. Elles ont la lourde responsabilité d’assumer le démantèlement progressif, mais nécessaire du site qui a secoué le Japon en 2011. Pour rappel, l’usine de Fukushima numéro deux est située au sud de l’usine numéro une. C’est elle qui a subi un triple accident de fusion, à la suite du séisme et du tsunami de mars 2011.

En ce qui concerne la centrale numéro deux, le démontage se fera en quatre étapes. Chacune s’étalera sur un peu plus de 10 ans. Le plan présenté par les autorités s’attache à évaluer précisément la contamination radioactive de la centrale nucléaire, puis nettoyer l’équipement autour des réacteurs. La troisième étape consistera à retirer ses réacteurs, avant de démolir l’ensemble de l’édifice dans la quatrième étape.

QUE FAIRE DES DÉCHETS NUCLÉAIRES ?

La question des eaux contaminées, qui ont été utilisées pour refroidir les réacteurs nucléaires en fusion semble être réglée. Le Japon déverserait dans l’océan Pacifique, progressivement, le vaste volume radioactif. Une décision qui suscite de vifs débats. En ce qui concerne les déchets nucléaires, une autre politique sera menée. Au total, Tepco transfèrera 9532 unités de combustible nucléaire irradié à une usine de retraitement spécifique. Une opération qui prendra plusieurs dizaines d’années, également. L’essentiel se fera durant les trois premiers cycles, c’est-à-dire les trois premières décennies à venir.

Avant de pouvoir mettre en place son plan de démantèlement et de déclassement, Tepco devra avoir l’aval de l’autorité de régulation nucléaire. Mais pour cela, il faut que les gouvernements municipaux des villes hôtes, c’est-à-dire Tomioka et Naraha, acceptent. Il en va de même pour le gouvernement préfectoral de Fukushima.

Pour rappel, la catastrophe nucléaire de Fukushima est un accident majeur de niveau 7. Aujourd’hui encore, la centrale a besoin d’eau pour éviter de nouveaux dommages, avec 200 m² d’eaux qui sont déversées quotidiennement sur la centrale. En 2019, 1 million de mètres cubes d’eau contaminée ont été stockés, un volume qui ne peut pas être contenu sur le long terme. La capacité maximale sera atteinte en 2022.

 

Un séisme frappe le Japon

INTERNATIONAL

Un séisme de magnitude 5,2 a frappé le Japon à moins de 100 km de la centrale nucléaire de Fukushima, selon l’Institut des études géologiques des États-Unis (USGS).

Un tremblement de terre de magnitude 5.2 s’est produit mercredi 12 février, à 10h37 UTC, à 89,5 km au sud-est de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, a annoncé l’Institut des études géologiques des États-Unis (USGS).

Voir l'image sur Twitter

Sur l’échelle de Shindo, généralement utilisée au Japon, ce séisme a atteint le niveau 4 (sur un total de 7) dans les parties centrale et orientale de la préfecture de Fukushima, précise l’agence météorologique du Japon (JMA).

Le foyer du séisme se trouvait à 80,7 km de profondeur, d’après l’USGS.

Voir l'image sur TwitterVoir l'image sur Twitter
 

Son épicentre a été localisé dans l’océan Pacifique, au nord-est de l’île d’Honshu.

Voir l'image sur Twitter

​L’alerte au tsunami n’a pas été déclenchée.

Les secousses auraient été ressenties jusqu’à Tokyo, selon les médias.

Aucun incident dans les centrales nucléaires

Selon les opérateurs japonais des sites nucléaires, aucun incident n’a été enregistré dans les centrales de Fukushima-1, Fukushima-2, Onagawa et Tokai-2 après les secousses, relate l’agence de presse Kyodo.

Situé dans une zone sismiquement active connue sous le nom de Ceinture de feu, le Japon est souvent secoué par de puissants tremblements de terre. En 2011, un séisme de magnitude 9,0 et le tsunami qui a suivi ont tué plus de 15.000 personnes et provoqué à la centrale nucléaire de Fukushima une catastrophe considérée comme la plus grave du XXIe siècle. Cet accident nucléaire a été classé au niveau 7, le plus élevé sur l’échelle internationale des événements de ce type (INES).

Hors service depuis le séisme de 2011, la centrale nucléaire de Fukushima-1 devra être démantelée sur une durée évaluée à 44 ans, a annoncé en janvier dernier l’agence Kyodo, se référant à l’opérateur de la centrale, TEPCO.

Fukushima (III): Fausses nouvelles…

5 février 2020

 

7. Menteurs assidus

Mensonges par omission de Tepco

Corium du réacteur n° 2 (capture d’écran vidéo Tepco)Corium du réacteur n° 2 (capture d’écran vidéo Tepco)

 

Tepco a attendu deux mois avant d’annoncer la fonte des cœurs des réacteurs. Et pas que Tepco. Tous les experts nucléaires savent ce qu’il arrive quand un cœur n’est plus refroidi. Tous les experts officiels de tous les pays ont donc attendu sagement que Tepco dise enfin la vérité avant d’avouer également qu’ils étaient au courant. Un seul expert japonais a dévoilé la vérité avant tout le monde, Mishio Ishikawa, le 29 avril 2011 à la télévision japonaise.

 

Pas de cancer ni de mort dû à la radioactivité ?

Comparaison de cas de cancer de la thyroïde pour les enfants de Fukushima

Comparaison de cas de cancer de la thyroïde pour les enfants de FukushimaComparaison de cas de cancer de la thyroïde pour les enfants de Fukushima

 

Les autorités japonaises, assistées par Tepco, le martèlent : chez les enfants testés, aucun cancer de la thyroïde n’est dû à la radioactivité. Ce n’est pas du tout ce que pense les médecins de l’IPPNW, l’International Physicians for the Prevention of Nuclear War. Selon leur analyse, dans la préfecture de Fukushima, le taux de nouveaux cas de cancer est plus de quinze fois supérieur à la moyenne du Japon. Pour mémoire, en octobre 2019, 231 cas de cancer de la thyroïde ont été suspectés chez les enfants de Fukushima, dont 174 ont été confirmés par une intervention chirurgicale.

Pour les morts, c’est pareil. Pourtant jamais le taux de mortalité n’a été aussi élevé dans une usine : 8 morts la première année, 16 morts en 4 ans et demi. Mais pas question de reconnaître que la radioactivité y soit pour quelque chose. Et on n’a jamais eu de nouvelle non plus des centaines de disparus des listes des premiers liquidateurs de Fukushima en 2011.

Nicolas Sarkozy : « Je suis allé à Fukushima »

 

Photo non truquée : Éric Besson posant devant la centrale de Fukushima Daiichi (photo Antoine Bouthier/AFP)
 
 
 
 
 
Photo non truquée : Éric Besson posant devant la centrale de Fukushima Daiichi (photo Antoine Bouthier/AFP)
 
 
 
Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, a aligné trois gros mensonges à Caen le 6 avril 2012. Selon lui, il serait allé à Fukushima avec Nathalie Kosciusko-Morizet. La voix du Japon précise : « En réalité, M. Sarkozy s’est bien rendu au Japon le 31 mars 2011 (…) mais il n’avait siégé qu’à Tokyo, soit à 250 kilomètres de la centrale nucléaire. Un mensonge retentissant au Japon et dans le monde. » Nathalie Kosciusko-Morizet n’y est pas plus allée, elle a d’ailleurs déclaré plus tard : « Personne ne va à Fukushima ». Dans le même discours de Caen, Sarkozy affirme aussi que « la vague a atteint 42 m de haut », information totalement contradictoire avec la réalité puisque les experts japonais l’ont finalement évaluée au plus haut à 23,60 m. La vague en elle-même a été mesurée à environ 14 m au niveau de la centrale. Éric Besson quant à lui y est bien allé l’année suivante en février 2012 où il s’est dit « globalement rassuré » car il a constaté qu’il n’y avait « pas de radioactivité forte autour de la centrale ».
 

La catastrophe de Fukushima à 6 ou 7 sur l’échelle INES ?

 

Pierre-Franck Chevet jurant de dire la vérité (capture d’écran vidéo Public Sénat)

 

 

Pierre-Franck Chevet jurant de dire la vérité (capture d’écran vidéo Public Sénat)

 

 

Lors de l’émission « Le téléphone sonne » (Questions sur l’état de la sureté des installations nucléaires) du 17 avril 2013 sur France Inter, Pierre Franck Chevet, alors président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), a annoncé sans être contredit par les journalistes que l’accident de Fukushima avait été classé au niveau 6 de l’échelle internationale INES. L’accident avait pourtant été classé au niveau 7depuis le 12 avril 2011, soit 2 ans avant son intervention ! Celui qui avait la responsabilité de la sûreté nucléaire en France a donc été pris en flagrant délit de manipulation de l’opinion sur une chaîne publique nationale.

En savoir plus

Les mensonges de l’IRSN

 

Dessin de Julien Loïs
 
 
 
 
 
Dessin de Julien Loïs

 

 

 

Cette institution sérieuse qu’est l’IRSN, sous l’image de grande objectivité qu’elle veut donner,  n’est jamais neutre. Son penchant pour la minimisation de tous les dangers de l’atome est bien connu. Mais quelquefois, à force de toujours vouloir rassurer, cela tourne au mensonge. Je rappelle régulièrement ses écarts sur ce blog et il n’y a jamais eu de démenti. Ainsi, selon l’IRSN, la perte d’un corium n’est pas forcément un problème pour l’environnement, les évacués allaient revenir d’ici trois mois en 2011, il n’y a pas eu de rejet de strontium et de plutonium au Japon, une centrale nucléaire ne peut pas exploser en France.

Perspectives heureuses

 

Retrait d’un assemblage du réacteur 3 (capture d’écran vidéo Tepco)Retrait d’un assemblage du réacteur 3 (capture d’écran vidéo Tepco)

 

Boris Le Ngoc, responsable relations publiques et communication digitale de la SFEN (Société Française d’Energie Nucléaire) a publié le 12 mars 2015 un article et un dossier très minimisateur et rassurant, Fukushima 2015, état des lieux et perspectives : selon lui, l’évacuation du combustible des piscines des réacteurs 1 à 3 était prévue pour être terminée en 2015. On ne sait pas sur quelles sources il s’appuyait pour affirmer cela. Quatre ans plus tard, on peut dire que son enthousiasme était démesuré puisque pour les réacteurs 1 et 2, il ne s’est rien passé. Pour le réacteur 3, le transfert a commencé en mai 2019 ; toutefois, depuis juillet dernier, Tepco a stoppé l’opération à cause de problèmes techniques.
Sinon, toujours dans le même article, « la consommation des denrées ne présente aucun risque pour la santé » et Tepco a la « maîtrise de la situation ».

 

8. Publicité mensongère

General Electric et l’avenir du Japon

Capture d’écran de la publicité de General Electric

 

 

Capture d’écran de la publicité de General Electric

 

General Electric, après avoir construit la centrale nucléaire de Fukushima, diffusait un spot publicitaire annonçant : « Quand Tepco a signé le plus gros contrat à l’export de GE (General Electric), nous avons équipé Tokyo de la centrale la plus efficace en son genre au monde. Ce qui veut dire plus d’emplois chez nous et un avenir meilleur pour les Japonais. GE, nous améliorons votre quotidien. » Aujourd’hui, la majorité des Japonais regrette d’avoir été trompée…

Voir la publicité

 

Un avenir radieux

 

Bannière de Futaba (Source AFP/JIJI)Bannière de Futaba (Source AFP/JIJI)

Les Japonais regrettent tellement d’avoir été bernés par l’industrie nucléaire qu’en 2016, ils ont décroché la célèbre pancarte de Futaba dont le slogan, inventé par M. Onuma, était : « L’énergie nucléaire : l’énergie qui prépare un avenir radieux ».

Les JO de 2020

 

Caricature de 281… AntinukeCaricature de 281… Antinuke

 

Shinzo Abe n’a pas hésité à mentir pour obtenir les JO de Tokyo. Le 13 septembre 2013, il a assuré au Comité international olympique que Tepco maîtrisait la situation vis-à-vis de la catastrophe de Fukushima : « It has never done and will never do any damage to Tokyo. » Évidemment, c’était un gros mensonge. En effet, un nuage radioactif est bien passé par deux fois sur Tokyo en mars 2011 et y a laissé une pollution mesurable dans les poussières. A la centrale de Fukushima Daiichi, le démantèlement est illusoire, les délais intenables à cause des multiples problèmes techniques. Tout autour, la décontamination définitive des sols est impossible. On n’élimine jamais les radionucléides, on ne fait que les déplacer. On ment à la population pour qu’elle retourne vivre dans des territoires contaminés. La propagande éthosienne bat son plein.

 

  1. Théories du complot

Sabotage de la centrale

Il faut lire cet article qui analyse la théorie du sabotage de la centrale de Fukushima par l’état d’Israël diffusée par certains sites fumeux : Fukushima : retour sur une théorie du complot (Conspiracy Watch, 6 mars 2012). C’est un Japonais qui est à l’origine de cette théorie. Yoichi Clark Shimatsu, contributeur régulier de la chaîne de télévision officielle de la République populaire de Chine, est surtout un théoricien du complot à l’imagination débordante.

Missiles dans l’unité 4

 

Photo Tepco Photo Tepco

 

Certains internautes ont réussi à échafauder une théorie comme quoi on fabriquait des missiles dans le réacteur n°4 de Fukushima Daiichi à partir de cette photo diffusée par Tepco. On distingue bien deux poteaux dont la base est munie de 4 jambes de force qui accroissent leur stabilité et leur solidité. Mais rien à voir, mis à part la forme ressemblante, avec des missiles et à des ailettes…

Voici une info véritable pour faire le pendant de celle du « missile » : une bombe américaine a bien été trouvée à la centrale de Fukushima Daiichi au cours de travaux destinés à créer un parking en 2017. La région où est implantée la centrale Fukushima Daiichi, à cheval sur les localités côtières de Futaba et Okuma, hébergeait en effet durant la Seconde Guerre mondiale une base aérienne de l’armée nippone et a subi des bombardements étatsuniens importants, notamment en 1945.

Concours de hoax

Et pour terminer ce chapitre, juste pour rire, mais je ne mettrai pas le lien, cette pépite de conspirationisme : « Révélation Fukushima: c’était un méga attentat ! ». Vous retrouverez facilement cet article sur le net, où le site Wikistrike (dont la devise est « Rien ni personne n’est supérieur à la vérité » !) assure que le Japon a été victime d’un attentat qui a utilisé  le système Haarp, que le séisme n’était pas de magnitude 9, que le réacteur 4 a été détruit par une arme nucléaire, que Naoto Kan a payé 20 milliards pour éviter que le mont Fuji n’explose, etc. Qui dit mieux ?

 

10. Communication insidieuse

La minute de vérité

 

Incendie de l’unité 1 de Fukushima Daiichi qui n’a jamais eu lieu (capture d’écran du film « Accident nucléaire de Fukushima » de Steve WebbIncendie de l’unité 1 de Fukushima Daiichi qui n’a jamais eu lieu (capture d’écran du film « Accident nucléaire de Fukushima » de Steve Webb

 

Sorti en 2012, le film documentaire de Steve Webb, « Accident nucléaire de Fukushima », réécrit l’histoire en développant une kyrielle de mensonges : les explosions des unités 1 et 3, dont les images existent pourtant, sont minimisées avec des reconstitutions ne correspondant pas du tout à la réalité. Quant à l’explosion de l’unité 2, elle n’est même pas mentionnée. Le film énonce également que les experts de l’AIEA sont intervenus « quelques jours après le tsunami », ce qui est complètement faux. Ils ne sont venus à Fukushima que fin mai 2011. Autre mensonge : « trois des réacteurs de Fukushima sont totalement irréparables ». C’est faux puisque les explosions ont concerné 4 bâtiments réacteurs. Autre absurdité : les gaines de zirconium protègeraient le combustible de la chaleur. Le mensonge continue avec le tonnage de combustible de Tchernobyl répandu dans l’atmosphère : 8 tonnes selon le reportage. Pourtant, d’après le magazine La Recherche, c’est 50 tonnes, cherchez l’erreur… On continue : aucune mention du problème majeur de l’eau contaminée stockée sur le site.

Et en conclusion, cerise sur le gâteau, la voix off dit qu’il faudra peut-être 10 ans avant que les personnes évacuées puissent toutes revenir chez elles ! Et quid de la contamination qui continue ? de la période de 30 ans du césium 137 ? de la fin programmée des indemnités aux réfugiés ?

Le réalisateur dévoile finalement sa subjectivité en validant la décision de Shinzo Abe de poursuivre le redéploiement du nucléaire au Japon. Ce film, qui a été construit avec de nombreuses incohérences et mensonges, est fait à la gloire de l’industrie nucléaire et prétend, dès 2012, tirer les leçons de la catastrophe pour continuer à produire de l’électricité nucléaire. Il a été diffusé en septembre 2015 dans la série « La minute de vérité » sur la chaîne française Numéro 23, désormais dénommée RMC Story.

 

Fausse traduction

 

Fausse traduction de l’IRSN (capture d’écran de la vidéo de l’IRSN)Fausse traduction de l’IRSN (capture d’écran de la vidéo de l’IRSN)

Dans la vidéo très instructive et très bien conçue « L’analyse de l’IRSN du déroulement de l’accident de Fukushima » diffusée sur youtube en 2013, la traduction des paroles de Masao Yoshida, directeur de la centrale de Fukushima Daiichi est fausse. Le 14 mars 2011, juste après l’explosion de l’unité 3, celui-ci, affolé, appelle le quartier général pour l’informer de la situation : « QG ! QG ! C’est affreux ! L’unité 3 a explosé maintenant. Je pense que c’est probablement la vapeur ! » (source : TV japonaise, 7:38 – 7:48). Or, l’IRSN, qui a repris la bande son de Tepco, a livré cette traduction : « QG ! QG ! C’est terrible ! On a eu un problème sur le site n°3 ! » (source vidéo de l’IRSN, 52:56 – 53:06). Pourtant, aucun doute, Yoshida dit bien « suijôki » (vapeur). La traduction de l’IRSN censure ainsi l’hypothèse émise par le directeur de la centrale : l’explosion de vapeur. L’IRSN s’aligne donc sur la version officielle du gouvernement japonais en faisant mentir feu Yoshida.

 

Comment vivre heureux en territoire contaminé ?

C’est le programme que vous propose Ethos, sous la houlette du Français Jacques Lochard, directeur du CEPN et vice-président de la CIPR. Comme cela coûte trop cher de déplacer les populations suite à un accident nucléaire, les gouvernements, en totale complicité avec les industriels de l’atome, ont inventé le programme Ethos qui permet de faire accepter la vie en territoire contaminé. Expérimenté dans les territoires pollués de Tchernobyl, il a été d’autant plus facilement appliqué aux populations de Fukushima. Le sociologue Frédérick Lemarchand pose bien le problème : « Faut-il entraîner l’humanité à « vivre avec » les conséquences d’un accident nucléaire ? Le faire est techniquement raisonnable car un accident est toujours possible, y compris en Europe, mais politiquement condamnable car conduisant à une logique d’adaptation à ce qui doit rester à jamais inacceptable. »

 

  1. Confusions courantes

dosimètre et radiamètre : un dosimètre mesure en continu les doses reçues et donnera au final une dose reçue pour une certaine durée. Par exemple, les travailleurs du nucléaire portent des dosimètres pour limiter leur présence en milieu radioactif. On peut aussi se servir d’un dosimètre pour mesurer la présence de radon dans une pièce. Le radiamètre quant à lui sert à mesurer la radioactivité gamma d’un environnement à un instant T. On le nomme aussi plus communément compteur Geiger car il compte les désintégrations qui passent dans son capteur.

microsievert et millisievert : ces deux unités de mesure ont fait souvent l’objet de confusions lors des premières semaines de la catastrophe de Fukushima. Ce sont toutes les deux des fractions décimales du sievert, unité servant à mesurer la dose reçue par une personne. Le millisievert (mSv) est un millième de sievert alors que le microsievert (µSv) en est un millionième.

radiation et radioactivité : le mot radiation est un terme rassemblant toutes sortes de choses comme la chaleur, la lumière, les rayons X ou les rayons radioactifs. Alors que la radioactivité ne couvre que les rayons radioactifs. Utiliser le terme radiation à la place de radioactivité, comme le veut l’usage anglo-saxon, n’est pas anodin car cela amoindrit la précision d’un discours, voire minimise sa portée.

barres et assemblages : le combustible nucléaire est conditionné dans des barres de 4 m environ appelées aussi crayons. Les barres sont disposées par dizaines dans des assemblages de section carrée. Au moment de l’accident nucléaire en 2011, la centrale de Fukushima avait 14225 assemblages dans ses 6 réacteurs et ses 7 piscines, soit 896 175 barres.

centrales et réacteurs : la France compte 58 réacteurs mais elle n’a que 19 centrales nucléaires car elles possèdent toutes plusieurs tranches (ou unités). Le Japon quant à lui avait 54 réacteurs nucléaires en 2011 au moment de l’accident répartis dans 15 centrales. Aujourd’hui, il n’y a plus que 9 réacteurs en activité. La population est devenue très méfiante vis-à-vis de cette énergie dangereuse qui, de surcroît, est devenue moins rentable que certaines énergies renouvelables.

Fukushima (II): Fausses nouvelles

3 février 2020

Article publié en trois parties.

Lien vers le sommaire et la première partie

 

4. Hoax animaliers

Poisson-loup de Béring

Source : tweet de Hiroshi Hirasaka (https://twitter.com/hirahiroro/status/644447532848803840)
Source : tweet de Hiroshi Hirasaka (https://twitter.com/hirahiroro/status/644447532848803840)
 

Comme le relève encore Audrey Garric, ce poisson n’est pas le résultat d’une mutation due à la pollution radioactive de Fukushima. Il a été pêché au large de l’île d’Hokkaido, à 800 km de la centrale, par un journaliste biologiste passionné par la recherche de créatures marines. La photo qu’il a publiée sur tweeter en 2015 déforme un peu la gueule de l’animal à cause de l’angle de la prise de vue, ce qui a conduit certains internautes à imaginer qu’il pouvait être un mutant. En réalité, cette espèce s’avère plutôt commune dans la zone où elle a été pêchée et la taille de ce spécimen est dans la norme de l’espèce.

En revanche, près de Fukushima, les pêcheurs se battent depuis des années pour que Tepco ne relâche pas dans l’océan le million de mètres cube d’eau contaminée qui ont été entreposés sur le site.

Monstre marin

Source : news.nationalgeographic.comSource : news.nationalgeographic.com

 

Mais quel est ce nouveau monstre marin que Fukushima aurait pu encore produire ? En fait, il s’agit juste de baleineaux siamois retrouvés à Laguna Ojo de Liebre en Basse-Californie. Les réseaux sociaux ont diffusé cette image en 2014 en l’associant une fois de plus à Fukushima. Selon Michael Moore, vétérinaire à la Woods Hole Oceanographic Institution (Massachusetts) spécialisé dans l’analyse médico-légale des décès de mammifères marins, « il n’est pas rare d’avoir des jumeaux siamois chez les grandes baleines ».

En savoir plus

Toutefois, sans forcément créer de monstres hideux, la radioactivité peut avoir des effets dramatiques sur la faune, comme en atteste la mort prématurée des chevaux de M. Hosokawa ou ces malformations sur divers mammifères et insectes (lien).

Baleines échouées

Source : changera.blogspot.comSource : changera.blogspot.com

 

Il arrive que l’on retrouve des baleines mortes sur les plages sans que l’on ne sache pas toujours pourquoi. Sur cette photo, ces baleines ne sont pas mortes, elles se sont échouées sur une plage en 2010, très loin de Fukushima, en Nouvelle – Zélande. Or, en 2013, de grandes angoisses – justifiées – sur la pollution de la mer se sont traduites par un article rassemblant des informations véridiques d’animaux mourant en masse en Alaska et un peu partout dans le monde. Mais jamais de rapport évident avec Fukushima. Il existe des tas de pollutions marines qui peuvent produire ces désastres écologiques (plastiques, hydrocarbures, usines côtières, etc.). Le rejet quotidien et permanent de centaines de tonnes d’eau hautement radioactive dans l’océan Pacifique à Fukushima Daiichi est évidemment bien réel, mais les conséquences de ces rejets massifs dans l’environnement marin et terrestre, même si elles sont déjà étudiées, ne sont pas encore très bien connues.

En savoir plus

Lapin sans oreille

Lapin sans oreille : origine inconnue (Source : capture de vidéo de yuunosato)Lapin sans oreille : origine inconnue (Source : capture de vidéo de yuunosato)

 

Dans une vidéo qui a buzzé en 2011, on voit un lapereau blanc sans oreille. Toutefois, il est impossible de savoir où a été tourné cette vidéo. De plus, on connaissait déjà les lapins sans oreille avant 2011. La peur de la mutation génétique engendrée par la radioactivité, calamité réelle, se traduit ainsi par la diffusion de bizarreries, mais celles-ci ne sont pas forcément dues à Fukushima. Les mutations, si elles peuvent bien évidemment être provoquées par la radioactivité, ont d’autres origines possibles : elles peuvent apparaître spontanément (elles sont d’ailleurs à la base de l’évolution des êtres vivants) comme elles peuvent aussi être dues à des produits chimiques.

Ce canular a été relayé entre autres par RTL en juin 2011.

En savoir plus

Dauphins morts

Source : ReutersSource : Reuters

 

Le site 7sur7.be titrait le 7 mai 2015 que des dauphins étaient morts à cause de Fukushima. Trente chercheurs ont ainsi autopsié les 17 animaux retrouvés sur les côtes d’Ibaraki au sud de Fukushima. « Les poumons de ces dauphins étaient blancs, ce qui, d’après les scientifiques, est une indication du manque de sang acheminé vers les organes dû à un empoisonnement par radiation. » L’ACRO quant à elle se demande comment cette info a pu être construite à partir d’un échouage de 155 dauphins sur une dizaine de kilomètres. Elle fait l’hypothèse que la source du site 7sur7.be puisse être enenews.com, qui fait un lien avec la radioactivité alors que les sources japonaises ne le font pas. Enenews est en effet familier de ce genre d’amalgames. « Comme si la radioactivité était la seule pollution océanique responsable de tous les maux. »

En savoir plus

5. Errare humanum est

 

Centrale nucléaire inconnue

Une centrale nucléaire en bord de côte (Source : Kim Kyung-Hoon/Reuters)Une centrale nucléaire en bord de côte (Source : Kim Kyung-Hoon/Reuters)

 

Ce cliché, attribué au photographe Kim Kyung-Hoon, ne représente pas la centrale de Fukushima Daiichi. Cette dernière n’a pas de tels silos, ses bâtiments réacteurs n’ont pas le même design, les cheminées ne sont pas à la même place, le terrain n’est pas configuré de la même manière et, avec cet angle de vue, on devrait voir le réacteur n°3. Pourtant, cette photo est régulièrement utilisée dans les médias pour illustrer des articles sur Fukushima Daiichi. Peut-être une erreur de l’agence Reuters ? Elle a été diffusée à partir du 12 mars 2011 par des dizaines de sites d’information à un moment où personne ne connaissait vraiment Fukushima Daiichi. Cette photo est très intrigante, car le bâtiment de gauche semble être chaud, de la vapeur se dégageant du toit ; et à quoi pourraient servir de tels silos dans un site nucléaire ? Ce qui est très amusant, c’est qu’un article de Paul Blustein, diffusé par Slate en 2013, reprend cette photo alors que le titre de l’article est « Tout ce que vous avez entendu sur l’accident nucléaire de Fukushima est faux ». C’est dur de prétendre détenir seul la vérité !

Erreur de centrale de Fukushima

Fausses nouvelles et vrais mensonges sur Fukushima (II)
 

 

Oui, cette centrale ressemble beaucoup à celle de Fukushima Daiichi. C’est bien la centrale nucléaire de Fukushima, mais Fukushima Daini – d’où l’erreur commise par Le Point. Daiichi veut dire n°1 et Daini, n°2. Elle est située à 12 kilomètres au sud de la première, mais contrairement à sa jumelle, celle-ci n’a pas provoqué de catastrophe. Non seulement les deux noms se ressemblent mais l’alignement des quatre réacteurs au bord de la côte aussi. Elle a été construite sur le modèle et dans la foulée de Fukushima Daiichi dans les années 80. On peut facilement la différencier car contrairement à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, celle de Daini n’a pas son premier bâtiment réacteur décalé par rapport aux autres.

Pour ne pas se tromper de centrale nucléaire japonaise, il faut faire un petit effort de documentation, comme avec cet article de Hori Yasuo : Le point sur les centrales nucléaires du Japon et autres nouvelles.

Mais où sont les piscines de Fukushima ?

« Un zoom à la verticale sur le 3, où on distingue bien la piscine à combustibles usés, dans l’angle en haut à gauche » : légende de la photo du site de Sylvestre Huet (Libération)« Un zoom à la verticale sur le 3, où on distingue bien la piscine à combustibles usés, dans l’angle en haut à gauche » : légende de la photo du site de Sylvestre Huet (Libération)

 

Avant de m’intéresser au nucléaire, je ne savais pas où étaient les piscines de désactivation. Pour les journalistes, c’était pareil, ils ont eux aussi peiné à les repérer dans ce fatras de ruines de bâtiments réacteurs, d’où des erreurs. Comme celle de Sylvestre Huet, journaliste scientifique au journal Libération, qui a cru trouver la piscine de désactivation du réacteur n°3 sur une photo verticale « où on distingue bien la piscine à combustibles usés, dans l’angle en haut et à gauche » (article du 31 mars 2011)… sauf que dans l’angle en haut et à gauche, il s’agit du sas d’accès matériel (« equipment hatch »). Rien à voir avec une piscine donc.

Capture d’écran d’une illustration du site du Nouvel ObservateurCapture d’écran d’une illustration du site du Nouvel Observateur

 

Un an plus tard, Vincent Jauvert, publie sur le site du Nouvel Observateur (article du 23 août 2012) un article comportant lui aussi une erreur de localisation : il entoure d’un rond blanc un espace bleuâtre correspondant au démantèlement d’une partie du niveau technique du bâtiment réacteur n°4. Cette couleur était due à la mise en place d’un filet de protection. La piscine quant à elle se cachait sous une couverture métallique quelques mètres plus loin.

Le plus marrant dans cette histoire, c’est que Sylvestre Huet s’est fendu d’un article polémique en tirant à boulets rouges sur Vincent Jauvert car le site du Nouvel Obs n’avait pas retiré la photo erronée. Or, alors que je l’avais prévenu de son erreur, ce même journaliste de Libération n’a jamais cru bon non plus corriger sa fausse localisation de piscine en ligne depuis 8 ans.

Le syndrome chinois

Schéma apparu dès le 14 mars 2011 sur le forum US Message Board

Schéma apparu dès le 14 mars 2011 sur le forum US Message Board

 

Le syndrome chinois fait allusion à l’hypothèse selon laquelle, suite à une fusion de cœur d’un réacteur nucléaire situé en Amérique du Nord, le corium pourrait percer les barrières qui le confinent, s’enfoncer sous terre, traverser la croûte terrestre et atteindre la Chine. Cette théorie a été diffusée en particulier en 1979 à l’occasion de la sortie du film « Le syndrome chinois » de James Bridges. Sans que l’on conserve cette idée saugrenue que le corium pourrait traverser la planète, le scénario du pire a été évoqué quelques jours après le début de la catastrophe, à savoir que le corium descendant dans le sol jusque la nappe phréatique menaçait de provoquer une explosion de vapeur. Ce qu’on sait moins, c’est que la théorie d’origine n’est pas une fiction et qu’elle était prise très au sérieux par les scientifiques. Le ministère de l’Industrie du Japon en avait d’ailleurs créé une animation qui montre les conditions du melt-down, du melt-through puis du melt-out dans un réacteur du type de Fukushima.

 

A mon sens, pour qu’une explosion de vapeur se produise en cas de melt-out, il faudrait qu’une masse importante de corium de plusieurs milliers de degrés tombe brusquement dans un lac souterrain, ce qui est fort peu probable quand le sous-sol n’est pas karstique. En revanche, une explosion de vapeur est possible dans une centrale nucléaire avant que le corium ne sorte de la centrale, dans le cas où une masse considérable de corium tombe dans un espace confiné rempli d’eau, comme cela a pu se produire à Fukushima.

Explosion ou pas, les coriums ont très rapidement été en contact avec la nappe phréatique car fin mars 2011, le taux de radioactivité de l’eau de mer, en lien avec la nappe phréatique, était plusieurs milliers de fois supérieur à la normale et la semaine suivante plusieurs millions de fois.

6. Fausses nouvelles

Incendie à la piscine commune ?

Image saturée, à partir d’une capture d’écran webcam Tepco, juin 2011Image saturée, à partir d’une capture d’écran webcam Tepco, juin 2011

 

En 2011, plusieurs internautes ont cru, au vu d’effets de lumières de projecteurs sur des brouillards intenses et mouvants que l’on pouvait observer en direct grâce à la webcam de surveillance de Tepco, que la piscine commune du site de Fukushima Daiichi (qui « abrite » plus de 1000 tonnes de combustible nucléaire) était en feu. Si cela avait été le cas, aucun homme n’aurait pu sortir sur le site de la centrale sans risquer sa vie et la pollution mondiale qui s’en serait suivi n’aurait pu être cachée. Alors que certains internautes utilisaient des effets de couleurs à partir des vidéos de la webcam pour démontrer que de la vapeur s’échappait bien des réacteurs, d’autres ont mal interprété ces couleurs vives comme on peut en voir sur l’illustration ci-dessus. Le jaune, l’orange et le rouge dramatisent l’image et suggèrent ainsi un incendie.

Cela dit, un feu de piscine reste toujours possible et c’est sans doute ce qu’il peut arriver de pire dans une centrale nucléaire puisque les piscines n’ont pas de confinement. Sans eau de refroidissement, les barres de combustible peuvent brûler comme des cierges magiques répandant dans l’atmosphère les produits de fission. Le risque le plus grand en France se situe à la Hague qui stocke 10 000 tonnes de combustible nucléaire dans des piscines sous des toits de tôle. En cas d’incendie de piscine à la Hague, tout le nord de l’Europe serait pollué irrémédiablement et la récente catastrophe industrielle de Rouen ne serait qu’un souvenir insignifiant.

En savoir plus sur le feu de piscine

La piscine n° 4 a-t-elle été vide d’eau en mars 2011 ?

Comment voir si la piscine contient encore de l’eau ? (photo Cryptome)Comment voir si la piscine contient encore de l’eau ? (photo Cryptome)

 

En pleine crise nucléaire, le 16 mars 2011, les États-Unis ont conseillé subitement à leurs ressortissants vivant au Japon de s’éloigner à plus de 80 km de la centrale de Fukushima. Les experts américains craignaient en effet le pire, c’est-à-dire un incendie imminent du combustible de la piscine du réacteur n°4. On sait maintenant que le chef de l’Autorité de sûreté américaine s’est affolé à tort en croyant que la piscine était vide. Comme quoi on peut être expert et se tromper. Mais les Japonais ne communiquaient pas beaucoup, c’était très difficile d’avoir des informations (comme toujours en cas de catastrophe nucléaire). Car si vraiment elle avait été vide, la catastrophe aurait tourné au pire : le combustible nucléaire aurait pris feu et aurait pollué le monde entier.

Cependant, les Japonais se préparaient au pire également : Naoto Kan, alors premier ministre, était prêt également à faire évacuer la population dans un rayon de 250 km autour de la centrale, Tokyo compris. C’est dire si le danger était grand, danger que ne mesurent toujours pas la majorité des Français qui vivent à moins de 150 km d’une centrale nucléaire.

Une chose étrange tout de même dans cette histoire, c’est que des incendies ont été déclarés les 15 et 16 mars dans le bâtiment réacteur n°4, dont le premier aurait été éteint par l’armée américaine. Mais 9 ans après, on ne connaît toujours pas la nature de ces incendies. 

Accident de criticité à la centrale nucléaire ?

Capture d’écran de la webcam TBS, 2011Capture d’écran de la webcam TBS, 2011

 

En décembre 2011, certains internautes ont interprété cette capture d’écran de la webcam TBS/JNN – qui diffusait également des images de la centrale de Fukushima Daiichi en continu – comme une explosion ou un flash radioactif. Plus sérieusement, il s’agissait vraisemblablement d’un recalibrage de la caméra ou d’une sursaute de tension. Des spécialistes en vidéo pourraient expliquer ça mieux que moi. Ce phénomène a eu lieu à nouveau en août 2013 (vidéo à 1:28). Le flash provenait également de la droite de l’image avec la même orientation.

Cela dit, des accidents de criticité peuvent survenir dans des installations nucléaires, il en est répertorié une soixantaine depuis 1945. À Fukushima d’ailleurs, la scientifique Dominique Leglu avait rapportéqu’en mars 2011, des « bouffées de neutrons extrêmement dangereuses » pour les humains et pouvant endommager les appareillages alentour, avaient été observées à 13 reprises.

Un réacteur est-il tombé dans l’océan ?

Capture d’écran de l’article en ligne sur neotrouve.comCapture d’écran de l’article en ligne sur neotrouve.com

 

Le summum du désastre du recyclage de diverses sources sans compréhension aucune… A partir de l’info en février 2017 que le corium avait fait un trou dans une plateforme sous le réacteur 2 de Fukushima Daiichi, divers sites, dont newspunch, ont repris l’info en la mélangeant avec de vieilles infos concernant le réacteur 4. C’est ainsi que le corium qui est tombé dans l’enceinte de confinement est devenu sans problème un réacteur qui est tombé dans l’océan… L’illustration associée à cette infox dans le site neotrouve est encore pire car elle a repris la photo de l’incendie de la raffinerie d’Ichihara. Ça me rappelle une info que j’ai lue dans un site russe d’information francophone qui mentionnait qu’un séisme avait été provoqué par une explosion de vapeur due à la rencontre du corium avec la nappe phréatique. En réalité, dès mars 2011 et encore aujourd’hui, les coriums se sont mélangés et se mélangent à la nappe phréatique en provoquant beaucoup de vapeur (en 2011 et 2012) et une pollution permanente de l’océan .

_________________________

Lien  vers la troisième partie de l’article (bientôt !)

Page 4 of 5

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén