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Mois : mars 2019

Fukushima: le jeu des « JO de la reconstruction »

Fukushima: des évacués refusent de jouer le jeu des « JO de la reconstruction »

AFP

Modifié le 08/03/2019 à 13:19 – Publié le 08/03/2019 à 11:30 | AFP

Fukushima: des évacués refusent de jouer le jeu des
Fukushima: des évacués refusent de jouer le jeu des « JO de la reconstruction » © AFP / Martin BUREAU

« Tokyo 2020: JO de la reconstruction », clame le gouvernement japonais, mais huit ans après le tsunami et l’accident nucléaire de Fukushima, les habitants qui ont fui ne sont pas tous disposés à rentrer, même si les autorités les y poussent.

Pour le Premier ministre Shinzo Abe, l’événement sportif international est l’occasion de montrer au monde la santé recouvrée de la région dévastée par le raz de marée meurtrier (plus de 18.500 morts) et le désastre atomique du 11 mars 2011.

Mais pour la citoyenne Kazuko Nihei, qui a fui sa maison de la ville de Fukushima (à environ 70 km de la centrale) avec ses deux filles, pas question de rentrer, JO ou non, même si les subventions gouvernementales qu’elle recevait ont été coupées.

« Je ne vacille pas du tout », dit cette femme à l’AFP, rencontrée à Tokyo où elle a emménagé en 2011 avec ses enfants, aujourd’hui âgés de 11 et 9 ans.

« Volontaires »

A la suite d’explosions dans la centrale Fukushima Daichi qui ont entraîné des rejets massifs de substances radioactives, le gouvernement avait ordonné l’évacuation d’une vaste zone alentour peuplée de plus de 140.000 personnes.

Mais des habitants de localités limitrophes, officiellement non concernés par ces injonctions, ont aussi décidé de partir, dont Mme Nihei. Son mari et ses beaux-parents sont restés à Fukushima, avec tous les préjudices moraux et financiers qu’occasionne une soudaine séparation dans de telles conditions tragiques.

« Aujourd’hui, toute mon énergie passe dans le travail », assure Mme Nihei, qui trime sept jours sur sept pour nourrir sa famille.

Pendant six ans, elle a bénéficié d’un logement payé grâce aux subventions gouvernementales, mais le soutien accordé aux évacués que les autorités appellent « volontaires » a pris fin en mars 2017.

Elle a déménagé dans un autre logement et peine à débourser les 130.000 yens (un peu plus de 1.000 euros) de loyer mensuel.

La vie est dure, les fins de mois difficiles, mais elle préfère cela au retour à Fukushima, même si l’Etat certifie que la zone est sûre.

Cette mère s’inquiète « pour la santé des enfants, qu’il s’agisse d’un risque accru de cancer ou de conséquences génétiques ».

« Si on avait droit à un bilan de santé annuel complet, je pourrais envisager de rentrer, mais ce qui est proposé actuellement ne suffit pas, cela ne concerne que le dépistage du cancer de la thyroïde », précise-t-elle.

Le gouvernement japonais a lancé un ambitieux programme de décontamination des routes, des champs, des aires de jeu, des bâtiments et de leurs alentours (le reste, essentiellement des forêts, est impossible à assainir) et, jugeant la tâche accomplie, les ordres d’évacuation ont été levés dans la majeure partie de la région sinistrée.

Coûteux JO

Mais cette politique est loin d’avoir convaincu l’opinion: un sondage réalisé en février par le quotidien Asahi Shimbun et la TV de Fukushima, KFB, a révélé que 60 % des habitants de la région craignaient toujours les radiations.

Une partie du doute vient de la décision de relever le niveau acceptable d’exposition aux rayonnements. Originellement de 1 millisievert (mSv) par an, il a été porté à 20 mSv/an, équivalent à celui autorisé pour les travailleurs des installations nucléaires.

L’argument: même un tel niveau d’exposition entraîne des risques de cancer beaucoup plus faibles que le tabagisme ou l’obésité. Il est « comparable » au risque dû au stress résultant de l’évacuation, argue encore l’Etat.

La Commission internationale de protection radiologique fixe une dose maximale de 1 mSv/an en situation normale et une fourchette de 1 à 20 mSv/an en situation post-accidentelle (qui ne doit pas s’éterniser). Or, la radioactivité actuelle va durer des décennies selon les experts et, insistent des ONG comme Greenpeace, on ne peut exposer quelqu’un à de telles doses sur une aussi longue période.

Malgré l’incertitude, la préfecture de Fukushima prévoit de stopper toutes les subventions au logement d’ici la fin du mois de mars 2021, ce qui revient à forcer le retour de personnes dans leur maison désertée parce qu’elles n’ont plus les moyens de vivre ailleurs.

« Nous craignons que les réductions de subventions ne provoquent (…) des suicides et ne jettent des individus à la rue, faute de travail disponible et lucratif dans la région », s’insurge Daisaku Seto, secrétaire général du Centre de coopération pour le 11 mars 2011, une ONG qui soutient les personnes évacuées.

Ces dernières veulent souvent au moins attendre que leurs enfants soient adultes avant de rentrer, « mais c’est le gouvernement qui arbitrairement fixe le délai », dénonce-t-il.

Pourquoi investir de l’argent dans les préparatifs olympiques – des épreuves de baseball seront organisées dans la région – au lieu de maintenir les subventions pour tous les réfugiés de Fukushima, s’interroge Noriko Matsumoto, 57 ans, partie en 2011 avec sa fille de Koriyama (préfecture de Fukushima).

« Je pense qu’il y a d’autres choses à faire avant d’accueillir les JO. »

08/03/2019 13:17:59 –         Tokyo (AFP) –         © 2019 AFP

Fukushima : les droits bafoués

Catastrophe nucléaire de Fukushima : les droits bafoués

Le 8 mars 2019

Huit ans après le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima, un rapport de Greenpeace Japon dénonce les violations des droits humains de la part du gouvernement japonais. Celui-ci fait appel à des travailleurs sous-payés et non protégés pour décontaminer des zones radioactives et lève des ordres d’évacuation malgré des niveaux de radioactivité très élevés, au mépris des risques sanitaires et des recommandations internationales. La crise sanitaire et humaine qui frappe le Japon est loin d’être terminée.

Des employés sous-payés et mal protégés face aux radiations

L’enquête menée par Greenpeace Japon dans les zones de décontamination autour de Fukushima est édifiante : les travailleurs et travailleuses en charge de décontaminer des zones où le gouvernement veut réinstaller des familles interviennent dans des conditions inacceptables. « Dans des zones où certain-es de ces employé-es opèrent, les niveaux de radiation enregistrées auraient déclenché une procédure d’urgence s’ils avaient été relevés à l’intérieur d’une installation nucléaire, s’alarme Shaun Burnie, expert en nucléaire pour Greenpeace Allemagne. Ces employé-es n’ont reçu quasiment aucune formation en radioprotection, sont sous-payé-es, exposé-es à des niveaux élevés de radiation et risquent de perdre leur emploi s’ils parlent. Les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur les droits humains ont raison de mettre en garde le Japon sur ces risques et violations. »

Des zones censées être décontaminées sont encore fortement radioactives, dont des écoles, dans les environs de Fukushima. © Shaun Burnie / Greenpeace

L’ONU dénonce des « conditions de travail risquées »

En août 2018, un groupe d’experts des Nations unies appelaient déjà le gouvernement japonais à prendre des mesures urgentes pour assurer la protection de ces travailleur-euses du nucléaire, dont beaucoup sont des migrant-es, demandeur-ses d’asile et sans-abris. Ces rapporteurs onusiens se disaient « profondément préoccupés par le fait que [ces employé-es] seraient exploités en n’étant pas informés des risques d’exposition aux rayonnements, qu’ils seraient forcés d’accepter des conditions de travail dangereuses en raison des difficultés économiques et par le caractère inadéquat des mesures de formation et de protection ». Des « préoccupations » confirmées ces derniers mois par l’enquête menée sur place par Greenpeace Japon : recrutement de personnes en difficulté, absence de formation appropriée, falsification d’identité et de certificats médicaux, enregistrements officiels non fiables, interventions dans un environnement fortement radioactif…

Risque nucléaire et traitement inhumain

« Une personne comparait cela à de l’esclavage, raconte un ancien travailleur de décontamination nucléaire, Minoru Ikeda, qui a témoigné pour le rapport de Greenpeace Japon. Je veux faire savoir au monde ce qui est en train de se passer. Je veux appeler le gouvernement japonais à respecter la santé des travailleurs, à arrêter d’envoyer des gens pour occuper ces emplois dangereux, et à apporter un soutien approprié à ces travailleuses et travailleurs. »

Le gouvernement a levé l'ordre d'évacuation dans des zones comme à Iitate, près de Fukushima, où la radioactivité est encore élevée, y compris dans des écoles © Shaun Burnie / Greenpeace

L’évacuation levée malgré des taux de radioactivité élevés

Ces opérations de « décontamination » vont de paire avec une levée des ordres d’évacuation et un encouragement au retour des personnes qui avaient été évacuées au lendemain de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Or, les niveaux de radioactivité relevés dans la zone d’exclusion et dans les zones de Namie et Iitate où l’ordre d’évacuation a été levé montrent que les risques pour le public sont encore importants, et plus particulièrement pour les enfants, davantage sensibles à la radioactivité. Les niveaux enregistrés sont cinq à cent fois supérieurs aux recommandations internationales maximales et ils le resteront pendant plusieurs décennies encore.

Une présentation biaisée des risques à Fukushima

« Dans son rapport remis aux Nations unies, le gouvernement donne délibérément une image fausse de l’échelle, de la complexité et des risques de radiation dans les zones autour de Fukushima », dénonce Kazue Suzuki, chargée de campagne Energie de Greenpeace Japon, qui déplore aussi le mépris des autorités pour les questions de bien-être et de santé des enfants. Les recommandations du Comité des Nations unies sur les droits des enfants, publiées début février 2019, si elles avaient été suivies, auraient dû conduire le gouvernement japonais à cesser de lever les ordres d’évacuation, à proposer des compensations totales aux personnes évacuées et à respecter pleinement les droits humains de ces personnes et des travailleurs-euses. Le 11 mars 2019, huit ans jours pour jour après le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima, on est très loin du compte…

Fukushima: l’énorme chantier

L’énorme chantier de la centrale de Fukushima

08 mars 2019 07:25

Quatre des six réacteurs de la centrale ont été endommagés. (photo: AFP)

Huit ans après le tsunami de mars 2011 qui a dévasté la côte nord-est du Japon et mis en péril la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, le site reste un énorme chantier.

Le risque immédiat à la centrale de Fukushima semble écarté mais où les tâches ardues et les imprévus continuent. Voici les trois principaux enjeux:

Le combustible nucléaire 

Quatre des six réacteurs de la centrale ont été endommagés. Les cœurs des tranches 1 à 3 ont fondu au moment de l’accident et l’on sait désormais que le combustible est en quasi-totalité tombé au fond de l’enceinte de confinement primaire de chaque unité, enceinte qu’il a même en partie entamée.

Des manipulations récentes avec un robot dans l’enceinte du réacteur 2 ont permis de constater que ce combustible pouvait en partie être soulevé par petits morceaux à plusieurs endroits. Ce n’est qu’un tout début pour étudier des moyens concrets de l’extraire, une opération extrêmement délicate qui ne débutera pas avant 2021 au mieux, ont récemment confirmé la compagnie exploitante Tepco et le ministère de l’Industrie.

Par ailleurs, dans ces mêmes réacteurs 1 à 3, des centaines d’assemblages de combustible usé sont toujours dans les piscines de refroidissement situées en haut des bâtiments. «En raison de différents problèmes, les opérations de retrait ont pris du retard dans le réacteur 3, elles ne débuteront pas ce mois-ci comme prévu. Et s’agissant de la piscine du réacteur 1, elle est couverte de détritus qu’il va falloir enlever, une opération que nous ferons avec une extrême prudence», expliquait à la presse fin février Akira Ono, directeur de la filiale de Tepco chargée du démantèlement. 

L’eau contaminée, les déchets

Le site regorge d’eau contaminée, «même si les différentes dispositions prises ont permis d’atténuer» le problème, selon M. Ono. L’eau, c’est au départ celle du tsunami qui a ravagé les installations, eau qu’il a fallu pomper, assainir et stocker. C’est ensuite celle qui sert à refroidir les réacteurs et enfin celle qui tombe du ciel et descend de la montagne en amont et se contamine au passage. Au total, environ 1,12 million de m³ d’eau sont conservés dans des citernes sur le site, mais la capacité maximum (1,37 million) sera atteinte fin 2020. 

Problème: Tepco a reconnu en fin d’année dernière que 85% de l’eau était en fait toujours porteuse d’une teneur trop élevée concernant les 62 radionucléides censés être supprimés. La société a donc décidé de la filtrer une deuxième fois. Tepco prévoit de stocker aussi sur le site 750 000 mètres cubes de déchets solides d’ici 2029, dont une partie radioactifs.

La main-d’œuvre

Environ 4/5 000 personnes travaillent chaque jour sur le site, un nombre presque deux fois moins important qu’il y a quatre ans. En moyenne, l’exposition des travailleurs aux radiations est désormais inférieure à 5 mSV par an, mais ce seul chiffre masque les fortes disparités entre individus en fonction de leurs tâches.

«Nous avons tous un carnet de suivi des radiations, mais cela n’est regardé que par notre employeur (dans mon cas, un sous-traitant de sous-traitant de sous-traitant d’une filiale de Tepco), mais nous ne sommes pas suivis spécialement par le gouvernement, ce n’est pas normal», se plaint Minoru Ikeda, un ex-travailleur du site.
(L’essentiel/afp)

Sexisme et Violences sexuelles dans le milieu du journalisme

« Ta jupe te fait un beau cul » : l’enquête #EntenduALaRédac révèle l’ampleur du sexisme et des violences sexuelles dans le milieu du journalisme

Franceinfo dévoile en exclusivité avec « Le Monde » les résultats d’une enquête participative lancée par plusieurs collectifs de journalistes, Prenons la une, #NousToutes et Paye ton journal, après les révélations sur la Ligue du LOL.

Une enquête participative en ligne lancée par plusieurs collectifs de journalistes révèle, le 7 mars 2019, l\'ampleur du sexisme et des violences sexuelles dans les médias. 
Une enquête participative en ligne lancée par plusieurs collectifs de journalistes révèle, le 7 mars 2019, l’ampleur du sexisme et des violences sexuelles dans les médias. 
(JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)
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Margaux Duguet Juliette CampionFrance Télévisions

Publié le 07/03/2019 | Mis à jour le 07/03/2019 | 11:16

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il y a 6 heures

VIDEO. « C’est un système »… « Harcelées », le livre-enquête qui montre que les violences faites aux femmes n’épargnent personne, ni aucun milieu

« Je vais programmer ton papier demain à 7 heures, comme ça je pourrai me pignoler dans mon lit en t’écoutant. » Ce témoignage choc est extrait de l’enquête participative #EntenduALaRédac lancée sur internet par les collectifs de journalistes Prenons la une, #NousToutes et Paye ton Journal. « Au moment des révélations de la Ligue du LOL, quelques journalistes ont expliqué qu’il s’agissait de comportements d’une petite minorité, active dans les médias ‘progressistes’. Nous avons voulu vérifier. La Ligue du LOL est-elle un cas isolé ? », lit-on dans le compte-rendu des résultats que franceinfo publie avec Le Monde, jeudi 7 mars. Cette enquête révèle l’ampleur du sexisme et des violences sexuelles dans les rédactions françaises.

En dix jours, plus de 1 500 journalistes et 270 étudiantes et étudiants en école de journalisme ont répondu à un questionnaire en ligne pour dénoncer les faits dont ils ou elles ont été victimes, ou témoins. Sans surprise, les femmes sont sur-représentées : elles sont 80% à avoir participé à ce questionnaire. Autre chiffre marquant : 76% des personnes ayant répondu ont moins de 40 ans, alors que l’âge moyen dans la profession est de 44,6 ans. « Ce n’est pas une enquête représentative, elle a été diffusée sur les réseaux sociaux », tient à préciser Aude Lorriaux, journaliste et porte-parole de Prenons la une.

270 rédactions citées

Mais les témoignages montrent que le phénomène est massif puisque 270 rédactions sont impliquées. Parmi elles, 208 rédactions sont pointées pour des témoignages de propos à connotation sexuelle ou d’agression sexuelle. Sont cités des médias très variés, qu’il s’agisse de rédactions locales ou nationales, de titres généralistes ou spécialisés, et sur tous les supports (presse écrite, web, radio et télé), dont France Télévisions et Radio France. « Je ne suis pas du tout étonnée que toutes ces rédactions soient touchées par ce phénomène parce que le sexisme est la chose la plus partagée au monde », commente Aude Lorriaux.

« Je ne comprends pas pourquoi on envoie une fille au Salon de l’agriculture »« les faits-divers, ce n’est pas pour les femmes », ou encore « je ne sais pas si elle va y arriver, il faut des épaules… et c’est une femme ». Voilà le genre de propos sexistes qui remontent dans les témoignages. Dans le détail, 67% des femmes qui ont participé à l’enquête déclarent avoir été victimes de propos sexistes*, 49% de propos à connotation sexuelle – tel que « ta jupe te fait un beau cul » – et 13% d’agressions sexuelles.

Un collègue m’a mis des fessées estimant que j’avais un gros cul.

« Propos rapportés par une participante à l’enquête »

Deux cas de viols ont également été rapportés.

Sexisme et racisme

Marilyn Baldeck, présidente de l’association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) affirme qu’elle collecte régulièrement des témoignages similaires : « Je ne compte plus les fois où, à l’issue d’interviews, les journalistes femmes me racontent ce dont elles ont été victimes dans leur propre rédaction. Ça arrive très souvent depuis quinze ans que je travaille dans l’association. » Pour la sociologue Pauline Delage, spécialiste des violences fondées sur le genre, l’enquête met en lumière « que les violences sexistes existent dans un milieu, le journalisme, qui pourrait paraître protégé, car peuplé d’une forme d’élite culturelle et sociale ».

L’étude relève également que les femmes racisées – terme issu de la sociologie, utilisé pour caractériser les personnes identifiées comme appartenant à une « race » à cause de la couleur de leur peau – sont davantage exposées aux propos sexistes que leurs comparses : elles sont 64% à déclarer avoir subi des propos à connotations sexuelles (contre 49% des femmes ayant répondu). « Le sexisme s’imbrique dans d’autres rapports sociaux : les victimes de la Ligue du LOL faisaient aussi l’objet de mépris de classe et de réflexions racistes », constate Pauline Delage.

Tu as oublié ton pantalon ce matin ? Tu es maquillée comme une voiture volée ? Anissa… Ah non, pardon, Fatima. Je me suis trompé de bougnoule.

« Propos rapportés par une participante à l’enquête »

Pour ces femmes, c’est un peu la « double peine », note Béatrice Damian-Gaillard, chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Rennes 1 et spécialiste des médias, du genre et de la sexualité. « Une femme racisée et précaire cumule les formes de fragilité sociale dans un rapport de domination, explique la chercheuse à franceinfo. Ça permet plus de possibilités aux harceleurs. »

Les pigistes et les journalistes télé plus exposés

Dans l’enquête, les discriminations sont plus fortes contre les femmes racisées mais aussi contre les journalistes au statut plus fragile, à savoir les pigistes qui ne sont pas liés à leur rédaction par un contrat de travail. Parmi les participants, 14% des salariés en CDD et CDI assurent être « souvent »confrontés à des propos à connotation sexuelle, tandis que ce chiffre grimpe à 22% chez les pigistes ayant répondu à l’enquête. Là encore, rien d’étonnant pour Aude Lorriaux puisque « les relations de domination économiques sont propices aux agressions et au harcèlement sexuel ». Pour la journaliste, le sexisme est inscrit dans un système beaucoup plus large, dans lequel les pigistes ne sont pas du tout protégés. Face à la concurrence exacerbée et des conditions de travail qui ont tendance à se dégrader,« on n’a pas la force de se battre », reconnaît-elle.

Outre les pigistes, les journalistes télé semblent particulièrement concernés : 49% des participants à l’étude exerçant à la télé disent avoir été victimes de harcèlement sexuel au travail. « Le facteur de l’image renforce les stéréotypes sexistes déjà forts quant à l’image des femmes », décrypte Aude Lorriaux. 

« Elle n’est pas assez belle pour être violée », rapporte, par exemple, avoir entendu une ou un participant à l’enquête. 

Le milieu de la télé accentue le processus de mise en avant de soi-même que l’on trouve dans les autres médias. Au nom de l’audience, on survalorise le principe de starification.

« Béatrice Damian-Gaillard, chercheuse en sciences de l’informationà franceinfo »

D’autant que, comme le note la chercheuse, les postes pour apparaître à l’antenne sont peu nombreux, donc très convoités, et particulièrement difficiles d’accès.  

« J’ai regardé les nouvelles stagiaires, y’a rien à se mettre sous la dent »

Autre enseignement de cette enquête : les écoles de journalisme ne sont pas non plus épargnées par les violences sexuelles ou sexistes. Plusieurs dizaines d’entre elles sont citées. Parmi les étudiantes ayant répondu à l’enquête, 62% disent avoir été témoins de propos sexistes dans leur école et 28% évoquent des faits de harcèlement sexuel. Quelque 10% des étudiantes assurent avoir été victimes d’une agression sexuelle dans le cadre de leurs études. « Il y a quatre/cinq ans, il y avait une proposition d’avoir des modules de formation dans les écoles de journalisme contre le sexisme. Cela avait été refusé », se souvient Danielle Bousquet, présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE).

« Certaines écoles commencent à se doter de référents sur la question, il y a des choses qui se font mais ce n’est pas suffisant », complète Aude Lorriaux. Car les futurs professionnels et professionnelles des médias effectuent des stages en rédaction et sont là aussi confrontés au sexisme et aux violences sexuelles. « J’ai regardé les nouvelles stagiaires, y’a rien à se mettre sous la dent », rapporte ainsi avoir entendu un ou une participante à cette enquête. « Lors d’un stage dans les bureaux d’une chaîne de TV française à l’étranger, un cameraman a profité de l’obscurité de la salle de montage pour passer sa main sous mon tee-shirt », raconte une autre.

Les écoles de journalisme sont encore trop frileuses à l’idée de perdre une convention de stage ou tel ou tel partenariat avec une entreprise et vont préférer ne rien dire.

« Aude Lorriaux, journaliste et porte-parole de Prenons la uneà franceinfo »

« Dans le DUT journalisme, où j’enseigne à Lannion, certains étudiants hommes nous disent que, dans leurs stages en rédaction, il y a de l’humour très hétérosexuel et des blagues sexistes face auxquels ils se sentent très mal à l’aise », témoigne Béatrice Damian-Gaillard.

Le temps de la « prise de conscience » ?

Autre point relevé par l’enquête : les personnes qui témoignent déplorent les réactions très timorées des directions confrontées à ce genre de fait. « Les rédactions citées dans l’enquête ne disposent d’aucun système efficace de remontée d’information en cas de violences », lit-on dans les conclusions de l’enquête. Dans près de deux cas sur trois rapportés, les rédactions n’auraient pas réagi après le signalement. De plus, l’enquête note que les directions auraient réagi dans 57% des cas impliquant des hommes contre seulement 24% des cas concernant des femmes.

C’est le signe que le sexisme est considéré comme banalisé, ces directions sont incapables de réagir. C’est un message catastrophique qui est envoyé, les harceleurs peuvent agir en toute impunité.

« Danielle Bousquet, présidente du HCEà franceinfo »

Pour Aude Lorriaux, « les rédactions doivent se remettre en cause et se demander pourquoi il y a autant de femmes victimes de sexisme ou de harcèlement sexuel qui ne vont pas voir leur direction ». La porte-parole de Prenons la une souhaite que les rédactions travaillent sur ce sujet et « mettent en place des process ». « Ce qui est encore pire et beaucoup plus condamnable, c’est le nombre incroyable de personnes qui signalent ce qu’ils ont subi et rien n’est fait », ajoute la journaliste qui attribue ce constat à plusieurs facteurs comme « le sexisme de certains dirigeants » ou « l’immobilisme » au sein des rédactions.

Aude Lorriaux ne désespère pas pour autant et salue « cette formidable mobilisation des journalistes qui, en quelques jours, ont été si nombreux et nombreuses à témoigner ». « Il y a un élan collectif, une prise de conscience, on en parle partout et on fait bouger les choses », conclut la journaliste.

* Attention, ces chiffres ne sont pas représentatifs de l’ensemble des rédactions car issus d’un appel à témoignages lancé sur les réseaux sociaux.

VIDEO.

« C’est un système »… « Harcelées », le livre-enquête qui montre que les violences faites aux femmes n’épargnent personne, ni aucun milieu

Dans son livre, « Harcelées » qui sort jeudi 7 mars, la journaliste Astrid de Villaines a recueilli les témoignages de femmes victimes de violences.

Energie « sol-air » à L’Isle sur Serein (2)

Peux mieux faire

Après une première intervention sur une ligne électrique en sortie du village en direction d’Avallon, aux alentours de mi-juillet 2018 (http://serge-angeles.fr/?s=sol+air), on se rend compte qu’un effort a été fait sur cette ligne, au plan esthétique. Cela ne résout par la partie sécuritaire de celle-ci qui reste accessible depuis le niveau du sol.

Le constat en images

Fukushima: récit d’une catastrophe

« Fukushima », récit d’une catastrophe

6 mars 2019 – 06:07 par Patrick Tardit

C’est par le biais d’une fiction que le cinéaste japonais Futoshi Sato raconte cet effroyable gâchis, qui a menacé le pays.

Le film raconte ces journées dramatiques, qui ont fait trembler le Japon, à travers plusieurs personnages.
Le film raconte ces journées dramatiques, qui ont fait trembler le Japon, à travers plusieurs personnages.

Le 11 mars 2011 a débuté « la plus grave crise du Japon depuis la guerre » ; d’abord un tremblement de terre, un « grand séisme », un grondement sourd suivi d’une vague géante, un tsunami, qui déclenche des réactions en chaîne dans la centrale nucléaire de Fukushima. C’est ce jour et les jours suivants que raconte le cinéaste japonais Futoshi Sato dans son film, « Fukushima, le couvercle du soleil » (sortie le 6 mars). Si, dans sa fabrication, cette fiction présente quelques maladresses, elle a le mérite de raconter cet effroyable gâchis d’après plusieurs points de vue, et de rappeler quel incroyable raté ce fut pour le gouvernement japonais.

Le récit se fait en effet par l’intermédiaire de plusieurs personnages, dont le directeur adjoint du cabinet du Premier ministre, auteur plus tard d’un livre sur le sujet, matière première de ce film ; un journaliste, accrédité à la résidence du Premier ministre Naoto Kan, le cœur du pouvoir ; l’épouse du journaliste, seule avec leur enfant, et dans l’inconnu de ce qui se passe, comme l’ensemble de la population ; des habitants des villages proches de Fukushima, dont un jeune employé de la centrale, théoriquement en congé mais qui va rejoindre son lieu de travail, par sens du devoir.

Ce que montre ce film, c’est avant tout l’agitation en salle de crise, les erreurs, les lourdeurs administratives, l’incompétence, ces fonctionnaires impuissants réduits à se prendre la tête dans les mains, et le gouvernement complétement désemparé, toujours en retard sur l’information. Le Premier ministre quitte ainsi son QG pour aller au siège de la compagnie d’électricité privée, qui contrôle la centrale nucléaire (!?), bien mieux informée de la situation que le gouvernement lui-même.

Secousses à répétition, vague géante, incendie, explosion, la dégradation progressive entraîne un état d’urgence surs les côtes japonaises, jusqu’à menacer Tokyo, un enchainement diabolique aux conséquences aussi dramatiques qu’inconnues. Bien sûr, « Fukushima, le couvercle du soleil » n’est pas rassurant quant à la sécurité nucléaire, et rempli alors sa fonction d’alerte, attention : danger !

Patrick TARDIT

« Fukushima, le couvercle du soleil », un film de Futoshi Sato (sortie le 6 mars).

Une projection aura lieu le dimanche 17 mars à 16h15 au Caméo Saint-Sébastien à Nancy, séance suivie d’un débat avec la présence exceptionnelle de Tamiyoshi Tachibana, producteur et ancien conseiller régional de la préfecture d’Okayama, Kolin Kobayashi, journaliste indépendant, président de l’Association Echo Echanges, membre du comité d’organisation du Forum social mondial antinucléaire, représentant du film en France, et le CLANCHE, Comité Lunévillois Anti Nucléaire et Contre l’Hérésie de l’Enfouissement.

A Sens… la machine à broyer…

A Sens , la machine à broyer les agents de la maire (LR)

5 MARS 2019 par LUCIE DELAPORTE

Mais je ne suis pas une garce ! 

À Sens, sous la houlette de la maire (LR) et ancienne députée Marie-Louise Fort, des agents de la ville sont broyés et humiliés depuis des années. Un rapport externe fait état d’un véritable « harcèlement institutionnel ». Plusieurs agents se sont confiés à Mediapart.

« J’ai la trouille », admet Olivier*, préférant « ne pas parler au téléphone ». Après avoir subi en silence diverses pressions et humiliations visant à le forcer à quitter ses fonctions de directeur au sein de l’agglomération, il a porté plainte contre X ce vendredi 22 février au commissariat de Sens pour « harcèlement moral ». « Depuis début février, c’est devenu l’horreur. Si je n’avais pas été soutenu par mes proches, je me serais tiré une balle dans le caisson », lâche ce cadre administratif. 

À Sens, l’omerta dure depuis des années. La situation sociale des agents de la Ville, dirigée par la maire LR Marie-Louise Fort qui effectue son deuxième mandat, est pourtant critique. Au cours de notre enquête, nous avons rencontré une dizaine de personnes, des agents broyés et terrorisés à l’idée d’évoquer leur situation, persuadés de subir les foudres de l’élue ou de son entourage s’ils osent briser la loi du silence.

La maire LR de Sens Marie-Louise Fort. © Reuters
La maire LR de Sens Marie-Louise Fort. © Reuters

Le rapport rédigé par le cabinet indépendant Res-Euro Conseil en novembre dernier sur l’évaluation des risques psychosociaux à Sens et dans l’agglomération, que s’est procuré Mediapart, fait pourtant un bilan accablant de la situation.

« Je suis rabaissée, humiliée dans les missions qui me sont confiées et qui n’ont rien à voir avec mon métier. Dialogue impossible sans cris de la part du chef, je suis ignorée, je ne suis pas saluée », confie une agente citée par le rapport, quand un autre dénonce une « forme d’intimidation » ou du « harcèlement moral dissimulé ». « On me dit de ne pas revenir d’arrêt maladie, de toute façon, on n’a rien pour moi », affirme un autre. « On me demande quand est-ce que je compte partir », ajoute un autre agent auprès du cabinet.

« À travers des propos et des comportements de la hiérarchie, les agents ont l’impression d’être rabaissés », note le rapport, qui précise que le « manque de considération passe par exemple par la gestion des horaires de travail (“Ils font venir pour une heure de travail, repartir pour revenir”), par des convocations par SMS, par une mise sous pression psychologique en dépréciant un agent devant ses collègues (création du sentiment de culpabilité) ».

La conclusion du cabinet est sans appel. « Nous soulevons l’hypothèse d’un “harcèlement institutionnel” […] qui découlerait d’une stratégie de gestion, ou plutôt d’une absence de stratégie », indique le document, qui précise que « la violence s’exerce quel que soit le niveau de hiérarchie, allant de l’agent de catégorie C à des cadres A directeurs ». 

Malgré sa grande sévérité, le rapport est encore loin des situations individuelles que nous avons pu rencontrer et qui décrivent une méthodique machine à broyer ceux qui, pour une raison ou pour une autre, n’ont pas l’heur de plaire à la maire Marie-Louise Fort. Celle qui a été députée de la 3e circonscription de l’Yonne pendant dix ans a entamé en 2014 son second mandat de maire et de présidente de la communauté d’agglomération du Grand Sénonais.

« Je suis élue d’une ville de 26 000 habitants, avec 850 agents. Je ne considère pas qu’il y ait grand monde de très malheureux… Après il y a toujours des cas particuliers », évacue la maire de Sens lorsqu’on l’interroge sur le climat social dans son administration. Lorsqu’on lui évoque quelques-uns des cas que nous avons eu à connaître, Marie-Louise Fort coupe court : « Je n’ai pas à vous répondre. Si j’ai des choses à dire et à régler, je le fais en interne. »

Olivier* est un de ces « cas particuliers ». Il y a un an, ce directeur des grands projets et de l’aménagement du territoire dans l’agglomération, cadre A+, se voit signifier par Thierry Cot, le nouveau directeur général des services, qu’on souhaite qu’il quitte son poste. « Je dis alors que je comprends, mais que je demande du temps et les moyens de partir. À mon niveau, il n’est pas évident de retrouver un poste rapidement. Je demande aussi qu’on respecte mon intégrité », se souvient Olivier*.

En fait, la machine à l’exclure est selon lui déjà lancée. « Progressivement, je constate que mes équipes ne me mettent plus en copie. On ne me m’associe plus aux projets stratégiques. » Comme il se rebiffe, l’équipe de la maire passe à la vitesse supérieure. Rapidement, il dit avoir compris que l’exécutif était en train de monter un dossier contre lui. « Le 4 février, je suis convoqué à la DRH et on me dit que deux personnes ont témoigné contre moi. Ils sont allés voir deux collaboratrices, dont une contractuelle et dont le contrat arrivait à échéance, pour les faire témoigner contre moi », affirme Olivier*, qui ne nie pas avoir eu des relations parfois tendues avec l’une d’elles principalement. « Pour me détruire, tous les moyens sont bons », juge-t-il.

L’entretien qui se tient deux jours plus tard va le lui confirmer. Olivier* voit débarquer dans son bureau Alain Peretti, adjoint au maire chargé de l’urbanisme. Il vient lui expliquer que Charles-Hervé Moreau, le premier adjoint au maire, vice-président de l’agglomération et responsable des RH dans les deux collectivités, lui a demandé de l’aider à monter un dossier contre lui.

Muté à un poste consistant à exhumer des corps au cimetière

Olivier* lui demande des précisions. Selon les éléments matériels en notre possession, le dialogue se poursuit ainsi : 

« Ce que je voulais savoir exactement, c’est ce qu’il[Charles-Hervé Moreau, premier adjoint au maire en charge des RH] vous a demandé.

— Il m’a demandé des arguments contre vous. Point, c’est clair. Qu’est-ce que je peux faire pour vous détruire.                                                                                                          

— Ça ne vous est pas possible d’écarter cette demande en disant la vérité ? En disant qu’il n’y a pas de problème avec monsieur X.

— Non, ce que je peux faire, c’est une réponse circonstanciée en disant il y a ça qui est négatif, mais il y a ça qui est positif. Pas seulement faire du négatif…

— Oui mais le négatif, c’est quoi M. Peretti ? », s’agace alors Olivier.

L’homme évoque un problème relationnel avec les deux collaboratrices, ce à quoi Olivier répond qu’il ne peut se fonder sur des bruits de couloir et doit parler de ce qu’il sait de son travail. L’adjoint au maire répond que pour lui, il n’y a effectivement « pas de problème ». Le vrai problème, admet Alain Peretti, c’est qu’il subit des pressions pour témoigner contre lui.

« Non mais il faut que je fasse une réponse. Si j’en fais pas, ça va être pire que si j’en fais une.

— Pourquoi ce serait pire ?

— Parce qu’on va me faire dire des choses tout ça, etc., je suis à peu près sûr. Donc je préfère faire ma réponse. […] Donc je préfère faire une réponse plus nuancée.

— Moi je ne comprends pas cette obligation. 

— Moi je la ressens très fort. […] On va me pousser très fort. On va me pousser très fort.

— C’est compliqué pour moi […] c’est pas des méthodes…

— Ben non », répond l’adjoint au maire, visiblement très embarrassé.

Contacté par téléphone, M. Peretti a refusé de commenter ces propos (voire Boîte noire). Il nous a finalement répondu par SMS que sur « le cas du seul agent sur les 850 collaborateurs dont j’ai récemment eu a connaître : une plainte pénale a été déposée. L’instruction est en cours et ne me permet pas de m’exprimer ». Le 1er adjoint en charge des RH, Charles-Hervé Moreau, n’a pas non plus donné suite à nos demandes d’explication sur la signification de cet échange. 

Très impliqué dans son travail, et apprécié des élus – nous avons pu en avoir confirmation auprès de certains –, Olivier* continue de s’interroger sur les motifs de son éviction. Il comprend qu’il a déplu à la maire Marie-Louise Fort en impliquant un peu trop les élus de l’agglomération dans ses projets, lesquels commencent à poser un peu trop de questions à l’élue. « J’ai beaucoup travaillé avec Olivier*, qui a fait un énorme travail et était très proche et très respectueux des élus », témoigne Johan Bloem, maire de Saligny, une petite commune de l’agglomération, qui a interrogé – sans succès – la mairie sur les raisons de la mise à l’index du directeur en charge du rayonnement de l’agglomération.

« Quand on s’intéresse et qu’on veut poser des questions, on est rapidement perçus comme des opposants », témoigne Dominique Chapuis, présidente de l’association des maires ruraux de l’Yonne et vice-présidente de l’agglomération.

« Marie-Louise Fort fait partie d’un vieux monde avec de vieilles méthodes. Ce qu’elle a fait à certaines personnes est terrifiant », ajoute un élu qui préfère rester anonyme mais qui décrit, lui aussi, une machine à broyer en place depuis des années. Avec un sentiment de parfaite impunité…

Le « cas » de Gilles* est à cet égard édifiant. Il ressemble à une fulgurante descente aux enfer. Il y a encore quatre ans, celui qui a précédemment exercé la profession de journaliste pendant trente ans et a notamment créé la radio locale de Sens, exerce la fonction de responsable du service relations publiques à la mairie.

Peu après l’arrivée de la maire pour son second mandat, Gilles se voit proposer une évolution de carrière bien particulière. Il se retrouve affecté à creuser des trous pour le service des fontaines de la ville. « Statutairement, je suis agent de catégorie C. Ils m’ont donc affecté à ce poste de manœuvre », explique l’ancien journaliste. Il est arrêté pour « état dépressif » pendant quatre mois, jusqu’en avril 2015.

« Marie-Louise Fort m’avait demandé d’être sur sa liste, puis à la com’ de la mairie et j’ai refusé parce que je ne partage pas ses idées », avance-t-il, laissant penser que de là viendrait la volonté de le détruire.

« Le jour où je suis viré, je ne comprends pas ce qui m’arrive. L’entourage de la maire me dit qu’il y a un rapport contre moi, qu’il y a eu des lettres anonymes mais qu’ils les ont détruites… », raconte-t-il. Finalement, en l’absence de tout élément à charge, aucune sanction n’est prise contre lui, mais il reste bien affecté à creuser des fontaines.

Gilles engage une procédure au tribunal administratif qui, dans un jugement rendu en mars 2016, annule la décision de mutation de la Ville et ordonne sa réintégration à son poste précédent. Mais la Ville fait la sourde oreille. En janvier, Gilles dépose un recours pour « non-exécution du délibéré ».

Peu après, il postule « pour [se] sortir du trou » à un poste d’adjoint au cimetière, « en pensant qu’il y avait une partie administrative. En fait, je me suis retrouvé à exhumer des corps sans gants, sans aucune formation ». En juin dernier, le tribunal administratif confirme une nouvelle fois son délibéré et reconnaît l’existence d’agissements de harcèlement à son encontre.

Nouvelle « promotion », Gilles est désormais muté « coordonnateur de la propreté » et s’occupe de superviser le travail des femmes de ménages. « J’ai de très bonnes relations avec elles, mais ce n’est pas mon métier », soupire-t-il, manifestement épuisé. « Ça fait quatre ans. Ma femme n’en peut plus. Ça me mine la vie et celle de mes proches », insiste-t-il.

Pour Sylvain*, aucun « dossier » n’a été établi. « Je suis placardisé depuis trois ans », raconte cet homme de quarante ans qui, avant d’être méthodiquement « cassé », était directeur des finances de la Ville. Poste sur lequel il avait d’ailleurs été recruté par Marie-Louise Fort lors de son premier mandat. « À l’époque, je dirigeais une association. Elle m’a dit qu’elle savait qu’on n’était pas du même bord politique, mais qu’elle pensait qu’on pouvait travailler ensemble », rapporte-t-il.

Pour son second mandat, la maire a manifestement changé d’avis. Pour avoir ouvertement contesté sa décision de brutalement fermer la MJC de la Ville (la maire fera changer les serrures dans la nuit pour récupérer le local, provoquant la stupéfaction des agents), Sylvain est perçu comme un ennemi de l’intérieur.

« Mais je ne suis pas une garce ! »

Avec la mutualisation – la fusion des services entre la Ville et l’agglomération –, il passe d’abord de directeur à directeur adjoint. Sauf que le directeur, en dépression, ne prendra jamais ses fonctions et que Sylvain assume tout seul la charge de travail. « J’ai fait un gros burn out en mars 2016, car j’avais évidemment beaucoup trop de travail à assumer tout seul », explique-t-il.

Fragilisé, il commence à douter de lui-même. « Je suis allé voir le DGS pour lui dire que ma charge de travail était trop importante. Il m’a répondu que c’était moi qui n’étais pas à la hauteur », se souvient-il. Au bout d’un moment, la Ville lui propose de le rétrograder comme chargé de mission, soit dans son propre service, soit d’être dans un autre domaine. « J’ai quand même un peu d’amour-propre, j’ai donc préféré prendre un autre poste de chargé de mission, ailleurs, même si j’avais compris que c’était un placard », assure-t-il.

Nouvelle humiliation : après avoir mis en doute ses capacités professionnelles, la Ville lui demande de former son successeur pendant six mois, ce qui est « psychologiquement difficile », admet-il.

Pourquoi n’a-t-il pas protesté ? « Je suis un bon petit soldat », assure celui qui décrit par ailleurs un « fonctionnement par la terreur » à la mairie et dans l’agglomération.

Isolé dans un local situé dans la ZUP, Sylvain n’a que très peu de travail à faire et sur un secteur qu’il connaît mal. Il demande à garder un bureau dans l’agglomération pour pouvoir continuer à échanger avec ses collègues. « Ils m’ont changé cinq fois de bureau en deux ans. J’ai même eu un poste – pendant quinze jours – dans un couloir, sans Internet », raconte-t-il.

Sylvain a récemment candidaté à un nouveau poste, plus en adéquation avec son profil. La hiérarchie lui dit que « la marche est trop haute » pour lui et que sa mobilité n’est pas pour demain. « J’ai fait une crise d’angoisse après cette entrevue avec une forte douleur au thorax. J’ai été admis aux urgences dans la nuit du 29 au 30 janvier », nous détaille-t-il. Il est depuis en arrêt maladie.

Dès le premier mandat de Marie-Louise Fort, Églantine* se souvient des méthodes peu orthodoxes de la maire pour lui faire quitter son poste de directrice à l’office du tourisme. « Ils m’ont virée parce que la maire voulait installer son gendre à ma place, assure-t-elle. Ils ont fait pression sur les agents de l’office pour qu’ils témoignent contre moi. Aucun n’a accepté », poursuit-elle.

Elle quitte finalement la mairie pour aller travailler au conseil général, et y revient en 2009 en tant que « responsable des affaires foncières », alors que la mairie est dirigée par le maire DVG Daniel Paris. Dès le retour à l’hôtel de ville de Marie-Louise Fort, en 2014, on lui fait à nouveau comprendre qu’on souhaite qu’elle quitte ses fonctions. « Ils ont voulu me mettre “secrétaire à la voirie”. J’ai pris un avocat et les choses se sont un peu calmées », rapporte Églantine.

Fin janvier, elle a pourtant « subi » un entretien des plus dérangeants avec un « consultant » censé faire un audit dans son pôle. De professionnelle, la conversation avec ce « consultant » mandaté par la mairie et rémunéré, selon nos informations, 27 000 euros, dérape gravement.

Selon les éléments matériels à notre disposition, après avoir évoqué avec elle ses goûts cinématographiques, Églantine est en effet sommée de s’expliquer sur son rapport aux hommes. « Je le soupçonne chez vous, je pense que vous avez plaisir à amener les gens avec qui vous avez décidé de jouer à la pavane, qui constitue tout ce qu’un homme fait autour d’une femme. C’est de la malice, de l’espièglerie. Le regard, la posture », s’égare celui qui rencontre cette fonctionnaire d’une soixantaine d’années pour la première fois.

« Les femmes influencent la décision des hommes. Vous savez nous approcher. Vous connaissez tous nos défauts. On est prévisibles », disserte-t-il en évoquant des exemples dans l’Histoire de « garces absolues comme il y a des salauds absolus ». « Mais je ne suis pas une garce ! », se trouve contrainte de répondre Églantine. « C’était très gênant. Je me suis sentie salie. L’entretien s’est fait sur un ton mielleux, frisant la drague par moment », raconte cette cadre que nous avons rencontrée à Sens, comme les autres agents.

Marie-Louise Fort. © Auxerre TV
Marie-Louise Fort. © Auxerre TV

Ces cas, pour extrêmes qu’ils soient, sont loin d’être isolés, comme le montre le rapport sur les risques psychosociaux. Marie-Louise Fort, dont plusieurs agents et élus nous ont raconté les coups de sang homériques et les « humiliations publiques », le sait pertinemment.

Quand on lui parle du harcèlement moral dont nous ont fait état plusieurs agents, elle rétorque que le « harcèlement, c’est un mot très fort que je n’emploie jamais ». Pour elle, le rapport sur les risques psychosociaux relevait que 77 % des agents étaient satisfaits de travailler pour la collectivité. Un chiffre abondamment relayé par la mairie, mais qui ne dit rien du climat délétère dans son administration. « Quand ça va vraiment très mal, il y a des grèves », avance l’élue LR, qui souligne que la Ville a augmenté « les plus bas salaires » et a revalorisé les Ticket-Restaurant. « Qu’il y ait des cas particuliers… On serait les seuls à ne pas en avoir ! », s’agace-t-elle.

Quand on presse la maire de nous répondre sur certaines situations évoquées dans cet article, Marie-Louise Fort finit par invoquer, devant notre insistance, son « droit de retrait » (sic). Un droit qui autorise en théorie un salarié à quitter son poste face à un danger grave et imminent…

Pourquoi ces affaires, d’une rare gravité, ne sont-elles jamais sorties dans la presse locale ? Le rédacteur en chef de L’Indépendant de l’Yonne, Alain Chaboteau, qui a publié ce vendredi une enquête sur le cas d’Olivier*  a sa petite idée. Pour s’être montré un peu trop impertinent avec l’édile, son journal s’est vu en 2015 brutalement retirer tous les budgets publicitaires de la Ville et de l’agglomération.

Le journal n’est alors non seulement plus convié aux points presse de la mairie, mais le journaliste se fait même exclure manu militari lorsqu’il tente de s’y rendre. « Ils ont voulu tuer le journal », raconte Alain Chaboteau, qui constate que les responsables de la mairie refusent de lui parler en public. À l’époque, Marie-Louise Fort avait assumé la coupe du budget publicitaire à L’Indépendant par une formule sans ambiguïté : « Nous avons un budget contraintjustifiait la députée-maire à France TVEt je ne vais pas m’autoflageller. La presse locale, ce qu’on lui demande, c’est aussi d’être un peu partenaire. » 

Car Marie-Louise Fort n’aime pas trop la contradiction, ni les lourdeurs du dialogue social. Le 5 novembre dernier, lors d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail dont Mediapart s’est procuré le procès-verbal, l’élue s’irrite de l’inutilité de ce rendez-vous légal, arguant qu’il n’y a pas grand-chose à discuter. « Le dialogue social n’est pas une obligation à ma connaissance, nous pourrions le supprimer », lance-t-elle. Une preuve de plus de sa conception bien particulière des ressources « humaines ». 

Tous les agents cités ont été rencontrés à Sens. La maire Marie-Louise Fort a été interrogée par téléphone.
Tous les agents rencontrés ont requis l’anonymat (signalé par un astérisque) pour ne pas subir de préjudice notamment dans leurs recherches d’emplois. 
Alain Peretti nous a indiqué par SMS que concernant l’entretien avec Olivier* que nous citons, « une plainte pénale a été déposée ». « L’instruction est en cours et ne me permet pas de m’exprimer. » Quand nous lui avons détaillé le contenu de cet entretien en l’interrogeant sur la signification de certaines de ses affirmations, il n’a plus donné suite. 
Charles-Hervé Moreau, premier adjoint chargé des relations humaines, nous a répondu par SMS que « des mesures conservatoires » avaient été prises « suite à des signalements de harcèlement présumé de jeunes filles » et que « la collectivité a diligenté une enquête administrative. Dans l’attente de ses résultats, je me refuse à tout commentaire ». 
Lorsque nous lui avons indiqué qu’il était désigné comme ayant commandé une enquête à charge pour « détruire » Olivier*, il ne nous a plus répondu. Pas plus qu’il n’a répondu à nos questions sur les suites qu’il comptait donner au rapport sur les risques psychosociaux dans la Ville et l’agglomération.
Le directeur général des services Thierry Cot, contacté à plusieurs reprises sur son téléphone portable, ne nous a jamais répondu.

Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.

Fukushima : chiffres clé pour le huitième anniversaire

Catastrophe nucléaire de Fukushima : chiffres clé pour le huitième anniversaire

A l’approche du huitième anniversaire de la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima, voici quelques chiffres clé tels qu’ils apparaissent dans les médias, les sites officiels et les 2 500 articles de ce site. Des mises à jour seront faites régulièrement.

Les chiffres clés publiés à l’occasion du septième anniversaire sont ici.

Situation des réacteurs

Les travaux visent essentiellement à sécuriser les réacteurs accidentés qui sont encore menaçants. A proximité, les débits de dose sont tels que le temps de séjour doit être très limité, ce qui complique les travaux.

En juillet 2018, TEPCo a mis en ligne des vidéos montrant les progrès réalisés. On peut aussi faire une visite virtuelle, même si les images datent un peu.

RÉACTEUR N°4

La cuve était vide le 11 mars 2011 et il n’y a pas eu de fusion du cœur, mais une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Depuis décembre 2014, la piscine de combustible du réacteur a été vidée et les travaux sont arrêtés car il n’est plus menaçant.

RÉACTEUR N°3

Il y a eu une fusion du cœur et une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Tous les débris de la partie haute ont été retirés à l’aide d’engins télécommandés. Un nouveau bâtiment avec un toit, de forme cylindrique, est terminée. Le retrait des combustibles devait débuter en novembre 2018 pour se terminer en 2019, mais ils ont pris du retard. Les opérations ne devraient commencer qu’à partir de la fin mars 2019. Il y a 566 assemblages usés dans cette piscine.

Il y aurait entre 188 et 394 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 364 tonnes pour le réacteur n°3. Ce dernier contient du combustible MOx, à base de plutonium. Pour en savoir plus.

TEPCo a fait une reconstitution en 3D des structures qui jonchent l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°3 et a mis quelques images de synthèse en ligne, ainsi qu’une vidéo où l’on tourne autour du cœur. La compagnie avait aussi envoyé un drone dans le bâtiment réacteur pour prendre des images et faire des mesures de débit de dose. Les débits de dose varient de 8 à 15 mSv/h alors que la limite pour les travailleurs du nucléaire est de 20 mSv par an. Cela signifie que les interventions humaines doivent être très très courtes.

RÉACTEUR N°2

Il y a eu fusion du cœur, mais le bâtiment réacteur est entier. TEPCo n’a pas commencé à retirer les combustibles usés de la piscine. La compagnie a envoyé plusieurs robots dans l’enceinte de confinement afin de localiser le corium, ce mélange de combustible fondu et de débris.

Plusieurs séries d’images ont été mises en ligne par la compagnie. Les dernières sont ici.Elles ont été traitées de façon à pouvoir, grâce à la réalité virtuelle, se déplacer virtuellement dans cette enceinte et analyser son état. On voit clairement le corium et un élément d’assemblage de combustible tombé au fond de l’enceinte de confinement :

TEPCo a envoyé un autre robot entrer en contact avec le corium pour évaluer sa consistance. le robot a pu soulever des petits débris, mais le dépôt sédimentaire au fond de l’enceinte de confinement semble collé à la paroi. Sur la plateforme aussi les dépôts semblent être soit des graviers faciles à prendre à un endroit, soit une masse compacte bien collée. Des images et une vidéo sont disponibles.

Il y aurait entre 189 et 390 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 237 tonnes. Pour en savoir plus.

TEPCo a aussi envoyé un robot à proximité de la chambre de suppression, cette pièce toroïdale qui entoure la base du réacteur, ainsi qu’à l’intérieur. Equipé de caméra, de lasers pour mesurer les distance et de dosimètre, il a entièrement filmé et repéré son parcours. La Japan Atomic Energy Agency (JAEA) a ensuite reconstitué l’intérieur afin de permettre de se déplacer virtuellement à l’intérieur. Cela devrait permettre aux intervenants de s’entraîner dans une chambre de réalité virtuelle avant de pénétrer, afin de limiter la dose prise. Mais en juillet 2018, peu de personnes ont utilisé cet outil pour le moment. Surtout des chercheurs ou des étudiants, pas des intervenants, selon la JAEA. Et des visiteurs, comme le rédacteur de ces lignes

RÉACTEUR N°1

Il y a eu une fusion du cœur et une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Ce bâtiment avait été recouvert d’une nouvelle structure en 2011, qui a été entièrement démantelée en novembre 2016. TEPCo a commencé à retirer les débris de la partie haute du réacteur, pour, ensuite, reconstruire une nouvelle structure afin de vider la piscine de combustibles. Depuis, la compagnie est peu prolixe sur l’avancement des travaux.

Il y aurait entre 232 et 357 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 279 tonnes. Pour en savoir plus.

RÉACTEURS 5 ET 6

Les réacteurs 5 et 6 étaient partiellement déchargés le 11 mars 2011 et un générateur diesel de secours était encore fonctionnel, ce qui a permis d’éviter la fusion du cœur. Ces réacteurs sont maintenant entièrement déchargés et vont être démantelés.

Eau contaminée

L’eau contaminée qui continue à s’accumuler est l’autre grand défi auquel doit faire face TEPCo, même si, en 2013, le premier ministre avait déclaré devant le comité international olympique que la situation est sous contrôle. Les scandales se sont aussi accumulés au cours de ces huit années.

TEPCo a lancé un nouveau portail internet sur ce sujet, qui est même disponible en anglais, mais qui ne contient aucune information pertinente. Greenpeace a aussi publié un rapport qui fait le point sur la situation. L’organisation s’oppose au rejet en mer.

RÉSUMÉ DE LA SITUATION

Le combustible qui a fondu et percé les cuves doit toujours être refroidi. A cette fin, TEPCo injecte environ 70 m3 d’eau par jour dans chacun des réacteurs 1, 2 et 3. Cette eau se contamine fortement au contact du combustible fondu et s’infiltre dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine où elle se mélange à l’eau des nappes phréatiques qui s’y infiltre.

Au début de la catastrophe, les infiltrations s’élevaient à environ 400 m3 par jour, qui se contaminaient et qu’il fallait entreposer dans des cuves. Inversement, l’eau des sous-sols, fortement contaminée, fuyait vers la nappe puis l’océan.

Pour réduire les infiltrations d’eau souterraine, TEPCo pompe en amont des réacteurs, avant que cette eau soit contaminée et la rejette directement dans l’océan. Elle a aussi construit une barrière tout le long du littoral et pompe les nappes phréatiques au pied des réacteurs. Une partie de cette eau est partiellement décontaminée et rejetée dans l’océan. Une autre partie, trop contaminée, est mélangée à l’eau pompée dans les sous-sols des réacteurs pour être mise dans des cuves après traitement, en attendant une meilleure solution.

La dernière barrière mise en place est le gel du sol tout autour des 4 réacteurs accidentés, sur 1,4 km dans le but de stopper les infiltrations. Après de nombreux déboires, le gel est terminé depuis novembre 2017. Elle a permis de réduire les infiltrations, mais pas de les stopper. La mise en place du mur gelé a coûté 34,5 milliards de yens (265 millions d’euros) aux contribuables auxquels il faut ajouter plus d’un milliard de yens (8 millions d’euros) par an pour l’électricité.

FLUX ET STOCKS

Selon un bilan récent, la compagnie pompe dans les sous-sols des réacteurs un surplus de 52 m3/jour par rapport à ce qu’elle injecte, en l’absence de précipitations. Une partie (7 m3) vient de la nappe phréatique proche, qui est aussi fortement contaminée.

L’eau pompée dans les sous-sols est traitée puis entreposée dans des cuves sur le site de la centrale. TEPCo retire 62 radioéléments, mais il reste notamment le tritium, de l’hydrogène radioactif, qu’il est difficile de séparer. La compagnie annonce avoir déjà traité deux millions de mètres cubes d’eau contaminée. Une partie est utilisée pour le refroidissement et le reste est stocké dans des cuves. Selon la compagnie, le stock d’eau traitée ou partiellement traitée s’élève à 1,1 million de mètres cubes auxquels il faut ajouter 48 370 m3 d’eau dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine (source). Il y a près d’un millier de cuves pour garder cette eau qui occupent presque tout le site de la centrale.

QUE FAIRE DE CETTE EAU ?

Que faire de cette eau traitée ? Après avoir envisagé plusieurs pistes peu réalistes, il ne reste que le rejet en mer. La concentration en tritium serait d’un à cinq millions de becquerels par litre, ce qui est plus que la limite autorisée, fixée à 60 000 Bq/L. Mais, il suffit de diluer, comme cela est fait en fonctionnement normal. Le problème est plutôt du côté du stock total, estimé à 3,4 PBq (3,4 milliards de millions de becquerels), ce qui représente de l’ordre de 150 années de rejet à la limite autorisée.

A titre de comparaison, l’autorisation de rejet en mer de l’usine Areva de La Hague est, pour le seul tritium, de 18,5 PBq et les rejets effectifs de ces dernières années variaient entre 11,6 et 13,4 PBq par an. Le stock de tritium de Fukushima représente donc 3 mois et demi de rejets à La Hague. De quoi rendre jalouses les autorités japonaises !

Officiellement il resterait plus que du tritium (hydrogène radioactif) dans l’eau traitée, qu’il est difficile de séparer et stocker. Cette situation n’est pas pérenne et la meilleure solution trouvée par la compagnie et le gouvernement est le rejet en mer. Ne restait plus qu’à convaincre les résidents… Les autorités ont donc organisé 3 réunions publiques, à Tomioka et Kôriyama et les quelques personnes qui y ont assisté ont posé des questions sur la contamination résiduelle. C’est ainsi qu’elles ont appris que la contamination résiduelle pour certains éléments dépassait les concentrations maximales autorisées pour le rejet en mer.

TEPCo a fini par admettre que 80% du stock d’eau traitée avait une contamination résiduelle qui dépasse, en concentration, les autorisations de rejet en mer. La concentration en strontium, particulièrement radio-toxique, peut atteindre 600 000 Bq/L, ce qui est environ 20 000 fois plus que la limite autorisée. La compagnie parle maintenant d’effectuer un second traitement avant rejet en mer.

Environ 161 000 m3 auraient une concentration de l’ordre de 10 à 100 fois la limite, auxquels il faut ajouter 65 000 autres mètres cubes, avec jusqu’à 20 000 fois la limite, selon TEPCo. Sa station de traitement traite environ 340 m3 jour actuellement. A ce rythme là, il lui faudrait 2 ans pour traiter ce stock… sans parler du coût. Ce total ne fait pas encore les 750 000 m3 annoncés comme faisant 80% du stock. La presse ne donne pas de détails sur le reste.

Après, quand les populations s’opposent aux rejets, c’est à cause des rumeurs néfastes…Cette gestion de l’eau contaminée et de la concertation avec les populations est lamentable.

Travailleurs à la centrale accidentée

DONNÉES

Les données officielles sont ici en anglais sur le site internet du ministère du travail. Le nettoyage du site ainsi que le bétonnage et l’asphaltage ont permis de réduire l’exposition des travailleurs. Les mesures de protection nécessaires en fonction du zonage sont ici.

• Du 11 mars 2011 au 31 mars 2016, 46 956 travailleurs ont été exposés aux rayonnements ionisants sur le site de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi, dont 42 244 sous-traitants. Ce sont les sous-traitants qui prennent les doses les plus élevées, avec une moyenne qui varie de 0,51 à 0,56 mSv par mois entre Janvier et Février 2016. C’est entre 0,18 et 0,22 pour les salariés de TEPCo.

Il y a aussi 1 203 personnes qui ont une limite plus élevée pour pouvoir continuer à pénétrer sur le site. Leur dose moyenne cumulée depuis le début de l’accident est de 36,49 mSv et la valeur maximale de 102,69 mSv.

• Le 1er avril 2016, TEPCo a remis tous les compteurs à zéro. Ainsi, 174 travailleurs qui avaient dépassé la limite de dose de 100 mSv sur 5 ans peuvent revenir. Depuis cette date, jusqu’au 30 novembre 2018, 20 243 travailleurs ont été exposés aux rayonnements ionisants, dont 18 168 sous-traitants (90%). Impossible de savoir combien d’entre eux ont déjà été exposés lors des cinq premières années.

Pour le seul mois de novembre 2018, 7 202 travailleurs ont été exposés à la centrale de Fukushima daï-ichi, dont 86% de sous-traitants (6 211). La dose moyenne mensuelle prise par ces sous-traitants est de 0,37 mSv et de 0,11 mSv pour les employés de TEPCo. 35 sous-traitants ont reçu une dose supérieure à 5 mSv, avec un maximum de 8,96 mSv.

Depuis le 1er avril 2016, 59 sous-traitants ont reçu une dose supérieure à 50 mSv. La dose maximale reçue est de 75,5 mSv. Les sous-traitants ont pris 95,2% de la dose collective qui est de 100,4 hommes.sieverts.

Le dernier bilan du ministère du travail sur les violations du droit du travail à la centrale de Fukushima daï-ichi et sur les chantiers de décontamination est ici en anglais.

MALADIES PROFESSIONNELLES

Deux cas de cancer de la thyroïde ont été reconnus comme étant d’origine professionnelle parmi les travailleurs à la centrale accidentée (premier cas et deuxième cas). Il y a aussi trois leucémies (premierdeuxième et troisième cas) et un décès. 16 travailleurs en tout auraient fait une demande de reconnaissance de maladie professionnelle et 5 dossiers auraient déjà été rejetés.

Cartographie de la pollution radioactive

• La dernière cartographie aérienne de la pollution radioactive autour de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi effectuée par les autorités date de novembre 2017 et est disponible en ligne sur le site dédié.

• Le “soil project” propose une carte basée sur des prélèvements de sols effectués par le réseau de stations de mesure et de laboratoires indépendants. Chikurin, le laboratoire monté au Japon avec le soutien financier et technique de l’ACRO est membre de ce réseau.

Liens vers la carte en anglais et en japonais.

• Cartes du “Projet de mesure de la radioactivité environnementale autour de Fukuichi (Fukushima daiichi)” : Ces cartes ont été traduites en français par l’association Nos Voisins lointains 3.11.

• Safecast : cette organisation utilise un radiamètre “maison” branché sur un smartphone pour mesurer le débit de dose ambiant. La carte regroupant les données est ici.

Décontamination et déchets radioactifs

DÉCONTAMINATION

La décontamination des zones évacuées est sous la responsabilité du gouvernement. Ailleurs, là où l’exposition externe pouvait dépasser 1 mSv/an, ce sont les communes qui doivent s’en occuper. Voir le dernier bilan mensuel publié par le ministère de l’environnement. Pour un bilan annuel plus complet, c’est ici.

Dans la zone évacuée, la décontamination est terminée, sauf dans la partie classée en “zone de retour difficile” où l’exposition externe pouvait dépasser 50 mSv/an et les ordres d’évacuer levés depuis le 1er avril 2017.

Dans les zones non évacuées, 104 communes étaient initialement concernées, à Fukushima, Iwaté, Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saïtama et Chiba et c’est passé à 93 par la simple décroissance radioactive. Les travaux de décontamination sont terminés partout depuis mars 2018.

Pour les zones dites de retour difficile, le gouvernement va décontaminer un centre à Futaba et Ôkuma afin de pouvoir affirmer qu’il n’a abandonné aucune commune. Les travaux ont débuté partout et ils devraient se terminer en 2022. Qui va revenir après 11 années d’évacuation ? Ces centres sont qualifiés de SZRR (special zones for reconstruction and revitalization) sur la carte ci-dessous (source) :

Le ministère de l’environnement a budgété 2 900 milliards de yens (23,4 milliards d’euros) jusqu’en mars 2019 pour financer les travaux de décontamination. La moitié est pour les zones évacuées, sans prendre en compte la zone dite de retour difficile et l’autre moitié pour les zones non évacuées.

Pour les forêts contaminées à Fukushima, la nouvelle politique est de tout raser pour faire de la biomasse afin de relancer une industrie forestière exsangue. Grâce aux tarifs de rachat de l’électricité d’origine renouvelable, l’investissement dans la biomasse est très rentable. Et comme tout est subventionné, tout le monde y gagne, sauf le contribuable.

Voilà ce que cela donne à Tamura, dans la province de Fukushima :

Le bois est transformé en copeaux et transporté par camions dans tout le Japon. Des associations commencent à se mobiliser sur cette thématique et étudient l’impact radioactif des rejets car les filtres utilisés sont que de simples filtres à manche, comme de gros sacs d’aspirateurs, et non des filtres de haute efficacité.

DÉCHETS ISSUS DE LA DÉCONTAMINATION

Notre reportage de 2016 sur la gestion des déchets issus de la décontamination reste d’actualité.

Dans son bilan, le ministère de l’environnement fait état de 9,1 millions de mètres cubes de sols contaminés accumulés à la fin mars 2018 dans les zones évacuées et de 7,9 millions de mètres cubes dans les autres zones, dont 7,4 à Fukushima. Ces déchets ont vocation à être entreposés pendant 30 ans sur un site de 16 km2 (1 600 ha) qui entoure la centrale de Fukushima daï-ichi, en zone de retour difficile. Le gouvernement aurait acheté ou loué 85,4% des terrains. L’entreposage a débuté.

Le ministère prévoit qu’1,2 million de mètres cubes de sols auront été transportés sur le centre d’entreposage d’ici la fin de l’année fiscale (31 mars 2019). Cela représente environ 181 000 voyages en camion (6 m3 par camion). Presque tous les sols contaminés devraient avoir été transférés pour les JO de 2020…

Après, au bout de 30 ans, les autorités envisagent un “recyclage” de ces sols pour la construction de routes, digues… Des chantiers pilotes sont en cours à Minami-Sôma ou en projet à Nihonmatsu ou Iitaté, malgré l’opposition des riverains et de nombreux experts.

Dans les autres provinces, le gouvernement veut enterrer les sols radioactifs.

Les déchets organiques, quant à eux sont incinérés dans de nombreux incinérateurs répartis dans toute la province de Fukushima :

Les cendres seront mises en fûts bétonnés et stockées dans ce qui s’appelait le “Fukushima Eco Tech Clean Center” qui a été nationalisé depuis. Les autres déchets spéciaux qui seront aussi stockés.

De nombreux autres déchets, comme des boues de station d’épuration radioactives ou des cendres d’incinérateurs de déchets ménagers sont toujours en attente de solution dans de nombreuses provinces. A l’incinérateur d’Iwaki sud, les cendres sont simplement entreposées dans la cour :

TRAVAILLEURS IMPLIQUÉS DANS LES TRAVAUX DE DÉCONTAMINATION

Le ministère de l’environnement fait état de 13,7 millions de travailleurs engagés dans des travaux de décontamination dans les territoires évacués et 18,4 millions dans les territoires non évacués. Ces chiffres ne sont pas réalistes. Il doit s’agir du nombre de contrats signés.

Un suivi dosimétrique individuel a été introduit en novembre 2013 par la Radiation Effects Association, qui est l’organisme qui suit les travailleurs du nucléaire au Japon, pour les décontamineurs (source en japonais) qui travaillent en zone évacuée et qui sont soumis aux mêmes limites de dose que les travailleurs du nucléaire (explications en anglais).

Au 31 mai 2018, 464 283 décontamineurs ont été enregistrés dans la base de données sur les doses. On est loin des millions de décontamineurs rapportés par le ministère de l’environnement. Le nombre de travailleurs par année et les doses sont résumés sur graphique (extrait de ce document) :

Les données pour l’année 2017 sont ici en anglais (pour les données 2016, voir les chiffres clés de l’an dernier). Elles font état de 12 000 à 16 000 travailleurs engagés chaque trimestre sur une centaine de chantiers de décontamination d’octobre 2017 à novembre 2018. La dose maximale reçue est de 3,8 mSv pour un trimestre. Pour l’année 2017, un total de 25 025 décontamineurs ont été enregistrés, avec 2,6% de femmes. La dose annuelle maximale est de 8 mSv. La minimale est de 0,3 mSv. La dose collective est de 7,6 hommes.sieverts.

La distribution des doses par zone est assez frappante. Sans surprise, c’est dans les communes classées en “zone de retour difficile” que les doses sont les plus élevées (Katsurao, Tamura, Futaba et Ôkuma).

Des apprentis vietnamiens ont été envoyés illégalement sur des chantiers de décontamination ou à la centrale de Fukushima daï-ichi, sans être informés des risques encourus et sans recevoir les primes de risque. Le ministère de la justice a diligenté une enquête auprès d’un millier compagnies du bâtiment qui prennent part au programme de formation de apprentis étrangers. Il en ressort que quatre d’entre elles ont envoyé des stagiaires étrangers sur les chantiers de décontamination.

Un ancien employé d’un incinérateur de déchets radioactifs d’Iitaté accuse son employeurde ne pas l’avoir assez protégé. Il craint pour sa santé et a porté plainte.

Le dernier bilan du ministère du travail sur les violations du droit du travail à la centrale de Fukushima daï-ichi et sur les chantiers de décontamination est ici en anglais.

A noter que trois rapporteurs de l’ONU ont préparé un rapport qui dénonce les conditions de travail sur les chantiers de décontamination de Fukushima et à la centrale de Fukushima daï-ichi.

Zones évacuées et personnes déplacées

Le gouvernement avait introduit la limite d’évacuation la plus haute des recommandations internationales pour évacuer les populations : 20 mSv/an, même pour les bébés et les enfants qui sont plus sensibles aux radiations (voir nos explications sur les doses limites et normes). Il maintient cette même limite pour le retour alors que les recommandations internationales demandent une diminution progressive pour revenir à la limite normale qui est de 1 mSv/an.

Le rapporteur spécial de l’ONU pour les substances dangereuses, attaché au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), basé à Genève, regrette “la décision du gouvernement de lever les ordres d’évacuation et la décision des autorités préfectorales de mettre fin à l’octroi d’aides au logement [qui] font peser de fortes pressions en faveur du retour sur un grand nombre d’auto-évacués. La levée progressive des ordres d’évacuation a créé d’énormes tensions sur les personnes dont la vie a déjà été affectée par la pire catastrophe nucléaire de ce siècle. Bon nombre d’entre eux ont l’impression d’être forcés de retourner dans des zones dangereuses, y compris celles où les niveaux de rayonnement sont supérieurs à ce que le gouvernement considérait auparavant comme sûr.” Le titre du communiqué de presse est sans ambiguïté : le Japon doit cesser les retours à Fukushima, où la radioactivité demeure un sujet de préoccupation. Pour cela, il s’appuie sur l’article 24 de la convention relative aux droits de l’enfant dont le Japon est partie, qui stipule que “les Etats parties reconnaissent le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible”.

ZONAGE

Les derniers ordres d’évacuer ont été levés au 1er avril 2017 et il ne reste que les zones dites de retour difficile où l’accès est interdit.

COMMUNEDATE DE LA LEVÉE DE L’ORDRE D’ÉVACUATION
Tamura1er avril 2014
Kawauchi1er octobre 2014 pour une partie, puis 14 juin 2016
Naraha5 septembre 2015
Katsurao12 juin 2016
Minamisôma12 juillet 2016
Iitate village31 mars 2017
Kawamata village31 mars 2017
Namie town31 mars 2017
Tomioka town1er avril 2017

RETOUR DES POPULATIONS

En juillet 2018, le nombre officiel de personnes déplacées à Fukushima était de 44 878, dont 33 622 en dehors de la province (source). Cependant, les personnes originaires de zones où l’ordre d’évacuer a été levé et les “auto-évacuées” ne sont plus prises en compte dans ce décompte, car elles ne bénéficient de plus aucune aide. Cela ne signifie pas que les personnes déplacées sont rentrées.

Le taux de retour dans les zones où les ordres d’évacuer ont été levés reste faible et la population totale diminue. La dépopulation des zones rurales a commencé avant la catastrophe nucléaire. Cette dernière a fortement accéléré le processus. Voici quelques chiffres par commune :

  • Namié : 896 personnes résidentes sur 17 582 habitants, soit 5% (source). Elles étaient 21 434 au 11 mars 2011 (source) ;
  • Iitaté : 1 003 résidents sur 5 685 habitants, soit 17,6% (source et page d’accès) ; Elles étaient 6 509 au 11 mars 2011 (source) ;
  • District d’Odaka à Minami-Sôma : 8 034 résidents sur 12 842 avant la catastrophe, soit 62,5% (source) ; Il n’y a que 617 enfants âgés de moins de 14 ans ;
  • Kawamata, district de Yamakiya : 334 résidents sur 858 personnes enregistrées, soit 39% (source) ;
  • Naraha : 3 641 résidents sur 6 969 personnes enregistrées, soit 52% (source et données). Elles étaient 8 011 au 11 mars 2011 (source) ;
  • Tomioka : 791 résidents sur 9 714 personnes enregistrées, soit 8,1% (source et données). Elles étaient 15 960 au 11 mars 2011 (source) ;
  • Katsurao : 280 résidents sur 1 415 personnes enregistrées, soit 20% (source). Elles étaient 1 567 au 11 mars 2011 (source).
  • Kawauchi : 2 165 résidents sur 3 038 personnes enregistrées le 11 mars 2011 (source)
  • Futaba et Ôkuma : respectivement 7 140 (source) et 11 505 (source) habitants le 11 mars 2011 et zéro retours puisque ces communes sont classées en zone dite de retour difficile.

Impact sanitaire

• Décès : Les derniers chiffres officiels de la province de Fukushima (source), qui datent du 13 février 2019 font état de 1 605 décès directs dus à la triple catastrophe et de 2 disparus. Il y a aussi 2 267 décès indirects dus à des suicides ou à une dégradation des conditions de santé suite à l’évacuation.

• Cancers de la thyroïde : L’université médicale de Fukushima effectue une campagne de dépistage par échographie des cancers de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Ce suivi s’effectue tous les 2 ans jusqu’à l’âge de 18 ans. Puis, un nouveau contrôle est prévu à partir de 25 ans.

Les derniers résultats sont ici sur notre site : Au total, on arrive à 166 cas de cancers de la thyroïde confirmés sur 206 suspectés, plus toujours un seul cas qui s’est révélé bénin après la chirurgie. Les autorités continuent à prétendre que ce très fort excès de cancers de la thyroïde n’est pas dû à la catastrophe nucléaire.

Le bilan des campagnes de dépistage donne :

Dépistages avec résultatExamens complémentaires terminésCytoponctionsNombre de cancers suspectésNombre de cancers confirmés
Première campagne300 4722 130547116101
Deuxième campagne270 5401 8742077152
Troisième campagne217 513933541813
Quatrième campagne25 9827000
Plus de 25 ans1 98958320

A noter, que selon un fond de soutien, un cas de cancer de la thyroïde a échappé aux statistiques officielles (source). Selon ce même fond qui a effectué un suivi de 84 enfants ayant déclaré un cancer de la thyroïde, 8 d’entre eux ont dû subir une deuxième intervention chirurgicale après une rechute. Ils avaient entre 6 et 15 ans au moment de l’accident. Il réclame des statistiques officielles sur le nombre de rechutes.

Coût de la catastrophe

COÛT TOTAL ESTIMÉ

Les chiffres officiels relatifs au coût de la catastrophe ont été revus à la hausse en décembre 2016 pour atteindre 21 500 milliards de yens (175 milliards d’euros) et n’ont pas changé depuis. Cela inclut le démantèlement des réacteurs de Fukushima daï-ichi, à hauteur de 8 000 milliards de yens (65 milliards d’euros), 7 900 milliards de yens (64 milliards d’euros) pour les indemnisations, près de 4 000 milliards de yens (32,5 milliards d’euros) pour la décontamination et 1 600 milliards de yens (13 milliards d’euros) pour le centre d’entreposage temporaire des déchets radioactifs. Pour en savoir plus.

Cette somme ne comprend pas le coût du stockage des déchets issus du démantèlement de la centrale accidentée ni la création d’un îlot décontaminé dans les zones dites « de retour difficile » dont le seul but est la non disparition des villages concernés.

La facture de la catastrophe nucléaire pourrait être de 50 000 à 70 000 milliards de yens (420 à 580 milliards d’euros), ce qui est 3 fois plus élevé que l’estimation gouvernementale, selon une étude du Japan Center for Economic Research (source).

Le gouvernement détient toujours 50,1% des parts de TEPCo.

INDEMNISATIONS

En janvier dernier, les autorités avaient déjà prêté 8 747,2 milliards de yens (70 milliards d’euros) à TEPCo pour que la compagnie puisse indemniser les victimes de la catastrophe nucléaire et cela ne suffira pas. Les intérêts sont à la charge des contribuables.

L’indemnisation du stress psychologique s’est terminée un an après l’évacuation pour les personnes originaires d’un point chaud situé au-delà des zones d’évacuation. Les habitants originaires des zones dites de retour difficile ont reçu l’équivalent de douze années d’indemnisation et pour les autres, originaires des zones où l’ordre d’évacuer a été levé, l’indemnisation s’est arrêtée au bout de 7 ans. Un adulte a reçu 1,2 million de yens par an (environ 10 000 euros). Il y a eu aussi une compensation pour la perte des biens et des revenus, qui varie d’une famille à l’autre.

De nombreuses personnes ne sont pas satisfaites par les indemnisations reçues et réclament plus. En septembre 2011, les autorités japonaises ont mis en place une commission de conciliation chargée d’arbitrer les contentieux. Ses avis ne sont pas contraignants, mais TEPCo avait alors annoncé vouloir les respecter. Mais, dans les faits, TEPCo refuse de nombreux arbitrages et la commission a clôt de nombreux dossiers non réglés : 72 entre 2013 et 2017 (tous des employés de TEPCo et leur famille), 18 en 2018 et déjà un en 2019. Le groupe le plus important qui avait saisi, en vain, cette commission est constitué de 16 000 habitants de Namié, commune qui a été entièrement évacuée.

Plus de 10 000 Japonais ont porté plainte contre le gouvernement et parfois aussi contre l’Etat afin de bénéficier d’une meilleurs indemnisation. Il y a une trentaine de plaintes collectives. TEPCo a déjà été condamnée 8 fois à mieux indemniser les victimes et le gouvernement, cinq fois.

Parc nucléaire japonais

Avant la catastrophe de Fukushima, le Japon comptait 54 réacteurs de production d’électricité plus des réacteurs de recherche. Une carte datant de 2010 est disponible ici.

Actuellement, 6 réacteurs ont été détruits ou endommagés par la catastrophe nucléaire à Fukushima daï-ichi, 15 arrêtés définitivement. Le Japon ne compte donc plus que 33 réacteurs nucléaires pour la production d’électricité : 15 ont leur dossier de sûreté validé et 9 ont été remis en service.

Pour voir le détail du parc japonais, c’est par ici.

• Le surgénérateur Monju a été arrêté définitivement. Il n’a fonctionné que 250 jours depuis sa mise en service en 1994. Une fuite de sodium avait entraîné son arrêt en 1995. La culture de sûreté y est défaillante (source).

• Les autorités n’ont pas encore abandonné l’usine de retraitement située à Rokkashô-mura dans la province d’Aomori dont la mise en service cumule déjà 24 années de retard depuis 1997, année de la première date de mise en service prévue (source). Le démarrage est désormais annoncé pour 2021 et le coût a été multiplié par 4.

Son dossier de sûreté est quasiment validé par l’Autorité de régulation nucléaire. Mais, même si cette usine démarre, elle devra tourner au ralenti car il n’y a pas de débouché pour le plutonium extrait. En effet, le gouvernement japonais s’est engagé récemment à ne pas en extraire plus qu’il ne pouvait en consommer.

• Faute de débouchés sur le marché intérieur, le Japon avait fait de l’exportation de sa technologie nucléaire une priorité pour sauver son industrie. Mais tous les projets de centrale nucléaire dans un pays étranger ont été abandonnés ou suspendus face aux coûts exorbitants.

• Le charbon couvre maintenant 30% de la production d’électricité au Japon et cela augmente encore. Si tous les projets aboutissent, cela devrait atteindre 40%… alors que décembre 2017 marquait les 20 ans du protocole de Kyôto. Les engagements du Japon lors de la COP21, bien que modestes, pourraient ne pas être tenus.Ce contenu a été publié dans ACROnique de Fukushima par ACRO, et marqué avec Contamination de l’eau douceContamination des solsCoût de la catastropheDéchets radioactifsDécontaminationDémantèlementEau contaminéeEnergie nucléaireEvacuationGénéralités sur l’accidentImpact sanitaireRéacteur n°1Réacteur n°2Réacteur n°3Réacteur n°4Réacteurs 5 et 6RejetsRetour des habitantsTravailleursVivre en territoire contaminéVoir Fukushima. Mettez-le en favori avec son permalien.

Le Japon peine…

Le Japon peine à mener sa transition énergétique

Par Rédacteur  le 03.03.2019 à 11h00

Huit ans après la catastrophe de Fukushima, les énergies renouvelables ont du mal à se développer dans l’archipel, faute de volonté politique. Cet article est extrait du magazine n°865 (mars 2019).

La centrale solaire de Setouchi Kirei a été mise en service fin 2018.
La centrale solaire de Setouchi Kirei a été mise en service fin 2018.
THE ASAHI SHIMBUN/GETTY IMAGES

Le Japon, durement frappé par la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, ne parvient toujours pas à redéfinir sa politique énergétique. Seuls neuf réacteurs nucléaires ont été redémarrés sur les 50 mis à l’arrêt en raison de la lenteur des examens de sûreté et d’une opinion publique très hostile à leur remise en fonction. Et ces neuf réacteurs fournissent à peine… 2 % de la production totale d’électricité.

Premier ministre Shinzo Abe veut faire du nucléaire un axe de sa politique énergétique

Or, pour atteindre ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre comme promis lors de la COP21 à Paris en 2015 (-26 % en 2030 par rapport à 2013), Tokyo table sur une part du nucléaire de 20 à 22 % dans son mix énergétique (contre 22-24 % pour les énergies renouvelables). Concrètement, cela impose de relancer une trentaine de réacteurs et le Premier ministre Shinzo Abe n’a jamais caché sa volonté de faire du nucléaire un axe de sa politique énergétique, arguant qu’il permet de réduire la dépendance japonaise vis-à-vis du Moyen Orient. Ce qui l’oppose à sa population, 75 % des Japonais s’étant déclarés en 2018 pour la sortie immédiate ou progressive du nucléaire. Les entreprises, de leur côté, ne sont pas en reste. En juillet 2018, plus de 100 organisations privées et publiques ont lancé la Japan Climate Initiative (JCI) pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C. Ses actions : des conférences et du lobbying auprès du gouvernement.

S’il ne parvient pas à imposer sa politique, le gouvernement risque de faire davantage appel aux énergies fossiles plutôt qu’à une part plus importante d’énergies renouvelables. Car le développement de ces dernières, qui n’assurent aujourd’hui que 14 % de l’électricité du pays, est freiné par de multiples obstacles. En particulier la forte opposition des lobbys de la pêche à l’éolien offshore et des opérateurs d’électricité qui refusent de laisser utiliser leurs infrastructures aux nouveaux acteurs du renouvelable.

L’éolien offshore comme alternative la plus crédible

Quelles sont les alternatives ? Avec des montagnes couvrant près des deux tiers du territoire, et des plaines très peuplées, le Japon manque de place pour le solaire. Une solution : déployer les panneaux photovoltaïques sur les toits. Selon le ministère de l’Environnement, la puissance cumulée pourrait atteindre 185 gigawatts (GW) (l’équivalent de 185 réacteurs nucléaires). Côté géothermie, avec 23 GW, le Japon, dispose de la troisième capacité géothermique théorique du monde. Mais la construction de centrales entre en concurrence avec l’exploitation des sources thermales.

Le point de vue de Yasuko Kameyama, chercheuse à l’institut National des Études environnementales à Tsukuba. 

« L’énergie renouvelable qui a le plus de potentiel au Japon est l’éolien. Notamment l’éolien offshore, qui est la clé pour augmenter la part du renouvelable dans le mix énergétique. Mais son développement ne pourra se faire sans une mobilisation des politiques afin de répondre à l’opposition des pêcheurs locaux. L’autre levier sur lequel il est indispensable de jouer est le prix du carbone, qui doit augmenter au Japon pour rendre le renouvelable compétitif face aux énergies fossiles. Il faudrait aussi développer un système de stockage d’électricité pour lisser la production. Tout cela est techniquement possible, il manque juste la volonté politique. Par ailleurs, pour le nucléaire, le chiffre fixé par le gouvernement (20-22 % du bouquet énergétique d’ici à 2030) ne tient pas compte du déclin démographique du pays. En réalité, il n’est probablement pas nécessaire de relancer autant de centrales pour répondre à la demande. La dépendance énergétique du Japon est un problème qui devrait être résolu par le développement des renouvelables. »

Yuta Yagishit

Fukushima: nucléaire civil

2 mars 2019

Fukushima et le nucléaire civil au Japon 

Voici des informations sur le Japon nucléaire transmises par Kolin Kobayashi, président de l’association Echo Echanges et correspondant du « Days Japan » à Paris. Selon lui, la préparation des JO de Tokyo est en train de faire oublier Fukushima alors que la centrale de Daiichi est toujours en état d’urgence. Vous pourrez le rencontrer dans toute la France lors de débats organisés autour du film de Futoshi Sato « Fukushima, le couvercle du soleil » (voir les dates et lieux dans l’agenda).

Carte des 54 réacteurs du Japon en activité en mars 2011. Les réacteurs entourés en rouge sont ceux qui sont en activité actuellement (d'après une carte de l'OCDE de 2010, actualisée par le blog de Fukushima)

Carte des 54 réacteurs du Japon en activité en mars 2011. Les réacteurs entourés en rouge sont ceux qui sont en activité actuellement (d’après une carte de l’OCDE de 2010, actualisée par le blog de Fukushima)

Le nucléaire civil au Japon, Fukushima

Chiffres 

Nombre total de centrales : 19 centrales

Nombre total de réacteurs : 54 réacteurs actifs avant Fukushima.

Nombre de fermetures décidées : 21 réacteurs

Nombre de  réacteurs redémarrés : 9 au 1er déc 2018 (Ikata, Sendaï, Takahama, Ooi, Genkaï)

Nombre de réacteurs passés au contrôle de la nouvelle norme : 9

Nombre de réacteurs en construction : 3 (Oma, Totsu, Shimané)

L’Arrêt total de toutes les centrales :

Zéro réacteur pendant presque deux ans entre mai 2012 et août 2015. Pendant cette période, le Japon a utilisé des centrales de charbon et de fuel, mais l’augmentation de consommation de charbon n’a pas dépassé 10 %. Le gaz naturel +9 %

La part du l’électronucléaire avant Fukushima : 30 %

L’augmentation de production solaire : 45 milliards KWh qui dépasserait celle de l’électronucléaire (17 milliards).

Les préoccupations avant la 8ème année (le 11 mars 2019) de la catastrophe de Fukushima

L’accident continue et on est toujours sous l’état d’urgence. On ne réussit pas encore à confiner la radioactivité.

Retour des habitants

Depuis le printemps de 2017, les zones de préparation de l’ouverture sont ouvertes et le gouvernement et le département de Fukushima préconisent de faire retourner les habitants dans leurs zones contaminées. M. Shunichi Tanaka, ancien président de la commission de régulation nucléaire, originaire de Fukushima, s’installe à Iitaté pour montrer qu’il n’y a pas de risque radioactif. La commune de Iitaté (40-50 km Nord-Ouest de Fukushima-Daiichi) est un lieu stratégique à la fois pour les pronucléaires qui voudraient effacer ce mauvais souvenir de Mars 2011 et les antinucléaires qui voudraient démontrer qu’il peut y avoir une contamination importante même si on est éloigné de 40 km. Les villageois n’ont pas été informés que leur village a été massivement contaminé. Un mois plus tard, tous les résidents ont été évacués.

Les lobbys japonais et français travaillent de conserve pour accréditer le mythe de la sécurité face à la radioactivité, dans la continuité du projet Ethos en Belarus, pour faire revenir les habitants.

La propagande des lobbys japonais et français prévoit d’organiser un voyage d’études au Japon avec les lycéens internationaux, y compris les lycéens français, à  Fukushima et aussi au site de Fukushima-Daiichi, pour persuader que la radioactivité n’est pas très grave. Une propagande organisée par les scientifiques japonais et français liés à la sphère Ethos du lobby international.

Rejet de l’eau contaminée dans l’océan Pacifique :

La quantité des eaux contaminées dépasse aujourd’hui 1 120 000 tonnes avec plus de 1000 réservoirs. La limite de la marge du stockage dans le site de Fukushima sera atteinte dans deux ans.

On constate que ces eaux contiennent non seulement plus de 1000 billions de Bq en total de tritium mais aussi du césium 137 et 134 et du strontium. TEPCO et les autorités japonaises préconisent d’en rejeter dans l’Océan Pacifique. Ils ont organisé trois auditions publiques au cours desquelles les habitants et surtout les pêcheurs se sont montrés farouchement opposés à cette solution. La commission citoyenne du nucléaire (organisation associative des scientifiques indépendants) préconise d’en stocker dans les grands réservoirs pour 100 ans. Pour le moment la décision est suspendue. 

Réutilisation des terres contaminées : 

Le recyclage des déchets de moins de 8000 Bq/kg est autorisé.

Après les travaux de décontamination, les déchets contaminés sont stockés dans les sacs plastiques  et il y a aujourd’hui 16 millions 50 000 sacs : 1100 dépôts temporaires, 137 000 dépôts sur les lieux. Dans les communes d’Okuma et Futaba, on construit les deux sites de stockage intermédiaire qui doivent recevoir finalement 22 millions de sacs jusqu’en 2020. Pour éviter que le nombre de stockage augmente, les autorités japonaises autorisent de recycler/réutiliser les terres contaminées de moins de 8000 Bq/kg.

Le PDG de Veolia a déclaré qu’il a l’intention de faire un commerce de déchets en exportant vers le Japon ceux de France de moins de 8000 Bq/kg.

Suppression des indicateurs publics de dosimétrie :

Le département de Fukushima voudrait supprimer les indicateurs de dosimétrie publics. Il y a des auditions publiques et là aussi, les habitants s’opposent à cette décision.

JO de Tokyo :

La situation créée par la préparation des JO de Tokyo est terrifiante. Elle est en train de faire oublier Fukushima. La banalisation de la radioactivité et la propagande éthosienne. Il faudrait informer le public et le comité des JO français de la réalité de la contamination.

Les conséquences sanitaires :

A Minami-Soma, dans le département de Fukushima, d’après les statistiques* locales de l’hôpital municipal, le nombre des cas de cancers de la thyroïde est 29 fois supérieur au niveau d’avant l’accident, les cas de leucémie 10,8 fois, de cancers du poumon 4,2 fois, de cancers d’enfants 4 fois, de pneumonie 3,98 fois.

*Cela ne représente pas la situation globale du département de Fukushima, mais c’est significatif.

Kolin Kobayashi

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