"Rien n'est plus proche du Vrai ... que le Faux"

Catégorie : Japon 2020 Page 3 of 5

JO Japon: COÛT D’UN REPORT…

Le coût colossal d'un report des JO 2020 pour le Japon

 

LE COÛT COLOSSAL D’UN REPORT DES JO 2020 POUR LE JAPON

LE SCAN SPORT – L’officialisation du report des JO est une très mauvaise nouvelle pour le pays organisateur avec une facture estimée à plus de cinq milliards d’euros.

 

Le Japon va payer au prix cher le report des Jeux olympiques en 2021, probablement l’été prochain même si la question n’a, selon le Comité international olympique, pas été abordée avec les dirigeants japonais dans les heures qui ont précédé l’officialisation de la nouvelle. «Les conséquences financières n’ont pas été évoquées et ne sont pas la priorité, il s’agit de protéger des vies», a déclaré son président du CIO Thomas Bach à plusieurs médias, dont l’AFP.

Mais le sujet va inévitablement être d’actualité dans les prochaines semaines. Selon Katsuhiro Miyamoto, un professeur en économie du sport à l’université de Kansai, cette décision pourrait coûter au pays organisateur jusqu’à 5,8 milliards de dollars (soit 5,35 milliards d’euros). Rapportés au coût global des JO, environ 1,350 milliards de yens (soit 11,5 milliards d’euros sans compter les frais très élevés liés au déplacement du marathon et les épreuves de marche vers le nord, à Sapporo), le choc risque d’être lourd à encaisser pour les organisateurs.

La récession économique pourrait peser lourdement sur l’édition en 2021

Le premier secteur impacté englobe l’entretien et la maintenance de toutes les installations sportives, du village olympique, ainsi que la préparation de l’événement en 2021 avec une ardoise évaluée, selon lui, à 3,5 milliards d’euros. Mais ce n’est pas tout, le Japon devra aussi s’asseoir sur toutes les rentrées d’argent programmées avec la venue de centaines de milliers de touristes, les ventes des produits dérivés et un grand maque à gagner de l’économie des services. Katsuhiro Miyamoto évalue ce trou à un peu moins de deux milliards d’euros.

Mécaniquement, ces recettes attendues alors que l’activité du pays marche déjà au ralenti en raison de la pandémie, devraient en toute logique tomber dans les caisses de l’économie nippone l’année prochaine. Sauf que la situation économique mondiale, très incertaine dans les mois à venir, pourrait avoir des conséquences négatives sur le nombre de visiteurs attendus en 2021 alors que le secteur touristique contribue à hauteur de 7,4% du PIB japonais. Si la crise économique et financière succède, comme il est fort à craindre, à la crise sanitaire, bon nombre de voyageurs pourraient décider de renoncer à leur escapade olympique.

Une secousse qui aura aussi des répercussions sur la filière sport en France

La secousse du report des Jeux olympiques aura des conséquences économiques jusqu’en France. Mise au chômage technique dans l’Hexagone en raison de la pandémie du coronavirus, la situation filière sportive pourrait aussi voir sa situation fragilisée au moment où les soutiens public sont en diminution dans ce secteur. «Le Comité international olympique (CIO) reverse une large partie de ses bénéfices par le biais de différents programmes de solidarité. Or si on décale d’un an, on décale peut-être d’un an les financements de nouveaux programmes. La solidarité peut être menacée. Et ce sera encore pire s’il y a des annulations d’autres événements sportifs», s’inquiète Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de droit et d’économie du Sport (CDES) de Limoges.

JO Tokyo 2020 : report devenu inévitable

Jeux olympiques. Tokyo 2020 : chronologie d’un report devenu inévitable

 

La réponse tant attendue est enfin tombée ce mardi : les Jeux olympiques de Tokyo 2020 ont été reportés par les organisateurs, quatre mois jour pour jour avant le début prévu de la compétition. Retour sur les grandes dates d’un report inéluctable.

Les JO 2020 sont reportés.
Les JO 2020 sont reportés. | REUTERS


7 septembre 2013 : Tokyo élue ville-hôte

À Buenos Aires (Argentine), lors de la 125e session du Comité international olympique (CIO), Tokyo est élue ville-hôte des Jeux olympiques 2020, face à Istanbul (Turquie) et Madrid (Espagne). Les 32es Olympiades de l’ère moderne se tiendront du 24 juillet au 9 août 2020. Lors de cette même cession de l’instance olympique mondiale, l’Allemand Thomas Bach est élu neuvième président du CIO.

25 février 2020 : « Nous n’avons jamais discuté de l’annulation »

Alors que l’épidémie de coronavirus continue de se propager dans le monde à vitesse « grand V », et notamment au Japon, les organisateurs de Tokyo 2020 ne discutent pas « de l’annulation des Jeux. La préparation se poursuit comme prévu. » À cette date, 156 cas de contamination ont été recensés dans l’archipel nippon, dont un décès. Le jour même de cette déclaration du comité organisateur olympique, la Fédération japonaise de football, la J-League, annonce le report de l’ensemble des matches du championnat jusqu’au 15 mars au moins. Mais, à propos des Jeux, le ministre japonais de la Santé balaye les inquiétudes : « Ils auront lieu en juillet ».

26 février 2020 : les premiers doutes

Dans un entretien à The Associated Press, le Canadien Dick Pound, membre du Comité international olympique, évoque, lui, la possibilité d’une « annulation » de la compétition en raison de la propagation de l’épidémie. « Dans ce genre de moments, je pense qu’ils vont devoir se demander : « Est-ce sous contrôle et pouvons-nous être confiants pour Tokyo ? » ».

28 février 2020 : le CIO s’en remet à l’OMS

Le CIO annonce qu’il n’envisagera pas de reporter ou d’annuler les Jeux olympiques de Tokyo 2020 tant qu’il n’aura pas été invité à le faire par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « À moins d’une crise mondiale dont la gravité empêcherait les Jeux d’avoir lieu, ou pousserait les autorités à interdire les déplacements ou quelque chose dans le genre, nous allons de l’avant », explique cette fois Dick Pound, membre historique de l’institution sportive. Mais il prévient aussi : « Il serait irresponsable de continuer à avancer sans avoir à l’esprit que quelque chose pourrait survenir. » Existe-t-il une date butoir avant laquelle une décision devra être prise concernant la tenue des Jeux ? « À un moment donné, que ce soit deux mois ou un mois en amont, quelqu’un devra trancher ».

3 mars 2020 : « Des Jeux 2020 réussis »

Alors que l’épidémie de coronavirus a déjà fait plus de 3 000 morts dans le monde et a entraîné l’annulation ou le report de nombreux événements sportifs, Thomas Bach se veut rassurant en déclarant que le « CIO est totalement déterminé à la tenue de JO couronnés de succès à Tokyo à partir du 24 juillet ». Le Comité olympique international se prépare « pour des Jeux olympiques de Tokyo 2020 réussis ».

Thomas Bach se veut rassurant. | AFP

6 mars 2020 : le CIO s’est assuré contre le risque d’annulation

Face à la crise sanitaire, le CIO est assuré contre un possible risque d’annulation des JO de Tokyo 2020. Une annulation liée au coronavirus, dont l’épidémie est apparue bien après la signature du contrat d’assurance, sera dès lors couverte. La première « assurance annulation » des Jeux olympiques souscrite par l’instance remonte aux JO d’Athènes en 2004, une innovation du président de l’époque, le Belge Jacques Rogge.

12 mars 2020 : la flamme olympique s’allume

Sur le site des premiers Jeux Olympiques de l’Antiquité, la flamme est allumée à Olympie (Grèce), en l’absence de spectateurs pour cause du coronavirus, alors que la Grèce a enregistré son premier mort le matin. C’est l’actrice Xanthi Georgiou, vêtue en ancienne prêtresse, qui allume la torche de manière traditionnelle grâce aux rayons d’un soleil radieux passant à travers un miroir parabolique. La flamme commence alors son périple qui doit la mener jusqu’au Japon, pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Tokyo le 24 juillet.

Xanthi Georgiou allume la flamme olympique. | REUTERS

14 mars 2020 : le Premier ministre japonais optimiste

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe promet que Tokyo accueillera bien comme prévu en juillet les Jeux olympiques, malgré les interrogations suscitées par la pandémie. Il précise n’avoir pas l’intention dans l’immédiat de proclamer l’état d’urgence face à la propagation du virus qui a infecté plus de 700 personnes au Japon et en a tué 21. « Nous voulons organiser les JO comme prévu, sans problème, en maîtrisant la propagation du virus », selon le chef du gouvernement japonais, deux jours après que le président américain Donald Trump a suggéré un report d’un an des Jeux prévus au Japon.

17 mars 2020 : « Pas de décisions radicales »

La Commission exécutive du CIO se réunit par visio-conférence. Résultat ? « Il n’est pas nécessaire de prendre de décisions radicales », juge le Comité international olympique. Le même jour, l’Euro 2020 de football et le tournoi de tennis de Roland-Garros sont reportés.

18 mars 2020 : le débat s’amplifie

La polémique commence à monter, entre les partisans du maintien et ceux d’un report ou d’une annulation. Certains athlètes prennent la parole en faveur d’un report des Jeux, comme Pascal Martinot-Lagarde, champion d’Europe et médaillé de bronze mondial sur 110 m haies ou le recordman du monde du décathlon français Kévin Mayer, qui évoque le problème d’équité « entre ceux qui ont ou auront eu accès à un entraînement normal et à des compétitions ». Le président de la Fédération française de natation Gilles Sezionale se dit « atterré » par le maintien. Martin Fourcade (quintuple champion olympique de biathlon) estime, lui, qu’il ne faut pas se précipiter mais au contraire prendre son temps avant d’envisager un éventuel report des Jeux olympiques.

« Il n’y a pas de solution idéale dans cette situation, estime alors le Comité international olympique. C’est une situation exceptionnelle qui appelle des solutions exceptionnelles ». Les réunions se poursuivent entre le président de l’instance, les comités nationaux olympiques et des représentants des sportifs.

20 mars 2020 : la flamme olympique arrive au Japon

Partie la veille d’un stade Panathénaïque vide en Grèce, la flamme arrive à Matsushima, au nord-est du Japon, accueillie sur le tarmac par un groupe d’invités réduit en raison du coronavirus.

La torche arrive au Japon. | EPA/MAXPPP

Le président du Comité international olympique, de son côté, affirme au New York Times qu’aucune décision n’a encore été prise concernant un report de la quinzaine olympique : « Pour nous, ce ne serait pas responsable aujourd’hui et ce serait prématuré de partir dans des spéculations et de prendre une décision ». « La décision du CIO ne sera déterminée par aucun intérêt financier », assure-t-il.

21 mars 2020 : les Fédérations entrent dans la danse

La Fédération américaine d’athlétisme, l’une des plus puissantes institutions du sport mondial, réclame à son tour le report des Jeux olympiques de Tokyo. Comme elle, la Fédération US de natation se prononce pour cette option, comme la Fédération française de natation et la Fédération espagnole d’athlétisme. Plusieurs athlètes canadiens signent aussi un texte commun appelant au report des JO. Les comités olympiques norvégien et brésilien lèvent leur voix.

22 mars 2020 : le monde attend la décision du CIO, sous pression

Olivier Véran, le ministre français des Solidarités et de la Santé, annonce qu’il ne souhaiterait pas envoyer d’athlètes français participer aux Jeux olympiques 2020, cet été à Tokyo. « Ai-je vocation à demander la suspension des JO ? Non. Est-ce que, en tant que ministre, je souhaiterais envoyer nos athlètes pour y participer ? Non. »

Le même jour, André Giraud, le président de Fédération française d’athlétisme, dit sa volonté de reporter les Jeux olympiques de Tokyo 2020 face à l’urgence sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus. Il souhaite une réponse rapide du CIO. Le président du CNOSF Denis Masseglia prôné, lui, « la moins mauvaise des solutions ».

Plusieurs centaines d’athlètes américains, qui ont participé à une séance de consultation avec des responsables de leur comité olympique, souhaitent que les Jeux olympiques 2020 soient reportés.

En fin de journée, dans une lettre ouverte aux athlètes, le président du Comité international olympique Thomas Bach annonce qu’une décision sera prise dans les quatre prochaines semaines à propos de la tenue ou non des JO 2020 de Tokyo aux dates prévues. S’il évoque un possible report, il écarte toute annulation.

Athlete365 @Athlete365
 

22 March: Letter from IOC President Thomas Bach OLY to athletes.

Read here: https://www.olympic.org/athlete365/voice/22-march-letter-president-thomas-bach-athletes/ 

Voir l'image sur Twitter
483 personnes parlent à ce sujet
 
 

23 mars 2020 : le Japon change de discours

Le Japon, par la voix de son Premier ministre, admet que le report des Jeux olympiques, prévus cet été, est désormais une possibilité. « Si cela devenait difficile, en tenant compte en priorité des athlètes », la décision d’un report « pourrait devenir inévitable », selon Shinzo Abe.

Les comités olympiques et paralympiques du Canada prennent, eux, une position très claire : ils n’enverront pas leur équipe défendre leurs couleurs au Japon, si les Jeux olympiques devaient se tenir comme prévu l’été prochain.

L’union sacrée des fédérations derrière le CIO se fissure. Le président de la Fédération internationale d’athlétisme Sebastian Coe demande au président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, de reporter les Jeux olympiques de Tokyo. Ouvrir les Jeux au 24 juillet comme prévu n’est « ni faisable ni souhaitable ».

24 mars 2020 : les Jeux de Tokyo 2020 sont reportés

Le coronavirus aura eu raison des Jeux cet été. Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, annonce à la télévision avoir trouvé un accord avec le CIO en vue d’un report d’un an . « J’ai proposé de les reporter d’environ un an et le président du Comité international olympique Bach a accepté à 100 % ».

Dans un communiqué, le CIO déclare que : « Dans les circonstances actuelles et sur la base des informations fournies par l’OMS aujourd’hui, le président du CIO et le Premier ministre du Japon ont conclu que les Jeux olympiques de Tokyo devaient être reportés à une date postérieure à 2020 mais au plus tard à l’été 2021, pour protéger la santé des athlètes, de toutes les personnes impliquées dans les Jeux olympiques et de la communauté internationale. »

Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, annonce à la télévision avoir trouvé un accord avec le CIO en vue d’un report d’un an. | EPA/MAXPPP

JO 2020 : le parcours de la flamme

JO 2020 : le parcours de la flamme olympique inchangé malgré la pandémie de coronavirus

Le parcours de la flamme olympique n’est pour l’instant pas modifié. (R. Reyes Marin/Aflo/Presse Sports)

Le parcours de la flamme olympique n’est pas modifié « pour l’instant », et le relais censé débuter jeudi à Fukushima suivra son cours, ont assuré lundi les organisateurs des Jeux Olympiques de Tokyo.

« La décision prise il y a une semaine (de maintenir le parcours de la flamme en l’état) reste pour l’instant appropriée, a déclaré lundi le directeur général du Comité d’organisation des Jeux Olympiques, Toshiro Muto. Le relais de la flamme débutera le 26 mars à Fukushima, les plans n’ont pas changé », et ce malgré les craintes liées à la pandémie de coronavirus. Dimanche, le Comité olympique international (CIO) a pour la première fois évoqué l’option d’un report, et le Comité olympique canadien a déjà fait savoir qu’il n’enverrait aucun athlète si l’épreuve était maintenue aux dates prévues (24 juillet-9 août).

50 000 personnes rassemblées pour voir la flamme

Les organisateurs ont décidé vendredi de réduire le faste de la cérémonie d’accueil de la flamme, acheminée par avion depuis la Grèce : 200 enfants qui devaient y assister ont finalement été renvoyés chez eux. La footballeuse Nahomi Kawasumi, établie aux États-Unis, a par ailleurs annoncé lundi qu’elle renonçait à participer au relais de la torche, afin d’éviter de contaminer qui que ce soit.

Les cérémonies quotidiennes d’accueil et de départ de la flamme ont en outre été interdites aux spectateurs, et les rassemblements sur son parcours découragés. En dépit de ces préconisations, plus de 50 000 personnes se sont massées samedi à la gare de Sendai, à 300 kilomètres au nord de Tokyo, pour voir la flamme qui y était exposée. « C’est une preuve de l’intérêt des Japonais, d’une certaine manière nous en sommes ravis », a commenté Muto, avant de souligner que la priorité des organisateurs résidait dans la prévention de la propagation du virus et la mise en place de « contre-mesures poussées ».

 
publié le 23 mars 2020 à 11h19

JO Tokyo: Report possible

JO de Tokyo: après le CIO, le Japon admet la possibilité d’un report

Par © 2020 AFP

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe devant le Parlement à Tokyo le 23 mars 2020
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe devant le Parlement à Tokyo le 23 mars 2020PHOTO – JIJI PRESS/AFP – –


Le monde peut toujours compter sur le Japon pour accueillir les Jeux cet été, a déclaré M. Abe devant le Parlement nippon, mais « si cela devenait difficile, en tenant compte en priorité des athlètes », la décision d’un report « pourrait devenir inévitable ».

 

Les Jeux olympiques doivent normalement se tenir à Tokyo du 24 juillet au 9 août, et les Paralympiques du 25 août au 6 septembre.

La gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, s’est aussi rangée lundi derrière les propos de M. Abe et du CIO, acceptant qu’un report fasse partie des scénarios qui seront discutés durant les quatre prochaines semaines par tous les partenaires concernés.

Il s’agit d’un tournant dans le discours officiel japonais, alors que les autorités locales poussaient jusqu’à présent pour organiser les Jeux comme initialement prévu.

La flamme olympique est arrivée au Japon vendredi, et des dizaines de milliers d’habitants se sont déjà pressés pour la voir depuis, malgré des festivités nettement limitées en raison du coronavirus. Son relais à travers tout le pays doit démarrer jeudi depuis la région de Fukushima (nord-est).

Dimanche, le Comité international olympique (CIO) avait annoncé l’ouverture de discussions « avec tous les partenaires pour dresser un état des lieux du développement rapide de la situation sanitaire et de son impact sur les Jeux olympiques ».

Ces discussions, qui comprendront le scénario d’un report, doivent être finalisées « dans les quatre prochaines semaines », a précisé le CIO. Il a en revanche exclu l’annulation pure et simple de l’événement, tout comme M. Abe lundi.

– « Très complexe » –

Envisager une nouvelle date devenait indispensable à l’heure où la plupart des compétitions sportives sont à l’arrêt sur l’ensemble des continents, et où près d’un milliard de personnes doivent rester chez elles, avec des mesures de confinement souvent drastiques.

Plus de 324.000 cas d’infection ont été recensés dans 171 pays et territoires depuis le début de la crise sanitaire, qui a fait au moins 14.396 morts, selon le dernier bilan établi par l’AFP dimanche à 19H00 GMT.

La Fédération internationale d’athlétisme, World Athletics, a dit dans un communiqué accueillir « favorablement » l’ouverture de discussions pour un report des Jeux.

Un nombre grandissant de fédérations sportives nationales ont appelé ces derniers jours à un report de l’événement, emboîtant le pas à des critiques d’athlètes d’abord isolées.

Les comités olympique et paralympique du Canada ont franchi un pas en annonçant dimanche qu’ils n’enverraient pas leurs athlètes si les JO étaient maintenus cet été. Ce pays plaide pour un report d’un an.

En France le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’était aussi déclaré dimanche peu enclin à envoyer des sportifs au Japon dans quatre mois.

« Il est clair que les Jeux ne peuvent se tenir en juillet », a estimé lundi le vice-président du Comité olympique australien Ian Chesterman, invitant les athlètes du pays à se préparer pour l’été 2021.

Au-delà des questions évidentes de santé, la pandémie actuelle de coronavirus pose d’énormes difficultés pour les sportifs qui ne peuvent ni s’entraîner en vue des JO, ni même, dans un certain nombre de disciplines, tenter de se qualifier, faute de compétition.

L’ancien roi américain du sprint Carl Lewis a suggéré dimanche de reprogrammer les Jeux en 2022, une solution qu’il estime être « plus pratique » pour les athlètes qui auraient alors « le temps de se préparer ».

L’avis semble largement partagé par les sportifs américains appelés à participer à la compétition, selon une consultation réalisée dimanche. La délégation américaine est traditionnellement la plus importante.

Un report d’un événement aussi gigantesque est toutefois une « opération très complexe », a prévenu samedi le président du CIO, Thomas Bach, dans un entretien avec le média régional allemand SWR. « Reporter les Jeux olympiques n’est pas comme décaler un match de football au samedi suivant ». 

Japon: JO en plein doute

La flamme olympique arrive au Japon pour des JO en plein doute

L’ex-nageuse olympique japonaise Imoto Naoko porte la flamme olympique allumée à la vasque du stade d’Athènes, en Grèce, hier. La flamme a été transportée par avion et est arrivée au Japon.

 

(Tokyo) La flamme olympique atterrit vendredi au Japon, où l’accueil festif prévu a été réduit à sa plus simple expression en raison de la pandémie de coronavirus, qui insinue le doute sur la tenue même des Jeux de Tokyo cet été.

 

URSULA HYZY
AGENCE FRANCE-PRESSE

« Un crève-cœur », avait lâché mardi le directeur général du comité d’organisation de Tokyo 2020, Toshiro Muto, en se résignant à annoncer des mesures destinées à limiter la propagation du nouveau coronavirus pendant le relais de la flamme à travers le pays.

Déjà, ce feu symbole d’union de l’humanité dans l’esprit olympique avait été allumé sans public le 12 mars sur le site antique d’Olympie, en Grèce, où sévit aussi le virus meurtrier. Puis son périple sur le sol grec a dû être arrêté en raison d’une trop grande affluence.  

Apparue en Chine en décembre, la maladie a tué près de 9000 personnes à travers le monde, bouleversé les habitudes, fait se cloîtrer des pays entiers, tandis qu’elle menace de faire plonger l’économie mondiale en récession.

En commençant son parcours dans ce que les Japonais appellent le Tohoku, ou région du nord-est, la flamme devait symboliser la reconstruction des zones dévastées par le gigantesque tsunami du 11 mars 2011, marquées aussi depuis par les séquelles de la catastrophe nucléaire de Fukushima.

Cérémonies annulées

Deux cents enfants de la région devaient accueillir à son arrivée sur une base aérienne de la préfecture de Miyagi le flambeau de couleur rose dorée, à l’image des cerisiers en fleurs attendus avec impatience chaque printemps au Japon. Ils resteront à la maison.

Et M. Muto, selon lequel le relais est « l’événement le plus important avant les Jeux » et doit ainsi « avoir lieu coûte que coûte », a dû énumérer d’autres dispositions peu réjouissantes.

Un grand départ sans spectateurs le 26 mars dans la région de Fukushima depuis le J-Village, vaste complexe sportif transformé des années durant en quartier général des travailleurs chargés de sécuriser puis assainir la centrale nucléaire dévastée.

Pas de spectateurs non plus aux départs et arrivées de chaque étape du relais, cérémonies d’accueil par les municipalités du parcours annulées, prise de température de chaque relayeur.

Les spectateurs pourront suivre les coureurs depuis le bord de la route, mais ont été priés de s’abstenir au moindre signe de maladie.

« Évitez de former des foules » supplient aussi les organisateurs au Japon, où plus de 900 porteurs du virus ont été répertoriés avec 31 décès.

À 10 000 km, au sein d’une Europe devenue foyer majeur du virus, la Grèce a transmis jeudi la flamme au Japon, dans un stade panathénaïque d’Athènes vide.  

C’est à Naoko Imoto, nageuse japonaise aux Jeux d’Atlanta en 1996, que le flambeau a été symboliquement remise. Les organisateurs nippons, dans l’impossibilité de se rendre en Europe du fait de la fermeture des frontières, ont fait appel à elle à la dernière minute, car elle vit en Grèce.

Fronde chez les athlètes

Le flambeau doit parcourir toutes les régions de l’archipel japonais jusqu’au 24 juillet, date prévue de l’ouverture à Tokyo du rendez-vous sportif le plus important du monde, aux énormes enjeux financiers.

Mais pour beaucoup, le cœur n’y est plus tant le doute et l’incertitude progressent sur le maintien de l’événement.

Déjà une multitude de rencontres sportives ont été reportées à travers le monde, et non des moindres : l’Euro et la Copa America de football, Roland-Garros pour le tennis ou encore la course cycliste Paris-Roubaix. Pour les JO eux-mêmes, il a fallu renoncer à certaines épreuves de qualification.

Mardi, le Comité international olympique (CIO) a jugé « pas nécessaire de prendre des décisions radicales », déclenchant une fronde parmi nombre d’athlètes.

« Je pense que l’insistance du CIO à maintenir sa ligne, avec tant de conviction, est insensible et irresponsable », a estimé l’ancienne hockeyeuse canadienne Hayley Wickenheiser, quadruple médaillée d’or aux JO et membre du CIO.

« Le CIO nous demande de continuer à mettre en danger notre santé, celle de nos familles et des gens, juste pour s’entraîner chaque jour ? » a accusé sur Twitter la perchiste grecque Katerina Stefanidi.

« Il n’y a aucune considération du risque qu’ils nous imposent », a encore fulminé la championne olympique 2016.

Fukushima : les conséquences

Fukushima : les conséquences sanitaires

Où en sont les conséquences environnementales et sanitaires de l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daï Ichi, survenu le 11 mars 2011 ? Une série de notes d’informations publiées par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire permet de faire le point sur la situation (ici sur la santé, et là sur l’environnement). En voici un résumé (il n’y a rien ici sur l’état des installations et les activités qui s’y déroulent, la gestion des déchets de sol contaminés ou le coût de l’accident).

1- La mesure de la radioactivité dans l’environnement

La surveillance du niveau de radioactivité dans l’air montre la poursuite de sa diminution, en moyenne de 77% dans un périmètre de 80 km autour de la centrale (cartes ci dessus). Les mesures dans les localités situées dans les zones bleues sont similaires à celles que l’on trouve dans des agglomérations ailleurs dans le monde : les débits de doses par heure sont de 0.06 µSv/h (microsievert par heure) à Minami-sôma, 0.07 µSv/h à Kôriyama et 0,12 µSv/h à Fukushima pour 0,05 µSv/h à Taipei, 0,11 µSv/h à Séoul, 0,10 µSv/h à Londres… et 0,06 µSv/h à Paris le 11 mars dernier selon la balise de l’IRSN installée dans le 12ème arrondissement. ( Ou 0,10 µSv/h à Limoges le 16 mars).

Les mesures effectuées sur les produits agricoles à l’échelle du Japon montrent qu’ils ne sont plus affectés par les contaminations car les seuls dépassements des normes ne concernent plus que des baies, du gibier et des champignons sauvages :

Les produits agricoles ne présentent plus de contamination radioactive supérieure au 100 Bq/kg à plus de 99%. En 2018/2019 seuls 313 échantillons (cueillettes de baies et champignons, gibier) dépassaient le 100 Bq/kg (un litre de lait de vache normal affiche environ 80 Bq/kg, un corps humain adulte environ 7 000 Bq).

Les produits de la mer sont dans le même cas avec zéro poisson au dessus de 100 Bq/kg depuis 2015 (sauf un en 2018).

Des mesures qui concordent avec la diminution drastique de la contamination des eaux autour de la centrale (attention, l’échelle des graphiques est en logarithme) :

Pour les poissons de rivières on compte encore quelques cas par an, moins de dix, au delà de la barre des 100 Bq/kg contre plus de 200 en 2012 (rappel : un litre de lait de vache normal affiche environ 80 Bq/kg, un corps humain adulte 7 000 Bq – surtout le potassium 40 et le carbone 14).

2- Les territoires contaminés

La diminution de la radioactivité a modifié la gestion des zones contaminées et permis ici et là des retours de populations, mais pour l’instant très minoritaires. La plupart des zones 2 et 3 sont déclarées « décontaminées » et les retours de populations possibles avec une levée des consignes d’évacuation entre 2014 et 2017. En revanche la zone 1 – dont le niveau de contamination en 2011 provoquait une dose annuelle supérieure à 50 mSv – n’est pas considérée comme « ré-occupable » à l’exception des zones en violet où des opérations de décontamination poussées ont permis la création de « bases de reconstruction » (gares, magasins, bâtiments collectifs…). En mars, les consignes d’évacuation ont donc été levées pour les localités de Oduma, Tomioka et Futaba. Au total, la zone évacuée s’est réduite de 1150 km² en 2011 à 336 km² en 2020.

Au total, environ 95 000 personnes avaient quitté la zone d’évacuation (mais il faut y ajouter environ 65 000 personnes qui vivaient en dehors de cette zone d’évacuation et qui ont décidé de leur propre chef de quitter leurs habitations pour se loger ailleurs dans la Préfecture de Fukushima ou une autre région du Japon). Sur les habitants de la zone d’évacuation, au plus 20% se sont ré-installées chez elles, confirmant que la perte de territoires – modulée par des décisions collectives et individuelles sur le niveau de contamination acceptable – constitue l’une des conséquences les plus importantes d’un tel accident. Plusieurs dizaines de milliers de Japonais sont toujours confrontés aux difficultés sociales, psychologiques et économiques provoqués par ces départs contraints ou volontaires – surtout que le gouvernement traite différemment ces deux catégories au plan social.

3- les conséquences sanitaires pour les habitants

Les pouvoirs publics japonais poursuivent la surveillance d’éventuelles conséquences sanitaires – radio-induites ou non – sur les populations. A la surveillance générale à l’échelle de la région (2 millions de personnes) s’ajoutent des observations particulières pour les femmes enceintes ou ayant accouché lors de l’accident (16 000), les populations des zones les plus exposées et les 360 000 enfants de la région âgés de moins de 18 ans en 2011 pour la thyroïde.

Les dépistages systématiques de cancers de la thyroïde chez les enfants en ont bien sûr détecté beaucoup plus (environ 15 fois, avec 102 thyroïdes opérées d’enfants entre 6 et 18 ans) qu’en l’absence d’un tel dépistage lors de la première vague destinée à établir un état zéro… mais pas plus que dans trois autres régions du Japon (Aomori, Hiroshima et Yamanashi) indemnes de contamination et testées pour comparaison. Cette observation était attendue, elle correspond à ce qui a été mesuré dans d’autres pays, comme la Corée du Sud, lorsque l’on réalise des dépistages systématiques. Les trois autres vagues de dépistage (2014/2016, puis 2016/2018, puis 2018/2020) ont logiquement affiché une diminution importante du nombre de cancers diagnostiqués (51 puis 24, puis 8, chiffre provisoire). Ces chiffres signifient  qu’il n’y a pour l’instant aucun signe de survenue de cancers de la thyroïde infantiles due à l’exposition à la radioactivité, dont le niveau est jugé trop bas pour avoir provoqué un phénomène similaire à celui observé à Tchernobyl (environ 7 000 enfants opérés).

En outre nombreux « détails » des cancers de la thyroïde infantiles détectés et opérés – âge des enfants atteints, profils oncogéniques similaires à une population non exposée et très différents de ceux de Tchernobyl – font penser qu’ils ne sont pas radio-induits.

Les médecins estiment qu’ils n’auraient pas du opérer autant de cas de la première vague de dépistage, nombre de ces cancers auraient pu évoluer favorablement et ainsi éviter l’opération et la médication à vie. Comme le précise l’IRSN «le cancer de la thyroïde progresse généralement lentement, ne provoque de symptômes que lorsqu’il est à un stade avancé et il est peu létal. Ces cancers diagnostiqués lors d’un dépistage correspondent à ce que les cancérologues appellent des cancers indolents ou quiescents. La détection précoce de ces nodules tumoraux n’améliore pas la santé ni la survie des patients, mais peut au contraire diminuer leur qualité de vie à cause d’un traitement médical et/ou de complications de chirurgie. Le dépistage entraîne donc un sur-diagnostic des cancers thyroïdiens, c’est-à-dire une détection de cas pour lesquels il n’y a aucun bénéfice médical.» Du coup, les spécialistes estiment désormais qu’en cas d’exposition à la radioactivité à ce niveau lors d’un accident, il vaut mieux éviter le dépistage systématique et se concentrer sur les individus à haut risque.

Les bilans de santé sur les populations évacuées montrent une amélioration générale, physiologique et psychologique, due à la stabilisation de leurs conditions de vie. Il n’y a aucun signe particulier pour les naissances prématurées, les fausses-couches et les malformations congénitales. Le stress et l’inquiétude – en particulier chez les femmes enceintes lors de l’accident – ont diminué régulièrement depuis 2011, mais suscitent encore des besoins de soutien psychologique. Le document de l’IRSN note que «A la question «Pour quelle raison ne souhaitez-vous pas entamer une autre grossesse ? », seulement 1,6 % des femmes interrogées en 2015 évoquent une peur liée aux conséquences d’une exposition à la radioactivité, alors qu’elles étaient 14,8 % à l’évoquer en 2012».

4- Que faire de l’eau ?

Ainsi, un article paru dans The Conversation sur le devenir des eaux contaminées stockées sur le site de la centrale est étonnant. Il relate correctement la problématique de l’accroissement des volumes et de la saturation des conteneurs. Il fait écho aux débats au Japon sur la solution consistant à déverser cette eau dans la mer, certains la préconisant, d’autres s’y opposant. Mais ce qui est étrange, c’est que cet article ne dit absolument rien du niveau de contamination de ces eaux. Comme si les opérations de décontamination n’avaient pas lieu. Or, les procédés utilisés ont permis de séparer de l’essentiel du volume d’eau stocké l’essentiel de la radioactivité qu’il contenait (elle est alors concentrée dans les effluents du procédés et des volumes d’eau réduits). L’argumentaire des partisans du relâchement dans l’océan se résume ainsi : la décontamination n’est pas parfaite, à 100%, mais largement suffisante pour que ce déversement n’ait pas d’effets notables sur le niveau de radioactivité des eaux marines, où la dilution sera rapide. Celui des opposants s’appuie soit sur un principe (tout relâchement serait « mal ») ou réglementaire : les niveaux de contaminations sont supérieurs aux autorisations de rejets… calculés pour des installations en fonctionnement normal.

Dans le détail, les eaux qui pourraient être relâchées contiennent du tritium, de l’hydrogène radioactif dont l’effet biologique est très faible. C’est d’ailleurs pour cela que les installations nucléaires ont des autorisations de rejets pour le tritium. L’usine d’Orano, à la Hague peut ainsi rejeter en mer des quantités de tritium similaires (et même supérieures)  à celles qui sont contenues dans l’eau stockée à Fukushima. Les autres radio-éléments encore contenus dans l’eau décontaminée dépassent les réglementations, notamment parce que la fréquence des remplacements de filtres a été diminué pour atteindre des niveaux de radioprotection très élevés pour les travailleurs sur le site. La diminution drastique des niveaux d’irradiations dans les eaux à proximité immédiate de la centrale dévastée et les très faibles niveaux de contamination des produits de la pêche confirment que la dilution dans l’océan est une méthode efficace pour gérer cette radioactivité. De peu d’effets biologiques, le déversement étalé sur un an et la dilution rapide dans l’océan élimineraient le risque d’une défaillance du stockage qui se traduirait par une contamination localisée nettement plus problématique.

Sylvestre Huet

Fukushima, JO et Coronavirus

15 mars 2020

La reconstruction de la zone d’évacuation autour de la centrale endommagée de Fukushima récemment rouverte à l’habitat pourrait-elle être fragilisée par le covid-19 ?



©Cécile Brice Maquette projetée en 3D de l'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima. Musée de la catastrophe nucléaire - TEPCO, ville de Tomioka

 

Cet article de Cécile Asanuma-Brice, chercheuse en sociologie/géographie urbaine, a été publié le 10/03/2020 sur le site Japosphère.

-oOo-

La reconstruction de la zone d’évacuation autour de la centrale endommagée de Fukushima récemment rouverte à l’habitat pourrait-elle être fragilisée par le covid-19 ?

Posé sur la boîte à gants de la voiture, le compteur Geiger s’affole. Ses vibrations se font de plus en plus bruyantes pour afficher des niveaux entre 2 et 3 microsievert/h. Nous sommes sur la route 6 qui traverse le département de Fukushima du nord au sud. Cette départementale a été rouverte le 31 janvier 2020 à une circulation limitée aux 4 roues, en raison des trop forts taux de radioactivité. Elle a la spécificité de passer à quelques kilomètres seulement de la centrale de Fukushima. Sur la chaussée à droite, comme sur celle de gauche, les entrées de vastes demeures embroussaillées par des années d’abandon sont closes par des grillages qui spécifient l’interdiction de s’arrêter. Sur le bord de route, des panneaux nous indiquent le niveau de radiation auquel nous sommes exposés : entre 0.5 et 2.5 microsievert/h. La fourchette est large, mais reste bien au- dessus du niveau naturel qui était à 0,04 microsievert/h avant l’accident.

La terre des ancêtres transportée dans des entrepôts

Une fois passée la zone d’habitation, tout est en travaux. Un nouveau tronçon de route est en construction. Nous sommes précédés par des camions, dont le chargement est recouvert d’une bâche verte, qui acheminent la terre contaminée de tout le département vers des centres d’entreposage. Les mots de Eikô Kannô, une octogénaire revenue vivre il y a quelques mois dans son village d’Iitate, me reviennent à l’esprit : « toute cette terre contaminée entreposée dans ces sacs, c’est une terre dont on a pris soin, que l’on a cultivée avec amour. Elle est animée par les esprits comme le reste du vivant. Or, ils la déplacent comme s’il s’agissait d’une chose ».

 ©Cécile Brice - Mme Eikô Kannô est revenue vivre dans son village natal d’Iitate avec son amie d’enfance. Elles nous montrent une photo d’avril 2015 sur laquelle toutes deux figurent accompagnées d’anciennes voisines de la cité de logements provisoires où elles ont résidé durant sept années ©Cécile Brice - Mme Eikô Kannô est revenue vivre dans son village natal d’Iitate avec son amie d’enfance. Elles nous montrent une photo d’avril 2015 sur laquelle toutes deux figurent accompagnées d’anciennes voisines de la cité de logements provisoires où elles ont résidé durant sept années

Nous entreprenons de les doubler pour nous apercevoir que des dizaines de camions défilent les uns après les autres. Cette valse incessante des véhicules de chantier a pris un rythme effréné dans la région, avec l’approche des Jeux Olympiques. Dès la décision de l’accueil des JO par le Japon en 2013, une vaste politique de communication afin d’inciter les populations au retour à vivre dans les zones inégalement contaminées avait été lancée. Entre autres mesures : la suspension des aides au refuge, la réouverture d’une partie de la zone d’évacuation et l’épandage de la terre contaminée en deçà de 8000 Bq/kg. Bien que freinés par les forts typhons d’octobre dernier, les travaux ont repris de plus belle dès le début d’année.

©Cécile Brice - «Nous sommes précédés par des camions, dont le chargement est recouvert d’une bâche verte, qui acheminent la terre contaminée de tout le département vers des centres d’entreposage» 
©Cécile Brice - «Nous sommes précédés par des camions, dont le chargement est recouvert d’une bâche verte, qui acheminent la terre contaminée de tout le département vers des centres d’entreposage»

Au plan national comme au plan international, la reconstruction, un enjeu de taille

Car l’enjeu est de taille : il s’agit, pour le Japon, de démontrer qu’il a réussi à surpasser l’accident nucléaire de mars 2011 qui avait généré l’évacuation de 160.000 habitants du département de Fukushima. Pour l’industrie nucléaire mondiale, l’occasion est donnée de montrer que l’on peut être « résilient » à un accident nucléaire. Aussi, si l’Etat japonais décide en dernière instance des travaux effectués, les organismes internationaux de gestion du nucléaire (AIEA, UNSCEAR, WHO, ICRP…) n’ont eu de cesse d’organiser des conférences régulières dans le département depuis l’accident, ayant pour principal message : la volonté d’apprendre aux habitants à gérer la contamination qui désormais devrait faire partie de leur quotidien en lieu et place de refuges trop dispendieux aux yeux des autorités. C’est ce qui a été désigné comme les potentialités données par « la résilience », bien qu’il ne s’agisse pas ici de résilience psychologique, mais bien d’une attente d’adaptation physique à la situation radiologique dans un environnement encore irrégulièrement contaminé.

©Cécile Brice - Un sushi-bar abandonné du nom d’Atomu (en référence au héros d’Astro Boy propulsé au nucléaire (1960), un manga d’Osamu Tetzuka très célèbre au Japon) en face du musée de la catastrophe nucléaire fondé par TEPCO à Tomioka, à une dizaine de km de la centrale.©Cécile Brice - Un sushi-bar abandonné du nom d’Atomu (en référence au héros d’Astro Boy propulsé au nucléaire (1960), un manga d’Osamu Tetzuka très célèbre au Japon) en face du musée de la catastrophe nucléaire fondé par TEPCO à Tomioka, à une dizaine de km de la centrale.

Afin de rouvrir la zone d’évacuation progressivement, le gouvernement japonais a déployé une politique de décontamination comme il n’en n’avait encore jamais été réalisé au monde. Si les diverses méthodes utilisées fonctionnent sur des parcelles précises, elles sont inapplicables aux forêts qui composent les trois quarts du territoire. Malgré cela, les 1150 km2 qui représentaient la zone d’évacuation autour de la centrale ont été réduits à 340 km2 selon les données du MEXT d’avril 2019[1]. En outre, le budget de la reconstruction associé à celui de la politique de décontamination ont atteint des sommes pharaoniques, pour des conséquences finalement très limitées : la très grande majorité de la population n’ayant pas l’intention de revenir vivre dans les communes rouvertes, selon les multiples sondages effectués par diverses institutions dont TEPCO.

Le musée de TEPCO : de la catastrophe nucléaire au démantèlement des territoires

Nous arrivons sur le parking du TEPCO Decommissioning Archive Center ouvert à Tomioka au début de cette année. Le compteur Geiger affiche 1.16 microsievert/h. A 10 km de la centrale, la ville de Tomioka a été sévèrement touchée à la fois par le tsunami, le tremblement de terre et la catastrophe nucléaire. Restés longtemps inhabités, les environs de la gare ont été totalement détruits et sont aujourd’hui en travaux. Le bâtiment dans lequel TEPCO a installé sa nouvelle devanture est celui dans lequel se trouvait un musée du nucléaire avant l’accident. Nous sommes accueillis par des employés en costume, qui, dès les salutations passées, s’excusent d’avoir causé une telle catastrophe. Un peu décontenancés, nous sommes guidés vers des films documentaires. Via des projections faites sur des maquettes virtuelles en 3D, ils retracent l’accident, analysent les dysfonctionnements émaillant les prises de décision durant la période de crise. Toutes les conséquences techniques sont détaillées avec précision.

©CécileBrice - La visite organisée par TEPCO du musée de la catastrophe nucléaire à Tomioka (à une dizaine de km de la centrale)




©CécileBrice - La visite organisée par TEPCO du musée de la catastrophe nucléaire à Tomioka (à une dizaine de km de la centrale)




Si chaque vidéo commence par des excuses, elles ont toutes pour objet de montrer que les erreurs ont bien été saisies et qu’on en a tiré toutes les leçons pour aborder l’avenir avec sérénité. Preuve en est : les trois stations de train des trois communes, adjacentes à la centrale, seront remises en activité le mois prochain ! Les communes n’étant, elles, que partiellement rouvertes à l’habitat en raison de taux de radiation encore trop élevés et les habitants quasi absents, ces trois stations de train seront les trois premières stations entièrement automatisées du Japon, les taux présents ne permettant pas une activité humaine permanente sur place [2].

©CécileBrice – Projection sur le grand écran du musée de la catastrophe-TEPCO à Tomioka. Cette photo montre la ville de Tomioka quelques années après l’accident mais avant la reconstruction. L’ensemble de ces rues a été détruit pour laisser place à de vastes terrains vagues recouverts de graviers blancs

Jeux olympiques contre Coronavirus : Quand un virus ébranle l’élan de la reconstruction

Désormais armé pour appareiller ce nouvel avenir radieux, le gouvernement japonais prévoit parallèlement le démarrage du relais de la flamme olympique dans cette zone évacuée, partiellement rouverte à la population autour de la centrale de Fukushima Daiichi. Il réalise ainsi d’une pierre deux coups : banaliser le désastre tout en médiatisant cette banalisation. Afin de limiter la contamination des athlètes, il est prévu de leur faire parcourir de courtes distances dans l’ensemble de ces communes dont le niveau de contamination n’est toujours pas stabilisé [3].

Parcours du relais de la flamme olympique dans la zone évacuée autour de la centrale de Fukushima du 26 au 28 mars 2020. En rouge: jour 1, en marron: jour 2, en rose: jour 3 ©site Olympic Torch Relay Tokyo 2020



Parcours du relais de la flamme olympique dans la zone évacuée autour de la centrale de Fukushima du 26 au 28 mars 2020. En rouge: jour 1, en marron: jour 2, en rose: jour 3 ©site Olympic Torch Relay Tokyo 2020



Parcours du relais de la flamme olympique dans la zone évacuée autour de la centrale de Fukushima du 26 au 28 mars 2020. En rouge: jour 1, en marron: jour 2, en rose: jour 3 ©site Olympic Torch Relay Tokyo 2020

Ces bribes de parcours commenceront par la traversée du J-Village, le 26 mars prochain. J-Village est un stade à 35 km au sud de la centrale, qui avait été réquisitionné pour servir de Quartier Général aux 4000 ouvriers travaillant quotidiennement sur le site de la centrale endommagée. Depuis l’année passée, ces ouvriers sont désormais rapatriés sur le site de la centrale-même. Après plusieurs campagnes de décontamination, le stade comprend néanmoins encore des hot spots qui font régulièrement la une des journaux japonais. Le 28 février, la chaîne nationale NHK annonce une réduction de l’événement qui devait accueillir 3000 personnes, à 1000 personnes, en raison des restrictions imposées par le coronavirus [4].

Le coronavirus aura-t-il raison de la reconstruction ?

Car c’est au cœur de ces tensions, amplifiées par la décision de rejeter les eaux contaminées stockées autour de la centrale nucléaire à la mer, affaire qui oppose les syndicats des pêcheurs de Fukushima à l’AIEA[5], que le Coronavirus fait son entrée en scène venant fragiliser un peu plus l’élan donné par l’accueil des JO en vue de la reconstruction. Le 29 février, lors d’une conférence de presse, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, s’adresse à ses citoyens concernant les mesures prises pour tenter d’enrayer la pandémie de covid-19, avec un vocable proche de celui utilisé lors de la catastrophe de Fukushima : il faudrait se battre contre un ennemi invisible, dont on ne connaît pas les conséquences. Là encore, les tests sont réduits et les critiques contre la gestion faite par le gouvernement japonais montent, accusant une politique dissimulant les conséquences sanitaires réelles. Dans son discours, le premier ministre Abe spécifie qu’il est fondamental d’éviter la contamination de masse et que tous les évènements sportifs et culturels devront être reportés, d’autant que « des cas de contamination ont été prouvés lors de manifestations sportives ». Alors qu’un journaliste du journal Asahi, l’un des principaux journaux du pays, s’inquiète de ce qu’il adviendra des JO, Abe Shinzo emploie le vocabulaire qui lui avait pourtant été tant reproché durant la gestion de la crise nucléaire « nous nous préparons minutieusement, afin que des rencontres sûres et sécures puissent être organisées ».

Malgré les volontés nationales et internationales, le coronavirus, en ce qu’il remet en cause l’organisation des JO, arrive à un moment clef du processus de reconstruction. Le 9 mars, le premier ministre japonais, Shinzô Abe, s’est rendu dans les communes récemment rouvertes de la zone d’évacuation à Fukushima pour y lancer un appel national fortement médiatisé, afin que la population revienne habiter dans ces villages, martelant l’élan lancé par les prochains JO. Au delà du coût qu’engendrerait l’annulation des JO, elle fait office de chiffon noir dans l’esprit nippon, remémorant la première annulation motivée par le début de la seconde guerre mondiale. Aussi, si les jeux olympiques japonais venaient à être annulés, il est fort à craindre que le COVID-19 ait raison de ce géant aux pieds d’argile qu’est la reconstruction tant décriée d’un territoire encore instable.

 

[1]https://www.mext.go.jp/content/1421518_03.pdf

[2]https://mainichi.jp/english/articles/20191220/p2a/…

[3]https://tokyo2020.org/ja/torch/route/fukushima/

[4]https://www3.nhk.or.jp/lnews/fukushima/20200228/6050009125.html?fbclid=IwAR3bKB5vHjmgvPWab8pd92SLll1Hm84gRoKVMC7HsfrWxg3sBseSyQmeYXM

[5]L’International Atomic Energy Agency a exhorté par 4 fois le gouvernement japonais de rejeter les eaux en mer. Une dernière visite auprès du 1erministre japonais Shinzo Abe du PDG de l’AIEA, M. Grossi, a eu lieu le 27 février 2020. cf. : https://www.jaif.or.jp/en/

 

Fukushima: 9 ans après

Le 11 mars 2011, la centrale nucléaire de Fukushima (Japon) était détruite par un tsunami. Neuf ans après, la zone d’exclusion reste interdite aux civils en raison de fort taux de radioactivité.

Revenant au port plein de poissons, un bateau de pêche japonais atteste d’une bonne session de travail. Cependant, toute sa cargaison peut potentiellement finir à la poubelle. Et pour cause, il s’agit de poissons pêchés à Fukushima (Japon), neuf ans après la catastrophe naturelle qui a entraîné la destruction d’une centrale nucléaire. « Pour que notre poisson soit considéré comme comestible, il faut parfois passer parfois 10 ou 20 fois au contrôle sanitaire, et cela, c’est toujours les jours. J’ai perdu 70% de mon chiffre d’affaires depuis l’accident« , indique Masahito Ishibashi, pêcheur.

370 kilomètres carrés interdits au public

Dans la région de Fukushima, le tsunami a rasé des habitations, sur des dizaines de kilomètres. Seuls subsistent les bâtiments déserts, abandonnés en catastrophe par les habitants. Neuf ans après la catastrophe nucléaire, certaines zones sont toujours contaminées et interdites d’accès. 370 kilomètres carrés, un périmètre que l’on appelle la zone d’exclusion, est considéré comme trop dangereux par les autorités japonaises.

Coronavirus: le Japon annule…

Coronavirus: le Japon annule la cérémonie du souvenir du tsunami de 2011
© AFP
 

Asie

Coronavirus: le Japon annule la cérémonie du souvenir du tsunami de 2011

AFP

Publié le – Mis à jour le

Le Japon annule cette année pour cause d’épidémie de coronavirus l’hommage national aux victimes du tremblement de terre et du gigantesque tsunami survenus le 11 mars 2011, ont annoncé vendredi des responsables officiels.

Ces huit dernières années, le Premier ministre, des membres de la famille impériale, des parlementaires, des diplomates et représentants des médias avaient participé chaque 11 mars à cette cérémonie du souvenir, aux côtés de familles endeuillées par la catastrophe.

Cette décision a été annoncée au lendemain de la confirmation du report de la visite d’Etat au Japon du président chinois Xi Jinping, qui était initialement prévue ce printemps. Tokyo a aussi annoncé la mise en quarantaine à compter de lundi prochain de tous les voyageurs en provenance de Chine et de Corée du Sud.

« Nous avons recherché jusqu’au dernier moment des moyens de maintenir cette cérémonie, par exemple en en réduisant l’ampleur », a dit vendredi à la presse le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga.

« Néanmoins, étant donné la situation actuelle, c’est maintenant qu’il nous faut tout faire pour éviter la propagation de la maladie et c’est avec un sincère regret que je vous annonce que le conseil des ministres a décidé de renoncer à l’organisation de cette cérémonie de commémoration », a-t-il déclaré.

Une minute de silence sera observée mercredi à 14H46 (05H46 GMT), au moment précis où, le 11 mars 2011, se produisit un terrible séisme sous-marin au large du nord-est du Japon, d’une magnitude 9 sur l’échelle de Richter.

Ce tremblement de terre a été suivi d’un tsunami meurtrier qui a à son tour inondé une partie de la centrale de Fukushima, provoquant la pire catastrophe nucléaire de l’histoire depuis celle de Tchernobyl en URSS en avril 1986.

Plus de 18.500 personnes ont été tuées ou sont toujours portées disparues à la suite du séisme et du tsunami.

Aucun décès directement provoqué par l’accident nucléaire n’a été répertorié. Cependant plus de 3.700 personnes, pour la plupart de la région de Fukushima, sont décédées de maladies aggravées par leur traumatisme psychologique, ou par suicide à la suite du désastre. Des dizaines de milliers de personnes évacuées n’ont toujours pas regagné leurs foyers

Fukushima: évacuation levé

Fukushima: ordre d’évacuation levé pour un quartier d’une ville de la région

 

 Le Japon a levé mercredi l’ordre d’évacuation pour une partie de la commune de Futaba, une des deux villes sur lesquelles se trouve la centrale dévastée de Fukushima, avant le passage prochain de la flamme olympique.Cette mesure, qui concerne une partie du nord de cette localité, va permettre aux ouvriers affairés à la reconstruction de la région et à d’autres tâches de séjourner dans le quartier de la gare principale.Mais les habitants, eux, ne pourront revenir immédiatement en raison d’une insuffisance d’infrastructures, notamment pour la distribution d’eau, a précisé une responsable de la ville. »Notre objectif est un retour des résidents à partir du printemps 2022″, a-t-elle ajouté.Les organisateurs des Jeux olympiques de Tokyo 2020 ont placé Futaba sur le trajet du relais de la flamme olympique qui doit commencer le 26 mars au Japon. »En plus de susciter l’enthousiasme à travers le pays à l’approche de Tokyo 2020 et de promouvoir les valeurs olympiques, le périple de la flamme a pour but d’exprimer la solidarité de tous envers les régions qui se remettent encore du tremblement de terre et du tsunami de 2011″, avaient déclaré en février les organisateurs.Le gouvernement japonais s’appuie régulièrement sur les Jeux olympiques pour afficher les progrès de la reconstruction de la région de Fukushima.Il prévoit symboliquement de faire partir la flamme depuis le « J-Village »,
un complexe sportif situé à une vingtaine de kilomètres de la centrale gravement endommagée, et qui a longtemps servi de centre opérationnel pour les travaux de lutte contre les conséquences de la catastrophe nucléaire.La population de Futaba était de 7.000 habitants avant le très puissant séisme sous-marin du 11 mars 2011, qui a déclenché un gigantesque tsunami, lequel a frappé la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, en rompant son alimentation électrique de secours et son système de refroidissement.La catastrophe nucléaire de Fukushima, la pire de l’histoire après celle de Tchernobyl en URSS en 1986, n’a tué personne directement. Mais quelque 470.000 personnes ont dû évacuer leurs domiciles au cours des premiers jours dans la zone.Au total le tremblement de terre et le tsunami ont fait près de 18.500 morts et disparus.

Page 3 of 5

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén